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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 22:43

Clap de fin pour le FFCP mardi dernier. On nous a demandé un bilan alors bon, y a pas d'actif ni de passif mais les comptables y trouveront leur compte. C'est plein de vannes persos et de trucs qui n'ont rien à foutre sur un blog sérieux, histoire de soigner l'image de marque.

 

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1 – Pet minimum par film #humourcoréen.

 

2 – Blagues sur le porno sur les 2 comédies romantiques que l’on a vu. On parle de génération facebook, on pourrait parler de génération youporn.

 

3 – twixs offerts par la rédaction à David Tredler, grand gagnant du jeu concours Elbowroom – Crazy Lee en 2010

 

 

73,2 – en pourcentage, le taux d’intérêt appliqué par KBP quand il s’agit de dette d’honneur.

 

- C’est aussi le nombre de phrases maximum pour un avis East Asia

 

4 - Personnes que l'on a vu se masturber à l'écran. (Penny Pinchers, court de Kim Kyung-mook x2, To you from me).

 

4 – On est mauvaise langue, une fois ils ont fait quatre phrases. 

 

2,25 – Note moyenne donnée par East Asia à Helpless

 

0,5 – Note que l'on donne à East Asia sur ce festival

 

0,1 - Puissance sur l'échelle de Richter du coup de pression d'ID dans son article de présentation du FFCP.

 

155 - Nombres de films vus par David Tredler pendant le festival

 

156 – Nombres de films vus par René, le grand barbu et la légende du festival

 

10000 - En franc CFA la somme proposée par ID pour pouvoir écrire sur KBP

 

15000 - La somme finalement négociée

 

4 ou 5 – Personnes qui sont sorties pendant la séance des courts métrages de Kim Kyung-mook (l'article ici).

 

10 – Séances du festival auxquelles on a pu assister

 

4 – Films que l’on avait déjà vus et nombre d’articles encore à venir

 

13 – Et plus, en millions le nombre d’entrées faites par The Thieves en Corée. Moins bien qu’Intouchables en France, minable, on a snobé.

 

1 – Personnage secondaire de type caucasien. Et pas n’importe lequel, Darcy Paquet dans L’Ivresse de l’Argent.

 

1,5 – ième degré – Ton encore à l’honneur de le film de Im Sang-soo présenté au FFCP en avant premirère.

 

85067 – Nombres de caractères tapés par KBP pendant le festival (de Penny Pinchers à To You From Me). Soit…

 

18980 – Mots et…

 

31 – pages word en times new roman taille 12. Une vraie diarrhée verbale.

 

20 – films vus pas l’équipe East Asia, très assidue.

 

7284 – nombres de caractères tapés par East Asia durant le festival. Soit…

 

1458 – mots. Soit…

 

72,3 – mots par films. En comptant les titres, le nom des réals et ceux des auteurs des avis express.

 

(EDIT : East Asia a depuis publié un article de 667 mots sur An Empty Dream par le biais de Marc L'Helgouac'h. C'était le 7 novembre, soit après la clotûre des comptes KBP. On salue l'effort, mais l'exception ne fait pas la règle)

 

70 – en pourcentage, le taux d’augmentation de la fréquentation entre les éditions 2010 et 2011 du festival

 

75 – ce que KBP estime au pif être l’augmentation cette année encore.

 

4 – séances sold-out avant même le début du festival (restaient les billets au guichet)

 

2 – heures en avances. La marge qu’il fallait prendre pour assister à ces séances là.

 

100 – pourcent de chances que les types qui ont fait ça soient des chômeurs, des retraités, des femmes au foyer, des étudiants de fac, des auto-entrepreneurs ou des invalides de guerre.

 

1 – mini-embrouille avec la responsable des accréditations.

 

20 – bisous dispensés pour se faire pardonner.

 

93,7 – pourcentage de chances pour que le festival déménage l’année prochaine pour un endroit plus grand. On parle de place de Clichy, fini les libanais, ce sera du Quick entre les séances.

 

45 – à vue de nez et en kilogrammes la quantité de viandes dévorée lors du barbecue de fête de fin de festival. Le tout dans une chambre d’hôtel.

 

800 - bières négociées par Dong-suk dans le cadre d’un accord d’exclusivité avec Demory Paris.

 

3 - personnes officiellement fans du dernier court de Kim Kyong-mook, ouais celui avec le caca et l'autrichien.

 

1 – tentative d’assassinat par empoisonnement sur l’un des membres de KBP. Raté bande de bâtards.

 

194 - le nombre de films présentés par le Festival du film coréen à Paris (ex-Festival franco-coréen du film). Dont 190 exclusivités.

 

7 - le nombre d'éditions du FFCP. On leur souhaite sincèrement une longue vie parce qu'ils le méritent. 

 

29 - nombre de films projetés par le Festival cette année. Sans compter les courts-métrages. La flemme.

 

15 - nombre de lettres dans le mot "fantasmagorique". David T. aurait pu le placer au Scrabble, il s'est contenté de la caméra de Gilles Collot. Quel dommage!

 

6 - position dans l'alphabet de la lettre F. 

 

8 - nombre de jours qu'a duré le festival.

 

2 - nombre de sourcils froncés par I.D. On refile le GIF moyennant finance.

 

27 - nombre de chassés servis par Sans Congo sur I.D., en raison de son insolence.

 

21 - nombre de personnes dans le staff du Festival. Tous bénévoles. 

 

42 - nombre de claquements de doigts d'une obscure charretière à destination de la pauvre jeune fille qui s'occupait des sous-titres lors de la projection de Two Lines. Minable.

 

5 - nombre de films dans la sélection classiques cette année, particulièrement réussie. Longue vie à cette section.

 

254 - nombre de mots clés dégueu que Kim Kyung-mook nous a permis d'ajouter au blog pour booster les stats de fréquentation. 

 

1,7 - le nombre de films vus par Sans Congo cette année. Minable

 

 

 

 

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 22:49

A moins de vous appeler David Tredler ou d’être un programmateur du festival – et encore – vous n’aurez très certainement pas la possibilité de voir tous les films du FFCP 2012. Comme le plus important reste d’entrer par le milieu, voici quelques sélections que vous pourrez mettre à profit selon votre humeur, votre situation maritale, ou la résistance de votre estomac.


 

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To You From Me, Jang Sun-woo, 1994.

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 "Un jour, une femme, qui a les plus belles fesses du monde...", le plus récent des films de la section « classique-érotique » a été réalisé par l’auteur de Fantasmes et A Petal. Un type qui aime provoquer et expérimenter et qu’on aime bien sur KBP.

Séance :

 Lundi 5 Novembre à 21h30 / Salle 2

 


Helpless, Byun Young-joo, 2012.

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Tout au long des années 2000, la Corée imposait sa marque avec une série de thrillers noirs et violents qui redonnait aux marteaux et autres tournevis leurs lettres de noblesses. En 2012 l’un des survivants s’appelle Helpless, décrit comme sombre et oppressant et surtout c’est recommandé par Pierre Ricadat.

Séances :

Jeudi 1er Novembre à 22h / Salle 2

Dimanche 4 Novembre à 19h / Salle 2

 

 

L'Ivresse de l'Argent, Im Sang-soo, 2012.

 

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Dans la lignée de son remake de The Housemaid, le réalisateur de Girls Nights Out revient avec un drame bourgeois empreint d’ironie (on l’a pas encore vu), sensuel et sulfureux (même pas le trailer), qui faisait partie de la sélection officielle à Cannes (de toute manière on y va les yeux fermés).

Séance :

Vendredi 2 Novembre à 21h / Salle 2

 

 

The Thieves, Choi Dong-hoon, 2012.

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Le film qui a explosé les records du box-office en Corée et détrôné The Host a une gueule de Ocean's Eleven et un casting XXL. En plus le réalisateur sera là pour nous le présenter.

Séances :

Mardi 6 Novembre à 16h / Salle 2

Mardi 6 Novembre à 20h / Salle 3

 

  

Ashamed, Kim Soo-hyun, 2012.

 

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Des affiches paradoxales, un synopsis pas foufou, une bande annonce intrigante, une fille avec une écharpe rouge. On tente le coup, à l’instinct.

Séances :

Jeudi 1er Novembre à 19h20 / Salle 2

Samedi 3 Novembre à 14h10 / Salle 2

 

 

 

 

 

 

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The ThievesChoi Dong-hoon, 2012 

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 Plus de 13 millions d’entrées, Gianna Jun (My Sassy Girl, Windstruck), Kim Yun-seok (The Chaser, The Murderer) et même Simon Yam à l’affiche, présence du réalisateur, ça commence faire un gros combo.

Séances :

Mardi 6 Novembre à 16h / Salle 2

Mardi 6 Novembre à 20h / Salle 3

 

 

 War of The Arrows, Kim Han-min, 2011

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 7,5 millions d’entrées pour ce film d'action et d'époque qui élève le tir à l’arc aux plus hautes cimes du gunfight. Un petit air du Fugitif, pas mal de gorges éclatées et un rythme haletant. Vous ne serez pas déçus. 

Séances :

Jeudi 1er Novembre à 21h00 / Salle 1

Samedi 3 Novembre à 18h20 / Salle 1

 

  

L'Ivresse de l'Argent, Im Sang-soo, 2012

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Deuxième sélection d’affilée à Cannes après The Housemaid, argent, sexe et pouvoir au programme, le tout avec une mise en scène inspirée. Ça aurait pu être en sélection classiques, c’est juste en avant-première, pour vous.

Séance :

Vendredi 2 Novembre à 21h / Salle 2

 

 

Masquerade, Choo Chang-min, 2012

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 Qui dit drame historique coréen dit beaux costumes, belle image et un peu de culture. Pas toujours bon film, mais on nous parle ici ou là de référence à Kagemusha, ça vaut le coup d'aller vérifier.

Séances :

Mardi 30 Octobre à 20h / Salle 3

Vendredi 2 Novembre à 15h40 / Salle 2

 


Nameless Gangster, Yoon Jong-bon, 2012

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 Choi Min-sik en gangster des années 80, lunettes papillon, col large, raie sur le côté. Du bon son brut pour les truands. Tout est dit.

Séances :

Samedi 3 Novembre à 21h10 / Salle 1

Lundi 5 Novembre à 21h / Salle 1

 

 

 

 

 

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      Self Referential Traverse... 

selfreferentialtraverse

... du barjo politique, l’époque où les frères Kim n’avaient strictement aucune contrainte. Autant s’accrocher les petits.

Séances :

Vendredi 2 Novembre à 16h30 / Salle 1

Mardi 6 Novembre à 14h10 / Salle 1

 

 

Stateless Things... 

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 ... par le nouveau réal présenté par le FFCP. Juste pour dire dans plusieurs années, à la radio, « oui à l’époque, nous étions quelques uns dans la salle, il a fallu attendre longtemps avant que Kim Kyung-mook soit connu en France ».

Séances :

Mercredi 31 Octobre à 21h40 / Salle 1 – en présence du réalisateur

Dimanche 4 Novembre à 16h10 / Salle 1

 


Love Fiction...

lovefiction

 ... un peu de comédie sud-co bien sucrée, ça ne fait pas de mal, et on peut parfois tomber sur de très bonnes surprises.

Séances :

Mercredi 31 Octobre à 16H10 / Salle 1

Vendredi 2 Novembre à 21h10 / Salle 1

 

 

To You From Me...

to you from me

... de l’érotisme provoc tout droit sorti d’un esprit taquin et joueur. Jang Sun-woo a l’air d’être un type franchement sympa, on en attend pas moins de ses films.

Séance :

 Lundi 5 Novembre à 21h30 / Salle 2

 

 

Ashamed...

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 ...de la romance expérimentale, de la dualité, une bande-annonce chelou. C’est quitte ou double : à tester en plein tarif, sans pass, si tu n’as pas froid aux yeux.

Séances :

Jeudi 1er Novembre à 19h20 / Salle 2

Samedi 3 Novembre à 14h10 / Salle 2

 

 

 

 

 

 

 

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Love Fiction

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Ecrivain en panne d’inspiration rejeté par les femmes, festival en Allemagne, nouvelle muse.

Séances :

Mercredi 31 Octobre à 16H10 / Salle 1

Vendredi 2 Novembre à 21h10 / Salle 1

 

 

Romance Joe

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 Petite ville, réalisateur célèbre, mal d’inspiration, conversation dans un café.

Séance :

Jeudi 1er Novembre à 14h10 / Salle 2

 

 

Penny Pinchers

pennypinchers

 Playboy option Tanguy vs. fille étrange et manipulatrice.

Séances :

Mercredi 31 Octobre à 14H10 / Salle 2

Vendredi 2 Novembre à 18h40 / Salle 2

 

 

From Séoul to Varnasi

fromseoultovaranasi

 Vie de couple sans relief, liaison avec un écrivain, accident de voiture, nouvel amant, voyage à Varnasi.

Séances :

Mercredi 31 Octobre à 17h20 / Salle 2

Dimanche 4 Novembre à 16h40 / Salle 2

 

 

Two Lines 

twolines

Couple heureux mais pas marié, arrivée d’un bébé, questions et introspections. C’est un docu.

Séances :

Samedi 3 Novembre à 14h00 / Salle 1

Lundi 5 Novembre à 14h00 / Salle 1

 

 

 

 

 

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Silenced

silenced

 Franchement, vous aurez mal au ventre en sortant. 

Séances :

Samedi 3 Novembre à 16h40 / Salle 2

Lundi 5 Novembre à 18h40 / Salle 2

 

 

Helpless

helpless

Un café bien amer pour un titre qui ne laisse pas de place au doute.

Séances :

Jeudi 1ier Novembre à 22h00 / Salle 2

Dimanche 4 Novembre à 19h00 / Salle 2

  

 

Yeongja’s Heydays 

yeongjas heydays

 C’est pas le plus bad de la liste mais l’héroïne perd le bras en allant au taf, bêtement. Pas choups.

Séances :

Dimanche 4 Novembre à 14h10 / Salle 2

 

 

Two doors

twodoors

Une manifestation qui tourne au bain de sang pour un documentaire qui se donne des airs de SWAT. Prévoir des mouchoirs.

Séances :

Jeudi 1ier Novembre à 14h00 / Salle 1

Dimanche 4 Novembre à 21h20 / Salle 1

 

  

Talking Architect

talkingarchitect

 « Alors qu’il souffre d’un cancer et qu’il n’a plus beaucoup de temps à vivre, l’architecte CHUNG Guyon reste très occupé à préparer une exhibition qui lui est consacrée, et surtout à faire partager ses idées, sur l’architecture, la nature ou encore la société ». SPOILER : il meurt au vernissage.

Séances :

Samedi 3 Novembre à 19h20 / Salle 2

Lundi 5 Novembre à 16h20 / Salle 2

 

 

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 12:36

Festival du Film Coréen à Paris - Programme

affiche FFCP-copie-1

 

LE SITE DU FESTIVAL


Sans Congo se releva lamentablement en essayant de rester digne. La douleur commençait à se propager le long de sa colonne vertébrale ; il le savait, cette douleur finirait par transmuter, au terme d’une réaction chimique qu’il maudissait déjà, en sanglots pathétiques ; il pensa très fort à sa mère. Ses nouveaux clients, de jeunes impudents en doudoune Moncler qui s’étaient empressés de saisir leurs Smartphones pour claironner dans la cyber-galaxie la misère du pauvre homme, ne voulaient pas payer les places de scooter que Sans Congo, au mépris de toutes les règles de la domanialité publique, s’était arrogées.

 

Pour qu’ils crachassent leur argent de poche, Sans Congo avait tenté de les impressionner en balançant le double frontkick envolé de son idole, Song Kang-ho, en direction de celui qu’il estimait être le plus faible du groupe, haut comme trois pommes, large comme un ticket de métro. Il s’était entraîné dans sa chambre, il se croyait prêt ; la gravité en décida autrement.

 

La chance inespérée de Sans Congo, dans le vide dominical du quartier des Olympiades, fut l’apparition inopinée de son ami Joy Means Sick qui sifflotait innocemment en comptant sa liasse de billets mauves. Il se rendait à la Cinémathèque pour voir un film d’André Téchiné, Le lieu du crime, car il dînait, le soir même, en compagnie de la productrice fétiche du réalisateur. Le grand gaillard voulait investir dans un nouveau cinéma porno, sobre, subjectif, avec des textes de qualité. La bonne femme lui apparaissait comme une bonne entrée dans le milieu.

 

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Lorsqu’il aperçut son ami, Joy Means Sick eut de la peine, comme toujours. Il s’enquit de la situation du malheureux. Sans Congo s’exécuta avec rancœur – il éprouvait toujours de la rancœur devant la réussite insolente de son ami. Joy Means Sick fut affable et promit de régler la situation à la condition que Sans Congo l’accompagnât à la Cinémathèque. Sans Congo accepta sans rechigner ; ce fut l’affaire de quelques baffes bien lourdes.

 

En sortant de la Cinémathèque, les deux hommes eurent l’impression d’avoir assisté à un viol collectif. Joy Means Sick ne put se retenir de vomir sur la vitrine du bel édifice avant de s’essuyer sur le tee-shirt de son ami. Sans Congo avait également des nausées, mais il était bien heureux d’avoir pu soutirer aux petits merdeux les 25 € qu’il leur avait ordonnés.

 

Leurs corps étaient pris de convulsions et de spasmes lorsque Sans Congo aperçut par terre, souillé et piétiné, le programme de l’édition 2012 du Festival du film coréen à Paris. Il s’en saisit avec émotion, en se rappelant qu’il fut un temps, avec son ami, un chantre passionné du cinéma qu’offrait le pays du matin calme.

 

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Ils se regardèrent les yeux humides ; les gorges nouées laissèrent place aux tripes retournés. Joy Means Sick annula sur-le-champ son rendez-vous avec la productrice : Lars von Trier était déjà sur le coup d'un porno intello et après ce film insipide, il n'arrivait plus à imaginer Deneuve en MILF philosophe. Moins de deux heures de projection avait suffit à consumer un mois de travail. Son rêve de faire un remake du Jour et La Nuit de Bernard Henri-Levi en version porno avec une femme - Catherine ! - en rôle principal, lui apparaissait désormais comme une idée de bobo libéral semi-politisé, le genre à bruncher rue du Faubourg Saint-Denis le dimanche à midi ; il se sentit encore plus sale. Il vit alors que Sans Congo était figé dans la même position depuis plusieurs minutes, le programme du FFCP (les temps changent) serré entre ces doigts de courtaud. 

 

Joy Means Sick (avec nostalgie) : « Raison 21 : De toute manière, Pierre Ricadat est comme Philippe Azoulay, il a vu plus de films que toi. »

 

Sans Congo (relevant le museau, une étincelle dans les yeux) : Pierre Ricadat, tu te souviens de Pierre Ricadat, tu te souviens de la pluie à Versailles ? Et les costumes super classes de Dong-suk ? Les présentations de Hui-jun et Kyoung-hee ? Les larmes de David T et d'I.D ? La lubie de l'Insecte Nuisible pour Jung Yumi qui n'a même pas daigné lui jeter un regard, l'ingrate ? Le combat poignant de Wam pour promouvoir le cinéma asiatique dans sa belle boutique d'AsiaFilm ? Nos semelles essuyées sur les charlatans ?  Que sommes-nous devenus mon ami ?

 

Joy Means Sick (jetant sa liasse dans le caniveau, l'équivalent de 500 000 €, avant de se mettre à sangloter comme une minette d'un film de Kwak Jae-young) : et ton coming-out devant le film Sunny ? Ah c'en est trop pour moi ! Montre-moi ce programme (il arrache le dépliant des mains de son ami) !  Oh je vais défaillir, que-du-lourd ! Et le luxe de deux avant-premières, L'Ivresse de l'argent et War of Arrows. 

 

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SC : L'Ivresse de l'Argent c'est bien le film d'Im Sang-soo ? Ha ha c'est beau ça. On n'a jamais fait autant d'audience qu'avec Une Femme Coréenne, je me souviens qu'on notait les mots clés de ses égarés du web qui atterrissaient sur le blog en cherchant des trips peu avouables. Sale. Bon ben apparemment il a trouvé son délire. Le sexe, le pouvoir et l'argent. Il fait parfois du hors piste, genre Le vieux jardin ou The president last bang, mais globalement le mec a une passion : ça a commencé avec Girls Night Out et va savoir ou ça finira. Son remake de The Housemaid était pas mal d'ailleurs, je me souviens bien de la scène d'ouverture « à la The Shield ».

 

JMS : Ouais carrément, il l'avait présenté à Cannes. J'ai plein de potes qui le confondent avec Hong Sang-soo, ça me fait mal je t'assure, je leur distribue le carton jaune systématiquement,  et parfois le chassé dans les parties. Non mais putain y a pas plus opposé que les deux ! Ironie bourgeoise au 1,5ième degré versus platitude pseudo-dépressive de l'artiste raté, maestria de la mise en scène versus plans fixes, longs et chiants avec un petit zoom à l'occasion. Non mais sérieux... 

 

SC : Quelle saleté, et le type a fait la couverture des Cahiers du Cinéma. J'ai péta le stock du libraire en bas de chez moi et maintenant je me torche au papier glacé (JMS restait coi d’admiration). Sinon War of Arrows ça a l'air sympa non? C’est de Kim Han-min. J'ai rencontré une petite qui revenait de Busan l'année dernière, apparemment ça a fait un gros carton en Corée et ça tourne dans les festivals depuis. On l'avait raté à Deauville.

 

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JMS : On avait raté le festival ouais...


SC : Les affaires et l'odeur de la Manche sans doute. J'aime pas cette ville, jamais rien eu à y foutre. C'est l'ouest parisien le plus à l'ouest et ça ressemble à une maison de poupée.


JMS : Quand tu peux y croiser Lee Chang-dong ça vaut le coup. Mais bref, War of Arrows je sais pas, la Corée et les films historiques... C'est pas vraiment notre porte d'entrée, nous c'est plutôt la petite porte qui donne sur la ruelle sale où Park Chan-wook et Bong Joon-hoorganisent des combats de pittbulls. Les tapis rouges et les tenues traditionnelles, je sais pas, généralement ça rend les trucs peu digestes. Wam lui a mis un 5/10.

 

SC : Wam avait aussi mis 2/10 à Bleak Night , autant dire que ce 5/10 augure des choses tout à fait satisfaisantes. Et puis y a des choses intéressantes dans le film historique sudco. Surtout quand ils mélangent les époques à la Heaven’s Soldiers.

 

JMS : A côté de ça t'as aussi Musa The Warrior (vraiment pas top) et Le Roi et le Clown (bof bof).


SC : Et Duelist aussi qui n'est pas si mal. Et puis tiens regarde le film d'ouverture de cette année c'est aussi un film d'époque,  The Masquerade.

 

masquerade

 

JMS (en proie à un coup de blues soudain) : Ah... Réalisé par qui?

 

SC : Choo Chang-min?

 

JMS (triste) : Et ben voilà, j'en étais sûr, je le connais pas. Putain je suis has-been, je suis fini. Y a qui dedans?

 

SC : Han Hyo-joo?

 

JMS (éclate en sanglots) : Et merde, ça me dit rien du tout.

 

SC (épluche le casting avec un sourire carnassier, JMS chiale de plus belle à chaque nouveau nom inconnu) : Ryoo Seung-ryong? Kim Myung -gon? Kim In-kwon? Shim Eun-kyung? ... Lee Byung-hun?

 

JMS (essuyant sa morve sur la manche de sa veste) : Lee Byung-hun?

 

SC : Oui?

 

JMS : Le tacle glissé sur la table de Bittersweet Life? Le tendon d'achille de Choi-min Sik dans I saw the Devil? L'alter-égo sudco de Song Kang-ho dans JSA?

 

SC : Et le réalisateur malmené de Cut. Lui-même.

 

JMS : Oh ben merde alors. Attends voir, ça va chercher dans les combien tout ça ? (il pianote nerveusement son blackberry chromé or) Plus de sept millions d’entrée pour quelque chose qui ressemble étrangement à Kagemusha : dis donc, le festival a peut-être changé de nom, mais il garde une certaine exigence ; j’espère qu’ils auront encore l’Ambassadeur à ce prix là.

 

SC : il y aura François Hollande à l’inauguration si j’en crois le tweet que Dong-suk vient de poster. Bon sinon regarde moi ce type, Kim Soo-hyun, il a travaillé avec Jung Sun-woo sur A Petal et Bad movie, ce type m’a lair d’être des plus recommandables, même si son film Ashamed a pas l’air très alléchant.

 

JMS : Ne fais pas la fine bouche, tu veux violenter ton transit intestinal avec un second Téchiné.

 

SC : Dr Jump, de Yoon Seong-ho, on nous annonce un nouveau Woody Allen.

 

DrJump

 

JMS (se signe de la croix alors qu’il est athée) : N’en dis pas plus, je ne suis pas sûr de leur faire confiance pour le coup.

 

SC : Mais non mais non, rappelle-toi ce film là, gros badaboum du box-office, le Rasta Rocket sudco, c’est quoi déjà ?

 

JMS: Take off de Kim Yong-hwa.

 

SC : Dis donc, t’as une bonne mémoire vieux bouc (JMS cacha discrètement son smartphone dans sa poche arrière) ; Take off voilà, un film drôlement beau. J’avais failli chialer comme une Madeleine à la fin de film, comme à la fin des Misérables.

 

JMS : T’as pas lu les Misérables menteur.

 

SC : Et alors ? (JMS était estomaqué par l’aplomb légendaire de son ami). Tiens regarde sinon, un joli titre,  Yosemite and I, je sais pas toi mais je trouve qu’il sonne un peu sépharade le titre. 

 

JMS : Et ça parle de quoi ?

 

SC : Le dépliant dit « Kim Jee-hyeon est réalisatrice. Malheureusement, l’ordinateur dont elle se sert pour le montage de ses films depuis 10 ans tombe en panne. Il s’appelle Yosemite. Et voici son histoire… »

 

JMS : C’est tout ? Elle va chez Darty pour le remplacer ? C’est un peu court jeune homme (JMS adorait reprendre les mots de Cyrano de Bergerac en s’appuyant du coude sur le crâne de son ami)

 

SC : Casse-toi (SC essayait de mordre le coude de JMS), oui c’est tout, visiblement un film où l’écriture rattrape la fiction qui rattrape l’écriture, une espèce de boucle du type Adaptation.

 

JMS : Ah très bon file-moi le dépliant (il s’en saisit et tomba sur un titre intrigant). Tiens tiens, From Seoul to Vasari.

 

fromseoultovaranasi

 

SC : C’est où Vasari ?

 

JMS : En Inde.

 

SC : Laisse moi deviner : un Sud-coréen tombe amoureux de l’Indienne qui travaille dans le restaurant en bas de chez lui. Manque de pot, elle est renvoyée en Inde, le bonhomme décide de la suivre.

 

JMS : Presque ; c’est une Sud-coréenne qui tombe amoureuse d’un Indien. L’affiche est pas mal du tout je trouve ; tu sais moi, je suis un sentimental, ces histoires-là me touchent ; le film est passé à Berlin, ils sont durs les Allemands ; (JMS continuait à parcourir le programme des yeux lorsqu’il se mit à sautiller) ouh tiens, Helpless, ça a l’air terriblement sexy, Pierre nous promet un thriller noir et flippant sans aucune once de comédie

 

helpless

 

SC : Ahhh ! Un café noir bien amer, et l’affiche est juste comme il faut : le retour à nos premiers amours, la férocité, la méchanceté, le drame, le sang,  j’achète ! Oh ben regarde moi ça, j’achète aussi  Love is Fiction.

 

JMS : De la comédie romantique bien grasse qui raconte l’histoire d’un écrivain, aurais-tu perdu l’esprit mon ami ?

 

SC : Non, juste pour Ha Jeong-woo, la tête à claque de The Murderer, je suis fou amoureux de lui (JMS jeta son regard ailleurs, par pudeur).

 

JMS : Oui pourquoi pas, je suis heureux de constater que tu assumes ta nouvelle vie ; moi tu vois, je suis plus pour du bon son brut pour les truands, lunette papillon, cols larges, chemise ouverte, chaîne en or qui brille, j’ai nommé : Nameless Gangster ; pendant que tu te gratteras devant les vannes foireuses de ton jeune éphèbe (SC s’agitait, JMS le repoussa de l’index), perso, je peaufinerais mon style aux côtés du grand Choi Min-sik.

 

namelessgangster

 

SC : Ben voyons, moi je te parle d’un coup de cœur pour un jeune de talent de ligue 1 et tu toi tu me sors la compil youtube de Zizou… A ce jeu là…

 

JMS : Oui, oui. Mais tiens regarde, si tu te sens l’âme d’un Arsène Wenger (JMS fit à nouveau un rapide signe de croix) du cinéma sudco, penche toi plutôt sur ce p’tit là :  Kim Kyung-mook.

 

SC : C’est leur nouveau coup de cœur après Yoon Sung-hyun ?

 

JMS : Exactement. Comme d’hab ils te font la totale et offrent la possibilité au premier étudiant venu de se métamorphoser en un expert hyper pointu d’un réal sudco en devenir (il se retourna vers un groupe d’étudiants de la FEMIS menant une discussion passionnée au sujet de Téchiné). Et les pédales matez un peu ça, y a encore moyen de vous en sortir! (le groupe le considéra avec un haussement de sourcils collectif et reprit son débat). Ouais donc 3 courts métrages, 2 moyens métrages et 1 long, si on était en cours de maths je dirais que ça sent la fin de série ce coup-là.

 

kim kyung mook

 

SC : Fais voir !


JMS : Oula, oula, attends un peu mon cochon, mais c’est du sur-mesure pour toi ça. C’est quasiment que des pédés dans ses films.


SC : Je ne suis pas pédé.

 

JMS : Mais oui, mais oui, c’est pas grave tu sais (Sans Congo se mit à bouder ostensiblement, JMS se retourna à nouveau vers les étudiants de la FEMIS). Putain les gars c’est du bon je vous jure, un jeune réal coréen qui s’attaque à un thème encore marginal chez eux... (il s’arrêta, le souffle coupé par un crochet au foie savamment assené par Sans Congo).

 

SC (lui arrachant le programme des mains au passage) : Sale race, si t’avais vu Bleak Night l’année dernière, t’irais les yeux fermés.

 

JMS plié en deux, tenta péniblement d’articuler quelque chose.

 

SC : Bon quoi d’autre ? Tiens le personnage principal du film de clôture , The Thieves, s’appelle Popeye, t’as pas une vanne bien gluante à gerber ?

 

the-thieves


JMS releva la tête avec un sourire malicieux, Sans Congo menaça de le frapper à nouveau.

 

SC : Ça a tout l’air d’un Ocean Fourteen façon asiatique et sans Brad… Ouh putain ! « Plus de 13 millions d’entrées », « devançant The Host ». Bordel à queues, t’avais entendu parlé de ça toi ?

 

JMS (se retenant à grande peine de chialer à nouveau) : Pas du tout…

 

SC : Ben voilà, ça t’apprendra à vouloir faire du porno intello (JMS vira au violet). Allez va, chiale pas, tiens regarde y a ton amoureuse au casting, Gianna Jun.

 

JMS (retrouvant un peu de contenance) : Aussi connue sous le nom de Ji-hyun Jun, je l’ai bien aimée dans Il Mare mais c’est avec My Sassy Girl et Windstruck qu’elle m’a fait le plus rêver. Je me souviens de la scène où elle fait exploser la voiture…

 

SC : Je l’ai aussi vue dans Blood : The Last Vampire.

 

JMS : Personne n’est parfait.

 

Ils avancèrent tous deux en silence jusqu’au métro. Sans Congo eut envie d’un grec, Joy Means Sick n’eut pas envie d’être seul. Il était tard et le boui-boui désert. Le peu de viande qui tournait encore sur la broche ne leur fit guère envie, ils prirent des keftas. Et deux cocas.

 

lovefiction

 

SC : Ecoute moi ça : « Joo-wol est un écrivain en panne d’inspiration. Il mène une vie morose, constamment rejeté par des femmes en qui il voit à chaque fois l’âme sœur et une nouvelle source de créativité. Un jour, alors qu’il se rend à un festival en Allemagne, il rencontre Heejin, dont il tombe amoureux. A leur retour à Séoul, il s’arrange pour la revoir. A mesure que leur relation avance, Joo-wol trouve l’inspiration pour son nouveau roman mais il est dérangé par certains détails de la vie de Heejin. ».

 

JMS (s’arrêtant de mastiquer, coupé en plein élan) : Mais bordel, je croyais qu’on avait dit pas de Hong Sang-soo cette année !

 

SC : Haha, tout faux ! (Sans Congo s'empourpra soudainement) Merde, c'est mon film de tout à l'heure là, Love Is Fiction. Le réal' a commencé dans le cinoche par une comédie musicale « empreinte des films de série B » et, mate moi cette affiche quand même : sur une même partition, ça a l’air d’un morceau radicalement différent de ce bon vieux HSS.

 

JMS : Fais voir… Hmm « rythme vif et léger », « ping-pong », « clip », ça me plait ça. C’est con que ce soit pas ce soir tiens.

 

SC : Dans la rubrique comédie, y a aussi Penny Pinchers, l’histoire d’une meuf qui se paye un esclave - en résumé hein - marrant. Et sinon, y a l’assistant d’Hong Sang-soo qui fait un film : Romance Joe.

 

romancejoe

 

JMS : Ah bon ?

 

SC : Oui

 

JMS : Le personnage principal est plus ou moins artiste ?

 

SC : Oui.

 

JMS : Ca se passe dans des cafés ?

 

SC : En grande partie.

 

JMS : Ca parle beaucoup.

 

SC : Très certainement.

 

JMS : Les chiens ne font pas des chats.


SC : Et « les vrais hommes font des hommes ».

 

JMS : En parlant d’hommes, regarde, y a le film dont nous avait parlé Pierre Ricadat :  Self Referential Traverse.

 

selfreferentialtraverse

 

SC : Le truc avec la mascotte de la police qui perd ses jambes. Haha, mais c’est bon ça ! Et puis sauf erreur de ma part, la règle 21 s’applique toujours.

 

JMS : Bien sûr, on parle quand même d’un type qui a réussi à placer un poisson surgelé dans notre liste des outils du cinéma coréen. D’ailleurs essaie de mater Wild Animals à l’occasion mec, j’ai survolé ça un jour de pluie, c’est Kim Ki-duk, ça se passe à Paris, c’est surréaliste.

 

SC : Noté (il tapa le nom du film sur le bloc note de son smart phone et le plaça en 43ème position de sa to-do-list, juste au dessus de « organiser un combat entre un Tchéchène et un Viet Kong, histoire de savoir »). Y aussi Silenced dont on parlait dans un article sur un chef op ‘.

 

silenced


JMS : Kim Ji-yong, je me souviens bien. Le film avait l’air terriblement badant. L’histoire d’un prof dont la femme s’est suicidée qui arrive dans une école de malentendants non ?

 

SC : Ouais, et ils lui avouent un terrible secret.

 

JMS : Prions pour que ça ne soit pas de la pédophilie.

 

SC : Je mange là.

 

JMS : Y aussi trois docus, tu t’étais bien fait kiffer avec ça l’année dernière, ça devrait de botter.

 

SC : Balance.

 

JMS : Talking Architect, « alors qu’il souffre d’un cancer et qu’il n’a plus beaucoup de temps à vivre… »


SC : Je passe.

 

JMS : Accordé. Two Doors, téma cette affiche de film d’action avec le mec en tenue SWAT, ça c’est du distributeur couillu ! Parce que écoute un peu le pitch qui suit : « Ce documentaire retrace la tragédie de Yongsan en janvier 2009, qui causa la mort de cinq manifestants et d’un officier de police ». Apparemment ça a fait le buzz en Corée.

 

twodoors

 

SC : Moi je dis, ma main au feu qu’il y a Schwarzie qui fait un featuring. Ils ont pas peur les coréens, ils arrivent à te bicrave(r) du docu politique emballé dans du Collin Farrell. J’irai.

 

JMS : Tiens, dans le dernier on ne parle pas de mort mais de naissances. On nous dit que c’est encore tabou d’accoucher hors mariage en Corée, ça s’appelle Two Lines, ça dure moins d’une heure et demi.

 

SC : Mouais, pourquoi pas. C’est souvent quitte ou double ces histoires de docus de toute manière. C’est Dong-suk qui nous disait que c’était à nouveau comme délire là-bas, alors forcément le système de sélection naturelle est pas encore au point.

 

Ils étaient assis là depuis plus de deux heures, on approchait des deux heures du mat’ et Joy Means Sick attaquait sa deuxième maison en frites froides quand le patron vint les inviter fermement à débarrasser le plancher.

 

SC : De toute manière, je crois qu’on a fait le tour. Tenez M’sieur (il lui tendit le programme du FFCP), je suis sûr que ça va vous intéresser.

 

to you from me

 

Le patron du Galatasaray 2000 regarda ainsi s’éloigner ce qu’il prenait pour deux grosses fiottes d’intello dégénérés. Son regard tomba par hasard sur la sélection « classiques » du festival. Il dévisagea les affiches avec un sourire grivois : il se rappela soudainement les cinémas coquins qu’il fréquentait en cachette, au crépuscule des années 1970, avec son ami Belezoglu, dans leur Anatolie natale.  The Ae-Ma Woman, de Jeong In-Yeob, retint particulièrement son attention en raison du petit cœur qui cachait le téton gauche de la femme qui se pâmait sur l’affiche ; To you from me aussi, parce qu’ils les avaient entendus parler de ce Jang Sun-woo. Il se promit d’aller voir ces films mais, craignant d’être confondu, il dut se résoudre à raser sa moustache.

 

Les voix de Joy Means Sick et de Sans Congo disparaissaient dans la nuit, pleins d’impatience pour ce nouveau festival qui s’annonçait sous les auspices les plus favorables.  

 

JMS : Je me demande bien s’ils vont remettre la sélection de courts métrages sur Mubi, je trouvais que c’était une chouette idée l’année dernière…

 

SC : Pierre m’a dit que non…

 

JMS : ahlalala cette crise fait des ravages, ça qui me désespère (en sortant un cigare cubain).

 

Le trailer du festival.

 

 


 

 

SANS CONGO & JOY MEANS SICK    

 

 

 

 

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 19:04

Une fois n'est pas coutume, c'est un film sud-co qui emporte le gros lot à Clermont. Guest, de Ga Eun Yoon, grand prix de la séection internationale, est un bon court métrage, franchement pas fou non plus, mais dont le succès montre encore une chose : ce qui semble classique aux amateurs de films coréens possède encore un goût d'exotisme agréable pour le reste du monde. Halyu, Drama, K-pop, K-horror, Park Chan-wook et Kim Jee-won aux US, Samsung et j'en passe, la Corée s'exporte en masse en temps de crise et, même à Clermont, le pays du matin calme avait deux films en compétition dans chaque catégorie, même et sûrement très indirectement, dans la sélection française. Un petit tour d'horizon pour ceux qui n'avait ni le temps ni le courage d'aller affronter la neige et le froid pendant une semaine au milieu des montagnes d'Auvergne.

 

Festival-international-du-court-metrage-de-Clermont-Ferrand

 

 

Guest, Ga Eun Yoon, 20', sélection internationale.

guest-Ga-Eun-yoon.jpg

 

Le pitch officiel : Un jour de canicule, Ja-gyung, une fille de seize ans, s'emporte à cause des infidélités de son père. Elle fait irruption dans la maison de sa maitresse, dont elle croise les deux jeunes enfants.

 

En fait, rien ni personne ne nous dit que c'est la canicule, ni pourquoi au début du film la jeune fille marche d'un pas super vener en direction d'une maison. Elle sonne, « je sais que t'es là », elle se fait accueillir par deux bambins tous mimis mais elle n'en a rien à battre. Alors elle rentre en mode « sors de ta cachette, t'as pourri la vie de ma mère », et c'est que là la piste de l'infidélité paternelle commence. Un début sur les chapeaux de roues donc, une image pas super léchée et des fautes techniques mais ça marche pas mal, comme quoi c'est surtout l'énergie qui porte un film, pas sa plastique. En même temps c'est le thème de l'année à Clermont, le grand prix de la sélection française ayant été décerné à Ce qu'il restera de nous, un (très bon) film de 40 minutes, réalisé pour 2000 euros, filmé en 4/3 avec une caméra DV old-school et ça, à l'époque du 5D, ça fait distingué. Bref, la cible de sa colère étant au boulot, notre héroïne se retrouve obligée de l'attendre en compagnie des enfants sur lesquels elle se défoule un peu avant de se calmer petit à petit, comprenant qu'évidemment dans cette histoire elle n'est pas la seule malheureuse. Et puis un homme entre dans la maison... En gros Guest c'est avant tout un bon scénario, classique mais efficace, sur un ton bien coréen (ça crie à mort, ça s'insulte et ça bouscule un peu les habitudes auvergnates) mais un peu surjoué (en même temps c'est joué par des enfants). Même pour des fans de ciné sud-co, ou surtout pour des fans de ciné sud-co, le grand prix à un peu des allures de hold-up, mais au moins c'est un beau braquage, dans les règles de l'art.

 

 

Hello, So Jun-beum, 34', sélection internationale

hello-jun-beom-so.jpg

 

 

Le pitch officiel : Un jour, Lyman, qui a été adopté en Allemagne à l'âge d'un an, rend visite à Tae-jun, 71 ans, qui habite dans une petite maison coréenne traditionnelle à Insa-dong.

 

Euh... pas vu celui-là.

 

 

Night Fishing, Park Chan-wook & Park Chan-kyong, 33', sélection labo

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Le pitch officiel : tout le monde a entendu parler du film que PCW a tourné avec un i-phone 4 non ? Sinon c'est précisé au début du film "tourné avec un iphone 4". C'est pour toi Samsung.

 

On va faire court pour ne pas trahir nos vœux mais on peut globalement décomposer le film en trois parties, une sorte de clip avec des musiciens traditionnels dans la campagne, une partie de pêche de nuit et une séance d'exorcisme funéraire. Le clip est franchement barré, complètement stylé, totalement décomplexé. L'iphone 4 prend un intérêt lors de la scène comico-horrifique de la partie pêche nocturne avec une nuit en noir et blanc très sympa. Par contre dans le dernier segment, plus sage et filmé de façon plus classique, tandis que PCW & PCK bouclent leur film, l'iphone peine à tenir ses promesses. Ben non on ne parle pas du film de PCW, seulement du iphone, parce que PCW, c'est la sainte trinité.


Par contre c'est cadeau, le film est sur youtube et ça à tout l'air d'un truc officiel, pas d'un méchant pirate. En même temps c'est un peu de la pub pour Apple donc c'est normal. 

 

Bon j'avoue c'est en coréen et sans sous-titres.

 

 

et le making of :

 

 

 

Dérivation, Seo Hyun-suk, 6', sélection labo

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Le pitch officiel : Un collage de séquences tirées de films d'horreurs coréens des années 2000, mises en boucle pour former des motifs musicaux.

 

Concept très sympa qui s'applique bien sur une durée aussi courte, à chaque fois c'est le même système : on a un premier extrait de film, puis Seo Jyun-suk, lui trouve un pote, commence à redécouper dans le premier, en ajoute un troisième et ainsi de suite jusqu'à qu'il ait sa boucle de sons de coréennes effrayées. A ce moment là le rythme s'accélère et les différentes parties forme un rythme qui passe en boucle pendant une bonne dizaine de secondes. Puis rebelote, nouvelles scènes, nouvelle séance de découpage, assemblage, accélération et boucle. Bon concept et puis on peut s'amuser à reconnaître les scènes de K-horror, ludique quoi.

 

Conte de faits, Jumi Yoon, 4', sélection française

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Le pitch officiel : En 1960, en Corée, une petite fille de cinq ans, vivant dans une maison close, réinvente son quotidien.

 

Pour les connaisseurs, c'est le film qui ouvrait la programmation F4, un moment difficile à passer, notamment le très subtile Fuir, qui porte bien son nom. Et pourtant, il se trouve que Conte de Faits est peut-être l'une des meilleures animations du festival, avec sa texture peinture et son personnage de 5 ans qui explore le monde et le rêve à sa façon (qui d'autre verrait des forêts dans une maison close?), j'ai retrouvé les sensations d'un enfant qui tourne les pages illustrées des livres alors immenses d'une école maternelle.

 

 

Manque de preuves, Hayon Kwon, 9', sélection française

Manque-de-preuves-Hayon-Kwon.jpg

 

Le pitch officiel : Oscar est le fils d'un grand prêtre du culte Eremwin, que son père a tenté de sacrifié lors d'une fête rituelle. Il parvient à s'enfuir et demande l'asile en France. Par manque de preuves, sa demande est rejetée.

 

Bon là seul nom et prénom de l'auteur font le lien avec la Corée, finalement pas grand chose, mais on ne sait jamais. Le film, une exploration 3D du lieu du drame à partir d'un dessin d'Oscar alors qu'est lue en voix off sa lettre de demande d'asile, aurait aussi pu se placer dans la catégorie labo. Classé documentaire animé, une espèce intéressante.

 

Et un grand chapeau à Ga Eun Yoon !

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 16:46

 

Petit résumé freestyle, partial et partiel, d'un bloc.

 

yoon_sung_hyun_2011_a_p.jpg

 

Enfant Yoon Sung-hyun était souvent seul et tapait dans la vidéothèque de maman et maman aimait bien les films d'art et d'essais, pas de pot, parce que lui, ce qu'il cherchait derrière ces noms mystérieux (Rome ville ouverte, Les 400 coups), c'était sa dose d'érotisme. Ca parlera à certains. En tout cas il habitait aux USA et ça, ça a fait la diff' : ce genre de films étaient introuvables en Corée dans les années 80s. Il a fait ses études à la USC, apparemment réputée pour sa section ciné, et ne s'intéressait à l'époque qu'à la forme : les images, les sons, le rythme. Résultat, un premier court métrage dans un style MTV auquel on reproche le manque d’épaisseur des personnages. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd de 21 ans : il prend 5 ans avant de pondre Boys, son deuxième court. Son questionnement est passé de « qu'est ce qu'un film ? » à « qu'est ce que les hommes ? », parcours classique mais efficace, qui aboutit pour lui à une nouvelle définition du cinéma : « une narration à travers un espace ». Tant au niveau de la préparation que de la production, Boys fût une petite galère, ils ont même dû gratter le soutien d'une compagnie de tabac, parce qu'il y avait beaucoup de scènes où des ados fumaient. On doit quand bien se marrer au département marketing de Marlboro. Face à des acteurs amateurs et manquant de technique, Yoon Sung-hyun a rusé, usant d'une approche proche du documentaire tout en restant scrupuleux vis à vis des dialogues. « Si tu ne te sens pas de pleurer alors ne pleure pas, mais par contre tu dis ce que j'ai écrit ». Depuis, il laisse quand même une grande place à l'impro dans tous ses films. Pour lui le jeu d'acteur doit plus être « une réaction qu'une action » ; et ce qui doit être l’objet d’attention, ce n'est pas comment un acteur s'exprime, mais plutôt comment il écoute. Tiens un concept intéressant, on note. Début de la success story, Boys lui permet de se faire une petite réput', il ramasse quelques prix en festival et propulse YSH à la KAFA, prestigieuse école de cinoche sudco, un peu façon Femis avec moins de sections (réalisateur, producteur et chef opérateur) et plus de films sortis en salle au final. Le court métrage suivant né d'un épisode plus fulgurant, il se fait virer d'un tournage et en 2 jours rebondit pour lancer un projet, le type est vivace. Chaque année la KAFA produit 3 films, YSH a la chance d'être sélectionné et se retrouve à taffer sur Bleak Night entouré de pros et de deux camarades, un chef op' et un producteur. Stylé. Si les courts métrages relèvent de la poésie, alors les longs sont une question de narration et alors qu'il se lance pour la première fois dans le grand bain, il sent qu'il commence à trouver son style. Du coup, ça roule. Le gars est en confiance, il place sa rencontre avec Bong Joon-ho et nous rapporte une anecdote à propos de Shoshei Imamura qui interrompait souvent ses cours pour exhorter ses élèves à sortir et à avoir des relations sexuelles, à vivre passionnément (ndlr : Et Kitano qui se demandait comment Shoshei pouvait filmer des scènes de sexes de manières aussi cru...). En fait, à ce moment là de l'interview, il expliquait ce qu'il faisait entre son premier et son second court-métrage. Ah oui, il lisait aussi Berserk, « manga japonais ultra violent qui n'a rien à voir avec Bleak Night » selon le présentateur, et d'ailleurs c'est plus vers ce genre de chose qu'il va tendre par la suite : des personnages extraordinaires qui montrent le réel à travers l'irréel alors que Bleak Night est plutôt un reflet du réel. Un peu plus de violence et de discours indirect promis pour la suite donc, on peut partir confiants, même en plein interview, il s'agit de bouffer tranquilou avant Alien Bikini.

 

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 22:01

 

YSH2

Le suspect

 

Jeudi 13 octobre 2011. J’enfile ma cap de superman et longe la Seine direction le FFCF et ses petits biscuits orientaux. Le col de ma chemise, très raide, me cisaille l’arrière de la nuque. Je me plais à croire que du sang finira par couler, ce qui me donnerait une véritable street credibility auprès des membres féminins du staff, genre « on m’a attaqué de dos, j’ai dû laisser mon pied de biche dans la gorge d’un des assaillants ». Il n’y a pas à dire, le cinéma sudco, c’est une manière de t’élargir ton horizon. En attendant, je retourne à la réalité et me postiche à l’entrée du cinéma en faisant semblant de lire quelque chose. Tiens, mais qui va là : ne serait-ce point THE Alain Justice évoqué à la raison 31, celui-là même qui annonçait son futur harakiri cinématographique au FFCF, un dépucelage doublé d’un pass gratos, une grosse boucherie. La discussion s’engage, ah c’est sympa de discuter avec des amis de KBP. Je suis un peu déçu qu’il ne me demande pas d’autographe (pour rappel : raison 25 ; je serai complètement disponible vendredi, samedi et dimanche, je vous attends). Il me dit qu’il a vu tous les films depuis le début. Pouah, je fais pâle figure avec ma disponibilité exclusivement nocturne. L’année dernière, on avait sympathisé avec une membre du Jury Poussin qui avait vu tous les films du FFCF 2010. C’était assez intéressant de voir, au fil des jours, les cernes se creuser, le teint tourner blafard, et les dents se jaunir. C’est ce que j’ai prédis à Alain Justice, mais vous pensez bien que ça ne l’a pas découragé. Un grand gaillard pareil qui apprend en même temps le Japonais et le Coréen. Même pas peur.

 

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Alain Justice qui reçoit le trophée du Spectateur le plus assidu du FFCF 2011, bravo !

 

Bref. Nous nous sommes dirigés vers la séance des courts-métrages de Yoon Sung-hyun, le jeune cinéaste à l’honneur cette année, qui proposait : Boys (2008), Day Trip (2008), Drink & Confess (2009) et Banana Shake (2010). Les courts-métrages étaient globalement dans la place, et surtout il était intéressant de voir les thèmes récurrents dans les courts-métrages qui se retrouvent également dans son premier long métrage Bleak Night (voir plus bas). En particulier, Boys est pratiquement une espèce de pièce détachée de Bleak Night, comme pourrait l’être, pour un peintre, le croquis vis-à-vis du tableau : certains plans sont repris à l’identique dans Bleak Night, le thème des amitiés jalousées est soulevée, on fait face dans les deux à un personnage complètement refermé, et Alain Justice me faisait même remarquer que le grain de l’image est identique.

 

alain-delon

Bien vu, Alain !

 

Drink & Confess est très court et concept. Il s’agit d’un plan fixe composé de deux bouts de tables dans un bar. Dans le plan, on voit deux personnes assises qui se tournent le dos. L’objet du court est de les faire interagir au travers de l’espèce de barrière qui est visuellement constituée. Ça paye pas de mine, ce n’est pas cher à réaliser, et c’est astucieux : vraiment la quintessence d’un court-métrage. Banana Shake, qui est un des courts qui composent le film omnibus If you were me 5, la série de films qui réunit des réalisateurs prestigieux qui traitent chacun dans un court-métrage un sujet en lien avec la question des droits de l’homme (pour info, nous avions parlé il y a quelques temps déjà du premier If you were me, qui contient un court de Park Kwang-su, Face Value, et un autre de Park Chan-wook, N.E.P.A.L). Participer au projet « If you were me » a l’air d’être assez classe dans le game, donc Yoon Sung-hyun devait être plutôt content dans le genre. Banana Shake raconte l’histoire d’un immigré philippin qui travaille dans une boîte de déménagement. Il commet un larcin chez un de ses clients et un de ses collègues se trouve impliqué. Le court possède de belles couleurs vives, et est réalisé de manière particulièrement dynamique avec une caméra essentiellement portée, ce qui tranche avec le reste de l’œuvre qui (pour l’instant) emprunte plus volontiers les cimes apaisantes du plan fixe. Le seul défaut du court-métrage, paradoxalement, est d’être un peu long, ce qui a conduit à mon assoupissement à certains moments (c’est fou à quel point je raconte ma vie, JMS reviendra mettre de l’ordre dans tout ça). Enfin, Day Trip, le dernier court-métrage, qui a semblé un ton en-dessous. Deux amis ont l’intention de partir en voyage, mais leur ami ne se présente pas. Ils finissent par errer autour de leur quartier avant de tomber sur l’ancienne petite amie de l’un de deux, qui a eu un enfant. L’ancien boyfriend a un peu les boules de la revoir, mais pour être honnête je n’ai pas vraiment compris l’enjeu du film, donc je n’irai pas plus loin. En tous cas, et ça permettra d’introduire la suite, les courts-métrages ont en commun de mettre en scène la relation entre deux amis, et éventuellement les reconfigurations qui peuvent susciter des réactions négatives, telles que la jalousie. C’est assez étonnant de prendre ce thème des relations amicales.

 

Et figurez-vous que c’est la première question qui lui a été posée, par Pierre Ricadat, alors qu’il était venu à la fin de la séance pour répondre à quelques interrogations des spectateurs. Le réalisateur a répondu qu’il ne savait pas vraiment pourquoi, que c’était totalement inconscient dans la mesure où, à l’époque des courts-métrages, il s’était contenté de réaliser ce qui lui passait par la tête. Yoon Sung-hyun avait l’air plutôt timide, s’exprimait dans une voix étouffée et, jusqu’à un certain point, semblait orienter ses préférences vers la réponse lapidaire, de préférence fermée (cf. le « oui » tout sec qu’il a répondu à une question sur le lien entre le thème de la misère sociale et celui de l’amitié, qui appelait probablement à des développements un peu plus étayés, mais si je peux comprendre qu’elle ne l’ait pas fondamentalement réveillé). On a également appris qu’il admirait l’œuvre de Gus Van Sant (ce qui n’est pas trop étonnant à voir Bleak Night), de James Cameron (allez !) et de Brian de Palma (références à Scarface et L’Impasse dans Banana Shake). En outre, à la traditionnelle question sur les éléments qui l’ont poussé à devenir réalisateur, il a répondu « non ». Je rigole. Yoon Sung-hyun nous a dit que sa mère était une grande collectionneuse de VHS (notamment du grand millésime : Lynch, Hitchcock, de Palma), et que lorsqu’il était seul à la maison, il visionnait les cassettes en espérant que ce serait des films pornos. Ou le cercle vertueux de la branlette : d’un point de vue culturel, c’est sûr qu’Anthony Perkins a plus de chose à t’apprendre que Tabatha Cash.

 

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Bon ce n’est pas tout mais le père Sung-hyun a également réalisé un long métrage. Eh bah dis donc, pour un premier long-métrage, c’est pas mal du tout mon petit Sung-hyun. Même si le sujet n’est pas tout à fait notre tasse de thé (i.e. drame lycéen), il est difficile de reprocher à Bleak Night d’être un film de couillon. Cette année, Peter Mullan a réalisé NEDS, un film qui traite de l’émergence des bandes dans l’Edimburgh des années 70. Sans traiter tout à fait du même thème, on peut tirer des ponts entre Bleak Night et NEDS : adolescence, impatience, solitude, énergie cinétique, sobriété. Sauf que Peter Mullan a 52 ans tandis que Yoon Sung-hyun en a 29. Faut croire que certains avancent plus vite. Yoon Sung-hyun raconte dans son premier long-métrage une histoire de trois copains de lycée (Ki-tae, Becky et Dong-yoon) qui finit mal. Hop hop hop, on vous voit arriver au galop : « finir mal » n’implique pas nécessairement une grosse baston au marteau et à la scie sauteuse dans une cave glauque maculée de jus de cerise. Bleak Night est un monde de violence intériorisée, erratique et parasitaire, dans les convenances feutrées de ce que la société des 14-19 ans admet généralement comme règle de base à la destruction psychologique (petits cafouillages discrets, coup de pression dans les toilettes, regards de travers). Ki-tae se suicide et son père, inscrit au registre des paternels en vadrouille, pris d’un soudain remord, décide de mener une espèce d’enquête parallèle à la Duchaussoy dans Que la bête meure, mais sans haine ni violence, pour comprendre ce qu’il s’est passé. Inévitablement, il se retrouve à questionner les amis proches de Ki-tae. 

 

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Bleak Night est à peu près un film de premier de la classe. Au bon sens du terme. C’est un peu l’histoire d’un mec qui s’est acheté des pompes grand standing et qui marche sur les talons pour ne pas abîmer le cuir de la pointe. C’est-à-dire : beaucoup d’application et de précaution. Le film fonctionne essentiellement sur le mode du flashback, à alternance passé-présent relativement soutenue, ce qui aurait pu présenter le risque d’embrouiller la pellicule, d’autant plus que les flashbacks portent sur des périodes proches temporellement. Or il n’en est rien, et il ressort de l’ensemble une espèce d’aisance propre à forger un style d’écriture en décalé, à la fois évasif et mélancolique, qui retranscrit les souffrances et états d’âmes des personnages avec une certaine forme de pudeur tout à fait intrigante. On garde du film une espèce de trainée de poudre un peu hypnotique où le partage entre les souvenirs et le présent n’est pas clairement établi. Cette sensation atteint son paroxysme à la fin du film lorsque le réalisateur fait transiter, sur une même séquence, sans coupure, un souvenir et la réalité ; d’ailleurs ce passage (une discussion entre Ki-tae et Dong-yoon) est tellement soigné qu’il fait figure de « botte secrète » ou « spécial combo » qui couronne le film, un peu le triple axel de Yoon Sung-hyun.

 

Donc globalement, Bleak Night donne l’impression d’être la dissertation d’un excellent élève qui donne ce qu’il faut et qui s’en garde sous le coude. La photo est ultra-léchée, le désaturé négligé grisâtre est appuyé juste assez pour fixer une sorte d’automne permanent sur le film. Signe de la maîtrise de la composition des cadres, la caméra est économe en mouvement. Ça donne l’impression de boire une longue tisane un dimanche aprem dans le Yorkshire. Paradoxalement, c’est un film assez relaxant, alors que le propos n’est pas des plus gais. Sans vouloir entrer dans les clichés du couple mature/naïf, Bleak Night ressemble quand même un peu à une sorte de film d’un vieux romantique parvenu au crépuscule de son existence, et qui se retourne sur un évènement qui a marqué sa jeunesse pour le raconter. La réalisation est épurée, là où un jeune premier aurait pu chercher à en mettre plein la vue. Ça fait un petit moment déjà que je (Sans Congo) ne supporte plus trop les plans dynamiques et vomitifs, à l’exception de Sunny, bien évidemment. De ce point de vue, Bleak Night est absolument reposant. Tellement calme qu’on a presque l’impression d’un petit courant d’air. D’ailleurs, lors de sa présence, Yoon Sung-hyun a expliqué qu’il avait mené des efforts incessants  pour supprimer tout le superflu dans ce film, et garder les personnages sans aucune fioriture. En effet, on lui aurait reproché à une certaine époque de trop s’appuyer sur le bling bling cinématographique, ce qu’il a apparemment mal pris puisqu’il a passé plusieurs années sans écrire. En tous cas la rédemption par la simplicité a bien réussi dans Bleak Night.

 

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Mais calme ne signifie pas vide. Bleak Night est d’une précision époustouflante. Yoon Sung-hyun se fait le digne héritier de la grande tradition réaliste du cinéma sud-coréen, tout en ménageant une marge de manœuvre au spectateur par la description volontairement évasive des faits. On a l’impression de se retrouver dans un roman du XIXe siècle avec les techniques de narration postmodernes. La justesse du propos est impressionnante, on dirait un film français bien fait. Chaque personnage ressemble à un élève qu’on a pu côtoyer au cours de notre scolarité. Les rôles correspondent absolument à ce qu’une cour de récréation a de plus pathétique à offrir. Le gros est un méchant, ça se voit. Les serpents à lunettes sont les serpillères qui tournent autour de la bande, sans se mouiller, mais en se mettant toujours du bon côté au cas où. Le beau gosse à succès redresseur de tort, mais un peu pathétique. L’ado complètement refermé au point de faire péter un plomb. Ki-tae (le plus intéressant, forcément), au comportement imprévisible, violent comme un con, et mal dans sa peau. L’insensibilité due aux effets de groupe aussi, lorsque le réalisateur filme un cafouillage dans un terrain vague, au milieu d’une bande stoïque.

 

Par ailleurs, le jeu des acteurs est tip top. On pourra notamment apprécier le caractère placide du père de Ki-tae, tout en retenue, joué par Jo Seong-ha, qu’on a pu apercevoir cette année dans The Murderer (rôle de parrain de mafia séoulite BCBG, par opposition au chef de meute chinois), mais surtout, et c’est à mon sens le point fort du film, l’apport tranchant de Lee Je-hoon, qui te rappelle que t’es pas dans le film de ta grand-mère, et qu’on reste en Corée du Sud, coup de pression et compagnie. Bon c’est vrai qu’on est un peu biaisé sur ce blog, on préfère les acteurs un peu moches, un peu flippants, un peu énervés. Mais malgré sa dégaine de jeune premier, Lee Je-hoon est un acteur de folie, tout simplement. Comment ne pas voir dans cette bouille bien mise un petit fond de Ryu Seung-beom, le dieu de la nonchalance et du foutage de gueule. Le poignet est souple, les kèches résonnent, les coups de pression s’enchaînent, l’incompréhension est manifeste, le mépris est total. Que dire de plus. Je-hoon a 27 ans, i.e. c’est un gars à suivre.

 

BleakNight

 

Bref, Bleak Night, c’est un peu retourner dans son quartier, et se rappeler de quelques conneries qui ont pu y avoir lieu. Les HLM tiennent la garde dans un espace immense, trop grand pour la petite bande de copains. La ligne de chemin de fer, un classique du cinéma sud-coréen, est le métronome du quotidien. En uniforme, des souvenirs de gamins tapent la balle de base-ball. Nation photo express. De temps en temps, la lumière perçante croise des regards vides. Chacun cherche à se débiner. Yoon Sung-hyun, qui a bien mérité de la patrie, vient réconcilier le chaudron. Même si le sujet ne m’a pas fondamentalement passionné, Bleak Night est un film très intéressant et agréable à voir.   

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 11:49

 

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36 bonnes raisons d’aller jeter un coup d’œil au Festival Franco-Coréen du Film du 11 au 18 octobre 2011

 

 

LE SITE DU FFCF

 

Raison 1 : Le cinéma sud-coréen est objectivement le plus intéressant qu’on peut nous donner à voir. Cherche pas. Il y en a pour tout le monde : les pouilleux, les intellos, les romantiques, les excités, les gourmands, les ascètes et les aveugles. Si t’es pas content, Choi Min-sik t’en colle une.

 

CMS I saw 

A ta place, je ne ferais pas le malin

 

Raison 2 : le FFCF 2011 se déroule au cinéma Saint-André-des-Arts, à Saint-Michel. Au centre de Paris pour que personne ne soit lésé. Alors c’est vrai, il paraît que des formes de vie se sont développées au-delà du périphérique, mais personne n’en a apporté de preuves irréfutables. Donc mieux placé, tu meurs.

 

Le site internet du cinéma 

 

Raison 3 : le FFCF, c’est une pente ascendante depuis plusieurs années. A une époque où on retire ses billes de la plupart des pays européens, où les marchés doutent de l’avenir de l’euro, optez pour la stratégie du bon père de famille. Le FFCF est un placement sûr.

 

M Lee businessman 

M. Lee, 50 ans au service de votre épargne

 

Raison 4 : le FFCF vous reçoit très bien. Le site internet du FFCF est ergonomique, simple et complet. Les flyers sont décontracts. L’équipe est très réactive sur Facebook et très sympa quand vous aurez l’occasion de la voir dans la réalité. Vous pourrez discuter et échanger entre les films au bar du festival, la Vénus noire. C’est Joy Means Sick qui paye.

 

Le site du bar La Vénus noire

 

Raison 5 : Parce que les gars se sont quand même fait chier à faire un trailer digne de ce nom, réalisé par Alban Ravassard.

 


 

Raison 6 : Kim Jong-il, qui aurait selon nos informateurs une collection d’environ 12 000 dvds, aurait été chaud pour venir s’il n’avait pas eu de problème de visa.

 

kim-jong-il-smiling

" Putain j'ai trop la haine, mais je vais faire comme si j'en avais rien à foutre : ha ha ha ha !"

 

Raison 7 : la programmation est impeccablement répartie, c’est très jouissif comme sensation. Et on s’est arrangé au niveau des horaires pour faire tourner les séances. Un vrai supermarché. Donc statistiquement, si tu es un être humain normal, tu devrais trouver chaussure à ton pied.

 

Imprime-toi ton guide de survie

 

Raison 8 : Puisqu’on sent que tu es encore sceptique, on va faire un petit tour plus approfondi dans la programmation. Fine bouche va.

 

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"Je vous crois pas les mecs, va falloir être plus solide pour me déraciner"

 

Raison 9 : mardi 11 octobre, à partir de 19 heures, tu cesses toute activité et tu te dépêches d’arriver pour 20 heures à la séance de Sunny de Kang Hyeong-cheol, le film qu’on présente pour l’ouverture du festival. Alors peut-être que ça ne te dit rien, jeune éphèbe, jeune donzelle, mais Kang Hyeong-cheol est le gars qui a réconcilié Sans Congo avec la comédie sudco. Ce n’est pas rien. C’était un soir devant Speedy Scandal. Complètement lollesque. Sunny, ça a l’air d’être le pendant féminin de Chingoo de Kwak Kyung-taek, mais avec la verve de Hyeong-cheol. Bref, du lourd. Sans Congo ne tient plus en place. Si tu n’assumes pas ta passion pour la K-pop, c’est le moment où jamais.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

 


 

 

Raison 10 : Anti-gas skin, de Kim Gog et Kim Sun. C’est une véritable plaie d’avoir accès à du cinéma underground sudco, soit parce qu’il n’existe pas, ou alors il n’existe plus et n’est distribué qu’en cassette. Le FFCF nous livre ici un petit engin expérimental qui a l’air d’être complètement brut : très sympa donc. Il n’y a qu’à voir la bande annonce pour s’en convaincre. Les deux frères s’inscrivent dans la tradition du cinéma sudco politiquement engagé et probablement situ. Ils travaillent dans le cadre d’un collectif, ce qui n’est pas sans rappeler les configurations artistiques de certains groupes marxisants de la fin des années 80. Quand on sait que leur dernier film traite d’un groupe de K-pop qui finit en chair à pâté à cause d’une chanson (White: the melody of the Curse), on se dit que les gars ne peuvent pas être fondamentalement malhonnêtes.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 


 Quand Sunny tourne à la viande hachée...

 

Raison 11 : Tu vas pouvoir placer tous les mots de coréens que t'as cru apprendre au cinéma, et constater que tu ne fais pas illusion une seconde face aux organisatrices du festival. Non tu n'auras pas de pass gratos, mais si t'es pas trop moche tu peux espérer un sourire condescendant.

 

Raison 12 : Invasion of Alien Bikini, de Oh Young-do. Palme d’or du titre le plus mystique. Quand on vous dit que le FFCF 2011 distribue des biscuits pour tout le monde. Quelques mots sur le pitch quand même, histoire de rabattre le caquet des sirènes du « c’était mieux avant » : Young-gun, arpente la ville de nuit munie d’une fausse moustache pour lutter contre le crime (déjà on ne sait pas vous, mais un héros à moustache, nous, ça nous met direct dans de bonnes dispositions). Une nuit, il vient au secours d’une jeune femme agressée par trois voyous. Et voilà-t-y pas la jeune femme est en fait une alien en quête de sperme humain pour se reproduire. Voilà, il semble que le film parle pour lui-même.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 13 : Castaway on the moon, de Lee Hae-joon, réalisateur dont on a déjà eu l’occasion de parler sur ce blog pour son film Like a Virgin, un film surprenant mais plutôt réussi à propos du coming-out d’un jeune adolescent un peu grassouillet et ultra-fan de Madonna. Technique le thème n’est-ce pas. Castaway on the moon s’inscrit dans la même veine : une comédie futé et requinquante, des sentiments (mais pas d’eau de rose, ou pas trop), de l’astuce et de l’originalité. L’exercice des analogies est toujours un peu périlleux, mais Castaway on the moon est une sorte de Fabuleux destin d’Amélie Poulain, avec l’aspect carte postal en moins. Bref, si tu veux te décontracter après une sale journée de taf, ça vaut mieux que les antibiotiques.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 14 : Hello Ghost, de Kim Yeong-tak. Hahahahahahaha. Inutile de tourner autour du pot. Il y a Cha Tae-hyun dans le film. Il vaut son pesant d’or le père Cha. Donc toi, oui toi bande d’adolescente qui traîne ses guêtres entre la Place d’Italie et Olympiades, viens vite te pâmer devant ton idole absolue, si tu n’as pas déjà téléchargé le film. Pour les autres, et selon les propos du FFCF, Hello Ghost est le summun de ce que ces dernières années ont pu nous servir en terme de comédie mélodramatique, ces films 50 % comédie 50 % mélodrame dans la veine de My Sassy Girl. Nous on ira pour Cha Tae-hyun, comme les minettes du 13e.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 15 : The Unjust, de Ryu Seung-wan. Que dire de plus, si ce n’est que c’est un grand ami personnel des auteurs de ce blog (on ne déconne pas). Le FFCF offre une seconde chance aux retardataires puisque The Unjust a déjà été donné à l’Etrange Festival au début du mois de septembre. Donc cette fois, vous êtes prévenus. Vous n’aurez plus d’excuses. Pour les amateurs, The Unjust est peut-être un peu différent du reste de la filmographie du pépère, mais il vaut quand même son pesant d’or. Vous aurez l’occasion de découvrir un nouveau kick : le chassé-balayette. Voilà, c’est vrai, c’est difficile à visualiser. Mais si vous êtes un tant soit peu curieux, vous pourrez apprendre le geste.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 16 : avoir l’occasion de rencontrer Yoon Sung-hyun, jeune réalisateur estampillé KAFA qui a réalisé quatre courts-métrages et un long métrage, Bleak Night, et dont l’œuvre est à l’honneur dans cette année (pour rappel, l’année dernière l’invité n’était autre que Ryu Seung-wan). Etant donné la jeunesse du bonhomme (29 ans sauf erreur de notre part), lui poser des questions durant la session « Meet the director » vous permettra peut-être de vous la péter dans vingt ans en racontant à qui veut entendre que vous y étiez vous, que vous lui aviez dit que, que vous l’aviez critiqué, etc. Pour avoir vu quelques petits trucs du réalisateur, c’est vrai qu’il y a une touche perso qui frappe direct à l’œil, comme une espèce de sobriété sans outils ni fracas. Du coup ça donne un style assez singulier dans le panel des réalisateurs sud-coréens. Bref, de quoi se faire sa propre opinion. En tous cas, il ne se fout pas de votre gueule.  

 

Présentation, bandes-annonces et horaires

 

Raison 17 : End of Animal de Jo Sung-hee. Le film a l’air intrigant dans le genre. Espèce d’ovni dont la bande-annonce ne devrait pas vous laisser indifférent. On espère juste que ça ne se révèlera pas être une bouillabaisse vaguemement baddante et horriblement façon La Route de John Hillcoat. Mais apparemment c’est un film avec un faible budget (assez fréquent dans ce FFCF2011, c’est coul de nous montrer les idées pures et non l’unique force de frappe financière), qui a dû développer pas mal d’astuces, donc on demande à voir. A noter également qu’End of Animal partage en commun avec Bleak Night d’être un film de fin d’étude produit par la KAFA. Ahh la jeunesse. On pourra donc avoir un petit aperçu de la décennie 2010 en termes de réalisateur. Et relancer, éventuellement, la sempiternelle question de la vie, mort, renaissance, ressuscitation, enterrement, suicide, ou nième nouvelle vague du cinéma coréen.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 18 : Tu pourras acheter des crayons, des sacs, des cartes postales, des affiches et plein d'autres goodies. Jamais commercialisés en France ! (bon c’est vrai on se moque un peu de toi).

 

Raison 19 : essayer de pécho le numéro de Jung Yumi, l’actrice préférée du FFCF. L’édition 2011 donnera notamment l’occasion de voir Café noir, de Jung Sung-il, et Come, Closer, de Kim Jong-kwan. Juste pour information : Café noir, c’est le film d’un critique, de 3h20, bourré de référence. Faut voir. Jung Yumi y donne notamment un monologue d’une dizaine de minutes, en une prise. Performance quoi. Très belle et très classe. Vous pourrez essayer de repérer l’Insecte nuisible en orbite autour d’elle, à plus ou moins deux mètres selon la coercition du service de sécurité.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 20 : remercier Kang Hyeong-cheol pour les bons moments que vous aurez passé devant Sunny et éventuellement Speedy Scandal si vous avez trouvé le moyen de vous le procurer entre temps.

 

Raison 21 : Pierre Ricadat, un chic type, très disponible, aux goûts assez sûrs, est responsable de la programmation des longs métrages. Pierre Ricadat, c’est aussi un mec qui corrige nos erreurs sur notre blog. Pierre Ricadat a un œil sur tout. Si Pierre Ricadat te conseille un film, tu le remercies, t’achètes ton billet, tu t’assoies et tu regardes. De toute manière, Pierre Ricadat est comme Philippe Azoulay, il a vu plus de films que toi.

 

son blog Ghost Shots 

 

Raison 22 : vous culturer un peu sur certaines thématiques sociales en essayant un des documentaires parmi les trois que propose ce festival. L’année dernière, on avait essayé, et on n’avait pas vraiment été convaincu mise à part Taebaek. Et on a encore Earth's Women au travers de la gorge. Dong-suk, le directeur exécutif du festival, s’était d’ailleurs fait le relais des propos de Darcy Paquet qui s’étonnait de ce qu’il n’existât pas de Park Chan-wook du documentaire. C’était peut-être aussi en raison des thèmes choisis. Cette année, les documentaires traitent de l’homosexualité en Corée du Sud, des plaies ouvertes par la scission de la Corée en deux, et de la société industrielle sous un angle abstrait. Essayez au moins d’en voir un, ce n’est pas inintéressant. Vous aurez l’occasion de mesurer la distance dans la manière de traiter les sujets ici et là-bas.

 

Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire sur l'homosexualité

Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire sur la scission de la Corée

Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire iron-concept

 

Raison 23 : pour apprécier l'article, mieux vaut avoir vu le film.

 

Tu sais, ton blog préféré 

 

Raison 24 : voir en avant-première l’excellent The day he arrives, de l’excellentissime Hong Sang-soo. Vous aurez ainsi l’occasion de vous frotter, en avant-première excusez du peu, à quelques unes de minutes les plus originales du cinéma sud-coréen. Nous ne savons pas de quoi parle le film. Pourtant, sans trop forcer, le pitch doit donner quelque chose comme : un auteur qui a perdu son inspiration, qui appelle des meufs, qui boit des bières, qui couche avec les meufs, qui se réveille le matin, qui rappelle des meufs, qui raconte qu’il a perdu l’inspiration, quoi boit des bières, qui couche avec des meufs, qui se réveille, qui raconte qu’il a perdu l’inspiration, qui boit des meufs, qui couche avec une inspiration, qui raconte une meuf, qui boit l’inspiration, qui raconte une bière, qui… Bref, sans aucun doute le temps fort du FFCF. Vous aurez l’insigne honneur d’y croiser l’ombre de Sans Congo discutant avec celle de Joy Means Sick des mérites du cadrage hongsangsoonien, des points de rapprochement entre l’œuvre du cinéaste et celle de Chateaubriand, de la profondeur métaphysique de la solitude des personnages d’Hong Sang-soo, etc.

 

Pitch, bande-annonce et horaires (sous réserve de disclaimer)

 

Raison 25 : puisqu’on y pense, ce sera probablement la meilleure occasion pour demander un autorgraphe à Sans Congo.

 

Raison 26 : The Code of a Duel, de Yeo Myung-jun. Voici pour le synopsis : « dans un présent imaginaire, la loi coréenne permet à deux individus de se défier en duel au sabre, la condition de victoire étant la mort de l’adversaire. Young-bin, un salarié ordinaire, est un redoutable combattant, et s’entraine avec ses amis Un-kwang et Bon-guk. Le gouvernement décide enfin d’abroger cette loi… ». Il n’y a pas à dire, le FFCF 2011 tape dans le pointu. Ça à l’air d’être une espèce de Battle Royale-like. Espérons que ce soit tout aussi déjanté.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 27 : juste pour rappel, Drive et The Artist c'est sympa, mais ce sera toujours à l'affiche après le 18 octobre.

 

Raison 28 : essayer de suivre une idée très sympa qui se décline comme suit. Le FFCF propose de voir un film original (années 60/70), et son remake une trentaine d’années plus tard. Bref, ça peut être sympa pour le technicien et le badaud. L’année dernière, on avait eu droit au grandiose Park Nou-sik dans la section Classic. Généralement, c’est du solide. Surtout, c’est une grosse tannée de se procurer les vieux films sudco. Donc quand on a la possibilité d’en voir sur grand écran, il vaut mieux en profiter.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 29 : après avoir féliciter Dong-suk pour son costume super classe (à la cérémonie d’ouverture), vous pourrez jouer à lui faire traduire des mots très compliqués du français au coréen. L’année dernière, Monsieur a bloqué sur « phalange » ou « métacarpe », ou un truc dans le genre. Cette année, si tu veux montrer que tu es un fidèle lecteur de KBP, nous te proposons de te manifester en salle lorsque Dong-suk fera des traductions, en posant des questions contenant les mots : paronomase, métempsycose, amphigourique, mystagogie, palinodique, sternutation. Les expressions latines sont évidemment bienvenues, mais le blog se décharge de toute responsabilité au regard de l’éventuelle antipathie que ton comportement pourra susciter parmi les spectateurs.

 


  

Raison 30 : Parce que tu rêves de taper l'incruste et la discute dans une soirée coréenne et qu'il te faut un minimum de conversation et de vocabulaire.

 

Nous on t'a modestement appris "Shiballoma", mais ça te servira pas beaucoup pour serrer des meufs

 

Raison 31 : Parce qu'Alain Justice aka Bunta Kun vient d'annoncer publiquement sur facebook que le FFCF11 sera son premier festoch de cinéma. Un dépucelage à suivre en direct et durant toute une semaine.

 

Pour devenir pote avec Alain Justice sur FB

 

Raison 32 : Pour sélectionner les courts-métrages en compétition, l'équipe du FFCF a du s'en taper 200. L'année dernière le niveau n'était pas fou-fou, mais on n'avait aussi pu voir les premières œuvres de Na Hong-jin, Bong Joon-ho et autres Park Chan-wook, et se rappeler qu'il faut rester à l'affût des nouveaux talents de la péninsule.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 33 : Les courts métrages en compétition seront aussi disponibles en ligne sur Mubi, si ça ce n'est pas une belle une idée de la culture et du partage, franchement.

 

Pour en savoir plus

 

Raison 34 : Tu es chômeur, ton appart est isolé avec du gruyère et tu as du mal à encaisser les  brutaux changements de température, les salles du FFCF sont chauffées et les pass à 35 euros voire 25 pour les jeunes marsupiaux de moins de 20 ans.

 

Les tarots

 

Raison 35 : pour dire au revoir à tout le monde et promettre à tes nouveaux copains que vous vous reverrez, tu pourras aller voir le dessin animé Leafie, de Oh Seong-yoon. Oui, dessin animé sud-coréen, plutôt rare en France. D’autant plus que dans la matière, le voisin nippon n’est pas du genre partageur. Pourtant il existe une scène anime sudco, et plutôt talentueuse. En effet, on ne le dit pas, mais les Japonais ont coutume de sous-traiter des pans entiers de leurs anime, notamment les effets spéciaux, à la Corée du sud. Donc en gros, au pays du matin calme, on a les compétences techniques, il ne manquerait plus qu’à franchir le pas, à l’aide, notamment, d’une plus grosse visibilité. Pour les connaisseurs, il faut quand même dire que Leafie a été supervisé par Gap Kim, celui-là même qui a dirigé le génialement nauséeux Aachi & Ssipak, et dont on regrette que son pilote de Mad Monkey n’ait pas donné lieu à continuation. Bref, ça doit être très bon. Pour les amateurs, le demi-dieu Choi Min-sik et la gracieuse Moon So-ri prête leurs voix au film.

 

Pitch, bande-annonce et horaires

 

Raison 36 : 50 films, tous inédits en France. Je ne sais pas quoi te dire de plus. Si tu continues à tortiller, c’est que tu es de mauvaise vie.

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 14:25

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Alerte météo : alors que l'hiver frappe la France en pleine poitrine avec une dernière vague de froid, un raz de marée d'une toute autre nature se profile à l'horizon. Le cinéma coréen qui débarque à Deauville avant d'enfoncer les lignes ennemies jusqu'à la capitale et sa cinémathèque. Dans le même temps on parachutera Hahaha de Hong Song-soo dans les cinémas de la plupart du territoire. Passages en revue de troupes où HSS mise tout sur la quantité ("quoi? comme d'hab?"). Mais rappelez-vous, si vous voyez la vague du tsunami c'est qu'il est déjà trop tard.

 

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Master Class

 

Samedi 12 mars à 12h30, CID : Kim Jee-won

 

En compétition

 

Dimanche 13 mars, 11h30 au Casino : The Journals of Musan, étoile d’or lors du dernier festival de Marakech, écrit, produit, joué et réalisé par Pak Jun-bum.

 

Action Asia

 

Vendredi 11 mars, 11h00 au Casino ou 22h30 au Morny Club : Blades of Blood, drame historique plein d’action par Lee Joon-Ik, le réalisateur de The King and the Clown. Recommandé si : vous avez envie d’action et de couleurs saturées.


 


 

 

Panorama

 

Jeudi 10 mars, 20h00, C.I.D. : Hahaha, Hong Sang-soo

 

Vendredi 11 mars, 16h30 au C.I.D. : Oki’s Movie, Hong Sang-soo (juste après Night Fishing)

 

Vendredi 11 mars, 22h au C.I.D. : J’ai rencontré le Diable, Kim Jee-won ft. Choi-Min-sik & Lee Byung-hun, thriller coréen et vengeance ultra violente, what else ? Immanquable. Sortie prévue le 6 juillet pour les autres.

 

Vendredi 11 mars, 16h30 au C.I.D. : Night Fishing, Park Chan-wook fait un film en 10 jours (de 33 minutes) avec 100 000€ et 80 copains avec des Iphone 4, là encore c’est l’une des attractions du festival.

 

 

 


 

 

 


 

Un iphone 4 certes, mais toutes options.

 


Hommage

 

Hong Sang-soo, toute sa filmographie, franchement ça ne vaut pas le coup de la dérouler à nouveau. Si jamais vous vous sentez l’esprit aventurier, commencez par Conte de Cinéma, en trois films c’est ce que l’on a vu de mieux de la part HSS.

 

Kim Jee-won, le nom du blog fait référence au bonhomme,  ses rejetons sont bel et bien présents, et au complet. Allez y les yeux fermés pour ne pas être trop ébloui.

- The Foul King : Song Kang-ho dans la peau d’un apprenti catcheur spécialiste des coups bas, génial. Jeudi 10 mars, 22h30, Morny Club

- A Bittersweet Life : De l’esthétisme de la vengeance, son Oldboy à lui. Vendredi 11 mars, 16h15 au Morny Club. 

- Le Bon, la Brute et le Cinglé, casting de rêve, western coréen, action et second degré, KJW en mode looping et montagnes russes. Dimanche 13 mars, 21h00 au Morny Club

- Deux Sœurs, on a déjà la comédie de catch, le thriller de vengeance, le western kimchi, il manque donc le film d’horreur, et bien c’est Deux Sœurs. Jeudi 10 mars, 20h00, Morny Club

- Trois Histoires de l’Au-Delà, trois petits films de trois réalisateurs différents, pas vu, on aurait voulu le voir, snif. Vendredi 11 mars, 11h00 au Morny Club

 

A part ça, on aurait bien vu :

 

Mr. And Mrs. Incredible de Vincent Kok (HK) au pitch alléchant : Un couple de super héros à la retraite décide de reprendre du service lorsqu'un tournoi national d'arts martiaux est organisé dans le petit village paisible où ils vivent incognito depuis des années. Samedi 12 mars, 22h30 au Morny Club

 

True Legend, le retour de Yuen Woo-Ping (HK), chorégraphe et réalisateur emblématique des films action honk-kongais dans les années 80, qui depuis s’est entre autres occupé des pas des danses violentes de Tigre et Dragon, Matrix ou Kill Bill. Jeudi 10 mars, 16h00 au Casino

http://www.youtube.com/watch?v=8rREc1qH5k8

 

Detective Dee, Le Mystère de la Flamme Fantôme de Tsui Hark, Samedi 12 mars, 20h au C.I.D.

 

 


 

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Hommage à Hong Sang-soo

 

Lundi 14 mars, 20h00 : Hahaha

 

Mercredi 16 mars, 19h00 : "Hong Sang-Soo par Hong Sang-Soo", une leçon de cinéma (CONFERENCE)

Mercredi 16 mars 21h00 : Oki’s Movie

 

Jeudi 17 mars, 19h30 : Conte de Cinéma (RENCONTRE)

 

Vendredi 18 mars, 19h00 : Le Jour où le Cochon est tombé dans le Puits

Vendredi 18 mars, 21h30 : Le Pouvoir de la Province Kangwon

 

Samedi 19 mars 14h30 : La Vierge mise à nue par ses Prétendants

Samedi 19 mars, 19h00 : Le Femme est l’Avenir de l’Homme

Samedi 19 mars, 21h00 : Woman on the Beach

 

Dimanche 20 mars, 16h45 : Turning Gate

Dimanche 20 mars, 19h15 : Les Femmes de mes Amis

Dimanche 20 mars, 21h45 : Night and Day

 

Jeudi 24 mars, 19h00 : La Vierge mise à nue par ses Prétendants

Jeudi 24 mars, 21h30 : Turning Gate

 

Vendredi 25 mars, 17h00 : Conte de Cinéma

 

Samedi 26 mars, 14h15 : Le Femme est l’Avenir de l’Homme

Samedi 26 mars, 16h15 : Night and Day

Samedi 26 mars, 19h00 : Le Jour où le Cochon est tombé dans le Puits

Samedi 26 mars, 21h30 : Le Pouvoir de la Province Kangwon

 

Dimanche 27 mars, 14h30 : Les Femmes de mes Amis

Dimanche 27 mars, 19h30 : Oki’s Movie

Dimanche 27 mars, 21h30 : Woman on the Beach

 

Lundi 28 mars, 20h30 : Lost in the Mountains (extrait du film collectif Visitors) + Les Renaissances du Cinéma Coréen d’Hubert Niogret

 

 

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Sortie Cinéma

 

Mercredi 16 mars : Hahaha, Hong Sang-soo (sinon vous pouvez toujours aller voir Black Swan ou True Grit)

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 15:55

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Ce mercredi 23 novembre on se serait cru en décembre. Les saisons n'avaient plus de raison. Carter San-Congo et John O'Meanseek grelottaient en avançant rue Christine. Ils n'étaient pas revenu sur les lieux du crime depuis Ballad of a thin Man. Ils avaient réglé son compte à Kwak Jae-young il y a quelques semaines de cela, mais nous reviendrons sur cet épisode plus tard. En attendant, l'Action Christine semblait mort. Même les spectres du festival avaient décidés de rester au chaud. Aucun anorak FFCF, de faibles murmures dans la file d'attente, une population tristement homogène avait repris possession des lieux. Ils échangèrent un regard entendu et reprirent leur route, si quelque chose leur avait échappé lors du festival, ce n'est pas ici qu'ils mettraient la main dessus. Chacun dans leurs pensées, ils avancèrent en silence à travers les rues humides du quartier de l'Odéon, ses trottoirs en travaux recouverts de plaques de métal, ses bruits de klaxon, ses groupes d'étudiants. Ils avaient rendez-vous Carmen San Diego, membre du jury étudiant rencontrée en milieu de festival, et franchirent les portes du café. Elle les attendait en buvant un chocolat chaud, son fidèle imperméable rouge séchait sur le dos de sa chaise, son chapeau lui cachait le haut du visage. Elle leur adressa un signe de la tête, O'Meanseek commanda un Irish Cofee, San-Congo était fauché. Après les politesses de rigueur, l'atmosphère se détendit et la discussion prit le chemin qu'ils attendaient.

 

 

JMS & SC :C'est la première fois que tu étais jury dans un festival? Qu'est-ce que ça t'a fait d'avoir le pouvoir entre les mains ?

 

CSD : Oui c’était la première fois. J’ai reçu l’invit’ un peu par hasard, à travers le ciné-club de ma fac. J’ai toujours été une fana du cinéma et donc j’ai accepté tout de suite ! Je me suis même pas demandé quels seraient les implications : overdose de films d’auteurs, indé et débutants et surtout intégralement coréens. D'ailleurs, j'y connaissais à peu près rien. Cette overdose correspond en chiffres à 16 long-métrages et une quinzaine de courts en moins de 5 jours ! Mais oui, la motivation derrière était ce petit pouvoir entre les mains, de donner mon avis de façon «autoritaire» sur la sélection ! et aussi d’avoir un pass pour tout le festival !

 

 

 

JMS & SC :Grosso modo, avant le festival, ton idée du cinéma coréen c'était Choi Min-sik (l'acteur de Oldboy) le regard fou et le marteau à la main ? Depuis le festival, j'imagine que ta vision de ce cinéma a évolué (Earth Women ou My Dear Enemy) ?

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CSD : Oui complètement. Les deux films qui me venaient spontanément à l’esprit étaient OldBoy et Locataires de Kim-ki Duk, mais le premier correspondait plus au cliché coréen pour moi : violence, vengeance, du Tarantino moins occidentalisé en gros. Le premier film en compétition que j’ai vu a été my Dear Enemy, qui m’a très agréablement surpris. C’était le prototype du film qui me manque jamais de me séduire : peu de personnages, mais des dialogues forts, un road-movie dans la ville de Séoul et une tension délicieuse entre deux acteurs remarquables. Un Woody Allen revisitée ! Les autres films aussi ont contribué à changer mon idée du cinéma coréen : la plupart avaient une forte thématique sociale ou psychologique, portée sur les êtres humains et les personnages plus que sur l’action. Mais en même temps, la vision des films du festival est très partiale, très particulière. Je suis sure que les coréens eux-mêmes ne voient pas  leur cinéma de la même manière et à vrai dire, je n’en sais pas plus sur les grands classiques, les grands auteurs coréens! Je continue dans l’ignorance.

 

 

JMS & SC : D'ailleurs t'as réussi à digérer cette overdose de cinéma coréen ou tu t'es achetée l'intégrale des films de Lee Chang-dong pour continuer sur ta lancée?


CSD : J’avoue qu’après le festival, je n’ai plus réussie à aller au cinéma pendant 2 semaines, et surtout pas pour voir du coréen ! C’est drôle justement de voir que nous sommes très peu habitués à voir autre chose que des produits américains, français, en tout cas occidentaux. La langue coréenne, leur culture, leur nourriture, tout est tellement différent ! Je me suis sentie un peu sans repères, mais c’était justement très intéressant de sortir de notre petit monde pour aller voir ailleurs.

 

 

JMS & SC :T'as remarqué des tendances globales dans la sélection proposée cette année ou dans la cinéma coréen (ou tu trouves que cette question fait beaucoup trop Télérama et refuse de répondre)?

 

CSD : Dans la sélection, c’est justement l’aspect social dont je parle plus haut qui m’a frappé. Des quatre documentaires proposés 3 étaient sur les conditions des travailleurs agricoles, des mineurs, des ouvriers. Un autre film très dur, Elbowroom, sur le viol d’une handicapée par ses responsables, m’a beaucoup dérangé. L’autre moitié de la sélection était plus introspective, je dirais, plus sur des thématiques personnelles. Mais ce sont tous des films très humains.

 

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JMS & SC :Comment jugerais-tu la qualité moyenne des sélections (longs et courts métrages)?

 

CSD : Bonne. Un bon nombre de ces films était des premières ou deuxièmes réalisations et pourtant, mise à part mon avis subjectif, d’un point de vue professionnel c’est assez admirable. Tous les films mettaient en scène des bons acteurs - même si je me demande à quel point la non compréhension du coréen brouille notre jugement. Le seul film justement qui n’était absolument pas crédible en raison d’un jeu j’acteurs effroyable, c’était Ballad of a Thin Man, du français Yann Kerlo'ch… (qui joue aussi dedans) (ndlr /JMS: Nan ? Jure ? il fait une apparition dans son film Yann ? et je l’aurai ratée ?) ! Par contre, petite critique commune à toute la sélection : une tendance marquée pour le mélo, très perceptible dans le choix des musiques, et qui pour moi m’a « gâché » certaines scènes et donc certains films qui autrement n’étaient pas si mal. Je pense notamment à Light Sleep qui est traversé de moments kitsch ou encore Sa-Kwa, un de mes favoris et qui pourtant, à plusieurs reprises, est au bord du feuilleton à l’eau de rose ! D’autres n’y échappent simplement pas : Earth Women ou One Step More to The Sea.

 

 

JMS & SC :On n'a pas vu Vegetarian qui a gagné le prix du jury cette année, ca a été difficile de désigner un vainqueur? Comment on parvient à décider que tel film est meilleur que tel autre? Vous étiez unanimes? on imagine que ce n'était pas le cas, quel était le film qui t'as le plus marqué?

 

CSD : Vegetarian nous a  « sauvés », car c’est le seul film sur lequel il y avait un consensus dans le jury. Certains l’ont adoré, d’autres l’ont juste apprécié. Mais surtout, on était tous d’accord sur la qualité du film et la force de la vision du réalisateur, qui avait quelque chose à dire. Pour choisir, on a élaboré un système à points : chaque juré notait de 1 à 5 ses films préférés et ensuite on additionnait les points de chaque film. Ça paraît bête et systématique, mais pour trancher, l’intuition n’est pas assez ! Dans mon cas, j’ai hésité entre My Dear Enemy, Vegetarian et Sa-kwa. J’ai d’ailleurs supprimé My Dear Enemy de mon classement dans un premier temps, car comment rivaliser avec un film dont le réalisateur en est à son 4ème film, avec une actrice récompensée à Cannes ? Je ne comprends toujours pas pourquoi n’était pas hors compétition. Mais il fallait choisir le film qui nous a touché le plus, donc à la fin il fut mon premier choix.

 

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JMS & SC : Et le film que tu as le moins aimé (tu peux en donner deux pour qu'il se sente moins seul) ?

 

CSD : Dans les court-métrages, Ballad of a thin Man. Sans vouloir être méchante mais trois points ressortaient du film : la très pauvre qualité des acteurs et du scénario, rempli de clichés français sur la Corée, et surtout une mauvaise réalisation. J’ai eu l’impression d’être devant un film tourné entre potes le temps d’un week-end. Pour les longs, je n’ai pas aimé One Step More to The Sea et (je vais sûrement être attaqué pour dire ça) le documentaire Taebaek, Land Of Embers. C’est le préféré de Yoo Dong Suk, le directeur artistique du festival, je sais. Mais je l'ai trouvé sans intérêt : Lent, long, vide, pas de personnages, pas de narration, pas vraiment d’explication. C’est un documentaire certes, sur une question difficile certes, mais c’est pas pour ça que ça doit être chiant ! Un documentaire aussi peut être vivant sans déformer la réalité à la Michael Moore.

 

 

JMS & SC :Un petit mot sur les courts métrages? On n'a pu voir que le programme n°2, aucun vainqueur parmi eux et ça se comprend... il y avait de quoi présager un bel avenir au cinéma coréen dans le reste de la selection (quel dommage que tu aies raté les courts métrages des grands réalisateurs...)

 

CSD : Il ya un court-métrage qui m’a beaucoup marqué et qui a d’ailleurs remporté la Prix Fly Asiana, c’est celui des quadruplets. J’ai adoré son humour absurde, sa parodie, ses personnages irréels ! Il y a un côté Frères Coen que j’ai beaucoup apprécié.

 

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JMS & SC :On n'est pas physionomistes mais par contre on est très sensible aux films cultes ou clés de chacun, c'est quoi les tiens?

 

CSD : Je dois avouer que je suis une accro du ciné contemporain, je suis très nulle dans les classiques. Je résonne par directeurs : je vous citerai Woody Allen, Gus Van Sant, Wes Anderson, Sam Mendes, Coppola père et fille, Fatih Akin. En France, Gondry, Christophe Honoré, Truffaut. Cinq films contemporains qui m’ont marqué : American Beauty de Sam Mendes, Lost in Translation de Sofia Coppola, The Dreamers de Bertolucci, Cité de Dieu de Fernando Meirelles, Head On de Fatih Akin. Dans les « classiques » : Les 400 coups de Truffaut, Hannah and Her Sisters de Woody Allen, Midnight Cowboy avec Dustin Hoffman, Le parrain de Coppola, Do the right thing de Spike Lee …. Mais c’est une quesiton impossible ! plus j’y pense, plus de films me reviennent à l’esprit. Je peux pas.

 

 

JMS : Et bien merci beaucoup, ça a été un plaisir de te rencontrer et de partager ce chocolat avec toi (enfin je dis ça pour San-Congo qui t'a taxé toute la fin de tasse pendant que tu parlais).

 

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 10:12

ballad

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Un film de Yann Kerloc'h, ça se mérite. Dimanche dernier, outre les 15 minutes de retard réglementaires, il a fallu affronter trois courts métrages moyens (et pas toujours très courts) et supporter quelques problèmes techniques avant de découvrir le chef d'oeuvre de Yann, un aboutissement de sa relations avec la Corée. Avant la séance, Yann nous gratifie de quelques paroles timides sous les applaudissements de la salle. On se rappelle alors qu'on sentait déjà une excitation particulière rue Christine.

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Ballad of a thin man est assurément une oeuvre à part dans ce 5ème festival franco-coréen du film. Réalisé par un Breton tombé amoureux de la Corée il y a dix ans déjà (ah le goût du large !), l'oeuvre s'aventure sur le sujet ô combien épineux des relations franco-coréennes au sein d'un bar à hôtesses. Clandestins en France, ces lieux ont pignon sur rue en Corée et connaissent apparemment un succès considérable. L'histoire ne dit pas si Yann Kerloc'h a lui même fréquenté ce genre d'établissement; nous savons juste qu'il a longuement discuté avec une hôtesse ce qui lui aurait permis de nourrir son film de nombreux détails.

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A la fin de la séance, un silence gêné se répandit dans la salle. Avec ce film Yann Kerloc'h ramène le cinéma à son statut d'art éphémère. Dès le générique, les images s'enfuient mais restent imprégnées en nous comme les souvenirs d'un mauvais rêve. Tout au long de la projection de Ballad of a thin Man, on se questionne sur le rapport au réel. Les images sont d'une banalité rare, le son nous rappelle sans cesse qu'une vie exogène se déroule hors champ (klaxons, moteurs, bruits urbains désagréables) et pourtant Yann Kerloc'h nous projette dans un autre monde, en dehors même du film et de l'écran. Il n'a de cesse d'interroger la place du spectateur: que faites vous là? que regardez vous? pourquoi?

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Ce que l'on voit, ce sont des acteurs qui jouent à contre temps, contre le réalisme, contre la vraisemblance. Pendant plus de vingt minutes ils tiennent une note terriblement fausse, nous dérangent au point d'entretenir un rapport physique avec les spectateurs. L'histoire s'inscrit dans cette même logique : mal racontée, elle parvient à être bancale tout en suivant un schéma ultra attendu, un véritable tour de force qui ferait rougir Tarantino. Yann Kerloc'h, réalisateur de la déconstruction : il démantèle les schémas classiques, démembre nos attentes, nous prend à rebrousse poil et gratte.

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Assister à une projection de Ballad of a thin Man, c'est participer à un ping-pong incessant avec la réalité, pas sûr que tout le monde ait compris la portée de l'évènement. Non content d'assister en personne à la séance, Yann a aussi convié une bonne partie de l'équipe du film et prend bien soin de les pointer du doigt : que chacun sache qu'il est bien entouré ! Il nous coince et du coup personne n'ose se marrer ou s'affliger. Il nous remet à notre place de spectateur hypocrite en jouant à contre temps, en tentant sans cesse l'oxymore cinématographique du "génialement nul". La lumière est crue, les cadres sont mauvais, le son insupportable, les dialogues trop mal et trop écrits, le montage d'une nullité abyssale...; même un champ contre champ, Yann peut vous le rater totalement. Et pourtant le ton est extrêmement sérieux, et le générique et l'interview qui suivent nous confirment qu'il a fallu du temps et du monde pour mettre au jour cet hideux rejeton. Tous les indices sont là et évoquent les premiers films amateurs de réalisateurs en herbe, ceux que l'on tourne entre potes en une après-midi pour s'amuser et qu'on ne montre jamais. Jamais il ne s'écarte du mauvais goût et prend toujours soin de faire les mauvais choix.

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C'est ainsi que Yann rend hommage à toutes ces oeuvres anonymes, restées à jamais stockées sur des disques durs planqués au fond d'obscurs placards. Il tend la joue pour toutes ses humiliations qui n'ont pas eu lieu et se sacrifie sur l'autel de l'amateurisme. Une petite crotte de nez dans nos assiette de cinéphiles. Il est difficile d'imaginer que l'on reverra jamais une telle performance d'auto lapidation en public; et quand à la fin du film, Yann monte sur scène pour répondre aux questions, un long silence gêné s'installe. Que dire? Bravo Yann, je n'ai jamais douté de toi et je me suis bien marré.

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PS : une pensée émue pour Sans Congo qui avait rendez-vous et qui a du nous quitter en début de séance, les larmes aux yeux, en constatant qu'il ne pourrait pas voir le film de Yann programmé en dernier.

 

Pour aller plus loin :

Yann K, plus fort que le film, l'interview "Je trouve les coréens très beaux, les coréennes donc, en particulier, pour ne pas se le cacher :-). Une élégance, une dignité incroyable" Ah mon salop !

- Yann K, son oeuvre sur Vimeo.

 

 

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In English for our audience worldwide. Do you know Yann Kerloc'h's last feature, Ballad of a Thin Man ?

 

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A film by Yann Kerloc'h it deserves. Last Sunday, in addition to the statutory 15 minutes late, we had to play three short films means (and not always very short) and bear some technical problems before discovering Yann masterpiece, a culmination of its 10 year relationship with Korea. Before the meeting, Yann gratifies us with a few words timid applause from the audience. We remember when we already felt a special excitement Christine Street.

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Ballad of a Thin Man is certainly a work apart in the 5th Festival of Korean-French film. Directed by Breton fell in love with Korea ten years ago already (ah the taste of the sea!), The work ventures into the thorny topic of much-French-Korean relations in a hostess bar.Illegal in France, these places have stores in Korea and knowledge of a considerable success. The story does not say whether Yann Kerloc'h himself has visited such an establishment, we just know he had a long discussion with a hostess that would have allowed him to feed his movie many details.

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At the end of the meeting, an uneasy silence pervaded the room.With this film Yann Kerloc'h brings the film to its status as an ephemeral art. From the generic images flee but remain imbued in us as the memories of a bad dream. Throughout the projection of Ballad of a Thin Man, one wonders about the connection to reality.The images are banal rare, its constant reminder that life offstage exogenous (horns, engines, urban sounds unpleasant) and yet Yann Kerloc'h us into another world, even outside the film and screen. He is constantly questioning the spectator: what are you doing? as you look? Why?

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What we see are the players who play against time, against realism, against the likelihood. For more than twenty minutes they take a note terribly wrong, we disturb the point of maintaining a physical relationship with the audience. The story is part of the same logic: badly told, it manages to be wobbly while following a pattern highly expected, a real tour de force that would make Tarantino blush. Yann Kerloc'h, director of deconstruction: it dismantles the traditional patterns, dismembered our expectations, we take against the grain and scratches.

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Attend a screening of Ballad of a Thin Man, that participate in a ping-pong with the constant reality, not sure everyone has understood the scope of the event. Not content to attend in person at the meeting, Yann has also invited much of the film crew and takes care to point the finger that everyone knows he is in good company! We caught and suddenly no one dares to laugh or grieve. It puts us in our place as a spectator hypocritical playing against time, trying continually oxymoron Film "brilliantly zero. The light is harsh, the frames are bad, its unbearable, dialogues and too badly written, erecting an abysmal void ... and even a field cons field, Yann you may miss it completely. And yet the tone is extremely serious and the generic and the interview after we confirm that it took time and the world to uncover this hideous offspring. All the clues are there and evoke the early films of aspiring film enthusiasts, those who are between friends turns into an afternoon for fun and it never shows. He never deviates from the bad taste and always takes care of making the wrong choice.

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Thus Yann tribute to all these anonymous works, remained forever stored on hard drives stashed in the bottom of dark closets. He tends to play all the humiliations that have not occurred and sacrificed on the altar of amateurism. A little booger in our base of moviegoers. It is difficult to imagine that we will ever see such a performance car stoned in public and when at the end of the film, Yann went on stage to answer questions, a long awkward silence settles. What can I say? Bravo Yann, I never doubted you and I had a great time.

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PS: Without a thought for Congo who had an appointment and had to leave us in early trading, with tears in his eyes, noting that he could not see the movie by Yann programmed last.

 

To go further:

- Yann K, stronger than the film, the interview "I think the Koreans very beautiful, so Korean, in particular, not to hide it :-). Elegance, dignity incredible" Oh my bastard!

- Yann K, his work on Vimeo.


 


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