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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 17:20

 

Antarctic Journal, Yim Pil-sung, 2005

Antarctic Journal

 

Le commissaire Delauge avait finalement décidé de vider les bureaux des agents O'Meensick et San-Congo. Après près de cinq mois sans nouvelles du petit agent basané qu'il aimait appeler Congo-San en référence à ses penchants asiatiques, John O'Meensick avait à son tour disparu des radars, laissant derrière lui une tonne d'enquêtes en cours, de stickers griffonnés, de dvds étiquetés, de moleskines balafrés. Ces deux là filaient en mauvais coton et le commissaire se torcherait avec. A vouloir trop vouloir titiller la lune ils avaient fini par se mettre sérieusement dans la merde. L'un après l'autre, une sorte de symétrie en décalé qui collait bien à leurs gueules de cons. Peu importe qu'ils se soient finalement fait chopés par les (rares) apparatchiks du FFCF ou par la milice de East Asia, leur manège avait trop duré. A leur arrivée des Etats-Unis, ils les avaient pris pour des poids lourds, le genre à dégainer à la première gueule de con, des types fiables et réglos. Ils s'intégrèrent bien à l'équipe et Delauge s'était presque entiché de leur accent d'amerloques quand on lui rapporta les premiers écarts de ses deux protégés. La capitale française cachait bien des vices sous ses froufrous de lumière et, bien que fervent supporter du PSG, Delauge refusa de faire le parallèle avec Ronaldinho. A l'arrivée, le constat était le même, quelques mises au ban, des fulgurances de plus en plus rares et un départ vers d'autres cieux. Delauge pouvait toujours attendre ses trente millions d'indemnités de transfert, les deux tourtereaux n'avaient même pas pris la peine de lui indiquer leur destination.

 

memories-of-murder-2.jpg

 

Les derniers rapports signalaient la probable présence de Carter à Budapest. La ville aux bains chauds était un haut lieu de l'industrie pornographique et la piste était crédible, Delauge n'en avait plus rien à foutre. Quant à O'Meensick, il se faisait de plus en rare au bureau depuis le départ de son collègue, abandonnant enquêtes et conquêtes en cours de route, il avait fini par se mettre à dos l'intégralité de la brigade. La dernière fois qu'il l'avait vu, il s'appliquait à re-sculpter la gueule d'un stagiaire contre le radiateur des chiottes. Le jeunot avait cru bon de suivre les directives de son maitre de stage, Philippe A., un gros type qui avait pour seul point commun avec De Gaulle ses inimitiés outre-atlantiques et qui l'avait mis au défi de placer un coussin péteur sur le fauteuil de l'inspecteur. Le stagiaire avait une bonne dizaine de fractures, John deux semaines de mise à pied. Il était parti sur un doigt d'honneur, il n'était jamais revenu.

 

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Il était maintenant plus de minuit et Sandra, sa grosse secrétaire qu'il aimait bien, vint lui dire qu'elle devait rentrer chez elle. Il la libéra avec un sourire timide, dans son monde à lui, les passions amoureuses passait par une période de gestation de plus de neuf mois avant d'espérer pouvoir voir le jour. Sandra était divorcée, elle était arrivée il y a deux mois, il avait peut-être sa chance. Le quintal de tendresse bleue disparu, Delauge se retrouvait seul au milieu du bureau de San-Congo et O'Meensick. Il avait relu les rapports de leurs plus belles enquêtes avec une larme à l'oeil, puis les avait soigneusement entassé dans des cartons qu'il aurait volontiers brûlés si l'Etat n'imposait à sa police un devoir d'archivage. Il avait tenu à faire se travail lui même, le deuil ne se partage pas et cette fois-ci Delauge l'avait particulièrement mauvaise. De toute la journée, personne n'avait osé le déranger. Il ne lui restait qu'un gros volume poussiéreux qu'O'Meensick avait utilisé pour caler les pieds bancales de son bureau. Une petite étiquette jaunie se trouvait sur la couverture « Antarctic Journal ». Il était tard et Delauge voulu éteindre la curiosité qui lui picorait les mains, sans succès.

 

 


 

On le retrouva le lendemain matin endormi sur ces quelques pages barbouillées à la hâte et constellées de stickers fluo un esprit malade et visiblement traumatisé par les températures excessivement basses du mois de février 2012.

 

 

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Filmographie du bonhomme :

 

Antarctic Journal, 2005

Hansel & Gretel, 2007 → lien vers l'article et le trailer ça fera des vues en plus.

 

Depuis plus rien.

 

A noter tout de même qu’il est crédité pour le rôle de Fat Guevara dans The Host.

 

Fiche technique :

 

Scénario : Bong Joon-ho Monsieur Bong Joon-ho, Yim Pil-sung


 Casting : Sir Song Kang-ho (qui attend toujours sa légion d’honneur), Yu Ji-tae (le méchant de Oldboy, le héros de Natural City, Paint dans Attack the Gas Station), Park Hee-soon (le vilain nouveau papa prêtre de  Hansel & Gretel), Yoon Je-moon (un second couteau mais qui a déjà saigné des grands crus tels Mother ou The Host), Choi Deok-moon (qui a commencé sa carrière avec  Peppermint Candy et Bad Guy et qui ensuite a du se casser une patte ou un truc du genre vu sa trajectoire chaotique).

 

Producteur : Cha Seung-jae, un type dont la filmographie débute en fanfare (les premiers Bong Joon-ho,  Save the Green Planet) et qui depuis semble être passé du côté obscur rose bonbon de la force (Miss Gold Digger, My Scary Girl, Seducing Mr. Perfect… ah tiens  Like a Virgin !)

 

Montage : Kim Sun-min, grosse activité et joli tableau de chasse pour la demoiselle : The Coast Guard de Kim Ki-duk, The Host de Bong Joon-ho,  The Murderer de Na Hong-jin,  Hansel et Gretel de… Yim Pil-sung. Et on pourrait encore citer A Million ou Hello Ghost dans sa filmographie.

 

Chef opérateur : « Big daddy » Chung Chung-hoon, le copain de PCW fiché dans notre série « Korean Cinematographers ».

 

L'affaire se passe entièrement au pôle sud où une expédition britannique aurait disparu au début du 20ième siècle. Quatre-vingt piges plus tard une bande de coréens décide qu'à défaut d'avoir pu être les premiers à déflorer la lune, ils tremperont leur biscuit dans la banquise froide et cruelle de l'Antarctique. C'est le premier film de Yim Pil-sung mais c'est peu dire qu'il est bien entouré, les rumeurs font état d'un coup foireux mais les rumeurs envoyaient aussi Pato au PSG cet hiver. On part confiant.

 

 

antarctic journal 2

 

INTRO : +1

Les pôles terrestres sont photogéniques et franchement, vu la compo alignée sur le terrain, ça sent le théâtre des rêves façon Old Trafford. La pelouse est blanche, les acteurs jouent en noir et rouge, l’équipementier a changé (The North Face), les sponsors aussi (Orion) et c’est Song Kang-ho qui porte le 10 de Wayne Rooney. Les paysages défilent sur le générique et plantent le décors, un premier accident rappelle la précarité de la situation de nos aventuriers puis une présentation de l’équipe via une vidéo par satellite introduit les personnages. Un début pas franchement aérien mais efficace, l'arbitre donne coup d'envoi.

 

MENACE : +1

On nous annonce -80°C à destination. Brrr.

 

IMAGE : +1

Le chef op nous pond une lumière jaunasse et décontrastée lorsque l’on se retrouve sous la tente. La tente est jaune, c’est réaliste, c’est moche mais on garde nos repères. Difficile de faire autrement ? Bah avec une autre couleur de tente non ? En tout cas ça tranche avec l’image facile des prises de vues en extérieur, la neige, le soleil, les contrastes marqués, les couleurs saturées. Stylé quand même.

 

antartic-journal-2.png

 

PERSONNAGES : +1

Capitaine, Song Kang-ho c’est l’un des seuls types qui puissent déclamer « nous nous sentons vivre en accomplissant l’impossible » avec une moustache de collégien tout en étant pris au sérieux. Voilà pour le discours d’avant match les gars !

 

MISE EN SCENE : -1

Zoom et/ou travelling sur le seau puis fondu enchainé et un œil qui se réveille sous la glace… WTF ?!

 

MENACE : -1 puis +1

39 jours avant la nuit, quand on marche vers du -80°C, c’est plus flippant qu’un zombie congelé sous la glace.

 

SCENARIO : -1

« Antarctic Journal », c’est donc le bouquin qu’ils trouvent sous la glace… D’ailleurs SKH s’en tape de ce journal, il voit bien que c’est le talon d’Achille du scénario. Il le sait, il le sent. C’est instinctif, alors il l’envoie valser d’un flip flap façon Ronnie vs Dos Santos. 

 


 

 

PERSONNAGES : +1

Lui son truc, c’est la quête de l’impossible, dribbler onze joueurs et marquer du bout des fesses par -80°C dans la lucarne du pôle de l'impossible.


MISE EN SCENE : -1

Petit hic, la sensation de froid ne passe pas tellement. On repense aux exercices de Kurosawa avec son maitre décrits dans Comme une Autobiographie. Sensation de chaleur ? Un restaurant de grillades en plein été, des types attablés, de la fumée, de la sueur.

 

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MISE EN SCENE : -1

Les visages sont trop intacts, ils ont tous du partir avec leur carton de labello et autres crèmes pour le visage. D’ailleurs ils n’ont même pas la moindre marque de bronzage après deux semaines de soleil permanent reflété à balle par la neige qu’ils écrasent.

 

IMAGE : +0

La dominante jaune sous la tente, c’est quand même crado. Osé, mais crado.

 

MISE EN SCENE : -1

L’impression d’étroitesse sous la tente n’est pas vraiment retranscrite, une question de focale, on les filme sans être avec eux. Ça sent le studio, c’est con, l’opposition entre la tente étouffante mais rassurante et les grands espaces aussi magnifiques que dangereux avait du potentiel.

 

PROD' : -1

The North Face a du lâché un bon paquet de fric pour être autant présent à l’écran.

 

antartic-journal-7.png

 

MENACE : +1

27 jours avant la nuit, putain mais c’est vraiment ça qui fait flipper. Ensuite, c’est 6 mois de nuit et de froid. Les Norvégiens pourront vous en parler, même avec des économies pour deux générations y a de quoi perdre le moral.

 

MENACE : +1

Devant le froid, derrière le froid. Bad trip.

 

MISE EN SCENE : -1

Un flash, une flaque de sang et il tombe. Bof.

 

DIALOGUES : -1

« on dirait qu’il a pris froid, mais y a pas de virus ici »…

 

MISE EN SCENE : -1

Les poils de la doudoune et des moustaches se retrouvent gelés, ça vient, petit à petit. Le vent se lève, les premiers brouillards apparaissent. Le potentiel est là, la pyrotechnie fait de son mieux, mais l’image ne traduit toujours pas le froid. Le maquillage ne va pas assez loin. L’esthétique prime et du coup elle est plate et creuse. Syndrome Hansel & Gretel, syndrome Yim Pil-sung.

 

Yim_Pil-Sung__Arctic_96256a.jpg

 

SON : -1

L’espace sonore aussi est sûrement un peu vide. C’est sûr que les chants d’oiseaux au réveil au milieu de l’Antarctique ce serait légèrement déplacé, mais le vent sur les combinaisons, le vent sur la tente, les souffles des randonneurs, la neige qui craque… ça laisse quand même un peu de matière non ?

 

MISE EN SCENE : -1

Bon, deuxième avertissement : le coup des hallucinations, ça marche pas des masses. C’est pas flippant pour deux sous, c’est incontrôlable, irrationnel et impossible à arrêter. S’il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de tension. C’est tout con, mais le vertige on l’a quand on est au bord du précipice, pas quand on chute et qu’on n’a pas d’ailes ni de parachute. Par contre si on a un parachute et qu’à 500 mètres du sol celui ci refuse toujours de s’ouvrir, là c’est flippant.

 

MISE EN SCENE : -1

Il y a un truc qui cloche et c’est peut-être aussi une question de choix de cadres. Trop esthétisants, trop composés, trop fixes, trop extérieurs à l’action. Par l’excès de stylisation, on casse la spontanéité du récit. Par ses cadres, et notamment ses impressionnantes plongées totales, Yim Pil-sung opte pour une narration (picturale au moins) extérieure à l’action. Pris séparément les plans sont sympas, associés par un montage lui aussi trop présent, ils mettent en avant la mise en scène, rappellent la présence d’une équipe autour de ses aventuriers fictifs. Avec des scènes ultra-découpées incluant parfois jusqu’à 6 personnages, on se retrouve avec des séries de champs / contre-champs / contre-contre-champs peu digestes. On sent la grosse équipe, on sent la grosse prod, on ne sent pas le froid, pas l’inconfort, pas le danger.

 

antartic-journal-3.png

 

MISE EN SCENE : -1

Pas mal de plans où l’on sent la distance entre la caméra et les acteurs. Plans larges et fixes où les acteurs traversent l’écran au loin. Plans de coupe fixes et étudiés.

 

IMAGE : -1

La tente jaune, les combinaisons rouges, le ciel bleu, le tout sur fond blanc et bien saturé, à un moment ça commence à ressembler aux photos des pages sports d’hiver du magazine de Décathlon.

 

SCENARIO : -1

Ouh le vilain Song Kang-ho qui trafique la radio, ouh le vilain scénario qu’on voyait se déplier mollassement depuis trop longtemps.

 

SCENARIO : -1

1er réflexe d’un explorateur qui découvre le journal de bord d’une expédition disparue : lire la dernière page et savoir ce qui a merdé ? Non ? Un livre se lit dans l’ordre, sinon ça tue le suspens ? Ok…

 

MISE EN SCENE : -1

Seconde disparition, toute une séquence complètement ratée. D’abord le trou dans la glace, que l’on montre ostensiblement mais que les yeux aiguisés de nos experts ratent lamentablement. Pire, ils se battent autour. Pas besoin de le souligner davantage, quelqu’un va tomber dedans. Et comme si cela ne suffisait pas, une tempête de salopard fait capoter la tentative de sauvetage (et sauter la crédibilité de l’équipe des effets spéciaux au passage).

 

SCENARIO : -1

Problème de genre : la question n’est pas de savoir qui va mourir mais qui va survivre. Les morts ne sont plus que des cartes que l'on retourne, sans passion. De toute manière Song Kang-ho crèvera le dernier, c'est écrit, le film mourra avec lui, qu'il le veuille ou non.

 

SCENARIO : -1

Les types se sont condamnés eux-mêmes. Ils sont à 40 jours de marche de leur point de départ, ils ne pourront même pas y retourner avec la nuit. Sachant qu’aux pôles, y a 6 mois de jour et 6 mois de nuit, on se dit quand même que le responsable du planning a merdé quelque part dans ses calculs. Ça fait pas sérieux.

 

antarctic_journal_haut.jpg

 

DIALOGUES : -1

« C’est juste de la neige, nous pouvons la fondre et la boire ». Coach SKH à la mi-temps du match. Pour l’instant son équipe prend 2-0.

 

MISE EN SCENE : -1

Petit à petit… les visages sont de plus en plus marqués… mais il manque encore le nez qui coule, les cheveux ébouriffés et gelés, les lèvres gercées, les engelures... Et aussi un bonnet ! C'est moins classe que les cheveux au vent mais ça reste la base en dessous de 0.

 

IMAGE : -1

La plongée totale au dessus des 4 traineaux, c’est stylé pour les screenshots, mais pour la narration…

 

BONUS : +10

Woah : le pitch IMDB en version française : « Hallucination collective ou cauchemar bien réel ? Par le réalisateur de "2009: Memories of Murder"... Un huis-clos angoissant et cauchemardesque, dans la lignée de "The Thing" et "Projet Blair Witch". Des décors d'une beauté hallucinante, une tension à son comble pour un pur produit du nouveau cinéma d'horreur asiatique. » A la ligne : « Dernière mise a jour de la page faite par elephantfilms, le Il y a 2 années. ». Ca donne une sacrée envie d’aller voir la suite de ses contributions à celui-là ! J’en suis à mater les infos Imdb sur mon portable pendant le film, je crois que j’ai décroché.

 

MISE EN SCENE : -1

Je relève la tête, désormais les acteurs murmurent et attendent cinq secondes entre chaque ligne de dialogue. L’ambiance est très solennelle, on parle du fils du capitaine qui s’est suicidé dans d’étranges circonstances (il voyait la dame blanche dans son appartement). On dirait une soirée d’exorcisme entre collégiens.

 

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DIALOGUES & MISE EN SCENE : -1

Ouch, les dialogues : alors que l’équipe demande à déclencher l’ELT (la balise d’urgence) par le biais du lieutenant, capitaine SKH refuse, se lance dans une tirade. Le mise en scène est tout aussi subtile : accompagnée par une musique dramatique, la caméra fait d’invraisemblables travelling droite-gauche pour faire entrer et sortir le capitaine du champ. Ultimate punchline ou Fatality façon Mortal Combat : le capitaine prend les lunettes du lieutenant et les casse. « Tu ne peux pas avoir peur de ce que tu ne voies pas ». Et pan dans ta gueule ! Carton rouge mérité, Bong Joon-ho devait être parti pisser quand Yim Pil-sung a ajouté cette ligne de dialogue qui va à l’exact opposé du cinéma d’horreur.

 

MENACE : +1

- 32°C, ça commence à piquer sévère dans les mount-boots.

 

SCENARIO : -1

Ça alors, une baraque en bois sur la banquise ! En 1927, à défaut de tentes, les types se baladaient toujours avec un quintal de planches de bois soigneusement taillées, un marteau et des clous pour une bâtir une cabane en cas de tempête. Et du genre solide et garantie 80 ans même en conditions extrêmes. C’est pas pour rien qu’ils ont dominé le monde ces britanniques !

 

PERSONNAGES : -1

Quelle bande de tapettes, y a des types qui sont arrivés jusqu’ici il y a 80 piges avec de quoi bâtir non pas une mais deux cabanes, et eux se plaignent de devoir tirer leur traineaux en plastique ultra légers… C’est les stocks de crèmes pour le visage qui doivent peser lourd.

 

MISE EN SCENE : -1

Le toit s’envole, ellipse, WTF !?

 

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...

 

Delauge s'endormit littéralement sur cet ultime anglicisme croisé avec du langage texto. Les deux zigotos ne lui manqueraient pas, ils avaient touchés le fond et se trouvaient à deux doigts de renier leurs principes : des + et des – l'étape suivant c'était l'avis l'express et la note sur 10. Ils avaient du le sentir, ils s'étaient taillés, leur lâcheté n'avait d'égale que leur nouvelle médiocrité, il ne leur en voulait même pas. L'enquête sur Antarctic Journal eut quand même lieu et les collègues qu'il avait mis sur le coup arrivèrent à la même conclusion que les deux inspecteurs portés disparus : « Elle brûle longtemps cette fusée orange non ? ».

 

Gros casting, gros package, déception en mode gros spectacle à servir avec cacahuètes et bières en quantité excessives. On classa l'affaire, par respect pour Song Kang-ho et Bong Joon-ho.

 

...

 

A l'autre bout du monde, O'Meensick ponctua son chat sur Skype avec la grosse Sandra en lui rappelant de voter Biquette en 2012. Apparemment Delauge avait fini par craquer, on pouvait le comprendre. Il avait fallu deux heures et la promesse qu'il rentrerait bientôt frotter son corps au sien avant que Sandra ne daigne le tenir informé de la situation en France. Apparemment on sortait de l'hiver mais pas de la crise et le train-train quotidien avait de plus en plus de mal à avancer sur ses rails. John s'était fait la malle, non pas qu'il ait eu le choix. Il ne savait pas ce qui était arrivé à Carter à Buda', mais ils avaient désormais l'industrie pornographique au cul et le plomb qui lui avait chatouillé les fesses lui prouvaient ces types ne rigolaient pas. Il s'était réfugié à Cape Town avec l'idée de se faire oublier en prenant des coups de soleils et guettait désormais chaque jour les fins fonds des tubes pornos avec la peur de voir une vidéo de son ami de toujours violé par un cheval ou tout autre torture qu'aurait pu imaginer la mafia hongroise.

"Ce que l'on voit sur l'écran, ce ne sont que les restes" disait Roman Polanski, de la vie d'O'Meensick il ne restait plus grand chose. Il pensa à Mandela.

 

 


 

 

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 22:43

 

affiche

 

Possessed, Lee Yong-joo (2009).

 

Mercredi 12 octobre. Premier jour du FFCF. Je quitte le taf comme un taureau du Vaucluse pour arriver devant le cinéma Saint-andré-des-arts avant 19 heures, légèrement en nage. Je sors mon déodorant Nafnaf parfum Goyave, et lance un regard chargé de sexualité à une dame qui passait par là. Encore du monde devant le ciné, dis donc Korea is beautiful cette année. Ça paye de passer à la radio de Science-po, hein. Bon c’est pas tout ça, je cherche mon nouveau pote, David Tredler, pour ne pas avoir l’air d’un mec qui est sincèrement désolé de sa présence. Ah bah tiens, David te voilà, tu tombes bien comme un but de Sylvain Wiltord en finale de Coupe d’Europe. Comment vas-tu ? David me présente… mais oui c’est bien I.D. de Made-in-Asie ! Mais c’est la folie cette année le FFCF. A ce rythme là, je vais finir par croiser le fantôme de Steve Jobs pendant l’avant-première de The day he arrives (bah non en fait puisque je n’irai pas voir ce film, mouhahahahaha).

 

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Mais moi je compte sur votre présence les mecs !

 

L’entrée du cinéma continue de se remplir. Je me dis que pour l’année prochaine, il faudra au moins prévoir de réserver l’UGC de la Cour Saint-Emilion avec un gros 24 x 33 (mètres évidemment) à l’effigie du blog KBP. Si le FFCF, comme c’est parti pour, est un gros succès cette année, il ne faudra pas que j’oublie de demander à Pierre de m’arranger l’interview qu’il m’a promis avec Park Chan-wook en échange de ma participation en tant que daily bloggeur. En attendant, je me remets à peine de l’émotion de m’être fait un nouveau pote que voilà Epikt (i.e. Insecte Nuisible), ami de la première heure de KBP, qui déboule. Shibal ! Fallait prévenir. C’est encore mieux que les vacances au camping de Palavas-les-Flots ici ! Nous allions tous voir Miracle of Jungno street, un documentaire sur quatre personnes membres de la communauté gay de Séoul. J’avais de grosses appréhensions avant d’y aller, mais je suis sorti soulagé. Les documentaires feront l’objet d’un compte-rendu commun, donc pour le moment, je continue à raconter ma vie.   

 

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La base de travail primordiale de ce blog

 

En attendant les séances de 21h, Epikt et Sans Congo se réunissent autour d’un falafel de la prospérité. C’est l’occasion pour les deux de s’autocongratuler sur la qualité exceptionnelle de leurs site/blog respectifs. Epikt, c’était un peu un grand frère bienveillant à l’origine de l’aventure KBP (ouais j’avoue « aventure » c’est un peu too much). Sans Congo n’a donc pas manqué de le remercier pour les éclairages lumineux (ouh le vilain pléonasme) qu’il a apporté à son travail, en soulignant la très haute valeur esthétique et intellectuelle de son site ; il espérait par ailleurs, lorsqu’il aurait des Sans Congo Juniors, qu’Epikt accepterait de les prendre en stage. Quant à Epikt, gêné par ces compliments, il avoua que le blog KBP lui avait redonné le goût à la vie au terme d’une période difficile qu’il avait récemment traversée. Sans Congo versa une larme et ils se prirent dans les bras sous l’air atterré d’une femme en burqa (attention il y a un piège).

 

21h. Croisée des destinées. Comme j’avais déjà vu Bleak Night, vers lequel se dirigeait Epikt, je me lançais d’un pas leste en direction de la séance de Possessed, de Lee Yong-joo, en me rappelant soudainement que je n’aimais pas voir les films d’horreur en solo. Trop con le mec. Tant pis, fides et fortitude, je ne peux plus me rétracter.

 

Jun Hui-jin, qui présente Possessed, nous explique que Lee Yong-joo a été l’assistant de Bong Joon-ho sur Memories of Murder. Ouhhhh, pas mal du tout la ligne sur le cévé. Pour peu que BJH ait daigné laisser couler un dixième de son talent pour abreuver son poupou, c’est la garantie d’un travail propre pour ce film qu’Hui-jin qualifie d’ « horreur mystérieux », ouvrant la voie à une nouvelle représentation du cinéma d’horreur sudco qui se libère du système binaire codifié par la série des Whispering Corridors (le premier ayant été réalisé par Park Ki-hyeong) d’un côté, et Deux sœurs de Kim Jee-won de l’autre.  

 

Possessed1

 

Mais est-ce vraiment un film d’horreur ? Possessed raconte l’histoire d’une étudiante répondant au doux nom de Hee-jin qui rentre de Séoul en apprenant la disparition de sa petite sœur de 14 ans So-jin. Cette dernière vit avec leur mère, et ne s’est jamais vraiment remise de l’accident qu’elle a eu avec son père dans lequel ce dernier trouva la mort. Après cet accident, la mère s’emmure progressivement dans une foi renouvelée (phénomène assez classique et visqueux des born  again), ce qui finit par la transformer en une veuve fanatique et flippante qui passe ses journées à prier intensivement (remarquez bien que ces gens ne se posent jamais la question du PIB hein). Elle refuse de travailler avec la police pour retrouver So-jin, ce qui n’est pas sans provoquer des réactions de suspicion de la part de leur part, alors qu’ils se prennent le tarif habituel sur leur prétendue incompétence. Parallèlement à cela, Hee-jin, qui essaye de comprendre avec ses propres moyens ce qu’il s’est passé, est de plus en plus témoin de phénomènes brrrr….. baaaaaaaaddddant.

 

Le premier élément qu’il conviendrait de relever sur ce très bon film, c’est que son génotype est confus. En effet, Possessed pourrait postuler au titre de film d’horreur, de film fantastique et de thriller. Le mélange des genres étant ce qu’il est en Corée du sud, cette question pourrait se révéler sans aucun intérêt. Pourtant, lorsque l’on parle de mélange des genres, on évoque généralement un mélange impliquant des aspects de la comédie avec de l’action et/ou du mélodrame. Or là, disons que la problématique se pose au terme d’une translation vers les extrémités du spectre cinématographique. L’enjeu est alors inédit. Pour simplifier, il semble que Possessed est à la fois un thriller et un film d’horreur, ce qui ne signifie pas que c’est un thriller qui effraye mais que ce film repose sur une ossature à double hélice, dont l’une relève du film d’horreur et l’autre du thriller. La composante-film d’horreur est menée par Hee-jin, qui se fait ses coups de flips selon les règles de l’art (cf. plus bas) tandis que la composante-thriller est dirigée par le détective Tae-hwan qui mène son enquête par-delà les embûches classiques qui parsèment la voie de la vérité.

 

A cause de cette ambivalence, on peut légitimement se dire que Possessed est un film d’ « horreur mystérieux ». Au point même de dénigrer l’œuvre au regard des stricts critères du cinéma d’horreur. En effet, ce ne serait pas faire du tort au film que de dire que Possessed est strictement canonique sur la partie film d’horreur. Il n’y a aucun apport original. En revanche, les techniques habituelles sont utilisées avec un certain degré de perfection. En gros, Lee Yong-joo ne cueille aucun de ses spectateurs par traîtrise. A chaque fois qu’il cherche à faire peur, le mécanisme est strictement balisé (main qui passe sous un lit, visite de la cave au sous-sol, etc.). En revanche, la maîtrise du réalisateur, et notamment la maîtrise sonore (l’angoisse est constamment maintenue sous tension grâce à une bande-son grinçante), fait que l’on tombe dans le panneau à tous les coups. D’ailleurs il y a des signes qui ne trompent pas : généralement, lorsqu’on entend un vague brouhaha et des rires nerveux dans une salle qui passe un film d’horreur, c’est qu’il y a une certaine électricité qu’on ne parvient pas vraiment  évacuer.

 

photo-Possessed-Bool-sin-ji-ok-2009-3

 

Le scénario du film est extrêmement bien ficelé, imbriqué et systématique (tiens il n’aurait pas pris des notes que BJH celui-là). L’enquête du détective avance de manière chaotique et décousue à cause des témoignages des personnages pris de folies subites à cause d’un phénomène qu’il ne parvient pas à analyser. Pour lui, l’explication est strictement rationnelle, tandis qu’Hee-jin représente la perspective fantastique de l’histoire. D’ailleurs, le film n’est pas sans rappeler Seven, de David Fincher, dans la mesure où on a l’impression que le détective fait face à une machination très puissante, dans un contexte religieux fortement perturbateur. La psychologie des personnages est très travaillée, c’est comme si on se faisait une partie de Cluedo. On est happés par l’enquête au fur et à mesure des avancées du détective. Et les apparences sont souvent trompeuses, au point qu’on ne sait pas tout à fait qui est victime et qui est bourreau. Bref, une belle mécanique à mettre à l’honneur de Lee Yong-joo : ça faisait un petit moment que je n’avais pas senti dans un film le caractère implacablement machinique d’un scénario lourd comme du plomb.

 

Ensuite, l’autre élément très prégnant du film réside dans la question du fanatisme. La mère d’Hee-jin en tient une bonne trempe dans le genre. Elle est l’archétype du devenir-religieux qui nie la réalité au bénéfice d’un système de croyances. Et l’élément du fanatisme agit comme un amplificateur tant du film d’horreur que du thriller.

 

Pour le film d’horreur, c’est relativement simple. Le fanatisme est un discours sur le vide qui lui donne du sens (ce qu’il y a après, ce qu’on ne voit pas, etc.). Or, avoir la prétention d’exprimer ce « vide » revient d’une manière ou d’une autre à chercher une prise de pouvoir. Les enjeux de croyances sont des enjeux de pouvoirs, cf. la mère d’Hee-jin qui n’adresse pas la parole à sa fille sous prétexte qu’elle est athée, ou le détective qui finit par croire à tout ce qu’il rejetait comme des inepties en raison de la maladie de sa fille. Et qu’est-ce qu’un film d’horreur, si ce n’est donner une forme et un sens à ce qui est hors-cadre ? Si Possessed est angoissant plus qu’il ne fait peur, c’est qu’il est en permanence tendu vers ce vide qui se trouve au-delà du cadre.  

 

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Pour le thriller, le fanatisme agit comme un bruit autour de l’enquête. On ne peut pas raisonner avec des gens qui n’ont pas le sens de la mesure. Le fanatisme agit comme un parasite autour de l’objectivité des faits, la matière première de l’enquêteur. De ce point de vue, des passerelles sont ouvertes vers le film d’horreur lorsque le détective pense perdre le contrôle à cause de la teneur des propos qu’on lui rapporte. En effet, il est difficile de montrer à un fanatique (pour ne pas dire impossible) qu’il se trompe, car, pour reprendre la formulation consacrée, « tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous ». C’est ce que les sociologues peuvent analyser sous l’angle des stratégies visant à contrer les dissonances cognitives : si une secte est persuadée que la fin du monde doit se produire demain, et que celle-ci n’a pas lieu, la secte rationalisera le non-évènement en retenant que les croyants n’ont pas fait preuve d’une ferveur suffisante pour « mériter » que la prophétie se réalise. Bref, face à un fanatique, on perd à tous les coups.

 

Bon, mais si le fanatisme et l’internet ont ceci en commun d’être à rendement croissant, Possessed reste mesuré dans les conclusions qu’il tire. En effet, au bout du compte, on ne tranche pas véritablement entre la part du réel et la part du fantastique, ce qui semble être une grande force du film. L’ « ouverture » sur laquelle s’achève le film est à l’image de la réalisation qui a privilégié, pendant presque deux heures, l’imagination à l’image. L’imagination laboure le champ des possibles et, d’une certaine manière, Lee Yong-joo reste neutre sur le point de savoir si la foi est un élément positif ou négatif. S’il tourne en dérision la « guerre des Dieux » (Weber), notamment par des scènes où une sorcière tout droit sortie d’un film de Kim Ki-young ou Kim su-young entre en conflit avec le corpus christique, il ne semble pas nécessairement pencher vers l’ataraxie divine.

 

On pourrait dire beaucoup de choses de ce film très intelligent et stimulant. Il y a par exemple ou un deux points très importants, pour ne pas dire essentiels, qu’on ne pourrait pas évoquer sans spoiler sévère. Donc en attendant, je vous invite très fortement à vous rendre à la session de rattrapage le dimanche 16 octobre à 21h40. Ouais, j’avoue que j’ai eu peur. 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 16:44

Goryeo Jang (Burying Old Alive), Kim Ki-young.

 

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Goryeo Jang a été réalisé en 1963 par un KKY encore tout frétillant de sa sortie mêlant consumérisme et lutte des classes, trois ans plus tôt, pour The Housemaid. On ne s’y trompera d’ailleurs pas à la vision des premières minutes du film. Encore une introduction, sous la forme d’une mise en abîme comme dans The Housemaid – quand on a une bonne idée, généralement on la squatte. Il s’agit d’une tribune, avec un public, réunissant des « experts » autour – en fait ils sont alignés, en mode show télé – du thème de la surpopulation. Le premier plan montre la régie envoyant un signe au présentateur pour qu’il puisse commencer l’émission. 1963, c’est aussi l’arrivée au pouvoir de Park Chung-hee, et la préparation structurelle au boom économique. Or à l’époque en Asie, un des principaux enjeux de développement résidait dans la maîtrise démographique. Haha, donc. Comment comprendre cette prémonition kkyienne ? Bon endroit au bon moment, en tous cas. Si Mao a poliment éconduit les gentils programmes internationaux de l’ONU en rappelant cette observation d’une trivialité confondante – « un enfant c’est une bouche, mais deux bras – la Corée du Sud a opté pour le gonflement du PIB par tête, à l’ancienne. On notera également que KKY, dans Goryeo Jang, remet à l’honneur le bestiaire initié dans The Housemaid, par la voix d’un des intervenants, en rapprochant dès l’introduction la surpopulation de la reproduction des rats. Plus tard dans le film, la reproduction sera incarnée sous le mode de la vache, et de la poule – un œuf par jour. Bref, autant dire que ce film a un côté « conférence de Bandung » qui n’est pas pour déplaire aux nostalgiques de la Guerre froide et des grands équilibres mondiaux.

 

 



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Le film a des allures mythologiques. Le schéma du récit aurait très bien pu servir de prétexte à Freud pour justifier un surplus tarifaire aux bourgeoises défraîchies de la haute société viennoise. Goryeo Jang se déroule dans un petit village de campagne et suit la vie de Guryong et sa mère. Alors qu’il était enfant, sa mère a épousé un micro-nabab local, déjà plusieurs fois marié, et père d’une petite équipe de football – en fait ils sont dix – frappées par la misère et la saleté. Cette fratrie voit d’un mauvais œil l’arrivée du petit dernier. Alors qu’il profite d’un traitement de faveur, ces derniers font en sorte qu’il se fasse mordre à la jambe par un serpent ; à partir de ce moment là, il devient « l’handicapé ». Tout au long du film, on verra l’évolution parallèle des dix frères et de Guryong qui vit avec sa mère – après s’être marié à une muette, mariage qui s’achève par son assassinat par Guryong – sous fond de misère et de famine. La fratrie maîtrise une source d’eau, ce qui lui permet de faire la loi dans le village, tandis que Guryong et sa mère son à la tête d’un joli capital de pommes de terres, et jouissent donc d’une prospérité relative.

 

 

 

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                Ici une shaman remplace la pythie. Guryong n’épousera pas sa mère ni ne tuera son père (quoique mais on vous laisse découvrir ça tout seul), on lui prédit seulement qu’il causera la mort de ses dis frères. KKY désamorce le récit classique avec une architecture antique : on sait que l’on va vers une fin tragique, il s’agit désormais de savoir comment. Bien sûr on reste sur un terrain connu. Les prédictions de la shaman sont les premières étincelles qui mettront le feu aux poudres et la vieille femme prédit l’avenir autant qu’elle le construit. Une autre forme de classicisme avec quelques surprises tout de même en fin de parcours : on parlait des liens avec l’histoire de la Corée, on peut y ajouter la volonté de passer dans l’ère moderne et d’en finir avec les traditions archaïques.

 

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En ce qui concerne la forme plastique, l’image est d’un noir et blanc très sombre où les personnages se détachent généralement du fond (des feuilles de décors un peu kitsch) grâce à des éclairages en contre jour. Cela donne l’impression que le film se déroule dans une grotte et si cela correspond parfaitement à l’ambiance morbide qui règne dans ce village de paysans affamés, on a du mal à ressentir la sécheresse dont on nous parle si souvent. Enfin il s’agit d’un vieux film dont certaines parties on disparues. Le noir blanc vire alors au tout noir et ceux peut-être pendant 20 minutes en tout dans le film. Compréhension parfois difficile donc mais une expérience qui met l’accent sur tout le travail sonore effectué au cinéma, surtout pour un film qui se passe en grande partie en extérieur et qui uniquement tourné en studio : tout est à recréer.

 

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Le plus frappant dans ce film que l’on regarde sur youtube depuis le 21ème siècle (à part ces longs passages de noir), c’est peut-être ce nouvel espace qui est crée à mi chemin entre intérieur et extérieur. Je m’explique, les intérieurs sont rares et surtout précaires, toujours ouverts sur l’extérieur. Des maisons de bois et de chaume et la lumière et la poussière qui y pénètrent de toute part et surtout des extérieurs filmés en intérieurs. Aujourd’hui, avec les techniques modernes, on ne remarque que très rarement qu’un extérieur est en fait tourné en studio sur un fond vert. Dans Gorryo Jang, difficile de ne pas remarquer la grande feuille de décors qui sert d’horizon et les montagnes en carton que les acteurs feignent d’escalader. On ne croit pas à cet extérieur, on n’en rit pas non plus, et souvent on l’oublie. En résulte l’impression d’un univers étouffé, en vase clos, factice aussi peut-être ; soit autant d’éléments qui servent le film de KKY et son « discours » sous-jacent sur les campagnes arriérées. Ou comment transformer (à quelques exceptions près) une faiblesse en une force.

 

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                Voilà donc un film qui réjouira les amoureux de KKY. On y retrouve les débats psychologiques et moraux de The Housemaid sur une terre beaucoup plus lourde. Il ne s’agit plus de désir mais de survie, on considère les femmes comme des reproductrices, les handicaps sont moqués, les enjeux simples : manger, boire, se reproduire, survivre et éviter la honte. Le tout emballé dans un noir et blanc qui rappelle que certains films portent très bien les cheveux poivre et sel et qu’il faut parfois saluer ces anciens du cinéma.

  

 

 

 

 

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 17:45

Ieodo, Kim Ki-Young

 

Dissertation de philosophie à rendre pour le 11 octobre 2010.

 

Sujet :

 

A l’appui de votre visionnage du film de Kim Ki-young, Iodo, vous étaierez la proposition de Nietzsche dans Par-delà le Bien et le Mal  selon laquelle « tout ce qui est profond aime le masque ».

 

 

LIEN VERS LE FILM SUR YOUTUBE

 

 

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Chun Nam-suk (CNS), originaire de l’île d’Io, participe à une croisière assurant la promotion d’un vaste projet hôtelier sur son île. Cette île est peuplée de femmes « plongeuses » qui pêchent des coquillages et semblent y faire régner un ordre, traditionnel voire mystique, dans lequel la position de l’homme est en retrait. En désaccord avec ce projet, CNS fait savoir aux promoteurs que l’île est sacrée et qu’en conséquence ils ne sauraient mener la construction à son terme. La nuit suivant cette altercation, il disparaît étrangement du bateau sans laisser de traces. Tout porte alors à croire que les promoteurs, en particulier l’instigateur du projet, sont à l’origine de cette disparition. 

 

Le film s’ouvre donc sur ce premier élément qui échappe a priori au pouvoir de la raison : quelles sont les véritables motifs de CNS, et qu’entendait-il par ce caractère sacré de l’île ? L’histoire de Iodo sera donc l’histoire d’un procès qui mènera une instruction en fouillant dans l’existence du disparu. Par cette remontée dans la vie de CNS, on apprend qu’à la borne supérieure de sa vie, matérialisée par une disparition étrange, répond une borne inférieure par laquelle CNS « naît » au film et se matérialise comme personnage paradoxal et problématique ; il s’agit d’une infraction. Devant quitter l’île d’Io suite à l’enlèvement de son père par le « démon des eaux » régnant autour et sur Io, CNS commet un acte d’amour, ou de viol, sur Min-ja, une fille éperdument amoureuse de lui qui était prête à le suivre et qui s’était corrompue en volant de l’argent pour lui permettre de réaliser son voyage.

 

Cet évènement serait, selon les vieilles vigies de l’île, à l’origine d’une malédiction qui frappe CNS – celle de la menace d’être tué par le démon des eaux-, et les femmes « plongeuses » – qui ont été rendues stériles. De ce fait, Iodo cherchera à faire la lumière sur cet acte, à dévoiler sa portée, à éclairer son sens, car dans cette infraction réside l’explication des circonstances de sa mort et peut-être la solution à la crise de fertilité. Si Nietzsche entendait dire par sa formulation qu’on avance nécessairement masqué lorsqu’il s’agit d’établir une vérité fondamentale, on peut alors comprendre le lien entre cette proposition et le film par le fait que cet acte originaire présente un caractère qui dépasse a priori le bon sens et qu’il s’agit de fouiller, de triturer, voire de harceler cette représentation pour en dégager le principe et rétablir l’ordre naturel qui régnait sur l’île. 

 

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Dans le film, le premier masque, au sens physique du terme, ce serait ce filtre bleu quasi permanent sur l’image. On repense alors à la conception d’Almodovar selon laquelle il y a trois domaines dans lesquels le réalisateur garde un contrôle absolu : le texte, le jeu d’acteur et le choix de la couleur principale du film (celle qui dominera dans les décors, les costumes, et qui donnera au film son ton général). Cela est parfaitement vrai dans Iodo où l’océan donne le la : froid, profond, agité, pour le jeu d’acteur, les textes et la couleur (bleu) du film.

 

Ensuite c’est le « genre ». Le « film de genre » est un masque parfois utile en ce sens qu’il permet de creuser en profondeur tout en donnant un niveau de lecture de surface : une histoire, un suspens. L’histoire, c’est d’ailleurs sûrement le masque le plus important que peut porter un film, le premier degré. Dans le cinéma, que peut-on bien vouloir masquer ? Masquer ne rend pas profond, mais les choses profondes ne se livrent pas, il faut aller les chercher, donc les cacher un minimum. C’est parce qu’elles ne vivent pas en surface qu’on ne peut les exprimer avec un langage de surface. Un problème de nature au fond (ou de réception ?). A ce stade, on peut déjà établir une première liste de mauvais élèves : Gaspard Noé - Enter the Void, se veut profond et explicite : les horribles scènes d’enfance; Woody Allen, l’ironie comme faux masque, puisqu’il porte son propre masque. Il se moque de lui pour mieux se mettre en valeur - Deconstructing Harry : « pourquoi se le cacher, le personnage c’est moi ».    

 

Ces paragraphes préliminaires nous permettent ainsi d’ouvrir la voie à une problématique qui pourrait se formuler en ces termes : est-il jamais possible de faire tomber le masque ? Ou, de manière plus prosaïque, aura-t-on la possibilité de comprendre et de donner une valeur à l’acte initial liant CNS et Min-ja ?

 

Pour développer cette problématique, la dissertation se déroulera en trois parties. La première partie consistera en un travail de défrichement par lequel le rôle de l’île d’Io sera explicité. Ensuite, nous verrons dans une deuxième partie qu’une des manières de harceler le masque est d’opter pour une instruction inquisitoriale biaisée. Enfin, nous verrons dans une dernière partie que s’il s’avère impossible de démasquer cet évènement, la seule issue possible consiste à créer une fiction qui remet en scène l’acte : ainsi émergent mythologie et sacerdoce.     

 

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Première partie :

 

On ne peut pas limiter la lecture du film à l’opposition rapide entre tradition et modernité du fait que l’île d’Io possède un aspect fantastique qui la rend atemporelle. D’entrée de jeu, on assiste à un gros zoom sur la maison de Min-ja. La caméra, posée sur le bateau, tremble. Dès la scène suivante, un dézoom rapide. Sans appartenir aux canons de l’esthétisme classique, la figure de style est récurrente, assumée, omniprésente. Obligatoire, même, au début et à la fin de chaque flash-back : zoom-in sur un visage et fondu au flou pour y entrer, zoom-out et nouveau fondu au flou pour en sortir. Pas franchement aérien comme style, de la grammaire de base, on pourrait en tirer des interprétations de base, type « l’analyse de film pour les nuls » :

- niveau 0 : on entre et on sort de la tête du personnage ;

- niveau 1 : entrer/sortir, pénétration et obsession de la population féminine de cette île ;

- niveau 2 : le ressac de la mer, immuable, comme la figure de style.

 

Il semble que ce niveau 2 se prête à notre propos. L’île est une irruption. Elle s’élève sur la mer, laquelle peut s’assimiler vu la configuration du film à  un apéiron, à un indéterminé dont témoigne l’Odyssée. Ainsi Io est ce qui surgit, ce qui monte, ce qui vient à la vue, qui est rendu présent. Elle est mise en scène comme élément-limite. Les personnages évoluent sur cette roche violente, pleine, insaisissable par le concept, qui exprime une sorte de profusion, comme le témoignage de la nature naturante – on peut le sentir par le bruit exagérément amplifié du vent, les ressacs violents des vagues ou encore les cadrages spécifiques qui engloutissent les protagonistes dans un fond qui les dépasse.

 

L’île manifeste d’une certaine manière une vitalité, une force, un prestige physique voire moral. Elle semble être une émanation d’un ordre naturel qui est la profondeur même de la Terre ; cet ordre naturel est ce qu’il y a d’évident et d’implacable dans ce qui ne cesse de s’échapper. Cet ordre naturel pourra irrémédiablement être pointé du doigt, il restera toujours « à dire ».

 

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Sur cet espace lisse, comme nous l’avons déjà dit, une infraction a été commise. Cet acte, liant CNS et Min-ja, s’est déroulé au bord de l’eau, sous l’enveloppe des vagues. Min-ja, attachée, se trouvait ainsi à la croisée d’un double-contact : celui de CNS et celui de l’ « île », que l’on réduira par commodité comme les femmes-plongeuses au « démon des eaux ». Etant donné l’alternance parallèle des plans de vagues et des plans serrés sur le visage de Min-ja, la question pourrait presque se poser de la primauté de l’accouplement : avec qui Min-ja s’est-elle réellement accouplée ? Nous arrivons déjà à une première limite que nous impose le masque – nous n’avons même pas de certitude sur le critère organique.

 

Une chose semble pourtant assurée, c’est la diffusion de l’infraction. En effet, il faut voir cette infraction non comme un élément discret et ponctuel, mais comme un halo continu. Le déséquilibre induit par l’infraction s’est propagé comme on charge électriquement une plaque de fer : sans immanence totale, mais presque. Cette idée est astucieusement reprise par Booba dans une de ses chansons lorsqu’il dit « Si j'traine en bas de chez toi, j'fais chuter le prix de l'immobilier » (Boulbi). C’est bien de cela qu’il s’agit, l’île subirait une dépression, elle est déséquilibrée. Peut-être serait-il possible de proposer l’interprétation suivante : ce ne sont pas les personnages qui sont fous, déséquilibrés, mais l’espace dans lequel ils évoluent qui porte l’attribut-folie comme grandeur intensive - comme la température est une grandeur intensive de l’espace qui fait varier l’état de notre corps.

 

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« Malheur à celui par qui viendra la violence » donc, pour reprendre la mise en garde d’Eschyle. Alors que le montage de la séquence du « viol » suggère un accouplement total avec les éléments, une manière de fusionner, de faire « atome », d’être insécable avec l’île, la conséquence en est désastreuse. Les femmes n’ont plus leurs règles, les poissons meurent, la misère s’installe progressivement, tout comme la lassitude et les rapaces. Cette île est corrompue. Il s’agira donc de retrouver le coupable, de le « consommer » et de le rendre, pour rétablir l’équilibre antérieur.

 

Pour marquer le coup, et montrer le passage au temps du procès, le film passe de cette posture atemporelle contemplative à une entrée dans le monde judiciaire par lequel le temps sera déformé, refait, retravaillé, répété ; tantôt raccourci, tantôt rallongé. Ce procédé témoigne du passage à l’instruction du procès, le film mène son enquête et cette enquête nécessite quelques prises de liberté avec la norme chronologique, comme un enquêteur a besoin de revenir en arrière sur certaines pièces du dossier ou au contraire de passer rapidement sur des éléments insignifiants.

 

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Deuxième partie :

 

Lors de la disparition de CNS, nous ne savons pas encore s’il a été emporté par le démon des eaux ou s’il a été victime du promoteur immobilier, sur lequel pèsent les soupçons les plus lourds. Selon l’inspiration géniale de Rashomon, quoique de manière moins audacieuse, Iodo fera donc l’instruction d’un procès. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, ce n’est pas le promoteur qui se trouve en fait sur le banc des accusés, mais bien plutôt CNS, soit a priori la victime elle-même ! Cette remarque a une justification toute simple : nous n’assistons pas au procès du promoteur pour le meurtre de CNS, il s’agit en fait du procès de CNS pour atteinte à l’ordre public de l’île ; ou Iodo c./ CNS. On peut comprendre très vite cela par la teneur même de la procédure : si cela avait été un procès privé, c’est-à-dire un procès opposant deux particuliers, nous aurions alors assisté à un récit type Rashomon : des points de vue différents sur un même évènement, chacun ajoutant son argument sur la version de l’autre ; cette procédure est une procédure contradictoire. Ici, la procédure est inquisitoriale, c’est-à-dire que le juge (le spectateur ? le réalisateur ? voire l’île ?) dirige lui-même l’enquête en essayant de concilier l’intérêt supérieur de l’île et l’intérêt particulier de CNS. Iodo se situe ainsi dans le domaine du droit public. CNS ayant été emporté par le démon des eaux, selon l’explication tangible qui apparaît à un moment du film, la question est donc la suivante : le cadavre de CNS peut-il être rendu sur l’île ou doit-il être condamné à la désagrégation dans l’indétermination de la mer entourant Io ? En fait, l’enjeu est le suivant (nous aurons l’occasion de le développer dans la dernière partie) : la descendance de CNS a-t-elle droit de cité sur l’île ? 

 

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Maintenant que ce point est clarifié, il est envisageable de s’intéresser à l’intérieur de la procédure même. La production du masque bat alors à plein régime. D'ailleurs, la musique elle-même en témoigne : elle n’a pas vraiment d’apogée, ni de crescendo. Elle sous-tend le film du début à la fin, la tension frémit comme la corde d’un violon, sans montagnes russes, parfois jusqu’à saturation. Au début elle fait penser à une aciérie où des bruits de métal, de machines, d’écrous, et autres engrenages s’enclenchent : un parallèle avec la mécanique de l’enquête peut alors être envisagé.

 

 

Ce procès est ésotérique ; au fond, personne ne comprend vraiment ce qu’il se passe ou ce qu’il s’est passé. Cette confusion est si grande qu’à un certain point de l’instruction, l’amalgame finit par être fait entre l’île, CNS, et l’acte. Le masque est alors total, les personnages ne savent plus rien. Mais comme tout processus signifiant, cet évènement étrange ou les interprétations qu’ils en font distribuent les rôles de chaque intervenant. Le quatrain suivant, d’Omar Khayyâm, prend alors tout son sens :

 

Pour parler selon le vrai, pas de métaphores,

Nous sommes les pièces d’un jeu, le Ciel est le joueur ;

Nous jouons un petit jeu sur l’échiquier de l’existence,

Puis, un par un, nous rentrons dans la boîte de la non-existence.

 

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Les différents protagonistes qui interviendront dans la procédure pour raconter à coups d’ellipses tortueuses l’histoire de CNS sont comme des jouets, des pantins qui ne semblent être fait que pour produire un discours archétypal, préenregistré, ou, pour adapter une formulation de Leibniz à notre contexte, un discours « sans fenêtres ». Les discours des intervenants (entre autres : une vieille prêtresse, un ami déçu, un patron, une jeune femme amoureuse de lui et Min-ja elle-même), sont en fait l’occasion pour eux de s’épancher, de se déverser dans CNS. Ce qu’ils racontent de CNS, c’est ce qu’ils ont vu de lui qui faisait écho en eux : ils se racontent eux-mêmes. En témoigne pour cela l’improbable variation de tonalité selon les récits : CNS sera tantôt timide, tantôt joueur ; tantôt idéaliste benêt, tantôt réaliste véreux ; une fois saint-simonien à Wall Street, une autre fois Carnegie fouriériste. De tout cela, on peut conclure à une stratégie pour ébranler le masque. Ces différentes « attaques » perspectivistes sont autant de lignes visant à trancher l’opacité multidimensionnelle de l’évènement qui se cache à la compréhension. Ces attaques sont aussi biaisées (mais peut-on être « objectif » face à un évènement ?), elles ne sauraient ressaisir adéquatement CNS et son acte.

 

Finalement, le démon des eaux rend le corps avant la fin de l’instruction, comme une manière de dire que la justice humaine est limitée. Il faut ainsi laisser place à l’instance pour un simulacre de jugement, alors que tout est déjà juridiquement convenu – le retour du cadavre correspond au retour des menstruations.

 

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Troisième partie

 

Pourtant, le sens et la portée de l’évènement restent voilés. Si le retour du cadavre de CNS coïncide avec le retour du caractère cyclique de la nature par la réhabilitation de sa fonction reproductive, une question reste en suspens : quid de sa progéniture ? Cette question est rendue d’autant plus difficile que CNS est mort. A ce moment là de l’instance, Min-ja se révèle : elle n’est pas morte (ce que laissait entendre le reste du film), c’était en fait la serveuse du bar de l’île. Une fois son identité certifiée, la sorcière, qui fait office de substitut du juge « naturel », lui remet à bon droit le cadavre de CNS. Ce qui se déroule alors est proprement prodigieux.

 

L’acte initial ayant été exécuté par infraction, on cherchera à « régulariser » cet état de fait en récréant de manière fictive l’acte copulatoire entre CNS et Min-ja. La sorcière lui affirme, en mêlant des considérations juridiques, médicales et mystiques, qu’on va pouvoir la réparer de son préjudice parce que le cadavre de CNS a été conservé dans le froid, et que de ce fait, ses spermatozoïdes ne sont pas morts. Cet état de froid va encore dans le sens d’une suspension. Ce monde insulaire était resté en suspension jusqu’au règlement du litige. Donc Min-ja va pouvoir « reprendre » là où elle en était et accomplir son désir légitime, avoir un enfant, et in extenso, garder quelque chose de CNS, le tout dans une légalité retrouvée.

 

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Mais dans la réalité, ce qu’il s’est passé est tout autre : Min-ja, persuadée de ce que le promoteur est une réincarnation de CNS (ce dernier lui ayant dit qu’il reviendrait sous une autre forme par bateau), avait déjà consommé l’acte avec le promoteur, qui, selon le bon sens, doit être celui qui l’a fécondée. Pourtant, la fiction dans laquelle s’enferme Min-ja est totale. Elle est persuadée, selon l’enseignement de la sorcière, que CNS pourra lui transmettre son sperme. Elle en arrive donc à un point de pieuse nécrophilie pour remettre les choses dans le « bon ordre ». Cette fiction est proprement vertigineuse, le genre d’illumination à fonder des civilisations.

 

Finalement, ce qui a l’air de se passer, c’est qu’au lieu de faire tomber le masque, un masque de masque est créé pour s’approprier de manière fictive l’acte initial, à défaut de le saisir réellement. En revanche, dans la mesure où c’est Min-ja qui reprend le cours des évènements, le film suggère qu’il y a une forme de familiarité, de parenté, pour ne pas dire d’ésotérisme consubstantiel à tout évènement. Cela voudrait dire qu’un évènement ne parvient à être perçu pertinemment que par l’action de celui ou celle qui est l’objet de cet évènement. A contrario, la disqualification de Mme Park, qui se faisait passer pour Min-ja auprès de CNS, souhaitant profiter comme une passagère clandestine du délice de l’infraction sans en subir les conséquences, de manière un peu perverse et un peu masochiste, illustre également le fait qu’une parenté est nécessaire entre l’évènement et l’objet de l’évènement pour prétendre en diffuser un masque certifié conforme.

 

Enfin, la conséquence de cette fiction, de cette élaboration d’un masque de masque, réside dans l’édification d’un sacerdoce : n’étant pas communicable, l’évènement doit se cultiver pieusement, religieusement. Cela est parfaitement mis en scène dans Iodo par l’isolement progressif de Min-ja, au point de devenir la seule femme résidant sur l’île, pour cultiver la mémoire de CNS.

 

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BONUS

 

Commençons léger, une petite sucrerie maintenant que ce pavé est dans votre estomac : The Fresh Prince of Bel Air, Will Smith et sa coupe playmobil. Une variante sur le thème : les jeux d'alcool finissent toujours mal.

 

 

 

 

Les connexions au sein de nos cerveaux ne sont pas toujours logiques. Et quand JMS voit le mari de Iodo disparaitre soudainement d'un plan, ça lui fait penser à la mort d'Obi-Wan Kenobi dans Star Wars. Bonus nostalgie, encore.

 

 

 

Pire même, il proclame fièrement que ça lui fait penser à la "disparition ninja" des sbires de Schreder dans Tortues Ninja 2 (le film). On n'a pas réussi à remettre la main sur la scène en question, mais une petit rap de Tortues ça en se refuse pas.

 


 
 

Pour ceux qui veulent aller plus loin, qui lisent l'anglais et qui s'intéressent à l'histoire de la Corée, on vous conseille les pages Wikipedia sur Parangdo ("this is really Parangdo" dit CNS à un moment du film au sujet l'île de Iodo). Une île occupée par les Japonais puis réclamée par les Coréens à la fin de la seconde Guerre Mondiale. Seul problème, ils étaient incapables de dire où elle se trouvait. Plus tard ils ont décidé que ce serait Ieodo. Mais maintenant c'est les Chinois qui sont sur le coup.

 

PAGE RUSK DOCUMENTS

 

PAGE SOCOTRA ROCK

 

Elle est du mainland ; Min-ja arrive sur l’île, on la met en garde : ne pas utiliser son corps. Elle sert dans le bar ; elle chante Iodo sana ; « enlacement » des personnages sur la jetée et puis comme ça, d'un coup, magnifique:

Mendelssohn – concerto pour violon, vivace ma non troppo :

 

 


 
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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 15:40

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Fiche technique onirique :

 

Réalisation et scenario :

Kim Tae-Yong & Min Kyu-Dong, deux réalisateurs et deux étudiants tout juste sortis de l’œuf et tout ce qu’il y a de plus péteux. Min Kyo-dong : « nous nous étions trop orgueilleux pour accepter la suite d’un médiocre film d’angoisse » ou « après une semaine de débat virulent, on s’est mis d’accord : la bouteille est affreuse, mais le vin sera bon ! ». Le genre de types méprisants à qui on s’hasarderait bien volontiers à péter le nez lors d’une soirée arrosée. Mais purs et sains comme nous le sommes nous ne jugeons pas sur les interviews mais sur les films.

 

Casting :

Kim Min-sun, Min-ah, la fille qui découvre le pot aux roses, le journal intime, l’affaire de mœurs quoi. Elle a aussi joué dans… 2009 Lost Memories. Ah merde, je l’aimais bien pourtant celle-là…

 

 

Joy Means Sick et Sans Congo vous invitent dans leur journal intime. Oui eux aussi en tiennent un.

 

 

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  Mercredi 22 septembre, 00h17

 

La vidéo de la semaine a enfin été publiée, Sympathy for Mister Vengeance. Je m’impose une minute de silence méditatif à chaque fois que je revois le passage. Sera-t-on jamais assez grands pour écrire sur Park Chan-wook ? Je doute mais ne me laisse pas abattre : cap sur notre prochaine mission : Memento Mori. Le film est une sorte de classique et jouit d’une forte présence dans les médiathèques régionales. Comme Hong Sang-soo. Dehors les braises de l’été virent peu à peu au blanc cendre. Au revoir bonheur estival. JMS.

 

Mercredi 22 septembre, 12h26

 

Memento Mori, à la base une locution latine : « souviens toi que tu mourras », et non « souviens-toi des morts ». Entre Min-ah, les scénaristes et le mec chargé des sous-titres quelqu’un s’est trompé, pas le temps de jouer au Cluedo pour autant. Il parait que le director’s cut version de travail dure trois heures et six minutes. La version cinéma pour la plèbe n’en fait que la moitié. Force est de constater qu’on y est pas passé au triple-lames ; certaines scènes sont passablement incompréhensibles (exemple : le bain). Le film fait la part belle à l’onirique, dans le symbole et l’image, ces films ont toujours quelque chose de rafraichissant par l’initiative laissée à l’imagination. SC.

 

Memento Mori c'est aussi le titre d'une nouvelle de Jonathan Nolan qui a inspiré Memento à son frère Christopher. Ca a l'air  franchement sympa mais c'est en anglais. CLIQUEZ-ICI

 

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Mercredi 22 septembre, 21h32

 

Surprenant. Papa est producteur de film d’horreur pour ados, Maman sort d’une pompeuse école de cinéma coréenne ne se prend pas pour la moitié d’une merde. « Garder moi un petit », je l’appellerai Memento Mori. « Les contraires s’attirent », Médine, les bouches du Rhône ou l’Algérie. Ma première dissertation de français aussi : « Benjamin Constant affirme dans ses Réflexions sur Wallerstein que le mélange des genres « permet de peindre les individus avec leurs faiblesses, leurs inconséquences et cette mobilité ondoyante qui appartient à la nature humaine et qui forme des êtres réels », partagez-vous cet opinion ? (vous étaierez cette réflexion sur Lorenzaccio de Musset)». Je ne sais plus quel genre de conneries j’avais pu écrire à l’époque, à 15 ans, avec mon agenda customisé de personnages du Seigneur des Anneaux dans lequel je viens de retrouver un billet de cinéma pour Gomez et Tavarez. Quoiqu’en pensent les deux réalisateurs, c’est dans l’entre deux que le film trouve son intérêt. Sans suspens, sans fantastique, ce serait assez plat. JMS.

 

Mercredi 22 septembre, 23h58

 

Le film s’ouvre sur le journal intime, une sorte de moleskine hanté dans la plus droite lignée des agendas de collégiennes qui bouillonnent de surligneur jaune et rose libérant du  « bisous ma chérie t’es trop ma belle !! » ou « nik l’administration bisous bo brun t’es trop mon bébé préféré !! » ; des cœurs et des fleurs à chaque coin de page, cela va sans dire. Le cahier semble à première vue porter des pouvoirs maléfiques, notamment la rancœur de Hyo-min. Certains éléments préfigurent d’autres films. Bien évidemment, inutile relever cette première grosse poutre dans l’œil du scénario : on voit Death Note arriver de très loin. De même, la superbe idée ultra-flippante et stressante à souhait des mains qui sortent de nulle part pour vous étrangler : je n’arrive pas à retrouver quel film.  SC.

 

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 Jeudi 23 septembre, 5h01

 

Repulsion de Polanski non ? Putain à l’époque Deneuve c’était quand même quelque chose… d’autre. Il était mortel ce film. Vu le CV et les dires des deux auteurs de Memento Mori, ça ne m’étonnerait pas que ce soit une référence affirmée. Un film de genres avec un « s » : onirique, intello/prétentieux, horreur ? Jusqu’ici, 43 minutes, ça ne fait même pas frissonner. Et pourtant ce n’est pas mauvais, on se laisse porter, la mise en scène tranche avec les codes habituels du film de genre. Un véritable carcan ce terme d’ailleurs, « genre », ça devrait être un terrain de jeu, d’expérimentation. Memento Mori, on va tous mourir, pourquoi se prendre au sérieux : les réalisateurs l’ont-ils compris ? Cet interview me hante et me gâte le goût du film. On va la foutre dans le trailer pour que tout le monde soit à égalité. Nihilisme misanthrope de 5h du mat. C’est en se mêlant à un genre populaire et commercial qu’ils arrivent à quelque chose, pas en méprisant le public. Quelqu’un a entendu parler de leurs films suivants ? JMS.

 

 

 

 

Jeudi 23 septembre, 7h10

 

Scène de classe : passage de la caméra subjective à la caméra « objective » ; vie de classe : que des filles, du sexe virtuel, on filme un garçon en train de pisser. Comme les batailles d’eau à partir d’un certain âge, ça devient chargé et impatient, ça veut aller vers l’autre corps, l’inconnu, une sorte de tentation intestable : 13 – 16 ans, peut-être l’âge le plus fascinant de l’humanité. Il y a comme un élan complètement fougueux et débridé, un élan vital qui se réveille et un corps paresseux qui le soutient. Forcément, tout est déformé : le visage, le comportement, l’envie. On peut comprendre la relation amoureuse entre Hyo-shin et Shi-eun de cette manière, voire le début de désir lesbien de Min-ah. Et c’est ce guingois pubère, en tant qu’il échappe au codage de la société, que le système cherchera à corriger par la pression de la norme. Non, pas Repulsion, je ne l’ai pas vu celui-là. C’est un film d’horreur japonais… argh je ne trouve pas, je sens que ça va me pourrir ma journée bibliothèque ça. SC.

 

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Jeudi 23 septembre, 13h21

 

47’55'' (46'30'' sur le dvd français), joli raccord : elle tourne sur sa chaise, le mouvement  dans le cadre devient celui du cadre et se poursuit dans le plan suivant avec un mouvement de grue. Y a quand une liberté au niveau de la forme que je trouve assez jouissive. En fait j’en suis presqu’au point où cette image tvrip dégueulasse commence à me plaire. Une volonté de déconstruire quelque chose, un voyage à contre courant. Vous voulez un film d’horreur ? On vous servira une image très claire, peu de zones d’ombres, accompagnée d’une musique légère. Essayez d’avoir peur maintenant, vous voyez que ça ne tient pas forcément à grand-chose. Quand j’étais ado je m’imaginais une musique de cirque pendant Scream ou Souviens toi l’été dernier tout ça pour faire le beau devant les autres. « Quoi ? Moi ? Peur ? Attends trop pas, c’est juste un film c’est bon quoi. Tiens file moi encore des M&M’s steuplait». Mince un film d’horreur japonais avec des mains qui sortent de partout, je ne vois pas du tout. JMS.

 

Musique de cirque? Je pense à Theme Park. Un peu de nostalgie sans pour autant avoir remis la main sur la musique en question

 

 

 

Souviens toi l'été dernier, le film en VO. Jennifer Love Hewiitt et Sarah Michelle Gellar enfin réunies, c'est un comme Heat avec Pacino et De Niro. Ou La Loi et l'Ordre, j'hésite.

 

 


 
Ou en VF pour les vrais nostalgiques : CLIQUEZ ICI ! 

 

   

Jeudi 24 septembre, 19h38

 

The Grudge !!! Et toute la bibliothèque s’est retourné vers moi, le poing levé, le sourire victorieux, le cri impossible à retenir. Reprise du premier court métrage d’If you were me : le jour des mesures passant au crible fin les élèves sous le régime de la « loi des suspectes ». Le charme discret de la guillotine n’est plus ; le bois pourri, rongé par l’usure du temps, laisse place à la balance high-tech pour une pesée au gramme près : gare aux grasses. Et quand ce n’est pas le poids, c’est la taille : confer la naine qui prie pour qu’on la mesure une seconde fois. Qu’elle se fasse une raison : elle ne pourra jamais monter dans Space Mountain. De même, Min-ah qui aide Shi-eun à donner le bon côté du diapason : une bien drôle d’idée que de tricher à un « examen » médical. Une copine à moi, qui s'est enfilée le drama Boys Over Flower en quelques jours, m'a dit qu'un des épisodes évoquait la question de la chirurgie esthétique sur les gamines de dix-huit ans, c'est apparemment une pratique relativement répandue, à la mode Mon Incroyable Anniversaire. Pour en revenir au film, à l’hygiénisme d’Etat semble s’opposer la relation amoureuse. La société cherche à normer les corps : on retombe encore une fois dans l’idée du « vivons heureux, vivons cachés ». Shi-eun vit mal le coming-out. SC.

 

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Jeudi 24 septembre, 19h45

 

The Grudge ? Le film avec Buffy mais sans les vampires ? Putain c’était naze ça ! Super la référence ! Et genre "une copine" à toi, avoue que tu t'es touché comme un gros sale devant une série de fillettes. Tu me dégoûtes. JMS.

 

Tiens ils ont même fait un numéro 3, je suis sur que le trailer va te chauffer à blanc.

 

 

  

Jeudi 24 septembre, 19h47

 

Non le film de Takashi Shimizu connard. Et on m'appelle pas Tortue Géniale pour rien, on ne peut rien te cacher à toi b-boy. SC.

 

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Jeudi 24 septembre, 23h55

  

Ah bon. Tant pis. Sale pute. En plus t’es nul au foot, vous êtes tous nuls, je vous déteste, je vais faire une tentative de suicide dans la salle de bain d’ici 15 minutes après avoir percé mes boutons d’acné. Ayé je suis mort t’es content ? Alors revenons à Memento Mori, notre mouton et sa trame décousue, comme celle d’un journal intime. C’est du patchwork que nait le sens. C’est bien aussi les films qui ne sont pas des lignes droites, qui ne vont pas de A à B en s’autorisant au mieux des récits parallèles. Discontinuité, courbes sinusoïdales, intersections, c’est comme ça que je vois Memento Mori. Un pavé dans la marre ou un pied dans la porte : peut-on modéliser mathématiquement des films ? Le blockbuster américain qui cherche à tout prix à se calquer sur une série de courbes exponentielles, l’électogramme plat des films de Claude Chabrol (oh ben mince c’est parti tout seul, c’est méchant et c’est gratuit hahaha), les fonctions escaliers de Michael Haneke ? Faudrait peut-être voir le director’s cut  la version de travail pour parfaire le modèle de Memento Mori, y a trop d’espaces sur lesquels la fonction n’est pas définie pour l’instant. En attendant ça me plait comme ça, j’aime bien boucher les trous. C’est mon côté bricoleur. JMS.

 

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Vendredi 25 septembre, 8h00.

 

Nuit agitée, j’ai rêvé qu’on perdait au foot sur une faute de main de Buffy contre une équipe de lycéennes coréennes dans un match qui se jouait sur le toit de la BNF. Sinon le trailer va se faire tout seul ? Tiens note ça pour l’article (en attendant je regarde ce que je peux faire pour la playlist) : le récit swingue à volonté. Si Chronos a ingurgité ses enfants, il sera bien obligé de les rendre vu le malin plaisir que prend Min Ku-dong le coudoyer au niveau des reins. On atteint un degré de liberté irrévérencieux, du genre qui frotte ses semelles champêtres sur le paillasson du pauvre spectateur qui essaye de suivre convenablement l’histoire. Memento Mori gerbe, en souvenir de sa première grosse cuite peut-être, de l’analepse et de la prolepse de routier. Tiens je me revois en 1996 avec ma cassette audio à enregistrer des sons de la radio et à chercher le moment exact où commencer l’enregistrement : c’est probablement ça Memento Mori, une oscillation, un balancement, comme le jeune couple lesbien cherche sa place. SC.

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Vendredi 25 septembre, 23h49.

 

Sale journée à l’usine et demain ça continue en heures sup. Olaf et Gunthar, les petits derniers, ont des appétits d’ours, je ne sais pas si je vais m’en sortir avec ma femme qui est malade. Le trailer est fait, je viens d’ailleurs de le publier par inadvertance sous un mauvais titre et avec une image au rabais. Je corrige et m’auto-flagelle avant de me tremper dans la glace. Ca revigore. Dans le film, s’il n’y a pas vraiment de discours sur le fond (enfin si mais pas vraiment de quoi s’extasier), il y a un dialogue avec la forme : le cinéma, le média. Peu importe les intentions des auteurs, le point  atteint est intéressant. Seulement il faut un peu savoir à quoi s’attendre… « plus terrifiant que l’original » disait l’affiche coréenne,  c’est sûr que c’est un crochet extérieur qui risque de briser quelques cotes, même aux cinéphiles les plus aguéris. Au fond si on me vend un coca bien frais et qu’au lieu de cela je tombe sur un Château Lafitte : je vais recracher tout net. Et merdre ça ferait beaucoup d’argent de gaspillée surtout par un type qui boit du Château Lafitte pour la première fois. Bon on ne va pas se mentir non plus Memento Mori ce n’est pas du si haut de gamme. Dans le mélange des genres on a fait beaucoup mieux, Ashes of Time par exemple histoire de faire un petit bisou à Wong Kar-wai et Tony Leung. Mais l’idée est là : tromper le spectateur, même pour des producteurs,  c’est toujours une mauvaise idée. JMS.

 

En matière de trailer, les américains font toujours dans le feutré.

 

 


 

 

 

Samedi 26 septembre, 1h32.

 

Les deux amoureuses sont punies parce qu’elles sont prises à chamailler dans les toilettes. Durant le film, ça glousse goulûment, ça soupire des « haaan » et «  hiiin », ça se colle la main sur la bouche. Leur punition : nettoyer la piscine. Intéressant. Récurer un espace vide. Idée intéressante : nettoyer un grand espace vide, possibilité d’échos. Les filles crient en courant. Comment comprendre la symbolique ? C’est dans cette punition que naît l’idée du carnet. Donc lien entre intrusion extérieure par le biais de l’autorité scolaire et la réaction salutaire, l’échappatoire : « pour vivre heureux, vivons caché ». Elles apprennent à se connaître sur le toit de l’école. On vit caché, certes, mais au-dessus des autres. Elles se font victimiser dans la salle de classe, mais elles ont tout de même l’air d’être plus vieilles que le reste des filles. Il y a, dans toute classe, des éléments qui semblent prendre plus de temps que d’autres. Tiens, une petite pensée aux artistes disparus trop tôt, je pense en particulier à Bartholomew Ogbeche, spécialiste du body-art, et à sa plus grande performance: rester pendant dix ans à l'âge de dix-sept ans. Le PSG, c'est aussi des destins hors du commun. Sinon j'y pense, les plans : souvent caméra aérienne, ou caméra vidéosurveillance. Puis l’œil du fantôme, mais alors prendre la saturation comme effet de caméra-fantomatique-subjective : dur. Certains effets spéciaux ont un aspect flingué. L’excuse de l’époque ne joue pas : Matrix est également sorti en 1999.  Des commentaires sur facebook, j’y réponds. Je regarde Whispering Corridors 1, je le trouve meilleur. SC.

 

 

 


 

 

Samedi 26 septembre, 7h26.

 

Fais pas genre t’es un film de genre. C’est un détournement de fonds et de genres. Mais dans le fond le cahier des charges est respecté : des filles qui meurent, des visions et des fantômes, des mains qui grimpent le long du corps et sous la jupe. Même un peu de sang. Par contre la forme charrie tout cela vers d’autres rivages, plus exotiques, inclassables peut-être. Les plans en contrastes poussés au max, c’est cheap, mais ça se fond dans la masse, alors pourquoi pas, ça a le charme de l’amateurisme. Le mélange des genres, encore. Décidément cette dissertation m’a traumatisé. Séoul Cinéma, Adrien Gombeaud, je relis. Les passages sur Memento Mori me semblaient plus intéressants avant de voir le film. Je suis moins convaincu, mais il se sert du film pour former un tout, alors attention. Extraits.

 

« Mais le ciel est autant un espace de revendication qu’un espace spirituel. On repense ici au très beau plan de Memento Mori qui revient comme une litanie : l’image des deux jeunes filles s’amusant en équilibre sur le toit du lycée. La vengeance viendra aussi du ciel, par une pluie torrentielle surnaturelle. Il ne s’agit pas  du ciel biblique, il est plutôt proche de la conception taoïste chinoise (que l’on retrouve aussi dans le chamanisme coréen) où contrairement à l’homme, le ciel est immuable. Les hommes changent, le ciel reste le même, incontestable, universel, indivisible. »

 

« […] notion fondamentale de « Chon ha » qui désigne la terre comme tout ce qui est littéralement « sous le ciel ». […] Ils (les personnages) échappent au monde terrestre et au mensonge pour accéder à un espace authentique. ».

 

« Le déluge qui s’abat sur le lycée de Memento Mori est aussi une figure traditionnelle de la vengeance divine qui soumet l’homme à l’ordre céleste. Elle rappelle les phénomènes surnaturels accompagnant la fin des dynasties et du pouvoir des souverains despotes incapables de régner (le terme chon jae littéralement : calamité venue du ciel, signifie de nos jours « catastrophe naturelle »). »

 

Ensuite il parle du visage dans le ciel comme de la personnification de l’autorité céleste. Le mec a écrit 6 superbes pages sur JSA. On lui laisse un peu plus que le bénéfice du doute, mais quand même… JMS.

 

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Samedi 26 septembre, 16h47

 

L’heure du goûter, du pain au chocolat, et bientôt d’en finir avec cet article. Est-ce que ce film pose la question de la communication ? Il semble y avoir un passage durant lequel  les amoureuses communiquent par télépathie. Puis la voleuse du carnet parvient à entrer en contact avec une des amoureuses. Vraiment un truc de meufs. D’ailleurs comment comprendre la situation de la troisième fille ? Elle trouve le cahier, elle suit les instructions (prend la pilule, etc.) comme si elle voulait faire corps avec la survivante. Peut-être est-elle là la véritable histoire d’amour. Shi-eun était censée se suicider à la mort de Hyo-shin, pourquoi ne le fait-elle pas ? Session poème : Hyo-shin balance un poème existentiel débité à la vitesse de la lumière sur le thème classique « être ou ne pas être ». Très bizarre, mais intéressant : comme une incantation divinatoire. Elles sont jeunes, romantiques : auraient-elles la passion du suicide ? Hyo-shin cherche à remuer les tisons de leur histoire d’amour éteinte, mais l’attitude de Shi-eun est particulière : elle la rejette lors du coming-out, puis elle est froide. Cela renforce peut-être l’idée selon laquelle Hyo-shin n’existe pas. Mais l’hypothèse de l’incohérence des personnages reste ouverte.  SC

 

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Dimanche 27 septembre, 17h01

 

La dernière ligne droite. Plus trop de forces, quelques idées qui s’accrochent, difficiles à dérouler. Faire confiance aux images, aux sons, pour créer du sens, déconstruire le scenario et s’en affranchir. Film d’étudiants (sur des étudiantes) : hommage aux ainés et distinction par rapport à la plèbe actuelle : effet de surimpression, expressionisme, caméra qui tourne autour des personnages, même la musique. Un mépris profond du cinéma commercial, la peur d’avoir les mains sales. Sartre. JMS.

 

Dimanche 27 septembre, 17h49

 

Aujourd'hui, Joy Means Sick est mort, ou hier, je ne sais pas. Je l'aimais bien, il va me manquer. Je reçois une lettre posthume de lui. Deux pilules de cyanure à l'intérieur. Le film lui a rongé le cerveau. Je fais gober les pilules à l'oiseau de ma petite soeur. Toutes les bonnes choses ont une faim soeurette. Ton oiseau chantait à tue-tête le matin, ne jugeant pas dans son intérêt de me laisser dormir. Regarde-moi bien dans les yeux petite : la vengeance est un plat qui se mange froid, mouahahahahahahahahah ! SC.

 

 


  

 

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 22:25

Alors qu'est toujours à l'affiche le "remake" d'Im Sang-soo (notre article ici), on aborde la version originale :

The Housemaid - Kim Ki-young, 1960.

 

Le film est disponible sur internet : c'est par là ! 

 

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Fiche technique

 

Réalisation, scenario et montage :  

- Kim Ki-young, cinéaste de la coupure, une narration sèche et enlevée, un rythme soutenu et des plans jamais figés. Un rat dans le placard, un cri et le mari dans l'escalier, deux plans qui s'enchainent à vitesse grand V, pas le temps de faire des détours. Quand les scènes ne s'ouvrent/terminent pas sur une porte-volet tirée par un personnage, on les prend à la volée, in media res, on coupe dans le vif et plus tard dans la chaire.

 

Image :

- Kim Deok-jin, voyez toutes les captures d'écrans tout au long de l'article, c'est  au moins en partie lui qu'il faut remercier. Le noir et blanc, quand on sait gérer le gris, c'est quand même très stylé.

 

Casting :

 

- La servante : Yi Unsim (Lee Eun-shim). Visage anguleux, visage blafard, visage fascinant. « Aie confiance, aime moi »

- Le patron : Kim Chin’gyu (Kim Jin-kyu). Antithèse du personnage de la version 2010, une autre vision de l’homme : dépassé, faible, manipulé.

- Le garçon : An Songgi (Ahn Sung-kee). Les problèmes des riches enfants gâtés aux attitudes de sales gosses, c’est qu’ils finissent parfois par devenir président. On retrouve l’ami Ahn dans The Romantic President (2002) et Hanbando (2006) en chef de la nation. Dans que c’est de la fiction… hein Nico ! (On le retrouve aussi dans Duelist et Silmido).

 

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A l’expression convenue de « version originale », nous préférons l’autrement-plus-ampoulée expression de « matrice virtuelle originaire ». Aucune œuvre n’en copie une autre, quiconque s’y est tenté a vu sa mâchoire dévissée par la tranche d’un Code de la propriété intellectuelle (CPI pour les intimes). Pourtant, si le quidam-cinémateux en quête d’inspiration ne peut impunément aller à l’abordage, l’accostage discret semble permettre de mouiller autour d’une œuvre originale histoire de briller auprès des mijtonneuses du quartier Latin. C’est le cas d’Im Sang-soo avec Kim Ki-young.

 

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Ainsi la scène qui ouvre The Housemaid version 1960 (TH60) et celle qui ouvre la version de 2010 (TH2010) entrent en résonnance dans une colorature cristalline. Elles n’ont rien à voir (scène de foyer dans TH60 / scène de rue dans TH2010), mais elles annoncent le film de la même manière. On est alors forcé de remettre sur pied l’évocation du spectacle de sa propre mort présent dans l’Antigone d’Anouilh. Dans TH60, la mise en abîme est presque « pédagogique », preuve en est la morale façon La Fontaine qui pose le point final du film. En un sens, il y a un rapport ingénu et spontané à l’audiovisuel. Un peu comme De Gaulle servait ses leçons à la population française des années soixante encore pucelle face à l’unique chaîne de l’écran de verre qui trônait dans sa salle à manger. Dans TH60, la famille du pianiste est bien heureuse d’acquérir enfin son poste de télévision. « Nous sommes maintenant les plus riches du quartier » se réjouit leur fille. Dans TH2010, progrès technique oblige, l’unicité du point de vue qu’impose le poste de télévision, est démultipliée dans un raz-de-marée de réseaux sociaux. L’ouverture de TH2010, nerveuse, saturée, cisaillée, est « dans », « en plein milieu de » la vie. Cette immersion totale dans une scène de suicide est technologiquement justifiée : la télévision et la connexion internet trouvent désormais refuge dans les téléphones portables (tiens, les téléphones portables : The Chaser). Et finalement pour le lien physique entre TH60 et TH2010, c’est la servante de TH2010 qui se sacrifie. Elle veut aller voir la scène du suicide, un peu intriguée, un peu amusée de cet évènement à contretemps de son quotidien. Dans son petit sourire malicieux se forme la sentence dont le professeur de piano de TH60 fera une morale « tout ceci ce n’est qu’un film, mais faites attention tout de même ». Im Sang-soo fait application de ce constat de manière immanente par le jeu de ses acteurs : ils semblent se moquer de leur propre personnage, c’est peut-être ça le 1,5ième degré. Ainsi, le professeur de piano de TH60 s’échappe totalement de son rôle en piétinant au passage la molle distanciation brechtienne, et sert, avec une assurance à la John Wayne débarquant sur les plages de Normandie, un plateau de baffe au cinéma : je parle à la caméra si je veux.

 

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Pour enfoncer le clou, rien de mieux qu’un martelage expressionniste de cosaque. Le jeu de ficelle dans lequel sont engouffrés les deux enfants de la famille du pianiste durant le générique semble claironner le nom de la catastrophe. Au moment où la Corée du sud prenait son envol à l’aide du protectionnisme éducateur, on pourrait presque parler d’un expressionisme éducateur émaillant les intersections de TH60. Appliquant scrupuleusement les bulles pontificales des grands maîtres allemands, Kim Ki-young dessine des inserts gros comme la lune et trace à la règle les sections de ses cadres comme les Etats européens ont décidé des frontières en Afrique.  La verticalité est bien évidemment présente (omniprésence de l’escalier), et la diagonale tranche la pellicule comme il le faut (L’Enfance d’Ivan de Tarkovski sort deux ans plus tard, or certaines diagonales sont troublantes de similitudes). Les plans de coupe qui jonchent TH60 rappellent, pour ceux qui seraient miros comme des taupes, le contexte du pays et soutiennent la narration comme on souligne deux fois un rendez-vous important. Paradoxalement, la perspective sociétale de TH60 (dont TH2010 se libère les doigts dans le nez – nous y reviendrons) n’empêche pas Kim Ki-young de travailler sa dynamique. Alors que cette approche s’approprie généralement un style « plans-cadres » qui tapisse les péripéties misérabilistes des protagonistes (voir sur ce point : Peppermint Candy), Kim Ki-young remblaie à la rétrocaveuse le contexte social qu’il s’est donné : les travellings, amples et généreux, rectilignes et courbes, vissés, asymptotiques, accélérés, tiennent les rennes durant tout le film. Sur ce constat, bien couillu celui qui reprochera à Im Sang-soo l’exubérance et la gratuité de sa mise en scène qui, à côté, pourrait donner l’impression d’une messe dans une nef désespérément vide.    

 

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Une grosse dédicace s’impose au plan montrant les rats morts sur un plat de riz ; l’opposition entre les deux thèmes (nourriture=santé / rats=maladie) associée à leur proximité rendue possible par le fait que les rats semblent humainement allongés sur le plat, est proprement angoissante. Entre attraction et répulsion, cette vision cauchemardesque introduit la figure de la servante, pièce centrale du dispositif (Lee Eun-shim). La servante a un visage anguleux, vicié, triangulaire et losangeomorphe à la fois. Un visage incisif et décisif. Sans tomber dans les déboires de la physiognomonie, on peut affirmer sans trop sourciller qu’elle semble trimballer quelque chose de louche la petite. Alors qu’elle fume, portant sur ses épaules la désapprobation sociale, le mari lui file une clope au lieu de la réprimander. Comme dans TH2010, on ne tient pas le statut quo : les protagonistes cherchent la merde. Le mari de TH60 n’a rien à voir avec celui de TH2010. Indécis et veule, il se fait presque forcer la main par cette figure d’épouvantail, toujours à fouiner, à écouter au porte, comme un fantôme. Elle est presque constamment de dos à la scène qui se joue et le visage un peu de biais pour échapper à la vue du spectateur. Véritablement, elle séduit (étymologie, latin seducere = détourner). En se dérobant deux fois, elle est essentiellement traîtrise. Tiens une idée comme ça, c’est comme si Im Sang-soo avait découpé le personnage de la servante initiale pour en faire la vielle gouvernante et la jeune servante dans son TH2010. Par le même mouvement, il explose toutes les stats du mari - le mari de TH2010 se gonfle les biceps lors des fellations comme pour venger l’humiliation de celui de TH60, et fusionne les deux enfants de TH60 dans le visage androgynique de la fille du TH2010. Dans la mesure où on ne peut pas seulement faire l’enquête à charge contre la servante de Th60, si vous avez bien suivi l’équation, un résultat s’impose : l’épouse reste incroyablement débile dans les deux films.

 

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D’une certaine manière, c’est peut-être à travers l’épouse que cette famille est rongée par une sorte de faiblesse, un « manque de » ou état constant de manque, là où la famille de TH2010 est plutôt malade de sa toute-puissance. Dans les deux extrêmes, les comportements de petits salopards existent (TH60 : le frère se moque de sa sœur handicapée / TH2010 : la belle-mère pousse la servante).

 

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On veut du social ! On veut du social ! Mais oui, mais oui calmez-vous les enfants voyons. L’épouse de TH60 porte les stigmates de la petite-bourgeoisie, elle n’est jamais rassasiée. Lénine pouvait s’en bouffer les c… à l’époque déjà: « les ouvriers sont devenus trade-unionistes ». L’épouse tombe sur un rat dans son foyer qu’elle veut CSP +. Voilà le drame : vouloir paraître au-delà de ce que l’on est. On tient le peuple par la religion, l’alcool et le crédit à la consommation, les fondamentaux n’ont jamais vraiment changé. Il faut travailler, il faut garder son travail, ne pas se faire virer. « Je vais reprendre la couture » dit-elle, craignant manquer d’argent. L’achat de la télévision sonne le glas de la liberté et proclame le triomphe du mimétisme capitalistique. Henry Ford se fout bien de leur gueule : « tout le monde peut choisir la couleur de sa Ford T, pourvu qu’elle soit noir ». Regardez-les, ce sont les plus riches du quartier. 

 

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The Housemaid version grand-père s’est gravé dans la roche classemoyenneuse friable. Ici, la famille du professeur de piano possède une demeure exigüe comparée au centre commercial dans lequel vivent les happy-fews de la version 2010, mais elle semble tout de même au-dessus du standard de l’époque. S’ils sont en galère de thune, thème récurrent dans la bouche de la femme du professeur, Im Sang-soo a eu la délicatesse de définitivement régler le problème pour son The Housemaid post soviétique, et on ne peut que lui en être reconnaissant. Déjà parce qu’on est imposable à l’ISF et que vivre à Gstaad c’est sympa, mais c’est vite chiant. Surtout parce qu’en invalidant l’excuse du social, celle qui endort la gauche française depuis une bonne décennie et qui réduit, à chaque fois qu’elle frappe, la lecture de films qui n’en avaient pas vraiment besoin, il déploie le potentiel de ces personnages sur un espace vierge qui n’est pas objectivement biaisée. Les caractères peuvent alors voler de leurs propres ailes.

 

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Dans les deux films, la servante tombe enceinte, et se trouve contrainte à l’avortement. Sauf que là où Im Sang-soo a bloqué la situation dans le TH2010 par le lien unissant la servante et la fille de ses employeurs, la servante du TH60 tue le fils de son amant-employeur. Là, le rapport de force change, ça devient social : on ne peut pas éclater en scandale, car il faut garder son métier, il faut payer les factures, etc. Encore une fois, en mettant le social de côté, Im Sang-soo rend l’histoire tragique, et pose sa servante face à une question qui est superbement formulée dans le titre d’un épisode de South Park : « How Can You Ground the Ungroundable ? » (Comment punir ceux sur qui les punitions ne font rien ? – nous reprenons à notre compte l’expression anglaise, plus ramassée, qui nous semble exprimer l’idée avec plus d’impact). D’où le sens de la scène finale du TH2010 ; la servante du XXIe siècle part en beauté en espérant en toucher une, tout en faisant bouger l’autre, pour reprendre l’expression d’un ancien grand (par la taille) président de la République.

 

CQFD.

 

Amen.

 

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BONUS

 

On parle d'expressionisme allemand? de diagonales? d'inserts? M Le Maudit est sur youtube, l'occasion de réviser ses classiques. On vous invite aussi à jeter un coup d'oeil à la "chaine" youtube de Luckystrike502 qui risque bien de vous plaire.

 

 

 

 

 

1960, Corée du Sud, Cho : "love is not a disgrace"

2009, Angleterre, Didier Drogba : "it's a fucking disgrace"

Ils ne parlent pas forcément de la même chose mais dans nos têtes déformées y a un écho.

 

 

 

 

  "Aie confiance, crois en moi [...] Souris et soi complice. Laisse tes sens glisser vers ces délices... tentatrice."

Si j'ajoute l'escalier, le petit garçon et "attention on va descendre" j'obtiens ?

Autre piste: Kaa (serpent = gros ver) // servante + le foyer bourgeois et ses rats // la pomme et son ver...

 

 


 

Et puis un peu de culture pour finir :

L'Exposition Le ciném expressionniste allemand à la Bifi :

 

CLIQUEZ ICI

 


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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 20:31

 

Fiche technique sélective :

 

Réalisation et scenario : Jang Cheol-so, on répète sans cesse qu’il était assistant de Kim Ki-duk sur L’Ile, le lien est certain mais le bonhomme n’a vraiment pas besoin qu’on associe un autre nom prestigieux au sien.

 

Casting :

- Seo Yeong-hee (Bok-nam), victime dans The Chaser, victime dans Bedevilled, elle finit par péter les plombs méchamment. En plus elle joue super bien, stylée.

- Ji Sung-won (Hae-won), première apparition, froide comme la banquise, il fallait au moins une masse de 10kg pour briser sa glace.

- Baek Soo-ryeon, la grand-mère de Dong-ho selon Hancinema.net, sauf que Dong-ho... m'est inconnu, la grand-mère donc, insupportable et donc très forte.

- Lee Jee-eun (Yeon-hee, la fille de Bok-nam) : à 10 ans elle fait bonne figure au cœur de cette violence sourde et place quelques répliques stylées.

 

 

"T'as mal? Beaucoup? Attends un peu je vais te mettre de la pate de soja."

 

 

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Cher Marquis de Saint-Congo,

 

Comme vous l’avez certainement remarqué, nous n’avons pas eu le loisir de nous voir ce samedi chez la duchesse de Savoie où votre dévoué brillait par son absence. La faute en revient à un excès de boisson la nuit dernière. Je célébrais par avance votre retour et me suis perdu dans les tourbillons de la nuit, vous m’en voyez terriblement chagriné. Paris, ses filles et ses lumières mon ami… Un soiffard fort agréable, à qui j’offrais un modeste verre de liqueur, m’indiqua d’ailleurs la déroute de votre équipe nationale face à des slaves dont le nom s’est perdu dans les vapeurs d’alcool. J’en fus bien peiné et pensais à vous, mon ami, que je sais fasciné par ces athlètes qui exercent leurs corps en courant autour d’un ballon. Comme à l’accoutumée, j’ai levé mon verre à votre santé.

 

Mais ceci n’est pas un courrier d’excuse et déjà je m’égare sur les sentiers tortueux des festivités parisiennes. Bientôt nous sillonnerons à nouveau tous les deux les rues animées où éclataient nos jeunesses, pour l’heure je souhaite vous parler de ma récente expérience cinématographique forum des Halles : Bedevilled.

 

Aux alentours de vingt-deux heures, je me rendis donc à l’Etrange Festival avec au bras ma dernière conquête qui, bien que n’étant pas native du royaume de Choseon, présente quand même des traits orientaux. L’accueil sur place fut courtois mais distant et bientôt nous nous retrouvions à faire la queue pour entrer dans la salle. Quelle désagréable expérience que d’attendre ainsi sur ses deux jambes cher Marquis. J’en profitais pour observer l’assemblée qui me semblait composée de jeunes gens pas toujours très recommandables mais en fort bonne santé et, à quelques exceptions près, peu bruyants. Dans la salle je croisais certains habitués de ce genre d’évènements, notamment ces bohémiens de la « Mad Team » emmenés par le désormais célèbre Rurik Sallé. L’un d'eux nous présenta le film comme « une démonstration sur la lâcheté humaine et ses conséquences », sentance un peu rapide mais fort à propos, et sa langue fourcha sur le nom du réalisateur. Les dix premières minutes du film nous craignîmes une erreur de placement de notre part. Nous étant assis au deuxième rang face à un écran aux dimensions remarquables, il nous fut difficile de lire les sous-titres tout en gardant un œil sur l’action. Plus tard je m’habituais, plus tard encore certains laissèrent échapper des rires gras pour désamorcer une tension savamment mise en place par le chef d’orchestre du soir, le très prometteur Jang Cheol-so.

 

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L’histoire en quelques mots éclairera ensuite mon propos. Hae-won (Ji Sung-won) est une demoisellle qui officie dans une agence de crédit à Séoul. Belle, glacée et égoïste, son personnage de citadine affairée est esquissé rapidement avec un trait que je je jugeai légèrement trop appuyé. Elle ferme la vitre de sa voiture, et les yeux sûrement, quand une jeune femme lui demande de l’aide et refuse ensuite d’identifier les meurtriers présumés qu’elle a « rapidement entrevus ». La lâcheté humaine sans doute, on entend toujours plus de sombres histoires d’agressions en public depuis votre départ. Quand le sang de certains bouillonne le cœur des autres se tétanise, nous vivons une époque difficile et les coréens aussi. Etriquée dans son costume de femme d’affaires et de marbre, Hae-won finit par craquer. Une baffe en public ardemment distribuée et elle est sommée de prendre des congés. Après quelques jours, quelques litres de bière brune, elle prend le chemin d’une petite île de pêcheurs-cultivateurs sur laquelle elle passait ses vacances plus jeune. Elle y retrouve Bok-nam (Seo Yeong-hee), son amie d’enfance qui l’attend avec impatience. On comprend rapidement pourquoi : le quotidien de cette dernière l’oblige à se rouler chaque jour un peu plus dans la fange de l’humanité. Pendant près d’une heure Jang Cheol-so s’applique à tirer sur la corde sans jamais s'interrompre ni la rompre et la tension grandit jusque dans des proportions terrifiantes. Avec un tel élan, le retour de flammes ne pouvait être que grandiose, je n’ai pas été déçu. Enfin pas avant quelques fausses notes en fin de spectacle, « film de genre » et « logique commerciale » obligent. Votre dévoué serviteur s’agace chaque jour du manque d’audace de nos talents les plus prometteurs. Hier soir son courroux, quoique bien émoussé par la qualité globale de l’œuvre, s’exerça sur l’épilogue moral, le duel final et la petite chanson au pipeau…Notre scenariste et réalisateur du jour réussit tout de même ce tour de force qu'il s'agit de souligner encore une fois : avec une première partie de spectacle tout en violence sourde, en cris étouffés et en psychologies étudiées il légitime admirablement une seconde partie où le sang bouillone et jaillit dans une débauche de fureur inouie.

 

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Cette soirée fut pour moi l'occasion de constater que les échos des pièces de l'illustre William Shakespeare résonnent encore et frappent désormais aux portes de royaumes inconnus. Je versai une larme en récitant Mac Beth, "Will all great Neptune's ocean wash this blood clean from my hand? No, this my hand will rather the multitudinous seas incarnadine, making the green one red", et décidai de classer Bedevilled parmi les œuvres de la plus haute facture. A son arrivée sur l’île, Hae-son marque un contraste flagrant avec Bak-nom, son amie bien plus bronzée, bien plus souriante et bien plus malheureuse. « Smile while you are bleeding » disait K’naan un troubadour nègre de l’Empire britannique. Le jeu d’opposition qui commence à la couleur de la peau se poursuit ensuite : vêtements, accessoires, coupe de cheveux, situation familiale, expressions des visages. Avec la fin de la dictature, militaire qui frappa leur pays, les coréens réalisèrent abondance de films avec pour thématique un personnage quittant sa campagne natale pour s’aventurer et s’enrichir à Séoul. Ici c’est le retour de l’élue et deux fantasmes qui s’affrontent entre eux et à la réalité: Hae-son vient chercher le calme sur l’île, Bak-nom n’a qu’une idée en tête : rejoindre Séoul et ses paillettes, et sa justice. On concèdera néanmoins à cette dernière qu’elle a bien d’autres raisons de vouloir changer de paysage. Reste qu’elle admire profondément Hae-son. « Les mecs doivent tourner autour de toi comme des mouches sur un cadavre non ? » selon la traduction, quelle belle langue que la votre mon ami.

 

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J’aimerais aussi vous dire deux mots de deux personnages qui m’ont particulièrement marqué. La grand-mère et la petite fille, deux extrêmes de la vie qui, progrès scientifique aidant, m’ont inspiré  cette réflexion sur la reproduction. Voyez-vous cher ami, il me semble que nous avons négligé la force du mot. La reproduction ne se limite pas à l’acte sexuel et sa finalité biologique. C’est un phénomène qui survit à la naissance avec l’impression au fer rouge de certains comportements dans les esprits les plus faibles. Tradition, continuité, héritage, tant de mots qui blessent mes oreilles que vous savez libérales et me rappellent que mon retour sur les terres bretonnes est toujours plus lointain. Si la petite enfant veut plaire aux hommes de l’île et faire comme les autres femmes, c’est surtout ce personnage, qu’à défaut de termes plus précis, je nommerai grand-mère qui m’a frappé. Son langage fleuri d’abord « la bite de ton mari est dans un autre trou » ou plus subtile « casse lui les jambes, c’est comme ça qu’il faut faire aux femmes ou aux chiens  qui fuient la maison ». Un langage poétique et pragmatique et un comportement de tortionnaire raisonnable, parce que c’est pour le bien des autres, c’est l’expérience qui parle. Une rage toute meutrière me caressa l'échine à chacune de ses apparitions.

 

Afin de rendre un peu plus précis le tableau de cette île paradisiaque, je me dois d'ajouter que la plupart de ses habitants mâchent de « l’herbe à crétin ». C'est un élément qui augmente efficacement la tension dans la première partie  de l'oeuvre mais que l’on en vient presqu’à regretter par la suite. Voyez-vous, cela pourrait être pris comme un élément d’explication quant aux comportements abjectes qui nous sont présentés, excuser l'humain et saper le propos du film. Enfin dans cette bassecour il ne faudrait pas oublier les « mâles », qui n’ont jamais été aussi proche du « mal ». Violents, violeurs, tyrans, avec son mari et son beau-frère Bok-nam vit un véritable conte de fée. Qu’elle soit cocue n’en est alors plus qu’anecdotique. Avec votre esprit sagace vous aurez bien compris que cela ne peut durer qu’un temps. Certes il faudra bien plus qu’une goutte pour faire déborder le vase mais quand Bok-nam n’aura plus rien à perdre, il lui suffira de se baisser pour ramasser sa faucille pour découper les mauvaises herbes.

 

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Je note au passage qu’il est urgent que nous nous entretenions au sujet des outils dans le cinéma coréen : la faucille puis la masse ici, le divin marteau de Oldboy et le kit du bricoleur de The Chaser, quelque chose se trame.

 

Un modeste paragraphe sur la forme avant de conclure. Caractérisée par des plans toujours serrés et un paysage relégué à l’arrière plan, Bedevilled se concentre comme un étau sur les personnages. Mais surtout les silences, les silences cher Marquis de Saint-Congo, quels silences terribles ! Ils vous prennent à la gorge et braque votre attention sur l’image et quelques bruits choisis avec précision. Si jamais vous avez l’occasion de voir ce film, je suis sûr que comme moi vous serez marqué à jamais par cette scène où Bok-nam lèche le couteau que tient son mari.

 

Voilà qu’il est bien tard et demain j’aurai le privilège de vous voir à la projection de No Mercy, c’est une nouvelle qui doit être fêtée dignement et bien accompagné.

 

Mon ami, j’espère que la capitale s’est vêtue de ses plus beaux atours pour vous accueillir et vous envoie mes salutations fraternelles.

 

Sir Alan Joy Greenpaths, Comte de Meanseek.

 

Paris, le 4 septembre 1782

 


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BONUS

 

 

Pour commencer, Mad World, un jeu vidéo éducatif où pour faire des points il faut tuer les machants de la manière la plus violente possible. Par exemple, l'empaller avec un lampadaire, le coincer dans un pneu et lui découper les jambes avant de l'envoyer sous un train peut vous rapporter quelques dizaines de milliers de points. Très sympa sur Game Cube où le nunchak sert à manier la tronçonneuse du héros.

 

 

 

 

 

"Jeanneton prend sa faucille, larirette, larirette... "

Une comptine qui n'est pas sans lien avec Bedevilled. Si, si, je vous assure.

 

 

 

 

Deux tarés qui s'entrainent au combat à la faucille. Eux en une dans chaque main et vous proposent de les rejoindre pour prendre des cours.


 

 


 
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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 10:21

 

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Cette semaine l’article prend une forme épistolaire. Mais comme tout le monde n’a pas forcément vu le film et que la version coréenne n’a rien à voir avec celle des frères Grimm, voici le topo.  Eun-soo (Chun Jeong-myong) conduit sur une route de campagne. Il a choisi d’aller voir sa mère mourante plutôt que d’accompagner sa femme à l’hôpital , du coup cette dernière l'engueule. Décidemment ça ne va pas fort. Un panneau « virage dangereux » sur sa droite, le téléphone dans la main, ça ne manque pas, c’est l’accident. Un point pour la sécurité routière. Sa voiture se retourne, il se réveille avec une migraine à l’orée d’une forêt merveilleuse. Deux points pour le fantastique. Comme il va faire nuit et qu’une fillette de 12 ans lui propose de venir dormir dans sa maison, il la suit. Faut avouer qu’elle l’arrange bien pour le coup. Au milieu des bois, la petite maison dans la forêt, ses petit-déjeuners à base de guimauve, ses couleurs flashy, ses trois garnements et deux parents fraichement débarqués de Suburbia (cf Edward aux mains d’argent). N’ayant pas envie de faire de crise d’hyperglycémie, Eun-soo tente de partir dès le lendemain matin. La famille du bonheur cherche à l’en dissuader et la forêt y parvient. Notre héros est coincé, on lui sert encore des confiseries, la mort le guette. Alors quand il s’aperçoit que ses hôtes jouent une comédie plutôt macabre, il décide de tout faire pour se barrer au plus vite.

 

 

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« A l’attention des auteurs et coauteurs du film Hansel et Gretel,

 

Messieurs,

 

Il y en a parmi vous auxquels il me semble bon de tirer les oreilles. Vous l’aurez compris, je viens de voir votre film.

 

Voyez-vous, j’ai de gros défauts, une certaine idée de ce que l’on aime appeler le 7ème art et un véritable amour pour le celui qui nous vient de la péninsule coréenne. Je suis aussi très rancunier, demandez donc à Akira Toriyama, je ne lui pardonnerai jamais d’avoir participé à Dragon Ball Evolution. Vous m’avez séduit et vous m’avez trompé. Pire, après une heure agréable et courtoise, vous m’avez pris pour un con. C’est désagréable.

 

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Tout avait pourtant bien commencé. Je notais dans un coin de ma tête quelques plans sympas (la voiture qui passe devant le panneau zig zag) et j’esquissais un sourire lors de l’accident qui s’en suit. La caméra tourne comme dans un manège, le véhicule se retourne comme une crêpe. Le trait est un peu trop appuyé à mon goût mais c’est sympa. Surtout, j’admirais déjà votre audace. On a bien plus souvent l’habitude de se confronter aux contes d’horreur en littérature qu’au cinéma. J’y ai vu un combat à mener. Malgré des premiers pas hésitants je faisais déjà de vous les héros de mon histoire. Des hommes et des femmes qui auraient su recréer au cinéma la légende des contes d’autrefois, ceux que l’on raconte aux enfants qui ne sont pas sages. Un peu plus et je vous faisais frères d’armes de Tim Burton. Enfin écuyer plutôt mais là n’est pas la question.

 

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Une belle équipe avec des moyens conséquents. J’étais confiant. J’ai été berné. Tout commence avec les décors. La forêt, lieu de transition entre réalité et fantastique. Elle est d’abord filmée de manière très crue, avec des couleurs cependant affirmées, rassurantes. On avance petit à petit vers le fantastique, toujours situé en son cœur : ici la maison des trois garnements. Autre complice, la photo. Bien sûr vous savez y faire. Les coréens excellent dans la direction photographique et en engageant Kim Ji-yong vous saviez où vous mettiez les pieds. Deux ans plus tôt, il signait la photo de Bittersweet Life. Son travail est extrêmement propre, peut-être même un peu trop. Il compose ses portraits avec une attention remarquable et maitrise véritablement la lumière. Mon préféré : le plan de la marâtre qui gronde les enfants à table. On sent que la gravité travaille sa peau depuis plus longtemps que les visages en porcelaine des garnements qu’elle affronte. Opposer adultes et enfants de la sorte, c’est balèze. Par contre, pour un conte j’aurais plutôt eu tendance à penser à des plans larges et fixes à l’image des illustrations des livres pour enfants. Je dois dire que certaines (contre)plongées m’ont dérangé. Mais je ne remets pas en cause la qualité du travail de Kim Ji-yong, il donne d’ailleurs un style plus léger au film, seulement il me semble parfois bon de se prendre au sérieux. D’ailleurs, petit coup de gueule. A l’époque de la 3D, la nuit américaine c’est anachronique. Ca fait peut-être américain (des années 80) mais ça ne fait pas du tout nuit. Votre film est une call girl et vous lui avait choisi un bon maquilleur, c’est bien vu. Ca marche pour l’apéritif, mais quand au milieu du plat principal elle a commencé à parler morale et éducation, elle m’a coupé l’appétit.

 

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Certains personnages avaient même réussi à m’enthousiasmer. Manbok (Eun Won-jae), 12 ans et chef de meute, mi ado mi psycho, des yeux qui se foutent constamment de notre gueule, très prometteur. Pourquoi en avoir fait un pseudo Super-Saïen par la suite ? L’arrivée du deuxième couple fût un coup très classe. Enfin un film qui sort du schéma proies-prédateurs. Un ménage à trois qui a failli m’exciter, même avec notre héros fadasse au milieu. Le hic, c’est que tout s’effiloche au fur et à mesure. On en vient à se demander si certaines bonnes idées sont vraiment volontaires. Le diacre par exemple. [attention spoiler] Un prêtre tueur d’enfants dans un conte et un pays aussi catholique que la Corée, c’est courageux. Annoncer à la fin que son costume de prêtre n’est en fait qu’un déguisement, c’est faire machine arrière.

 

bientot les cheveux vont devenir jaunes supersaian

 

J’en viens au cœur du problème afin de vous garder deux trois sucreries pour la fin ; ce serait bête de partir fâché. Je suis allergique aux passages explicatifs. J’ai du hériter de mon éducation à la cour de Norvège quelques complexes et je déteste qu’on me prenne pour un con, qu’on me serve un plat prémâché. J’ai toutes mes dents. Durant la dernière demi-heure du film, je me suis arraché la peau, mes lèvres ont triplé de volume et j’ai manqué de peu la crise d’épilepsie. Me faire un coup comme ça, c’est très bas. Toutes les promesses sont bazardées, ça parle, ça chiale, ça balance de la musique triste à tout va. Etrange ce hara-kiri scénaristique. L’auteur devait d’ailleurs tenir ses viscères dans sa main gauche quand il a écrit cette belle réplique « j’ai toujours pensé que j’étais le plus malheureux du monde, j’ai toujours fui, mais aujourd’hui j’ai changé » (de mémoire, je ne vais pas risquer une nouvelle crise en recherchant le passage). Argh, la morale, le coup de grâce. Il a ensuite utilisé ses dernières forces pour préciser qu’il voulait des violons et une larme au coin de chacun des yeux du héros. Il n’a pas su finir son scenario et s’est sabordé. Mes condoléances à sa famille.

 

stylé mais pas très conte ce plan

 

« Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce
Jamais un lourdaud, quoiqu'il fasse
Ne saurait passer pour galant. »

 

La Fontaine, 21 mots pour une morale, c’est quand même plus aérien qu’une demi-heure de dialogues et de violons.

 

Ah ben non en fait je n’ai pas de sucreries pour la fin. Tant pis, vous pouvez toujours bouffer votre maison en pain d’épices.

 

Bon allez, tenez : j’ai bien aimé la scène où Eun-soo monte au grenier pour la première fois. Les cheveux d’une inconnue qui tombe sur la gueule, c’était flippant.

 

Un spectateur trahi. »

 

 

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Nuances : Hansel et Gretel est un film plein de sucreries dont il ne faut pas abuser mais qui nous réserve quelques savoureux moments. Revenons-y afin de lui faire un enterrement en bonne et due forme.

 

Des portraits d’une netteté absolue.

 

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Quelques plans composés autour d’une diagonale (les bonbons préférés de Joy Means Sick)

 

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Un plan avec un prêtre et une croix très discrète

 

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Et puis bon les décors sont quand même sympas.

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BONUS

 

- Dans la famille "films avec de enfants qui sont censés faire peur" je demande la version française : Un Jeu d'Enfants de Laurent Tuel

 

 

 


 

 

- Bien vu...

 

- Yeah ! bon alors dans la famille "enfant super méchant", je demande Bujin l'illusionniste de la fine équipe de Bojack dans Les Mercenaires de l'Espace (9ème film de Dragon Ball Z)

 

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- et le début du film en prime...

 

 


 
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