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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 12:36

Festival du Film Coréen à Paris - Programme

affiche FFCP-copie-1

 

LE SITE DU FESTIVAL


Sans Congo se releva lamentablement en essayant de rester digne. La douleur commençait à se propager le long de sa colonne vertébrale ; il le savait, cette douleur finirait par transmuter, au terme d’une réaction chimique qu’il maudissait déjà, en sanglots pathétiques ; il pensa très fort à sa mère. Ses nouveaux clients, de jeunes impudents en doudoune Moncler qui s’étaient empressés de saisir leurs Smartphones pour claironner dans la cyber-galaxie la misère du pauvre homme, ne voulaient pas payer les places de scooter que Sans Congo, au mépris de toutes les règles de la domanialité publique, s’était arrogées.

 

Pour qu’ils crachassent leur argent de poche, Sans Congo avait tenté de les impressionner en balançant le double frontkick envolé de son idole, Song Kang-ho, en direction de celui qu’il estimait être le plus faible du groupe, haut comme trois pommes, large comme un ticket de métro. Il s’était entraîné dans sa chambre, il se croyait prêt ; la gravité en décida autrement.

 

La chance inespérée de Sans Congo, dans le vide dominical du quartier des Olympiades, fut l’apparition inopinée de son ami Joy Means Sick qui sifflotait innocemment en comptant sa liasse de billets mauves. Il se rendait à la Cinémathèque pour voir un film d’André Téchiné, Le lieu du crime, car il dînait, le soir même, en compagnie de la productrice fétiche du réalisateur. Le grand gaillard voulait investir dans un nouveau cinéma porno, sobre, subjectif, avec des textes de qualité. La bonne femme lui apparaissait comme une bonne entrée dans le milieu.

 

29525732.jpeg

 

Lorsqu’il aperçut son ami, Joy Means Sick eut de la peine, comme toujours. Il s’enquit de la situation du malheureux. Sans Congo s’exécuta avec rancœur – il éprouvait toujours de la rancœur devant la réussite insolente de son ami. Joy Means Sick fut affable et promit de régler la situation à la condition que Sans Congo l’accompagnât à la Cinémathèque. Sans Congo accepta sans rechigner ; ce fut l’affaire de quelques baffes bien lourdes.

 

En sortant de la Cinémathèque, les deux hommes eurent l’impression d’avoir assisté à un viol collectif. Joy Means Sick ne put se retenir de vomir sur la vitrine du bel édifice avant de s’essuyer sur le tee-shirt de son ami. Sans Congo avait également des nausées, mais il était bien heureux d’avoir pu soutirer aux petits merdeux les 25 € qu’il leur avait ordonnés.

 

Leurs corps étaient pris de convulsions et de spasmes lorsque Sans Congo aperçut par terre, souillé et piétiné, le programme de l’édition 2012 du Festival du film coréen à Paris. Il s’en saisit avec émotion, en se rappelant qu’il fut un temps, avec son ami, un chantre passionné du cinéma qu’offrait le pays du matin calme.

 

7eme-edition-du-festival-du-film-coreen-a-paris-festival-f.jpeg 


Ils se regardèrent les yeux humides ; les gorges nouées laissèrent place aux tripes retournés. Joy Means Sick annula sur-le-champ son rendez-vous avec la productrice : Lars von Trier était déjà sur le coup d'un porno intello et après ce film insipide, il n'arrivait plus à imaginer Deneuve en MILF philosophe. Moins de deux heures de projection avait suffit à consumer un mois de travail. Son rêve de faire un remake du Jour et La Nuit de Bernard Henri-Levi en version porno avec une femme - Catherine ! - en rôle principal, lui apparaissait désormais comme une idée de bobo libéral semi-politisé, le genre à bruncher rue du Faubourg Saint-Denis le dimanche à midi ; il se sentit encore plus sale. Il vit alors que Sans Congo était figé dans la même position depuis plusieurs minutes, le programme du FFCP (les temps changent) serré entre ces doigts de courtaud. 

 

Joy Means Sick (avec nostalgie) : « Raison 21 : De toute manière, Pierre Ricadat est comme Philippe Azoulay, il a vu plus de films que toi. »

 

Sans Congo (relevant le museau, une étincelle dans les yeux) : Pierre Ricadat, tu te souviens de Pierre Ricadat, tu te souviens de la pluie à Versailles ? Et les costumes super classes de Dong-suk ? Les présentations de Hui-jun et Kyoung-hee ? Les larmes de David T et d'I.D ? La lubie de l'Insecte Nuisible pour Jung Yumi qui n'a même pas daigné lui jeter un regard, l'ingrate ? Le combat poignant de Wam pour promouvoir le cinéma asiatique dans sa belle boutique d'AsiaFilm ? Nos semelles essuyées sur les charlatans ?  Que sommes-nous devenus mon ami ?

 

Joy Means Sick (jetant sa liasse dans le caniveau, l'équivalent de 500 000 €, avant de se mettre à sangloter comme une minette d'un film de Kwak Jae-young) : et ton coming-out devant le film Sunny ? Ah c'en est trop pour moi ! Montre-moi ce programme (il arrache le dépliant des mains de son ami) !  Oh je vais défaillir, que-du-lourd ! Et le luxe de deux avant-premières, L'Ivresse de l'argent et War of Arrows. 

 

2012---Taste-of-Money-4.jpeg

 

SC : L'Ivresse de l'Argent c'est bien le film d'Im Sang-soo ? Ha ha c'est beau ça. On n'a jamais fait autant d'audience qu'avec Une Femme Coréenne, je me souviens qu'on notait les mots clés de ses égarés du web qui atterrissaient sur le blog en cherchant des trips peu avouables. Sale. Bon ben apparemment il a trouvé son délire. Le sexe, le pouvoir et l'argent. Il fait parfois du hors piste, genre Le vieux jardin ou The president last bang, mais globalement le mec a une passion : ça a commencé avec Girls Night Out et va savoir ou ça finira. Son remake de The Housemaid était pas mal d'ailleurs, je me souviens bien de la scène d'ouverture « à la The Shield ».

 

JMS : Ouais carrément, il l'avait présenté à Cannes. J'ai plein de potes qui le confondent avec Hong Sang-soo, ça me fait mal je t'assure, je leur distribue le carton jaune systématiquement,  et parfois le chassé dans les parties. Non mais putain y a pas plus opposé que les deux ! Ironie bourgeoise au 1,5ième degré versus platitude pseudo-dépressive de l'artiste raté, maestria de la mise en scène versus plans fixes, longs et chiants avec un petit zoom à l'occasion. Non mais sérieux... 

 

SC : Quelle saleté, et le type a fait la couverture des Cahiers du Cinéma. J'ai péta le stock du libraire en bas de chez moi et maintenant je me torche au papier glacé (JMS restait coi d’admiration). Sinon War of Arrows ça a l'air sympa non? C’est de Kim Han-min. J'ai rencontré une petite qui revenait de Busan l'année dernière, apparemment ça a fait un gros carton en Corée et ça tourne dans les festivals depuis. On l'avait raté à Deauville.

 

War_of_the_Arrows_film_poster.jpeg

 

JMS : On avait raté le festival ouais...


SC : Les affaires et l'odeur de la Manche sans doute. J'aime pas cette ville, jamais rien eu à y foutre. C'est l'ouest parisien le plus à l'ouest et ça ressemble à une maison de poupée.


JMS : Quand tu peux y croiser Lee Chang-dong ça vaut le coup. Mais bref, War of Arrows je sais pas, la Corée et les films historiques... C'est pas vraiment notre porte d'entrée, nous c'est plutôt la petite porte qui donne sur la ruelle sale où Park Chan-wook et Bong Joon-hoorganisent des combats de pittbulls. Les tapis rouges et les tenues traditionnelles, je sais pas, généralement ça rend les trucs peu digestes. Wam lui a mis un 5/10.

 

SC : Wam avait aussi mis 2/10 à Bleak Night , autant dire que ce 5/10 augure des choses tout à fait satisfaisantes. Et puis y a des choses intéressantes dans le film historique sudco. Surtout quand ils mélangent les époques à la Heaven’s Soldiers.

 

JMS : A côté de ça t'as aussi Musa The Warrior (vraiment pas top) et Le Roi et le Clown (bof bof).


SC : Et Duelist aussi qui n'est pas si mal. Et puis tiens regarde le film d'ouverture de cette année c'est aussi un film d'époque,  The Masquerade.

 

masquerade

 

JMS (en proie à un coup de blues soudain) : Ah... Réalisé par qui?

 

SC : Choo Chang-min?

 

JMS (triste) : Et ben voilà, j'en étais sûr, je le connais pas. Putain je suis has-been, je suis fini. Y a qui dedans?

 

SC : Han Hyo-joo?

 

JMS (éclate en sanglots) : Et merde, ça me dit rien du tout.

 

SC (épluche le casting avec un sourire carnassier, JMS chiale de plus belle à chaque nouveau nom inconnu) : Ryoo Seung-ryong? Kim Myung -gon? Kim In-kwon? Shim Eun-kyung? ... Lee Byung-hun?

 

JMS (essuyant sa morve sur la manche de sa veste) : Lee Byung-hun?

 

SC : Oui?

 

JMS : Le tacle glissé sur la table de Bittersweet Life? Le tendon d'achille de Choi-min Sik dans I saw the Devil? L'alter-égo sudco de Song Kang-ho dans JSA?

 

SC : Et le réalisateur malmené de Cut. Lui-même.

 

JMS : Oh ben merde alors. Attends voir, ça va chercher dans les combien tout ça ? (il pianote nerveusement son blackberry chromé or) Plus de sept millions d’entrée pour quelque chose qui ressemble étrangement à Kagemusha : dis donc, le festival a peut-être changé de nom, mais il garde une certaine exigence ; j’espère qu’ils auront encore l’Ambassadeur à ce prix là.

 

SC : il y aura François Hollande à l’inauguration si j’en crois le tweet que Dong-suk vient de poster. Bon sinon regarde moi ce type, Kim Soo-hyun, il a travaillé avec Jung Sun-woo sur A Petal et Bad movie, ce type m’a lair d’être des plus recommandables, même si son film Ashamed a pas l’air très alléchant.

 

JMS : Ne fais pas la fine bouche, tu veux violenter ton transit intestinal avec un second Téchiné.

 

SC : Dr Jump, de Yoon Seong-ho, on nous annonce un nouveau Woody Allen.

 

DrJump

 

JMS (se signe de la croix alors qu’il est athée) : N’en dis pas plus, je ne suis pas sûr de leur faire confiance pour le coup.

 

SC : Mais non mais non, rappelle-toi ce film là, gros badaboum du box-office, le Rasta Rocket sudco, c’est quoi déjà ?

 

JMS: Take off de Kim Yong-hwa.

 

SC : Dis donc, t’as une bonne mémoire vieux bouc (JMS cacha discrètement son smartphone dans sa poche arrière) ; Take off voilà, un film drôlement beau. J’avais failli chialer comme une Madeleine à la fin de film, comme à la fin des Misérables.

 

JMS : T’as pas lu les Misérables menteur.

 

SC : Et alors ? (JMS était estomaqué par l’aplomb légendaire de son ami). Tiens regarde sinon, un joli titre,  Yosemite and I, je sais pas toi mais je trouve qu’il sonne un peu sépharade le titre. 

 

JMS : Et ça parle de quoi ?

 

SC : Le dépliant dit « Kim Jee-hyeon est réalisatrice. Malheureusement, l’ordinateur dont elle se sert pour le montage de ses films depuis 10 ans tombe en panne. Il s’appelle Yosemite. Et voici son histoire… »

 

JMS : C’est tout ? Elle va chez Darty pour le remplacer ? C’est un peu court jeune homme (JMS adorait reprendre les mots de Cyrano de Bergerac en s’appuyant du coude sur le crâne de son ami)

 

SC : Casse-toi (SC essayait de mordre le coude de JMS), oui c’est tout, visiblement un film où l’écriture rattrape la fiction qui rattrape l’écriture, une espèce de boucle du type Adaptation.

 

JMS : Ah très bon file-moi le dépliant (il s’en saisit et tomba sur un titre intrigant). Tiens tiens, From Seoul to Vasari.

 

fromseoultovaranasi

 

SC : C’est où Vasari ?

 

JMS : En Inde.

 

SC : Laisse moi deviner : un Sud-coréen tombe amoureux de l’Indienne qui travaille dans le restaurant en bas de chez lui. Manque de pot, elle est renvoyée en Inde, le bonhomme décide de la suivre.

 

JMS : Presque ; c’est une Sud-coréenne qui tombe amoureuse d’un Indien. L’affiche est pas mal du tout je trouve ; tu sais moi, je suis un sentimental, ces histoires-là me touchent ; le film est passé à Berlin, ils sont durs les Allemands ; (JMS continuait à parcourir le programme des yeux lorsqu’il se mit à sautiller) ouh tiens, Helpless, ça a l’air terriblement sexy, Pierre nous promet un thriller noir et flippant sans aucune once de comédie

 

helpless

 

SC : Ahhh ! Un café noir bien amer, et l’affiche est juste comme il faut : le retour à nos premiers amours, la férocité, la méchanceté, le drame, le sang,  j’achète ! Oh ben regarde moi ça, j’achète aussi  Love is Fiction.

 

JMS : De la comédie romantique bien grasse qui raconte l’histoire d’un écrivain, aurais-tu perdu l’esprit mon ami ?

 

SC : Non, juste pour Ha Jeong-woo, la tête à claque de The Murderer, je suis fou amoureux de lui (JMS jeta son regard ailleurs, par pudeur).

 

JMS : Oui pourquoi pas, je suis heureux de constater que tu assumes ta nouvelle vie ; moi tu vois, je suis plus pour du bon son brut pour les truands, lunette papillon, cols larges, chemise ouverte, chaîne en or qui brille, j’ai nommé : Nameless Gangster ; pendant que tu te gratteras devant les vannes foireuses de ton jeune éphèbe (SC s’agitait, JMS le repoussa de l’index), perso, je peaufinerais mon style aux côtés du grand Choi Min-sik.

 

namelessgangster

 

SC : Ben voyons, moi je te parle d’un coup de cœur pour un jeune de talent de ligue 1 et tu toi tu me sors la compil youtube de Zizou… A ce jeu là…

 

JMS : Oui, oui. Mais tiens regarde, si tu te sens l’âme d’un Arsène Wenger (JMS fit à nouveau un rapide signe de croix) du cinéma sudco, penche toi plutôt sur ce p’tit là :  Kim Kyung-mook.

 

SC : C’est leur nouveau coup de cœur après Yoon Sung-hyun ?

 

JMS : Exactement. Comme d’hab ils te font la totale et offrent la possibilité au premier étudiant venu de se métamorphoser en un expert hyper pointu d’un réal sudco en devenir (il se retourna vers un groupe d’étudiants de la FEMIS menant une discussion passionnée au sujet de Téchiné). Et les pédales matez un peu ça, y a encore moyen de vous en sortir! (le groupe le considéra avec un haussement de sourcils collectif et reprit son débat). Ouais donc 3 courts métrages, 2 moyens métrages et 1 long, si on était en cours de maths je dirais que ça sent la fin de série ce coup-là.

 

kim kyung mook

 

SC : Fais voir !


JMS : Oula, oula, attends un peu mon cochon, mais c’est du sur-mesure pour toi ça. C’est quasiment que des pédés dans ses films.


SC : Je ne suis pas pédé.

 

JMS : Mais oui, mais oui, c’est pas grave tu sais (Sans Congo se mit à bouder ostensiblement, JMS se retourna à nouveau vers les étudiants de la FEMIS). Putain les gars c’est du bon je vous jure, un jeune réal coréen qui s’attaque à un thème encore marginal chez eux... (il s’arrêta, le souffle coupé par un crochet au foie savamment assené par Sans Congo).

 

SC (lui arrachant le programme des mains au passage) : Sale race, si t’avais vu Bleak Night l’année dernière, t’irais les yeux fermés.

 

JMS plié en deux, tenta péniblement d’articuler quelque chose.

 

SC : Bon quoi d’autre ? Tiens le personnage principal du film de clôture , The Thieves, s’appelle Popeye, t’as pas une vanne bien gluante à gerber ?

 

the-thieves


JMS releva la tête avec un sourire malicieux, Sans Congo menaça de le frapper à nouveau.

 

SC : Ça a tout l’air d’un Ocean Fourteen façon asiatique et sans Brad… Ouh putain ! « Plus de 13 millions d’entrées », « devançant The Host ». Bordel à queues, t’avais entendu parlé de ça toi ?

 

JMS (se retenant à grande peine de chialer à nouveau) : Pas du tout…

 

SC : Ben voilà, ça t’apprendra à vouloir faire du porno intello (JMS vira au violet). Allez va, chiale pas, tiens regarde y a ton amoureuse au casting, Gianna Jun.

 

JMS (retrouvant un peu de contenance) : Aussi connue sous le nom de Ji-hyun Jun, je l’ai bien aimée dans Il Mare mais c’est avec My Sassy Girl et Windstruck qu’elle m’a fait le plus rêver. Je me souviens de la scène où elle fait exploser la voiture…

 

SC : Je l’ai aussi vue dans Blood : The Last Vampire.

 

JMS : Personne n’est parfait.

 

Ils avancèrent tous deux en silence jusqu’au métro. Sans Congo eut envie d’un grec, Joy Means Sick n’eut pas envie d’être seul. Il était tard et le boui-boui désert. Le peu de viande qui tournait encore sur la broche ne leur fit guère envie, ils prirent des keftas. Et deux cocas.

 

lovefiction

 

SC : Ecoute moi ça : « Joo-wol est un écrivain en panne d’inspiration. Il mène une vie morose, constamment rejeté par des femmes en qui il voit à chaque fois l’âme sœur et une nouvelle source de créativité. Un jour, alors qu’il se rend à un festival en Allemagne, il rencontre Heejin, dont il tombe amoureux. A leur retour à Séoul, il s’arrange pour la revoir. A mesure que leur relation avance, Joo-wol trouve l’inspiration pour son nouveau roman mais il est dérangé par certains détails de la vie de Heejin. ».

 

JMS (s’arrêtant de mastiquer, coupé en plein élan) : Mais bordel, je croyais qu’on avait dit pas de Hong Sang-soo cette année !

 

SC : Haha, tout faux ! (Sans Congo s'empourpra soudainement) Merde, c'est mon film de tout à l'heure là, Love Is Fiction. Le réal' a commencé dans le cinoche par une comédie musicale « empreinte des films de série B » et, mate moi cette affiche quand même : sur une même partition, ça a l’air d’un morceau radicalement différent de ce bon vieux HSS.

 

JMS : Fais voir… Hmm « rythme vif et léger », « ping-pong », « clip », ça me plait ça. C’est con que ce soit pas ce soir tiens.

 

SC : Dans la rubrique comédie, y a aussi Penny Pinchers, l’histoire d’une meuf qui se paye un esclave - en résumé hein - marrant. Et sinon, y a l’assistant d’Hong Sang-soo qui fait un film : Romance Joe.

 

romancejoe

 

JMS : Ah bon ?

 

SC : Oui

 

JMS : Le personnage principal est plus ou moins artiste ?

 

SC : Oui.

 

JMS : Ca se passe dans des cafés ?

 

SC : En grande partie.

 

JMS : Ca parle beaucoup.

 

SC : Très certainement.

 

JMS : Les chiens ne font pas des chats.


SC : Et « les vrais hommes font des hommes ».

 

JMS : En parlant d’hommes, regarde, y a le film dont nous avait parlé Pierre Ricadat :  Self Referential Traverse.

 

selfreferentialtraverse

 

SC : Le truc avec la mascotte de la police qui perd ses jambes. Haha, mais c’est bon ça ! Et puis sauf erreur de ma part, la règle 21 s’applique toujours.

 

JMS : Bien sûr, on parle quand même d’un type qui a réussi à placer un poisson surgelé dans notre liste des outils du cinéma coréen. D’ailleurs essaie de mater Wild Animals à l’occasion mec, j’ai survolé ça un jour de pluie, c’est Kim Ki-duk, ça se passe à Paris, c’est surréaliste.

 

SC : Noté (il tapa le nom du film sur le bloc note de son smart phone et le plaça en 43ème position de sa to-do-list, juste au dessus de « organiser un combat entre un Tchéchène et un Viet Kong, histoire de savoir »). Y aussi Silenced dont on parlait dans un article sur un chef op ‘.

 

silenced


JMS : Kim Ji-yong, je me souviens bien. Le film avait l’air terriblement badant. L’histoire d’un prof dont la femme s’est suicidée qui arrive dans une école de malentendants non ?

 

SC : Ouais, et ils lui avouent un terrible secret.

 

JMS : Prions pour que ça ne soit pas de la pédophilie.

 

SC : Je mange là.

 

JMS : Y aussi trois docus, tu t’étais bien fait kiffer avec ça l’année dernière, ça devrait de botter.

 

SC : Balance.

 

JMS : Talking Architect, « alors qu’il souffre d’un cancer et qu’il n’a plus beaucoup de temps à vivre… »


SC : Je passe.

 

JMS : Accordé. Two Doors, téma cette affiche de film d’action avec le mec en tenue SWAT, ça c’est du distributeur couillu ! Parce que écoute un peu le pitch qui suit : « Ce documentaire retrace la tragédie de Yongsan en janvier 2009, qui causa la mort de cinq manifestants et d’un officier de police ». Apparemment ça a fait le buzz en Corée.

 

twodoors

 

SC : Moi je dis, ma main au feu qu’il y a Schwarzie qui fait un featuring. Ils ont pas peur les coréens, ils arrivent à te bicrave(r) du docu politique emballé dans du Collin Farrell. J’irai.

 

JMS : Tiens, dans le dernier on ne parle pas de mort mais de naissances. On nous dit que c’est encore tabou d’accoucher hors mariage en Corée, ça s’appelle Two Lines, ça dure moins d’une heure et demi.

 

SC : Mouais, pourquoi pas. C’est souvent quitte ou double ces histoires de docus de toute manière. C’est Dong-suk qui nous disait que c’était à nouveau comme délire là-bas, alors forcément le système de sélection naturelle est pas encore au point.

 

Ils étaient assis là depuis plus de deux heures, on approchait des deux heures du mat’ et Joy Means Sick attaquait sa deuxième maison en frites froides quand le patron vint les inviter fermement à débarrasser le plancher.

 

SC : De toute manière, je crois qu’on a fait le tour. Tenez M’sieur (il lui tendit le programme du FFCP), je suis sûr que ça va vous intéresser.

 

to you from me

 

Le patron du Galatasaray 2000 regarda ainsi s’éloigner ce qu’il prenait pour deux grosses fiottes d’intello dégénérés. Son regard tomba par hasard sur la sélection « classiques » du festival. Il dévisagea les affiches avec un sourire grivois : il se rappela soudainement les cinémas coquins qu’il fréquentait en cachette, au crépuscule des années 1970, avec son ami Belezoglu, dans leur Anatolie natale.  The Ae-Ma Woman, de Jeong In-Yeob, retint particulièrement son attention en raison du petit cœur qui cachait le téton gauche de la femme qui se pâmait sur l’affiche ; To you from me aussi, parce qu’ils les avaient entendus parler de ce Jang Sun-woo. Il se promit d’aller voir ces films mais, craignant d’être confondu, il dut se résoudre à raser sa moustache.

 

Les voix de Joy Means Sick et de Sans Congo disparaissaient dans la nuit, pleins d’impatience pour ce nouveau festival qui s’annonçait sous les auspices les plus favorables.  

 

JMS : Je me demande bien s’ils vont remettre la sélection de courts métrages sur Mubi, je trouvais que c’était une chouette idée l’année dernière…

 

SC : Pierre m’a dit que non…

 

JMS : ahlalala cette crise fait des ravages, ça qui me désespère (en sortant un cigare cubain).

 

Le trailer du festival.

 

 


 

 

SANS CONGO & JOY MEANS SICK    

 

 

 

 

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