Petit résumé freestyle, partial et partiel, d'un bloc.
Enfant Yoon Sung-hyun était souvent seul et tapait dans la vidéothèque de maman et maman aimait bien les films d'art et d'essais, pas de pot, parce que lui, ce qu'il cherchait derrière ces noms mystérieux (Rome ville ouverte, Les 400 coups), c'était sa dose d'érotisme. Ca parlera à certains. En tout cas il habitait aux USA et ça, ça a fait la diff' : ce genre de films étaient introuvables en Corée dans les années 80s. Il a fait ses études à la USC, apparemment réputée pour sa section ciné, et ne s'intéressait à l'époque qu'à la forme : les images, les sons, le rythme. Résultat, un premier court métrage dans un style MTV auquel on reproche le manque d’épaisseur des personnages. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd de 21 ans : il prend 5 ans avant de pondre Boys, son deuxième court. Son questionnement est passé de « qu'est ce qu'un film ? » à « qu'est ce que les hommes ? », parcours classique mais efficace, qui aboutit pour lui à une nouvelle définition du cinéma : « une narration à travers un espace ». Tant au niveau de la préparation que de la production, Boys fût une petite galère, ils ont même dû gratter le soutien d'une compagnie de tabac, parce qu'il y avait beaucoup de scènes où des ados fumaient. On doit quand bien se marrer au département marketing de Marlboro. Face à des acteurs amateurs et manquant de technique, Yoon Sung-hyun a rusé, usant d'une approche proche du documentaire tout en restant scrupuleux vis à vis des dialogues. « Si tu ne te sens pas de pleurer alors ne pleure pas, mais par contre tu dis ce que j'ai écrit ». Depuis, il laisse quand même une grande place à l'impro dans tous ses films. Pour lui le jeu d'acteur doit plus être « une réaction qu'une action » ; et ce qui doit être l’objet d’attention, ce n'est pas comment un acteur s'exprime, mais plutôt comment il écoute. Tiens un concept intéressant, on note. Début de la success story, Boys lui permet de se faire une petite réput', il ramasse quelques prix en festival et propulse YSH à la KAFA, prestigieuse école de cinoche sudco, un peu façon Femis avec moins de sections (réalisateur, producteur et chef opérateur) et plus de films sortis en salle au final. Le court métrage suivant né d'un épisode plus fulgurant, il se fait virer d'un tournage et en 2 jours rebondit pour lancer un projet, le type est vivace. Chaque année la KAFA produit 3 films, YSH a la chance d'être sélectionné et se retrouve à taffer sur Bleak Night entouré de pros et de deux camarades, un chef op' et un producteur. Stylé. Si les courts métrages relèvent de la poésie, alors les longs sont une question de narration et alors qu'il se lance pour la première fois dans le grand bain, il sent qu'il commence à trouver son style. Du coup, ça roule. Le gars est en confiance, il place sa rencontre avec Bong Joon-ho et nous rapporte une anecdote à propos de Shoshei Imamura qui interrompait souvent ses cours pour exhorter ses élèves à sortir et à avoir des relations sexuelles, à vivre passionnément (ndlr : Et Kitano qui se demandait comment Shoshei pouvait filmer des scènes de sexes de manières aussi cru...). En fait, à ce moment là de l'interview, il expliquait ce qu'il faisait entre son premier et son second court-métrage. Ah oui, il lisait aussi Berserk, « manga japonais ultra violent qui n'a rien à voir avec Bleak Night » selon le présentateur, et d'ailleurs c'est plus vers ce genre de chose qu'il va tendre par la suite : des personnages extraordinaires qui montrent le réel à travers l'irréel alors que Bleak Night est plutôt un reflet du réel. Un peu plus de violence et de discours indirect promis pour la suite donc, on peut partir confiants, même en plein interview, il s'agit de bouffer tranquilou avant Alien Bikini.