Suite du top 10 avec les numéros 6,5 et 4 en attendant le podium. De l'artillerie lourde : catastrophe, armée et dragons.
N°6 : D-War aka Dragon Wars (2007) – « toi t’en prendras deux… un tube entier, comme ça on ne sera plus emmerdé ».
Fiche technique:
- Shim Hyung-rae : “written and directed by” s’il vous plait. Après Dragon Tuka (1996) et Reptile 2001 (1999) il revient en 2007 avec Dragon Wars. Sur Imdb la somme des notes de ces trois films fait 9,4. Un passionné.
Score : 8 426 973 entrées
Dans D-war, on le comprend très vite, rien ne sert de compter les incohérences : l’histoire n’a aucune importance. Pour vous résumer vaguement la chose, un journaliste a été choisi quand il était petit par un talisman qu’il a croisé chez un antiquaire pour être le nouveau sauveur du monde. Parce que figurez-vous que tous les 500 ans c’est la même chose : deux serpents géants s’affrontent parce que le couillon d’élu tombe amoureux de la fille tatouée. Du coup il refuse de la donner à manger au gentil serpent et l’empêche de devenir Shenron le dragon des 7 boules de cristal. Y a aussi une armée de méchants menée par Atrox, le fils de Dark Vador et de Sauron, qui cherche la gentille fille tatouée pour la sacrifier au méchant serpent dans le Mordor le jour de ses 20 ans. Le film se passe aux Etats-Unis avec quelques passages en coréen, notamment l’épisode 1, celui d’il y 500 ans. «I keep trying to understand, but none of this is making any sense». Si c’est l’héroïne qui le dit… D-war est sûrement l’un des plus beaux navets du cinéma mondial.
Après 12 mauvaises minutes un peu lentes, on commence à comprendre : c’est fou que ce que peut faire la bêtise quand elle s’en donne les moyens. Ben voilà, à la volée et dans le désordre, elle fait ça : des kamehamehas, des lance-missiles montés sur des dinosaures, un sabre laser sans laser, Shenron sans les boules de cristal, King Kong revisité ou encore une bataille aérienne hélicoptères apaches contre petits dragons cracheurs de feu au dessus de Manhattan (en dessous évidemment c’est chars contre dino-lance-missiles et fantassins en armure de plates). Mention spéciale pour ce superbe plan trop fugitif : les deux héros amoureux se tiennent dans les bras au sommet du liberty building sous une véritable pluie de douilles de balles de mitraillettes. Le film dure 1h26, c’est juste assez, ça a forcé le monteur à couper sans scrupules et à la hache ce qui ajoute encore un peu de charme à l’ensemble de l’œuvre. Moi je dis bravo, et merci.
LE FILM :
Bonus :
Le film est sur Youtube et sur Youtube, mieux que les commentaires du réalisateur, vous avez aussi les commentaires des spectateurs. On vous conseille très fortement d’y jeter un coup d’œil en parallèle, pour peu que vous maitrisiez les rudiments de la langue de Shakespeare vous y trouverez des discussions passionnées sur les passages les plus mauvais du film (et donc les meilleurs) et vous délecterez de cette embrouille entre un coréen emporté par son patriotisme et celui qu’il prend pour un japonais. Petit extrait : « Let me teach you the truth. There're many Koreans who call Japs monkeys. You know why? Because they try very hard with short legs and ugly faces to be like humans but they''ll never be...And you're the real proof of this truth! »
Jason Behr vous connaissez? Non? Mais peut-être êtes vous un inconditionnel de Buffy contre les Vampires, dans ce cas sa tête peut vous dire quelque chose : Saison 2 Episode 7, il n'y a pas de petits débuts chez les vampires.
N°5 : Silmido, Kang Woo-suk (2003)
Score : 11 081 000 entrées
Quelle connerie la guerre, encore et toujours ! Silmido nous plonge au cœur d’une opération liant politique, défense, espionnage, et forcément, amitié, bravoure, et courage. On se retrouve sur une île (éponyme, en mer Jaune) sur laquelle des rebuts de la société sont entraînés à mort pour mener une expédition punitive en Corée du Nord avec, excusez du peu, pour objectif d’assassiner le leader Kim Il-sung.
Premier film à faire plus de dix millions d’entrée dans l’histoire du cinéma coréen, avec à la tête de la bande l’acteur Sol Kyung-gu, le film affronte de manière frontale, dans un huis-clos insulaire, la question du conflit coréen. Comme souvent, la duplicité est de mise, ici incarnée par Sol Kyung-gu, Coréen du sud dont le père a rejoint le Nord (vanne à la mode dans le film : « ton père le communiste ! »). Il semble également que le film pose la question du fanatisme identitaire et de ses limites : le plan, annulé du fait du rapprochement entre les deux nations, laissera sur le carreau cette bande de salopard à qui l’on avait irrémédiablement lavé le cerveau. Un peu à la manière de Welcome to Dongmakgol, on semble opposer un peuple coréen global et entier, victime des vicissitudes et arrangements politiques.
Le film est bourré d’actions, de cris et de chialeries. Pendant un très gros moment, c’est Koh Lanta poussé à l’extrême (comprendre que les candidats sont naturellement éliminés par la mort), avec des scènes d’entraînement à la Kickboxing et des mises de pression de gorilles. Bien évidemment le staff est super méchant, mais en même temps gentil quand même, mais vous comprenez à la guerre comme à la guerre, on ne doit pas laisser paraître ses sentiments.
Au bout du compte les soldats trahis par leur hiérarchie, qu’on cherchera à éliminer comme on tire la chasse d’eau après un quart d’heure douloureux, se révolteront et quitteront l’île pour faire connaître leur histoire. Les dernières minutes de Silmido sont ainsi l’occasion d’un finish plutôt dans la lignée de l’expansif esthétisme suicidaire de la péninsule.
Si le film n’apporte rien de nouveau à l’histoire du cinéma, le véritable point fort de Silmido semble réside dans le fait que tout ceci est … une histoire vraie ! Qu’on s’en assure en allant sur la page wikipédia (cliquez ici). A partir de là, c’est sûr que le film prend un intérêt tout différent et explique notamment que la populace se soit déplacée en nombre pour s’enquérir de ce sombre épisode de son histoire contemporaine.
LE FILM :
BONUS :
Voici un article relativement récent (20 mai 2010) qui traite du sujet. Il y est dit que les familles ont enfin obtenu réparation (pécuniaire s’entend) :
http://joongangdaily.joins.com/article/view.asp?aid=2920722
Très récemment, le film Salt a été l’occasion d’un bon finish suicidaire : un Soviétique qui, dans la Maison Blanche, cherche à s’exploser avec une grenade à proximité du Président. Du coup, avec le final de Silmido, on vous a dégoté deux autres fins de parcours qu’on trouve assez stylée dans les films : 300 de Zack Snyder et Devil’s Reject de Rob Zombie.
300 :
Devil’s Reject :
N°4 : Haeundae / Tidal Wave / The Last Day - “avant de partir sur cette mission on s’est dit : bon ils sont 1 milliard, oui bon 1 milliard et demi me fait pas flipper […] donc ce qu’on s’est dit : on va couper à la base, on va fermer le robinet à la source quoi».
Fiche technique:
- Casting: au moins deux têtes connues dans ce raz de marée : Kyung-gu Sol (Choi Man-Shik) et Ha Ji-won (Yeon-heui). On les préfère respectivement chez Lee Chang-dong et dans Duelist.
- Effets spéciaux par… des américains, les coréens se contentant apparemment des effets visuels (cf fiche Imdb) mais la frontière entre les deux est assez mince. Wikipedia annonce que le tout a été fait avec un budget cinq fois moindre que ce qui se ferait pour un film habituel…
Score : 11 397 749 entrées
Haeundae est un film catastrophe qui s’affiche et s’assume comme tel. Comprenez par là que vous aurez compris l’histoire en regardant la pochette. Ici c’est donc la question hautement symbolique du Tsunami qui est traitée, avec une rigueur et une originalité sans commune mesure. Evidemment on déconne, sauf pour le Tsunami. Ce qu’il faut savoir, c’est donc que ça se passe en Corée et qu’avec un budget d’effets spéciaux cinq fois inférieur à celui de ses concurrents américains les auteurs ont du se contenter de détruire une ville et non la Terre entière.
Pour un film catastrophe, c’est quand même très classique. Moins con que 2012, mais du coup moins drôle. On n’ose pas se moquer, on n’est pas forcément non plus emballé. Le film se démarque sur deux points intéressants : la belle place accordée à la vie des personnages avant le drame et des passages d’un humour absurde qui rejaillissent à la surface de l’écran sans prévenir, entre deux noyades tragiques.
Pendant près d’une heure, Haeundae prend donc la forme d’une sorte de drama ou de comédie romantique qui suit plusieurs personnages connectés entre eux d’une manière ou d’une autre. L’idée est plutôt sympa, là où l’on découvre d’habitude la plupart des personnages pendant la catastrophe, ici on nous les présente avant. Surtout on nous laisse les observer plus longtemps avant de les broyer. Malheureusement cette idée est assez stérile puisqu’elle sert à développer des personnages assez caricaturaux et des schémas très classiques pour le genre. L’épée de Damoclès trempe aux large des côtes coréennes pendant bien longtemps et c’est le seul élément qui donne du sens à ses histoires banales à souhait : le sauveteur qui se sacrifie, le scientifique qui voit venir le danger mais que l’on n’écoute pas, le jeune couple qui se trouve enfin et surtout la famille qui se recompose. D’ailleurs s’il y a une figure à étudier dans les films catastrophes, c’est celle du beau-père. Généralement il meurt avec la première « vague » (2012) et parfois, comme ici, on ne se soucie même pas de le montrer. Avec le jour dernier vient le châtiment divin, on se glisse pas au milieu d’un mariage impunément, même pour nourrir la mère et l’enfant.
Deuxième point, les quelques passages absurdes et comiques qui viennent égayer le film à l’occasion, montrant qu’au moins les auteurs ne se prennent au sérieux sur toute la ligne. On pense notamment à cette pluie de containers qui s’abat sur le frère (le relou du film), ils écrasent tout le monde sauf lui, tombant toujours à quelques centimètres. C’est drôle. De manière générale il faut avouer que les effets spéciaux ne sont pas trop mal et, à quelques exceptions, plutôt sobres. Pas d’avion qui slalome entre les tours qui s’écrasent donc, mais un paquebot encastré dans un pot qui explose en bombardant la ville de containers.
LE FILM
BONUS :
Un exercice pratique autour de la musique en contrepoint, enfin pas tellement, à vous de juger : Benny Hill et 2012, à force d'y faire référence on se devait de le montrer un petit peu.
Une deuxième, un bonus dans le bonus, Sacré Roland... il nous gâte. "Voice control"