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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 11:31

 Boys of Tomorrow, 2006, Noh Dong-seok

1

 

LIEN VERS L'EPISODE PRECEDENT

 

J’étais dans un merde verte caca doigt totale, celle bien liquide que vous crache le trou noir le plus célèbre des orifices teintés d’obscurité. Les neurones débraillés à califourchon, je me turlupinais les cellules de mon cerveau véritable chantier de BTP auto-justicier. Un bordel monstre et aucune réponse, de solution, d’antidote pour remettre un peu de désordre dans tout ça. J’étais là, bien présent, marchant dans cette rue par un bel après-midi pluvieux à me taper le poing droit dans ma paume gauche. Ici mais en réalité ailleurs tout comme mes aïeules en leur temps et ce même refrain qui va et revient : « Putain ! De quelle façon je vais leur mettre ? »


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Une guérilla urbaine dans leur gueule ? Une bonne grosse patate de vénère à la coréenne. Yep ! Une Révolution Artisanale ? Artisanale, ouais. Notion vague comme un terrain en friche. Et j’entendais ma mère me dire : « tu t’en fiche si tu n’y arrives pas. Du moment que tu as essayé, c’est l’essentiel.» Mais moi je ne m’en fichais pas. Et le doux rictus de la victoire ne s’affichait pas en moi. Enfin pas encore. La douleur à la tête me lançait toujours. Je m’éloignais en titubant de l’endroit où je me trouvais. Sacré coup de clé à molette. ‘foiré de bâtard. Le sang avait coagulé. Mon t-shirt blanc était tâché de mon sang. Je pensais à maman. Quartier Haute Sécurité pour ses idées. Actes perpétrés ? L’explosif pour morsure et le projectile offensif rempli de liquide comme signature. Révolutionnaire rouge sang, cœur noir face à l’arbitraire. Résultat : perpétuité à la pénitentiaire en attentat la der des der, celle où elle arpentera pour la dernière fois ce couloir l’emmenant à la mort. En attendant, pensionnaire permanente dû à son godemich’ ayant fourré l’autoritaire. Elle a marqué à l’acide le système en s’employant, se déployant sur ses proies et moi… et moi J’étais pris par le doute et le bordel ambiant dans ma caboche abimée.

 

2

 

Halte ! Quelle pensée vague, allait là ? Illitch Dillinger n’a pas taggué son dernier mot. N’allez pas croire que je suis ce genre de progéniture plus pourrie que mûre qui marche sur les traces de sa mère. Loin de là. Je n’ai rien à prouver ou à me prouver. Je suis ce lion affamé qui a soif. Ma carrière qui révolutionnera le monde du cinéma, je la mettais de côté. Et les mecs, pas loin de la vingtaine qui m’ont mis dans cet état allaient payer, juré, craché. Mon portefeuille ? Les deux salauds ! Un petit, moustache de portugais en survêt’. Un grand, chemisette et Air Max aux pieds. Je vais vous en donner moi des autographes de Kang Ye-won. Bizarrement, ils m’ont fait penser à ce film vu récemment, Boys of Tomorrow de Noh Dong-seok. Un drame (ce qui se jouera bientôt pour eux) qui raconte l’histoire de deux amis qui se considèrent comme des frères. Ki Soo, chauffeur qui se rêve en batteur professionnel pour des groupes de musique et qui s’occupe du fils de son frère. Jong-dae, lui rêve d’avoir une véritable arme à feu et nettoie les voitures pour survivre, et ce, jusqu’au jour où il parvient à travailler dans une maison close. Il s’y amourache (de façon perverse comme mes lascars avec Kang Ye-won) d’une escorte… Sauf que mes « boys », ils n’auront pas de « tomorrow ». Je vais leur péter les tympans, leur chier dans la bouche, leur crever les yeux et les pendre avec leurs boyaux. Si Kang Ye-won n’avait perdu le contrôle de son 4x4 en tentant de se remettre du rouge à lèvre après sa rencontre avec… bref, jamais elle n’aurait percuté le camion plein de matos dans lequel j’étais séquestré avec ces deux gae sangnomu sekia, armés de leur marteau. C’était moins une, comme dirait l’autre. Mais tout de même deux bons coups de portés ! Vermines !

 

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Alors que je me rendais chez David, un aminche. Je repensais bizarrement au second film de Noh Dong-seok, Boys of Tomorrow qui m’avait laissé septique comme les motivations de mes deux agresseurs. La cause de cet état dubitatif ? Celui qui m’avait frappé, alors même que j’assistais au film avec les jeunes acteurs Yoo Ah-in (qui fera « sa belle » dans Antique) et Kim Byeong-seok (déjà dans le premier film du réal’, My Generation) ? C’était un manque d’ambition de la part de son auteur. Il n’y en avait aucune. Pourtant, il semblait se donner des prétentions, du moins au départ. Finalement, le film s’avérait très inégal sur plusieurs points et du coup, il se révélait décevant en tentant de vouloir jouer avec les poncifs du film d’auteur.

 

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L’histoire ne touchait pas, pas plus que ses personnages auxquels on n’avait pas plus envie que ça d’assister à leur lendemain. Les personnages étaient torchés à la va vite, à part celui de Jong-dae. Le scénario nous livrait une énième histoire de deux jeunes paumés (comme mes libidineux agresseurs au carnet rose bonbon) à l’aura fraternel qu’un évènement allait séparer avec la rédemption à la clé. Le récit était bordélique. Il partait dans tous les sens, sans parvenir à se canaliser. La réalisation était pauvre et impersonnelle. Heureusement que Jo Sang-yon sauvait l’honneur avec sa photo. Il empocha pour l’occasion un prix du côté de Locarno en 2007. J’arrivais à ma destination. Putain de mal de crâne. Il me faut une aspirine et pas que.

 

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Badaboum ! Entrée fracassante dans la demeure. Je criai : Police ! Police ! Personne. J’appelai. J’appelai une deuxième et troisième fois, adjugé rendu, direction le sous-sol, notre QG. Le David aka Dav devait faire une séance ciné en 16/9. J’étais trempé. Besoin de vêtement non mouillé dans l’immédiat, c’était urgent, popol tirait la tronche. Allumage des feux pour éclairer les escaliers puis allumage des feux qui illuminait le sous-sol.


- Bah vas-y connard, me lança Dav qui porta à sa bouche une cigarette médicale maladroitement roulée.

 

Il était en pleine séance. J’allai à lui pour lui serrer la pogne puis je me dirigeai vers un des canapés, posé dans un coin pour m’étaler de tout mon poids.

 

- T’as pas des chips ? J’ai la dalle. Et comment se fait-il que tu ne sois pas au cinoche ?

 

- Nope ! J’ai eu la diarrhée toute la journée.

 

- Salaud ! Et tu me sers la main ?

 

- C’est toi qui viens me la serrer !

 

- OK, OK, laisse tomber.

 

- T’as quoi à la tête ? On dirait John Merrick.

 

- Deux tarba me sont tombés dessus.

 

- T’as fait quoi ?

 

- J’ai pris la tangente.

 

- Ouais d’accord mais pourquoi ? Sinon, t’es sacrément baltringue.

 

- Aucune idée. Ils ont eu peur, m’ont assommé et séquestré dans un camion. Je crois qu’il voulait enlever l’actrice du film dans lequel j’étais figurant. J’ai parlé en mal de Park Chan-wook et ils ont voulu m’écraser le crâne au marteau. Et vu qu’ils avaient des marteaux et moi mes mains, j’ai filé à l’anglaise. Je t’explique pas tout, j’ai mal au citron.

 

Dav’ me tendit le tarpé que j’agrippai de mon index et pouce droit avant de me soigner avec.

 

- Ils t’ont pris pour un hérétique mec.

 

- J’n’ai même pas eu le temps de leur dire que j’aimais Sympathy for Mister Vengeance. ‘Tain mais c’est la guerre, man ! La guerre, t’entends ?!

 

- J’entends. Et tu veux t’y prendre comment ? Et ils sont comment au juste.

 

Je l’affranchis sur leurs descriptions physiques. Il cessa de fixer l’écran de sa boîte à con pour me lorgner d’un œil ouvert et l’autre à demi-fermé.

 

- Hé mais c’est Boys of Tomorrow ! m’écriai-je en regardant le téléviseur. C’est marrant, je repensais justement à ce film en venant jusqu’ici.

 

- Je connais tes mecs, mec.

 

- Comment ça, tu connais « mes mecs, mec » ?

 

 

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Dav et moi, on se caillait les miches dehors. On attendait. La nuit était tombée. Il continuait à pleuvoir. On partageait un parapluie pour deux. Je m’étais enfilé 5 Aspégic 1000. La daronne de Dav m’avait nettoyé et recousu la plaie balafrant ma bobine. J’étais saucissonné dans un survêt’ Reebok Classic bleu marine/vert/blanc prêté par Dav. Ce dernier se rencardait sur Boys of Tomorrow. Je lui annonçais la couleur :


- Inintéressant. Tu peux arrêter le visionnage. Le type de film qui a le cul entre deux chaises. Un peu auteur mais pas vraiment. Autant voir les films qui touchaient au sujet avec doigté.

 

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Je lui avouais avoir cherché une quelconque importance sociologique, des fois que. J’ai tenté de donné sa chance au film. J’ai tenté de percevoir un message sur une partie de la jeunesse, d’une génération sans repère qui aurait pu sauver le film. Mais non. Boys of Tomorrow semblait s’auto-suffire à lui-même et malgré le fait que sa durée était standard, il était par moment d’une longueur… pas inoubliable donc. Ah si ! A la limite le film pouvait valoir pour la prestation de ses deux acteurs principaux mais même-là, j’émettrai des réserves. Passons vite à un autre sujet.

 

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- On va revenir à tes deux lascars, fit alors Dav d’un signe de la tête vers l’horizon.

 

Je scrutais dans la direction indiquée par sa tête. Six ombres marchaient dans notre direction. Elles marchaient côte à côte sur la largeur de la rue dans laquelle on se trouvait. Ces ombres étaient recouverte chacune d’un k-way noir avec capuche portée. On pouvait percevoir des scintillements qui provenaient de leurs chaussures, scintillements qui reflétaient la lumière des lampadaires. Ils arrivèrent jusqu’à nous, leurs chaussures, c’étaient des bottes cloutées ! On distinguait à peine leur visage. Je me risquai à demander :

 

- Qui sont ces types ?

 

- Notre personnel. Un peu comme le personnel du bordel dans Boys of Tomorrow. On va s’occuper de tes deux gus. Toi, va te soigner.

 

- Lâche l’affaire ! Je fais partie du plan. Ils veulent faire les oufs. On va faire les dingues. Et puis on est où là d’ailleurs ?

 

- Devant l’appartement du grand qui portait les Air Max, plutôt celui de ses parents. On l’appelle Joy Means Sick. Il a été adopté ce con.

 

- Alors qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?

 

- Juste avant, je leur envoi une photo de nos amis bottés jusqu’aux clous.

 

Les six ombres enlevèrent leur k-way. Voici vos bourreaux mes deux enfoirés !

 

 

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- Espèce de nihiliste, me crache à la figure l’énergumène cravaté (le père de Joy Means Sick).

 

Je restai de marbre (un marbre mortuaire blanc aux nervures grises), pris un air intelligent (comme le penseur de Rodin) et l’embrassa sur le front d’un de ces baisers bien baveux (comme une baveuse qui aurait donné). Je lui collai un sparadrap sur ces lèvres de capitaliste nauséabond, me leva et admira l’assistance toute familiale prise en otage par moi et les miens. Je montai alors sur la table ovale envahissant la pièce, une salle à manger d’une cinquantaine de mètre carré, s’il vous plaît. Oh ce que j’aurai aimé m’admirer, me voir tout en haut du gratte-ciel dans lequel je me trouvais. On se serait cru dans les derniers films d’Im Sang-soo… pouvoir et décadence.

 

- Je. Moi ? Vous devez sans doute vous demander qui suis-je, n’est-ce pas ? Je suis Illitch Dillinger. Après moi : DI-LYNE (comme Renaud)-GUEUR. Monsieur Illitch Dillinger, moi-même, fait la guérilla, la guerre à votre fils et à son acolyte à l’ombreuse d’un pré-puber’. Ces derniers m’ont malmené. Alors je viens semer, récolter, rage et haine.

 

- On sort le napalm ? me demanda Dav.  

 

- Ma foi, c’est une bonne idée. Courez, courez lorsque Monsieur napalm montre le bout de son nez, car s’il vous demande de vous approcher ce n’est que pour mieux vous carboniser. C’est le grand méchant loup rej’ton de la barbarie outrageusement humaine confectionné par nos bons soins. Nous, les « gentils» de cette histoire, ici même au vingt-septième. La vie est parfois bizarre. Un paquet de chips chopé au distributeur, un coup de clé, la suite vous la connaissez. A croire que c’était écrit. Si ça ne l’est pas, alors armez-vous d’un stylo et d’un bout de papier. Prenez des notes ça « pourrie » vous servir. A l’avenir que les deux « no tomorrow boys » prennent conscience que leurs actes ont des conséquences. Et lorsque tu récoltes ce que tu as éjaculé, c’est la démarche cow-boy pour longtemps. Hé ! Clint ! V’la les Apaches…

 

Ils titubaient, titubaient, ils entubaient, faiseur de tube, c’étaient les énormes et non des moindres fourniqueurs des normes et valeurs sans le moindre des scrupules. Carlos les sponsoriserait.

 

- Mesdames et messieurs faites place aux Boyfriend ! s’écria Dav.

 

Ils titubaient, titubaient dans la pièce, titubaient encore, encore un peu, le teint blafard. Ils s’arrêtèrent net devant une porteuse Dior (la mère de Joy Means Sick) et ils lui dégueulèrent dessus. Ils vomirent, gerbèrent, évacuèrent la tuyauterie. Une robe pour la poubelle, terroristes du prêt à porter. « Assassin ! » crierait l’assemblée si elle n’était pas bâillonnée. Le dégoût pouvait se lire sur leur visage mais également du mien et celui de Dav. Ils vomirent à nouveau sur la même porteuse de valeur ajoutée. Une fois la dernière portion évacuée, ils s’avancèrent vers les hommes qui prirent peur pour leur costume. Ils s’agenouillèrent tour à tour, prirent les cravates Gucci avec lesquelles ils s’essuyèrent la bouche puis ils se levèrent, nous regardèrent (moi et Dav) et nous sourirent. Le châtiment pouvait commencer…

 

 

 

 

 

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commentaires

P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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