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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 20:29

Nabi, Moon Seung-wook, 2001

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Joy Means Sick dénoua son écharpe et se laissa glisser le long du mur de la ruelle où il avait trouvé refuge. Ca sentait la pisse et le chien mouillé, il sortit de sa poche une seringue contenant un liquide jaunasse et visa une veine au hasard. Diverses traces de petits hématomes constellaient sa gorge, l’aiguille traversa l’épiderme sans trop de difficulté et il grimaça de douleur tout au long de l’injection. Ces salopards de l’industrie pharmaceutique devaient se faire un fric fou avec leurs piqures anti-radiations. Personne ne savait si c’était vraiment efficace d’ailleurs, mais dans le doute… L’année 2025 tirait sur sa fin et la ville libre de Busan se recouvrait d’une neige verdâtre inquiétante. Joy Means Sick était arrivé sur la péninsule quelques semaines auparavant à la recherche du fameux virus-qui-vous-efface-la-mémoire. Il en avait trop vu, son cortex menaçait d’exploser et il était temps de remettre les compteurs à zéro.

 

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Si le cataclysme nucléaire s’était produit cinq années auparavant, pour lui tout avait basculé il y avait vingt-quatre ans, alors qu’il rentrait chez lui minuit passé après la première fête bien arrosée de sa courte adolescence. Il avait poussé la porte la tête en toupie et la peur au ventre. La lumière allumée dans la cuisine n’était pas bon signe, son père devait l’y attendre l’air grave et la ceinture à la main. A la première flaque de vomi il comprit que quelque chose ne tournait pas rond. A la seconde il manqua de glisser. La troisième le mena droit à la cuisine où il découvrit une scène apocalyptique. Un gros rouquin en couche culotte se tenait debout sur la table en chêne, un gun à bille dans une pogne, l’autre bien au chaud dans la couche. Le regard d’un pitbull sous extas, défoncé aux médocs de la daronne qui trainaient encore sur le sol, il tenait en respect ce père que JMS avait toujours craint et cette mère qu’il méprisait depuis qu’il avait cessé de lui téter les seins. La silhouette recouverte de tâches de rousseurs se retourna au moment où le plus beau chassé de la carrière de Joy Means Sick l’atteignit au genou ; hommage posthume aux articulations de Djibril Cissé et autre Shabani Nonda qui obligea JMS à se signer de la croix (clique ici si t'es un homme). La mâchoire du rouquin heurta le coin de la table avec un crac peu appétissant et il reconnut le faciès de portugais de l’hérétique qu’ils avaient rossé avec son pote Sans Congo sur le tournage d’une pub pour soda. Le seul portugais roux qu’il n’ait jamais croisé.

 

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Dans le salon il découvrit un blanc bec à moitié nu enlacé avec six tafioles en cuir moulant. Leurs ronflements et la bouteille de Chivas de papa qui trainaient sur le sol lui confirma que ses hôtes ne tenaient pas l’alcool et il retourna à la cuisine, tira le rouquin par le chignon jusque dans sa chambre, revient dans la cuisine, ramassa un survêt Reebok classique taille S qui trainait par terre, s’en servit pour essuyer le vomi dans l’entrée et s’enferma dans sa chambre. Illitch Dillinger était encore dans les vapes, Joy Means Sick transforma le survêt souillé en une antithèse de coton imbibé de chloroforme. Les paupières d’I.D. s’ouvrirent, ses pupilles s’écartelèrent et il commença à se débattre. Lorsque qu’il menaça d’étouffer JMS jugea qu’il était temps de fermer la porte derrière lui, et à clé. 

 

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Il sortit trois heures plus tard, des gouttes de sang sur le visage, un sourire figé sur ses lèvres d’enfant et un rouquin au visage déformé au bout d’une laisse. Il cracha sur son père, lui piqua sa carte bancaire et quitta la France un marteau dans le sac à dos pour une vie de débauche et de violence. Premier arrêt Séoul où il avait pensé sabrer le champagne dans un karaoké entouré de chanteuses de K-pop à moitié nues mais sa faiblesse naturelle le rattrapa et il se rendit au cinéma voir un film de science fiction fauché, tourné en DV et projeté en 35mm, le prophétique Nabi de Moon Seung-wok.

 

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Nabi est un film de science-fiction fauché, bricolé à l’énergie, et se présente d’ailleurs comme cela, c’est à dire comme un invité imprévu dans une soirée VIP, un film qui serait rentré au mérite et pas au chéquier et avec aux pieds une image DV bien loin des Jean-Marie Weston accréditées. Nabi, qui apparemment signifie papillon, se déroule dans un futur pas si lointain, dans une ville qu’on ne nomme pas et après ce que l’on imagine être un cataclysme qui restera dans le flou. En gros un espace éthéré et brumeux introduit comme tel sans justification ni ticket de caisse, un simple décor pour une histoire métaphorique qui se concentre sur les personnages. Il y a bien des pluies acides, des intoxications au plomb et surtout un virus qui efface la mémoire, mais il s’agit avant tout d’une toile de fond sur laquelle sont dépeints les trois personnages principaux, leurs relations et leurs douleurs intemporelles. Anna Kim (Kim Ho-jung) vit en Allemagne et revient en Corée via un tour opérateur à succès qui proposent à tous les blessés mentaux du monde de rencontrer le virus et de repartir comme un sous neuf. Sa blessure a elle a une manifestation physique, une cicatrice sur le bas du ventre, trace indélébile d’un enfant mort-né. A son arrivée à l’aéroport elle est prise en charge par Yuki (Kang Hye-jung), la guide envoyée par le tour opérateur, une jeune femme pleine de vie et d’enthousiasme, au bonnet vissé sur la tête et au ventre gonflé, du genre à mettre sa santé en danger pour pouvoir travailler et préparer l’arrivée du bébé. Le trio est complété par K (Jang Hyun-sung), autre employé de l’agence qui officie en tant que chauffeur, qui passe pas mal de temps au téléphone, que l’on film beaucoup à travers le rétroviseur central de sa caisse et qui, plus jeune, a été abandonné par ses parents. Du coup K place une photo de lui enfant à côté du siège passager et n’hésite pas à prendre des clients en plus de ceux qu’il a déjà l’arrière, histoire de multiplier les chances de croiser quelqu’un qui le reconnaitrait et pourrait lui pointer du doigt son arbre généalogique.

 

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Si l’image fait de son mieux avec les moyens du bord, si les plans larges sont aussi rares que les voitures volantes et autres cyborgs, c’est certainement par manque de thunes, mais c’est aussi parce que c’est Moon Seung-wook est un petit malin qui a su mettre ses quelques œufs dans le bon panier et tout miser sur les personnages. La situation géopolitique ? Le contexte historique ? Il les prend pour acquis, comme s’il filmait son histoire dans une ville d’aujourd’hui, sans s’embarrasser de la présenter, de donner son taux de croissance, le prénom de son maire et la taxe d’habitation en vigueur. Il s’intéresse aux personnages dans le cadre qu’il a créé et les cadre de manière à ce que l’univers évoqué reste crédible. Parce qu’il n’avait peut-être pas beaucoup de maille, mais de sa besace il nous sort quand même un casting chromé or, littéralement estampillé KBP, avec à l’envers : Kang Hye-jung, dont c’était le premier long métrage et qui derrière enchaine sobrement avec Oldboy et Cut de sieur PARK Chan-wook, Kim Ho-jung qui venait de tourner dans le premier film d’un jeune réalisateur du nom de BONG Joon-ho, et enfin Jang Hyun-sung qui avait enchainé des rôles dans Shiri et Real Fiction (de KIM Ki-duk) et que l’on retrouve ensuite dans plusieurs films de Song Il-gon (Spider Forest, Feather in the Wind) ou bien en 2006 dans Romance, le film suivant de Moon Seung-wook

 

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Le film en lui même a suscité un certain émoi en festivals et quelques envolées lyriques chez les critiques de cinéma avides de sang neuf. L’évidence, c’est que le drame éthéré, détaché des considérations actuelles, a plus de chance de toucher là où ça fait mal, dans les douleurs intemporelles et universelles, l’essence des choses si l’on veut. Les schémas sont classiques mais les chemins empruntés font d’agréables détours et, au lieu de s’interroger sur le réalisme des situations et des décors, on s’attache à découvrir l’univers que l'auteur a pu créer. Le récit lui même se veut elliptique, présentant une série de moments clés, un peu comme un album photo, surtout comme une série de souvenirs libérés des articulations narratives classiques. Une sorte de film fluide qui fait la part belle à l’eau, qu’elle soit danger sous forme de pluies acides ou lors d’un accident de voiture, ou réparatrice et synonyme de vie à l’image des rapprochements des corps lors des scènes de douches, au détour d’une séquence de piscine ou d’une pause face à l’océan, et enfin à travers l’envie de Yuki d’accoucher dans l’eau. Reste une certaine distance face à tout cela, on reste dans le domaine du souvenir sans vraiment le vivre au présent. C’est un souvenir lointain et calme, comme si la douleur avait passé, comme s’il n’était pas nécessaire d’effacer ses souvenirs pour continuer à vivre.

 

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« Mouais ». N’empêche qu’avec la nuit de folie qu’il venait de passer au bordel de papy Song, Joy Means Sick en avait des choses à effacer. Il se releva prestement et après avoir vérifié que la voie était libre, il sortit de la ruelle et se fondit dans la foule à la recherche du virus qu’il était venu traquer.

 

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Et Illitch Dillinger dans tout ça ? L’histoire veut qu’il soit resté à l’aéroport après un long débat entre les douaniers pour savoir si l’on pouvait le considérer comme un animal de compagnie et le laisser accompagner JMS dans l’avion. 

 

 

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 09:42

      Woochi, le magicien des temps modernes, Choi Dong-hoon, 2009

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Aujourd’hui tout le monde parle de The Thieves, bave devant la plastique de Gianna Jun (My Sassy Girl, Windstruck, Il Mare) et s’émoustille devant le charisme de Lee Jung-jae (The Housemaid et son « suce » impératif, Il Mare). 13 millions d’entrées, un pitch à la Ocean’s Eleven, mouais, pas de quoi sortir son marteau pour arracher deux dents à un tortionnaire. On oublie souvent de mentionner que le réalisateur Choi Dong-hoon n’en est pas à son coup d’essai, c’est quand même un mec qui a réussi à planter 7 millions d’entrées avec un titre comme Woochi le magicien des temps modernes, un film qui mêle le bâton magique de Sangoku, le mafuba de Tortue Géniale, les personnages de Bloody Roar 2 et des combats à la Matrix.

 

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Woochi (Gang Don-won) et son fidèle Chorangyi (Yu Hae-jin) après un bar-baskets.

 

Avalanche de post-prod numérique oblige, la scène d’intro ressemble fort à celle d’un jeu vidéo. Dans un décor chtonien gris métallisé, un archange joue de la flûte pour maintenir enfermés démons et gobelins, activité qui requiert un sacré souffle puisqu’il doit s’y atteler 3000 jours d’affilé sans pause casse-croute ni pipi. La musique adoucit les mœurs et tout va bien, jusqu’au 2999ème jour, où les trois dieux taoïstes chargés de compter les jours se plantent comme des crétins, font signe à l’archange qu’il peut se reposer, ce qui précipite tout le monde dans le chaos et sur la terre. Démons, gobelins et archange prennent forme humaine, oublient momentanément leur passé infernal et atterrissent dans la Corée médiévale du 16ème siècle. Les trois dieux les suivent, se montrent aussi couillons sur terre que dans les cieux et décident de partir à la recherche de la flûte magique pour rétablir l’ordre des choses et enfermer les gobelins dans des petites fioles en terre cuite. Honnêtement on n’est pas loin de la technique du Mafuba et de l’autocuiseur de Dragon Ball, mais sans le swag et la barbichette qui vont avec. Petite licence vis à vis de l’histoire, la Corée du 16ème siècle abrite quelques magiciens de renom qui se disputent amicalement gloire et prestige. L’un d’eux s’appelle Woochi et se présente comme un personnage benarfesque par excellence : un magicien qui manque de sérieux mais pas de talent et qui préfère se la péter devant la cour du roi que sauver l’humanité. Il va devoir affronter Hwadam, magicien surpuissant mandaté par les trois dieux pour récupérer la flûte, magicien qui se révèle aussi être un gobelin ou un démon et qui bute le maitre de Woochi pour récupérer la flûte. Pour faire court, après deux trois tapes armé du bâton magique de Sangoku face à Bakuryu et Alice de Bloody Roar 2, Wooshi et son fidèle compagnon Chorangyi (un chien qu’il transforme en homme ou en cheval à l’occasion) se retrouvent prisonniers d’une estampe avec une moitié de la flûte ; la faute aux dieux taoïstes qui dans l’incarnation des défauts humains n’ont rien à envier à leurs cousins grecs et qui prennent Hwadam pour leur sauveur. Cinq cents ans plus tard, Riri, fifi et loulou déchantent : Bakuryu et Alice sont de retour et impossible de mettre la main sur Hwadam pour les aider. Ils décident alors de libérer Woochi, en plein Séoul du 20ème siècle. 

 

 

 

Le film dure deux heures et se déroule à un rythme effréné, calqué sur le modèle de ces blockbusters américains qui pratique une technique de harcèlement mélée au mythe d'Orphée et Eurydice: 1/ne jamais laisser le temps au spectateur de se retourner pour questionner ce qu’il vient de voir, 2/ l’aider à avaler de grosses pilules à grands coups de scènes d’action et d’effets spéciaux. Si on se retourne, si on arrête de croire, si on se montre trop critique, le rêve se brise. Un film n’étant pas forcément un récit réaliste, à partir du moment où l’on accepte que M soit assez bête pour ordonner à une James Bond girl de tirer au risque de tuer 007, et ce dernier suffisamment balèze pour survivre à une chute de 50 mètres avec deux balles dans le caisson, on est prêt à accepter que James ne soit pas fouillé chez les méchants, qu’un assassin professionnel garde son assurance paiement dans sa mallette et que quand on s’appelle Daniel Craig ce n'est pas la peine de s’embarrasser à discutailler : si une fille vous fait de l’œil dans un bar, vous pouvez ensuite tenter la technique de l’homme tout nu et vous glisser par surprise sous la douche avec elle : elle ne criera pas, ou pas tout de suite et pas de peur. Le deal fait avec le spectateur est assez simple et finalement honnête : on prend des raccourcis pour lui donner ce qu’il est venu voir : de l’action, de l’héroïsme et de jolis (dé-)corps. Peu importe si entre tout cela les articulations sont minces, tant mieux même, c’est moins de temps de perdu. Bref ici on ne se demande pas pourquoi Hwadam est toujours en vie au 20ème siècle (les magiciens seraient immortels, mais qu’est-il advenu des autres ? – à moins que l’explication soit sa nature de gobelin/démon mais dans ce cas là en 500 ans les trois dieux auraient pu se douter de quelque chose), ni pourquoi les gobelins refont surface, et encore moins pourquoi la jeune fille que Woochi avait sauvé à l’époque des rois est toujours en vie (ou du moins a été réincarnée, ce qui serait bizarre parce vu que – attention SPOILER – c’est en fait l’archange à la flûte et que la moindre des choses serait qu’elle soit elle aussi immortelle). Enfin… si, on se demande, on est même assez perplexe, mais comme il faut suivre l’histoire et le montage à 100 l’heure (en termes de densité d’informations plus qu’en termes de nombre de plans par minute), et que de toute manière on est en train de regarder un blockbuster coréen avec un magicien pour minettes et un chien qui parle, on se dit que l’univers du film répond à une autre forme de logique.

 

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Le tout passe bien et surtout c’est produit de manière très propre, avec des effets spéciaux plutôt convaincants et une bonne humeur qui plaira aux marmots. On se demande même si la Corée n’a pas une attitude volontariste en matière de cinéma, qui la pousse à se frotter à des genres habituellement réservés aux américains histoire de développer des compétences en interne et de ne pas se limiter à une niche à double entrée (violence noire / rom-com toute mimi) sur les marchés internationaux. L’image, confiée au fidèle Choi Yeong-hwan, colorée et contrastée correspond aux standards (plutôt élevés) d’une grosse machine sud-co et même si le charisme des gobelins n’atteindra jamais les chevilles des Rahzar et Tooka de l’immense Tortues Ninjas 2, les scènes de combat sont plutôt sympas et bien foutues. Les héros cabotinent, l’histoire est light, l’imaginaire une sorte de patchwork multiculturel et le tout un film que l’on apprécie au gré de son humeur du jour. Le genre de truc qui a du sortir à Noel ou au mois d’août (ndlr : sortie le 23 décembre 2009 en Corée).

 

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BONUS 

 

 Rahzar et Tooka, Tortues Ninja 2, "Go ninja go" et "disparition ninja", à voir en VF de préférences pour l'accent re-noi de Raphaël

       

 
  

Bakuryu VS Alice, la taupe VS le lapin, Bloody Roar 2 VS Woochi.

 

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Le Mafuba de Tortue Géniale sur un air de James Bond

 

            

Un best-of de Dirty Master Roshi...

... aka Tortue Géniale...

...aka Kamé Sennin ("le maitre/l'ermite des tortues")

 ...aka Muten Roshi (son vrai nom)

...aka Jackie Chun

...aka Duende Tortuga / Genio de la Tortuga (en espagnol)

...aka Maestro Muten / Eremita della Tartaruga (en italien)

...aka Tartaruga Genial (en portuguais)

...aka Master Roshi / The Turtle Hermit (en anglais)

... et la suite de la liste ICI


 

 

 

 

 

 

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 17:16

      Doomsday Book, Yim Pil-sung & Kim Jee-woon, 2012

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Sans Congo mon ami,


Me voici de retour sur la plage de Cayo Largo où je prends soin de vivre dans une perpétuelle gueule de bois en mémoire de ce fol été que nous passions ici il y a déjà deux ans (lien vers l'épisode précédent : Natural City). L’endroit est toujours aussi charmant et si notre monde était à son tour menacé par une boule de billard géante, c’est certainement ici que je viendrais fêter la vie une fois pour toute. Voici d’ailleurs qu’on m’apporte mon cinquième mojito de l’après-midi et je me demande bien ce qui pouvait être si urgent pour vous retenir dans la grisaille et la pluie. J’espère que ce n’est pas une question d’argent ni d’honneur, mes affaires au Nigéria marche très fort en ce moment, et maintenant que nous sommes redevenus frères de sang, j’entends bien vous faire profiter du confort matériel dont je jouis. Votre chère Rita est toujours aussi charmante (soyez assuré que je prends soin d’elle) et elle vous passe ses tendres salutations. Quant à moi, je vous écris pour une toute autre affaire : Doomsday Book, toute récente production sud-coréenne que vous recommandiez avec force et conviction alors que nous nous quittions les larmes aux yeux au milieu du terminal 2C de l’aéroport Charles de Gaulle.

 

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J’écris à chaud car je viens de finir le troisième segment et ne saurais trop que vous dire si ce n’est que je ne partage qu’à moitié votre élan passionnel vers ce nouvel essai de film de science-fiction de nos amis coréens. Notre dernier débat à ce sujet concernait Natural City et les rôles étaient alors inversés. C’est donc tout naturellement que je me suis installé dans votre chaise longue d’alors pour vous écrire ce courrier sur mon tout nouveau ipad.


Voyez-vous, si je reconnais certaines qualités au film dans son ensemble,  il me semble surtout qu’il souffre de grosses lacunes qui expliquent mon absence d’enthousiasme pour un objet cinématographique qui, a priori, semblait façonné pour me séduire : « film-omnibus-sudco-avec-pour-thème-la-fin-du-monde ». Que demander de plus ? Mais de la folie mon ami ! Et du rythme, du rythme, bon sang. Vous me trouverez dur sans doute, mais que puis-je faire sinon être honnête envers vous ? Je crois que je n’aime pas ce Yim Pil-sung - qui m’avait déjà ennuyé avec les très plastiques et très vides Hansel & Gretel et Antarctic Journal - et bien que j’ai le plus grand respect pour Kim Jee-woon, je viens de voir Deux Sœurs et je tairais ma déception à ce sujet par simple pudeur.

 

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N’y allons pas par quatre chemins. J’ai trouvé le premier récit un peu plat pour un film de zombies même si j’ai retrouvé avec plaisir cette bonne vieille pogne de Ryoo Seung-boom qui m’avait beaucoup manquée. Comme dans le troisième segment (j’y reviendrai avec des nuances), le point de départ est d’une faiblesse étonnante et qu’on ne vienne pas me tancer en me disant qu’il s’agit a) d’un comique de l’absurde, b) d’une référence biblique. Ainsi notre ami Yim Pil-sung, que l’on avait chargé de traiter de l’apocalypse, ne trouve rien de mieux à proposer qu’une pomme pourrie qui, une fois jetée aux ordures, sera recyclée en nourriture pour bétail, bétail consommé avec allégresse sur les plaques chauffantes des barbecues sud-coréen ? Ah oui, je vois, une critique sociale ? On bouffe notre merde ? (je m’interromps deux secondes pour une urgence, on vient de me signaler la ressemblance entre l’un de nos proches amis et  José Anigo jeune).

 

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En ce qui concerne le second segment, je regrette principalement le manque d’action. Le point de départ est cette fois plus à mon goût : Bouddha réincarné en robot, ça plante quand même quelques questions spirituelles dans le jardin de la SF. Et avec un mec qui a donné à Schwarzie le premier rôle dans son prochain film, je m’attendais à un mélange des genres intéressant. Mais là encore - hélas ! – je suis resté sur ma faim. Mis à part cet étrange passage dans lequel une jeune femme vient supplier le héros de réparer son chien robot au milieu de la nuit, j’ai trouvé le film assez convenu et surtout très bavard. Si je résume de mémoire, le film s’articule ainsi : le héros, réparateur de robot, vient examiner un robot dans un temple bouddhiste qu’on lui présente comme le plus avancé des disciples sur la voix du Nirvana. Tout va bien, lui ne veut voir qu’un robot, les moines et la plus effarouchée de leurs représentants s’emportent : derrière les circuits électroniques, ils voient Bouddha réincarné. L’antithèse A affronte la thèse B. Deuxième temps, chez lui, le soir, ça remue dans sa tête, il ne sait pas quoi mettre dans son rapport et son entreprise lui signifie clairement que de toute manière les robots de ce modèle là doivent être éliminés : ils sont trop intelligents. Là encore, affrontement entre les deux thèses, cette fois-ci ça se passe dans la tête du héros. Enfin le grand final, le PDG de la boite de robots et sa team d’exterminateurs débarquent dans le temple. Ça aurait pu tourner chocolat avec sauce hémoglobine, mais là encore, tout se joue par la parole. La fin m’a plu, je pense que je garderai un bon souvenir de l’idée du film mais bon dieu s’il s’agit juste de débattre alors autant le faire à la radio merde.

 

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Je suis injuste et avant d’attaquer la troisième partie (sûrement le meilleur moment de cinéma que m’ait donné Yim Pil-sung) j’aimerais rendre hommage au travail de Kim Ji-yong  (et de Ha Sung-min aussi apparemment) qui poursuit ici le travail très graphique entrepris sur deux des films précédents de nos deux réalisateurs : Bittersweet Life et  Hansel & Gretel. On y retrouve le même soin apporté à chaque gros plan, le même plaisir d’éclairer des décors riches en couleurs et en lumières, la même précision au niveau des cadres, bref du beau travail avec toujours le même revers de médaille, une image peut-être trop léchée et trop propre qui nous faisait autrefois comparer positivement Bittersweet life et une pub Chanel.

 

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En ce qui concerne le dernier segment, je peux comprendre qu’il vous ait laissé un doux souvenir. Sans pour autant constituer une date majeure dans l’histoire du cinéma, il a le mérite de combiner les deux atouts de chacun des premiers segments. Le côté fun du premier et la fine touche spirituelle du second. Le « fun » comme on dit aujourd’hui, c’est cette histoire absurde de commande par internet de boule de billard qui est livrée deux ans plus tard sous forme d’un météore de 10 kilomètres de diamètre, et le côté spirituel, c’est cette sentence finale « peut-être que son heure était simplement venue, comme cet endroit » (à ce moment-là, vous vous en rappelez sûrement, on parle de la disparition de la boule de billard géante avec en toile de fond un Séoul apocalyptique). Si l’on ajoute à cela une sympathique ambiance familiale dans un abri souterrain qui n’est pas sans rappeler la cave de Save the Green Planet et des passages d’émissions télé délirants (je suis sûr d’avoir partagé avec vous un franc éclat de rire au moment ou le présentateur s’essaie au chassé des deux mains sur sa collègue), je trouve que le résultat est tout à fait satisfaisant.

 

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En parlant d’émission de télé, je me rappelle celle du premier épisode avec Bong Joon-ho en guest-star, excellent.


Je termine donc sur cette note positive et attend votre réponse sous les palmiers des tropiques. Sur ce, je me repasse l’album de la Clinique. Plaiiiyyyyyya


Bien à vous,

 

 Joy Means Sick

 

PS : J’accuse par la même occasion bonne réception de votre courrier m’encourageant à visiter ce merveilleux site qu’est East Asia et en particulier leur sublime article intitulé « A Change is yet to come ». Avec mes nouveaux amis latinos, nous avons beaucoup rigolé et ils sont déjà nombreux à me demander des autographes de ce fameux Monsieur Lopez (qui, ils n’en doutent pas, n’est certainement pas un descendant de chez eux)

 

 

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Cher Joy Means Sick, mon ami

 

Je suis bien heureux de votre lettre, elle éclaire ma modeste remise d’une lumière puissante. La semaine dernière, mon fidèle Nimuendaju est mort d’un rhume.  Cet évènement malheureux m’a abandonné aux méandres de la contrition. Les mouchoirs usés, que je lui offrais en échange de sa prompte et respectueuse diligence, devaient avoir raison de son métabolisme. Je fermais les yeux pourtant ; aujourd’hui, je m’en repens.


J’aurais dû vous suivre à Cayo Largo. Mon projet d’usine à chaussettes, si vous me permettez l’expression, file un mauvais coton. Le Mato Grosso est une terre hostile où le peigne-cul des boulevards parisiens est un modeste amuse-gueule. Avec le recul, je maudis mon appât du gain, ma folie des marges ; je peux vous le dire franchement, la délocalisation a des limites – c’est d’ailleurs pourquoi je vous invite à traiter vos affaires au Nigéria avec prudence.


« Je hais les voyages et les explorateurs » pourtant, l’argent me perdra.

 

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Je vous trouve bien dur avec The Doomsday Book, mais n’est-ce pas cette rudesse qui a permis à votre peuple d’essaimer sous les températures du cruel Odin ?  Je continuerai à défendre ce film comme on part en croisade, sans haine, mais sans faiblesse : autant mourir The Doomsday Book sur la poitrine que vivre  The Natural City en main.


Vous voulez « du rythme, du rythme », vous mourrez « de folie », mais mon cher ami, en êtes-vous resté à l’époque où vous visionniez Oldboy pour la première fois, l’acné ravageant votre peau fragile, une canette d’Ice Tea pêche pour adoucir l’âpreté d’une pizza Franprix au contact de votre palais. Nous vivons une époque terrible, la fin du monde : si vous parvenez à trouvez un film de science-fiction sud-coréen convenable, retenez-le comme l’entrée du paradis, ou vous périrez dans l’enfer d’un 2009 Lost Memories.

 

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Et je trouve votre objection contre le premier segment tout à fait déplacée. Il y a du rythme et de la folie dans cette histoire de zombie. Quel est l’intérêt de ce passage ? Est-ce le zombie qui infeste les trottoirs ? Le sang ? Le gore ? Non, trois fois non ; évidemment, tout à été dit, mais tout reste à faire. Yim Pil-sung est peut-être creux et visuel, mais vous me rejoindrez, je crois, dans l’intérêt de son œuvre : que faire durant les premières heures d’une attaque zombie ? Les retrouvailles avec notre ami Ryu Seung-Beom vous réjouissent, je n’en doutais pas, mais n’est-ce pas finalement l’apparition salutaire de Bong Joon-ho la clé du film ? On voit de la communication, du débat, de la parlotte ; qui dit que le zombie est notre ami ; tel autre estime qu’il faut fermer les frontières aux étrangers ; untel juge que c’est la droite, au pouvoir depuis plusieurs années, qui est la cause de l’épidémie ; tel autre estime qu’il est temps pour le prolétariat de prendre le pouvoir. Voilà tout l’enjeu de ce segment, c’est un enjeu préfectoral : une crise survient, que fait-on, quelles décisions prend-on, quelles personnes sacrifie-t-on ? Alors évidemment, vous pourrez juger futile la référence à la pomme, à l’arbre de la connaissance, à Adam et Eve, mais que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre – en d’autres termes, commencez par verser le solde de vos employés de vos mines congolaises pour prétendre à critiquer cette faiblesse. Brave New World s’inscrit dans la tendance du zombie intimiste, un genre entrevu par Romero mais trop peu exploré malheureusement, Yim Pil-sung a au moins le mérite de le faire vivre.

 

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Pour le deuxième segment, là, je vous le dis bonnement, je suis en franc désaccord : aussi simplement que ces quelques syllabes, j’ai trouvé le segment de Kim Jee-woon, Heavenly Creature, brillantissime. C’est beau, c’est émouvant, c’est compact, c’est inspiré. Encore une fois, rappelez-vous 2009 Lost Memories. Je comprends votre objection sur l’image léché, je conçois très bien qu’elle peut finir par être lassante comme le jeu du FC Barcelone. Mais que voulez-vous, c’est ma faiblesse, ma Tour Eiffel, ma gourmandise. Ce sont ces images soignées qui m’ont initié au cinéma sud-coréen, ce sont ces images qui m’ont fait sombrer dans la k-pop – et une forme de perversité, certainement.


Honnêtement, ce plan où une jeune fille demande à ce qu’on répare son chien robot, ne l’avez-vous pas trouvé d’une profondeur abyssale ? Elle s’occupe de son chien comme d’un être vivant, mais elle le traînasse comme un vulgaire objet. N’est-ce pas la déperdition du sens des choses ? Cette déperdition que le robot-moine finit par comprendre en acceptant sa mise à mort – c’est évidemment Jésus, vous le savez bien. Vous n’avez pas aimé ce long passage discursif à la fin du segment, il m’a bouleversé. Je n’avais plus pris autant de plaisir depuis belle lurette. Alors vous avez beau jeu de me parler de radio, je connais votre appétence pour l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut sur France Culture. Je sais que c’est votre nirvana, votre petite friandise hebdomadaire, votre gymnastique intellectuelle. J’ai vu dans ce dialogue, pour ma part, le drame des êtres humains – contribuer, de manière fascinante, à leur propre perte – et l’illusion qui dirige notre monde. Ce robot est peut-être un prophète, c’est peut-être aussi un charlatan. Heidegger ou Zénon ? Je ne puis choisir, je ne veux pas choisir : je me comporte comme Kim Jee-woon l’observe. J’ai peur de croire et je crois que j’ai peur.

 

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Il serait bien fou d’essayer de raconter ce segment, je ne peux qu’inviter l’univers à s’y intéresser. Je ne parviendrai pas à civiliser le Mato Grosso avec un Sud-coréen flamboyant, je le regrette, mais votre missive a eu l’intérêt de réveiller en moi de grands moments de bonheur.


Pour le troisième segment, je serai bref, je l’ai modérément goûté. Je ne m’étonne pas, néanmoins, du plaisir que vous en avez tiré : vous êtes un homme qui préfère le sucré au salé – je crois qu’il est souvent judicieux de faire correspondre la matière visuelle et la matière gustative. Je me souviens des brownies que nous mangions, plus jeune, chez votre mère : c’est là qu’est née votre vision du monde.  


J’apprends enfin, avec beaucoup de bonheur, que vous avez daigné lire le texte d’East Asia que je vous avais soumis. Les temps sont durs, ne l’oubliez pas. D’ailleurs, je reprends à loisir les mots de Kubrick que vous aimez à servir : « je crois que j’ai eu envie de faire de cinéma en regardant des films médiocres ».


Voilà pour moi mon cher ami, donnez-moi de vos nouvelles rapides, l’urbanisme me manque.

 

Sans Congo.

 

PS : la petite Rita est d’un commerce fort agréable, mais elle est drôlement exigeante au regard de son quotient intellectuel et de ses mensurations ; ne vous perdez pas dans ses gamineries.

 

 

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Sans Congo, mon cher ami,


Je suis bien triste d’apprendre la mort de ce brave Nimuendaju. Je me souviens avec bonheur des chasses à l’homme que nous organisions dans notre jeunesse dans la propriété de votre oncle. Son pied bot aurait dû en faire une cible à notre portée et pourtant il naviguait au milieu des fougères et des chênes avec une facilité déconcertante. J’ai toujours la carabine à air comprimé que nous utilisions à l’époque, je vous l’envoie par colis, je tiens à ce qu’on l’enterre avec lui.


Quant à notre affaire, je vais commencer par éviter de répondre à vos attaques ad hominem. Non content de citer Oldboy, vous empruntez votre stratégie d’approche à un certain Yann K. On commence par flatter gentiment « Je suis bien heureux de votre lettre, elle éclaire ma modeste remise d’une lumière puissante » (qui en d’autres temps fût « sinon vous écrivez assez bien ») avant de mordre à la cheville, la seule articulation que vos gabarits de roquets ne vous permette d’atteindre : « l’acné » et « 2009 Lost Memories » chez vous, « vous ferez pas des masses de lecteurs chez ceux qui aiment réellement le cinéma »). Arrêtons donc nous là avec ces attaques de bas étages je vous prie, je regrette de ne pas vous avoir forcé à me suivre, je vous sens morose et le soleil et les grands horizons vous auraient fait le plus grand bien.

 

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Revenons donc à cette histoire de rythme. Il me semble que mon argument n’était pas suffisamment clair. Ce que je demande, ce n’est pas de la vitesse ni un montage excité, c’est simplement un rythme qui vive et qui m’emporte, comme morceau d’opéra. Puisque vous parlez d’Oldboy, vous voyez bien combien ce film est habilement construit autour de temps forts et de temps faibles qui font faire à votre cœur et votre esprit un grand huit spirituel et émotionnel. Dans nos trois segments, ce que je regrette, c’est la monotonie du récit, son manque de surprise, son fleuve tranquille. Le seul moment où cette marche régulière est perturbée, c’est l’épisode de cette jeune femme et de son robot toutou. N’est-ce pas un moment admirable ? Je crois que nous sommes tout à fait d’accord sur ce point.


A propos du premier segment, vous parlez « d’enjeu préfectoral ». Cela me surprendra toujours de voir à quel point ce stage d’assistant du maire adjoint de Pontault-Combault aura marqué votre vie et déformé à jamais votre vision. Mais admettons, et comme je suis d’humeur conciliante, je suis prêt à déclarer avec enthousiasme qui s’agit du premier film de zombies qui s’adresse à nos chers administrateurs. Ce qu’il y a même de plus admirable, c’est qu’il ne s’agit pas de les critiquer, mais de les soumettre comme vous à un cas pratique : que faire quand une pomme transforme soudain toute une population en cannibales décérébrés ? C’est vrai qu’il est rare d’avoir l’occasion d’y réfléchir sérieusement.

 

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Par contre, comme je le signalais au bas de ma missive précédente, je trouve les passages d’émissions de télévision admirables et parfaitement réussis. Bong Joon-ho est magnifique et je suis bien content que son patronyme occupe le milieu de celui notre édifice commun.


Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous m’accusez de m’adonner à cette activité coupable que l’écoute de ce détestable Finkielkraut ? Souhaitez-vous m’échauder en point d’en venir aux mains ? Ma foi, je suis là dans mon speedo aux couleurs d’Arsenal et vous attend pour un tour de lutte sénégalaise, vous ne serez pas déçu.


Je vais terminer là et de manière abrupte cette correspondance, quelque chose en moi s’est fissuré et je ne souhaite pas le briser entièrement. J’aimerai vous tendre la main une dernière fois, vous dire qu’il s’agit d’un malentendu, que vous m’avez survendu un film dont les couleurs éclatantes et les thèmes aguichants ont illuminé l’une de vos soirées pluvieuses alors qu’ils ne m’ont que fait sourire entre deux mojitos. De peur de vous froisser plus encore je ne remettrais pas en question la qualité de Doomsday Book, mes critiques ont dû être exacerbées par mon rejet du cinéma de Yim Pil-sung et sûrement cette œuvre honorable mais fragile ne fait-elle pas partie de ces films qui résistent à une recommandation trop exaltée.


Je prends ce soir un avion pour Lagos afin de m’y assurer de la bonne tenue de mes affaires, votre courte mise en garde me hante et j’ai un affreux pressentiment.


Au plaisir de vous revoir ou de vous lire,


Joy Means Sick.

 

 

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JMS. Stop. Je rentre de cette forêt de malheur. Stop. N’accordez pas d’importance à mes remarques. Stop. Elles sont le fait d’un cœur meurtri. Stop. Je vous accorde que le film est bien léger. Stop. Mais c’est quand même agréable. Stop. A bientôt SC. Stop.

 

  

 

 

 

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 21:52

Cette année comme les précédentes, le FFCF affiche une volonté d'éclectisme. Du coup, à côté des grosses pointures, on retrouve des films indés fauchés, bricolés par des bandes de joyeux loustics décidés à faire du cinoch coûte que coûte. Michel Gondry apprécierait, nous aussi.

 

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« Je pense que beaucoup d'étrangers ont des préjugés vis à vis des films coréens à petit budget. Ils pensent qu'ils sont soit trop philosophiques ou trop artistiques ». Au moins, avec un titre pareil, on n'est sûr de ne pas se tromper. La citation est de Ha Eun-jeung, actrice alien du premier du malicieusement nommé : Invasion of Alien Bikini. La suite : « Mais beaucoup d'entre eux ont loué la fraicheur et la créativité du pitch ». Le pitch donc, copié collé du site du FFCF : "Un jeune homme, Young-gun, arpente la ville de nuit munie d’une fausse moustache pour lutter contre le crime et les incivilités de ses congénères. Une nuit, il vient au secours d’une jeune femme agressée par trois voyous. Tous les deux parviennent à se sauver chez lui, mais il s’avère que la séduisante jeune femme est en fait une alien en quête de sperme humain pour se reproduire" …

 

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… et que Monsieur, aussi charmante et dénudée que soit la demoiselle, a fait veux de chasteté et tient à rester puceau jusqu'au mariage. Après quelques cascades nocturnes et urbaines où Young-gun affronte les voyous (en fait des Men In Black sans costards qui chassent l'alien), ça nous donne un huis-clos qui fonctionne plutôt pas mal, où l'alien use de tous les moyens pour soutirer à notre Freddy Mercury local quelques gouttes de sa semence. La palette est large, elle passe de la séduction au viol, mais bizarrement dans ce sens là et par une fille de cet accabit, ça ne paraît pas si désagréable. Enfin au début, parce qu'ensuite elle se sert de sa colonne vertébrale comme d'un lasso et ça c'est moins sexe. Sinon c'est bien rythmé, c'est malin, ça se permet des digressions sympatoches (intervention d'un scientifique, fausse pub pour Rolex) et ça fonctionne. On voit que c'est une production fauchée, mais globalement l'image n'est pas dégueu, les rares effets spéciaux réussis et tous les autres obstacles assez bien contournés. On ne va pas vous dire que c'est le film du siècle, mais avec 5000 euros de budget, faire un film plus réussi que la moitié des productions mainstream du moment, c'est toujours remarquable et ça donne envie de s'intéresser un peu plus aux types qui ont produit ce petit plaisir du samedi soir (le film était programmé à 22h).

 

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Invasion of Alien Bikini est un produit du collectif sud-coréen Kino Mangosteen qui réunit 4 habitués de longue date (on nous dit 10 ans) de l'industrie cinématographique. En premier lieu Oh Young-doo qui, sur ce projet, est à la fois scénariste, réalisateur et un peu monteur. Ryoo Hoon, qui s'est chargé de louer le matos. Hong Young-huen, l'acteur principal. Et Jang Yun-jung, la femme de Oh qui fait office de productrice et de responsable du maquillage type « effets spéciaux ». 80% du film se passe dans l'appartement de Young-gun, qui en fait est aussi le bureau de prod du collectif. Paraît que c'est un décors reccurent dans la plupart de leurs films, pour l'occasion ils l'ont customisé avec des tentures colorées sur les murs, on voit parfois les projos accrochés dans les coins en haut, mais franchement ça passe, c'est jamais l'essentiel au cinéma. Ensemble ils avaient précédemment réalisé The Neighboor Zombie qui avait déjà connu un petit succès. Invasion leur a même fait gagner un peu d'argent, 27 millions de wons, fonds grâce auxquels ils ont dors et déjà attaqué la préparation de leur nouveau projet : « Young-gun in the time ». Le même perso, avec un budget multiplié par cinq, alléchant.

 

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Plus cheap encore, The Code of a Duel a été réalisé avec un budget de 3500 euros, à peine de quoi faire un court métrage sérieux. D'ailleurs le film part avec un handicap sévère, sa gueule, c'est à dire son image (ou sa photo). Invasion of Alien Bikini était annoncé en DCP, The Code of a Duel est en Hdcam, rien de catastrophique en soit, pas un format ultra pro non plus niveau cinéma, surtout ça oblige le chef op' à redoubler d'ingéniosité pour obtenir une image correcte. Et puis on nous l'annonce direct, Yeo Myung-jun, le réalisateur, cumule 6 postes sur le film : réalisateur, scénariste, monteur, chorégraphe des combats, décorateur et acteur (l'un des rôles principaux, le gentil maitre qui refuse de se battre jusqu'à ce qu'on le cherche un peu trop). On répète souvent que le cinéma est une œuvre collective, là on flirte avec les limites du genre.

 

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L'histoire est assez simple, on est dans un présent un peu décalé, limite parallèle, où le duel est une habitude et une distraction. Y a des règles, chacun prend un pseudo et un seul, les combats sont anonymes et sous contrôle d'un huissier et d'un policier, on se bat pour l'adrénaline ou pour laver son honneur, très 18-19ème siècle tout ça. Et à ce petit jeu là, Young-bin est un crack, ce que son apparence de souffre douleur au taf ne laisse pas présager. Y a aussi son pote, incarné par le réalisateur, qui tient une salle d'arts martiaux, qui fût autrefois un ponte de la discipline, qui refuse de se battre, et qui tient sous son aile un jeune foufou qui rêve d'héroïsme et peut-être de vengeance. Un jour le gouvernement annonce l'abrogation prochaine de la loi autorisant le duel, c'est le catalyseur, tout s'accélère.

 

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On ne peut pas dire que le film s'appuie sur un scenario fort ou original et Yeo Myung-jun ne s'en cache pas : son crédo « aucun message, aucune émotion » et le film est principalement un hommage aux films de sabre hong-kongais. Un hommage sans moyens donc, genre petite dédicace dans son coin, mais avec beaucoup d'application et de sincérité. La lumière est dégueulasse ? Le découpage chiadé et respectueux des codes compense. Pas d'effets spéciaux ? Le réal est un spécialiste des arts martiaux, et à part un empalement qui passe clairement sous l'aisselle et non dans les poumons, ça marche. La musique est plutôt bien utilisée, les références et le genres sont assumées, c'est sans grandes ambitions et c'est rafraichissant. Peut-être un petit regret concernant la fin, qui aurait sûrement gagné à s'éloigner des codes... mais bon c'est le jeu et au moins Yeo Myung-jun va jusqu'au bout de ses idées.

 

Deux petits plaisirs sympatoches offerts par le FFCF en somme, mais bon faut aussi dire qu'on ne paye pas nos places et qu'on a déjà vu une sacré dose de cinéma coréen alors forcément des petites gâteries dans ce goût là, on y est un peu plus sensible que la moyenne.  

 

Petit bonus, deux autres affiches de Invasion of Alien Bikini :

 

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 19:45

Save the Green Planet, 2003

 

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Réalisation et scenario : Jang Joon-hwan, premier film, un pied dans la porte peut-être un peu trop puissant pour les producteurs : il est resté muet depuis l’échec commercial du film.

 

Casting :

-          Shin Ha-kyu (JSA, Sympathy for Mister Vengeance, Thirst, etc. : un CV bien rempli) dans le rôle de Lee Byeong-gu, tout simplement excellent.

-          Baek Yun-shik (The President Last Bang) dans le caleçon du patron torturé pendant plus d’une heure et demie, solide, la tête toujours haute tenue.

-          Hwang Jeong-min (qu’on a récemment revu dans The Housemaid en amie très proche de Eun-i), au diapason d’un casting réussi

 

8ème page, 7ème position, notre vidéo de la semaine sur Save The Green Planet est donc le 77ème résultat google pour « save the green planet ». Petite mise en perspective sans queue ni tête, à l’échelle de la planète, le 77ème pays le plus peuplé est la Belgique et le 77ème PIB mondial le Liban. Pas vraiment de quoi rouler des mécaniques. On notera au passage que la Belgique est tout de même le 17ème PIB mondial et le Liban la 129ème population. Voilà pour le point culture sur cette planète verte que le héros de notre film, Lee Byeong-gu, a décidé de sauver des aliens venus d’Andromeda. Mais si les classements vous bottent davantage que notre nouvel accent bruxellois, y en tout plein ici : http://www.pays-monde.fr/classement-pays-mondial_0.html#

 

On peut en dire des choses sur ce film que la facilité pousse à nommer OVNI cinématographique. On pourrait, mais devant nous, il y 76 sites auxquels notre rang nous oblige aujourd’hui à laisser la parole. On ne va pas vous faire la liste ni un copier coller de l’intégralité des articles et commentaires, mais un petit résumé critique à  base de morceaux choisis. Les meilleurs et aussi les pires, la modestie a ses limites.

 

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http://www.imdb.com/title/tt0354668/

IMDB : 3800 votes, 7,5/10, comme quoi les américains…

 

www.sancho-asia.com/articles/save-the-green-planet 

Sancho does Asia, 1er de la classe des « critiques de cinéma » (on précise qu’on a utilisé google.FR), un beau départ, un bel exercice de relevé de références. Appliqué ils trébuchent sur la fin dans la traditionnelle épreuve du « sens du film ».

La liste des références : Délicatessen, Le Silence des Agneaux, Dead or Alive, Bandits Bandits, 2001 L’Odyssée de l’Espace… Dans notre vidéo de la semaine on avait ajouté Startrek et Shining mais alors va savoir pourquoi Shining… (la hache peut-être).

« Naviguant allègrement du burlesque au thriller d’anticipation en passant par le film d’horreur et le mélodrame, ce choix risqué pour un réalisateur qui aurait pu se contenter du canevas standardisé d’un erzatz hollywoodien, garde toute sa cohérence malgré la coexistence des genres. C’est là tout le génie de ce film dont le propos est bien ailleurs. » A la lettre c’est donc le choix qui navigue et qui garde sa cohérence… Petite prime au vocabulaire pour « canevas standardisé d’un ersatz hollywoodien », certes c’est prêter au réalisateur une intention qui ne lui sans doute jamais effleurée l’esprit  et on ne voit en pas quoi « il aurait pu s’en contenter » mais quand même, fallait la placer. Bon et puis les « propos » des films, hein, on se comprend.

 

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http://www.cineasie.com/Save_The_Green_Planet.html

Cinéasie , 6,5 / 10, presqu’envie de passer au suivant tout de suite. 77ème, 77ème, Bruxelles, Beyrouth… allez on reprend la lecture.

« Tel un Men in Black sans lunettes et le flash amnésique le héros a pour mission de dévoiler ce secret à la population et par la même occasion d’en liquider quelques uns. » Merde elle n’était pas si compliquée à comprendre l’intrigue de Men in Black quand même…

« Mis en captivité par ce couple déjanté, il pense que la fin de sa vie se rapproche mais la petite amie ne peut son compagnon dans ses excès et le laisse se dépraver seul dans sa folie. La police vient mettre son nez dans cette histoire au même moment. Alors qu'elle vient d'apprendre la disparition de cet éminent directeur, un inspecteur de police est dépêché sur place pour élucider cette étrange affaire. Mais le criminel n'est déjà plus la, il se terre dans sa maison à l'écart de la foule, en pleine forêt, à l'abri de toute suspicion. » En fait le problème est plus grave que cela, on nous parle sûrement d’une version vu sans sous-titres, on va s’arrêter là parce que derrière ça empire.

 

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http://www.rottentomatoes.com/m/10004650-save_the_green_planet/

87% pour les critiques, 86% pour les spectateurs

« Punk graphics and a snaking camera add zest to the story, which is alternately heartbreaking, suspenseful, and darkly funny.” Habile synthèse d’Andrea Gronvall.

“Save the Green Planet just can't shake its repellent, stagnant mood.” Jeffrey M. Anderson met même sa photo en face de son jugement divin.

 

http://koreanfilm.org/kfilm03.html

La référence en matière de cinéma coréen, pas de besoin de penser à Knokke le Zout cette fois ci. Le premier paragraphe, un modèle dans le genre sobre et efficace : on étale ses connaissances en toute simplicité, on est précis : « Young director Jang Jun-hwan first drew notice in the Korean film industry for a 30-minute short he made in 1994 called 2001: Imagine. The film impressed a lot of people, and so when news surfaced that he was shooting his feature debut, it created a fair amount of expectation. Save the Green Planet also featured a plotline that promised something out of the ordinary, so that for critics and industry people (though sadly, not audiences in general) this film has been 'one to watch' ever since it started shooting.”

Pour les Anglophobes, en gros on apprend que déjà au stade de projet le film de Jang Jun-wan suscitait beaucoup d’enthousiasme, notamment à cause d’un court métrage qu’il avait réalisé avant 2001 : Imagine.

 

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http://www.metacritic.com/movie/save-the-green-planet!

Site anglophone qui rassemble les notes d’utilisateurs et de critiques, on s’intéressera à celle-ci en particulier pour deux raisons. Elle vient de Salon.com (improbable) et l’auteur nous parle d’une niche cinématographique ultra précise : « The best film in the alien attack, conspiracy theory, "Silence of the Lambs" rip-off, disgraced-cop drama, deranged circus wirewalker, anti-capitalist parable genre I've seen this year.” Reste à savoir combien de film réunissant toutes ces caractéristiques il a vu cette année là…

 

http://www.nefariousfilms.com/Reviews/Save%20the%20Green%20PLanet%20Review.html

« Celebrating the best, the worst and the weirdest in horror and sci-fi” et met 8/10 à Save the Green Planet. On ne va pas s’insurger chaque fois contre le fait de noter les films, chacun ses compromis avec le secteur marketing.

Une belle intro dans un autre genre, par l’exemple extrême histoire de mettre de lecteur directement dans le bain : « Belief is a powerful motivational force and Lee Beong-gu believes very strongly in his cause. Tony Robbins could learn a thing or two about self-belief and personal power from this social outcast. When it comes to inserting foreign objects into anal passages in the name of discovering the truth Lee hesitates only to pop his favourite brand of PCP pills before plunging ahead in a demented effort to have his victim reveal the whereabouts of the Prince of Andromeda. Lee’s convinced, you see, that… »

Un article écrit par un passionné appliqué (Stephen Hepplestone), une lecture recommandée. Une question néanmoins : que vient foutre Tony Robbins ici ? Ca sent la crotte de nez personnelle et gratuite, ce qui n’est pas pour nous déplaire, mais le grand écart entre ce coach en développement personnel (enfin s’il s’agit de lui) et le film est assez osé.

 

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http://www.kurosawa-cinema.com/films/coreen/save_the_green_planet/

De vieux copains et surtout une info de taille : Save The Green Planet fût le film préféré de Park Chan-wook en 2003 ! Ca plus un screenshot du supposé alien avec des marques de fer à repasser sur les deux tétons, tout est dit. Du coup on oubliera la note finale (7,5/10) et on saluera pour le geste la comparaison peut-être trop audacieuse entre Save the Green Planet et Sympathy for Mister Vengeance.

 

http://www.excessif.com/dvd/actu-dvd/news/save-the-green-planet-le-test-dvd-5006631-760.html

On n’a failli ne pas le mettre vu qu’il s’agit d’une page à caractère plutôt informatif, failli parce qu’ensuite nos yeux ont glissé sur ce magnifique commentaire d’un lecteur. C’est plein de spontanéité, de franchise et d’innocence, on vous laisse juger. «  j'en ai marre quelqu'un aurait-il un truc pour retenir facilement tous ces putuns de noms Coréens? Moi j'y arrive pas, j'arrète pas de les confondre » (Tatane)

 

http://www.sueursfroides.fr/critique/save-the-green-planet-102

« Il est préférable de ne pas trop parler de ce film, ne serait-ce que pour préserver l'intrigue et laisser justement le spectateur la découvrir seul. Néanmoins, il faut savoir que SAVE THE GREEN PLANET est un film unique. Même s'il emprunte ses idées à de nombreux autres films, il en fait quelque chose de complètement différent. » Modeste, André Quintaine parle donc peu et plutôt pas mal du film. Lui aussi a du se comparer à un pays. Pourtant 21ème c’est la France par la population et la Suède pour le PIB… Ah sûrement un adepte de la comparaison par superficie, c’est sûr que le Niger… ça donne plus envie de distribuer son magazine en PDF gratos que dans les kiosques à journaux (et c’est bien mieux comme ça).

 

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http://www.cinemafantastique.net/film1577-Save-the-green-planet.html

Ou l’intro contre-pied : on part sur le BIFFF, qui a récompensé de son corbeau d’or le film en 2004. Le BIFFF et bien c’est le Brussels International Fantastic Film Festival et ils ont aussi récompensé Kim ki-duk pour The Isle et Bong Joon-ho pour The Host. Et même Park Chan-wook, pour Thirst, du corbeau d’argent seulement… lui préférant Esther de Jaume Collet-Serra. Du coup ça fout de mauvais poil pour la suite de la lecture. Alors bon « métrage » au sujet d’un film, ça se dit peut-être, mais c’est assez naze. Parler de court ou de long métrage pour différencier les deux c’est une chose, parler simplement de métrage c’est une métonymie un peu forte. Sinon l’article n’est pas si mal avec une liste assez complète des récompenses et des idées intéressantes.

 

http://newkoreancinema.com/review-save-the-green-planet-jang-joon-hwan-2003-423

« Think RESERVOIR DOGS meets MEN IN BLACK and that’s still only part-way to describing this amazing film. » Une autre critique dithyrambique sur le film, en anglais, sur un site bien propre bien pro. Des liens à explorer, un marque page à placer.

 

http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/16816/Save-the-Green-Planet/affiches.html

Ah bah tiens plein d’affiches sympas.

 

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http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/savethegreenplanet/

Allez allez une critique de Yann, s’il vous plait allez c’est bientôt Noël et on a été sages… Et merde ! Bon heureusement, y a Xavier, lapidaire : « un film de pitres ».

 

http://www.cyberpunkreview.com/movie/decade/2000-2009/save-the-green-planet/

“Save the Green Planet is expertly shot, and wonderfully edited. The pacing is simply superb. It’s really hard to imagine that this is Jun-hwan Jeong’s first movie.”

“While not a “true” Japanese cyberpunk movie in that, um, its Korean, and doesn’t totally take the “no boundaries” idea, it’s pretty darn close, and certainly merits mention in that sub-genre of cyberpunk.”

Enfin en angle d’attaque complètement nouveau et assumé, on juge le filme à son degré de cyberpunkitude visuelle et à sa corrélation avec le thème général du site, on met en avant les images avec quelques paragraphes précis : overview, the story, the bottom line et fair warning. Sympa.

 

http://www.beyondhollywood.com/save-the-green-planet-2003-movie-review/

Beyond Hollywood voilà un nom de site bien trouvé et un article bien construit. Sérieux, on y mêle informations et réflexions le tout en anglais. La conclusion est sans appel : « Overall, “Save the Green Planet” is an original and innovative effort that manages not only to entertain on multiple levels, but also to make the viewer think and feel. Although it’s a hard film to label, this is undoubtedly one of the best of the last few years.”

Par contre il faudra nous expliquer ces références récurrentes à Men In Black dans nombre d’articles.

 

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http://www.asia.cinedie.com/en/stgp.htm

 “It's not good comedy, it's neither good science fiction nor good horror — it's just great cinema.”

Une phrase qui trouve forcément un écho favorable à nos oreilles et qui conclut un article aussi concis que percutant. Une nouvelle adresse de notée pour un prochain rendez-vous.

 

http://www.cinetrange.com/?film=520

Un court article qui commence en prenant appui sur la doute qui nourri le film jusqu’à la dernière minute, ce doute sur la folie du personnage principal, et qui s’égare ensuite en jugements un peu faciles et trop lointains sur le potentiel du réalisateur « attendons qu’il trie ses idées » ! On allait être méchants puis on a lu cette phrase : « Côté casting, les asiatiques font toujours preuve d’un dynamisme surhumain, faisant passer le l’acteur occidental pour une race de loches dépressives. » et puis on s’est dit qu’on n’était pas si mal entourés dans les tréfonds du classement.

 

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Conclusion : les plus malins d’entre vous auront noté qu’il n’y pas 76ème sites cités ici, nous avons bien évidemment laissé de côté les sites sans intérêts pour notre propos : liens torrents, fiches informatives, etc. En tout cas nous on se dit qu’en Belgique y a quand même eu Jacques Brel.

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 00:52

« C'est sur une putain de plage que j'admire le paysage / Laissant de loin le mauvais côté du bitume, est-ce un mirage ? / Il y a des rates au fessier plus généreux, de l'alcool ça sent la chiré, Le papillon en raffole / Les personnes jalouses m'observent, me prennent en photo / comme dans un film dont je suis le héros »

 

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Pipe au bec, Ipod sur les oreilles et doigts de pieds en éventail, Sans Congo se replonge dans La Clinique et les années 90. Putain d’album Tout Saigne... Fais chier tous ces artistes qui poussent leur chant du cygne prématurément. Quelques kilos, Les Gospels, Tout Saigne, Star, L’Or et la Soie… autant de promesses sans suite qui le ramènent au cinéma coréen, au boulot qui l’attend aujourd’hui et à Joy Means Sick qui ne pointe toujours pas le bout de son nez. Il l’a perdu de vue hier soir aux alentours de deux heures du matin au milieu d’une soirée salsa mojito sur la plage de Cayo Largo. A son âge ce grand benêt devrait savoir qu’il ne tient pas l’alcool. Enfin bon, manquerait plus qu’il n’ait pas trouvé le temps de voir le film. Il prend une nouvelle bouffée de tabac et laisse sa tête retomber en arrière pour admirer le ciel bleu de Cuba. Y a pas à chier, la vie c’est mieux dans un décor de carte postale.

 

Une dizaine de minutes plus tard il est réveillé par une étrange sensation au niveau du poitrail. Quelque chose pianote sur son pectoral gauche, empêtré dans les poils soyeux de son torse. D’un revers de la main il renvoie le crabe à la mer et dévisage Joy Means Sick. Le con a l'air content de lui, et faigué. Aucun mot n’est échangé, puis son compère le gratifie d’un bâillement des plus bruyants avant de sauter sur la chaise longue mitoyenne.

 

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JMS : « Putain mec faut absolument qu’on se matte Phantom : The Submarine ! L’affiche est plus que pourlingue, comme celle de Natural City, mais le scenario est cosigné par Jang Joon-Hwan (Save the Green Planet) et, tiens toi bien, Bong Joon-Ho ! Puis c’est réalisé par Min Byung-chun, la fine équipe quoi. D’ailleurs t’en a pensé quoi de Natural City toi ? »

 

Sans Congo se racle la gorge et se redresse. Il s’apprête à répondre mais Joy Means Sick reprend enchainant les phrases à une vitesse surnaturelle. Sans Congo s’inquiète pour la santé de son ami.

 

JMS : « Parce que moi j’ai bien kiffé ! Nan sérieux, depuis 2009 Lost Memories l’association des mots Corée et Science Fiction me fait trembler. Des sueurs froides je te dis. Du coup il m’a fallu quelques mojitos pour oser affronter le film. Mais hier soir, en rentrant à l’hôtel, je balance le film et là, la bonne surprise ! Bon je t’avoue qu’il m’a fallu une heure pour bien comprendre tous les enjeux de l’histoire mais j’aime bien ces scenarios qui font confiance aux spectateurs et qui ne s’embarrassent pas de passages explicatifs, comme s’il fallait s’assurer toutes les 10 minutes que tout le monde suit bien l’histoire. Ca me plait ça ! Et la réal, elle est pas mal la réal nan ? (il cherche l’approbation dans les yeux de son collègue mais baisse rapidement les yeux en voyant l’air sévère et concentré que ce dernier arbore) Ouais bon y a quelques passages flingués et des clichés qui trainent dans les coins mais sinon c’est sympa quand même. Et puis j’ai trouvé quelques passages franchement stylés. Les décors aussi sont pas mal du tout et à deux trois exceptions près les acteurs sont complètement corrects. Je mettrais bien une mention spéciale à notre ami Yu Ji-tae de Oldboy et au mec qui joue le vieux docteur flétri qui se bouffe les ongles jusqu’à l’os. Taré ce perso non ? »

 

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SC : « Ouais complètement ! Insolent et détaché, j’aime beaucoup le style, avec une mention spéciale pour la feinte de claque qu’il met à sa meuf cyborg. Combien de feintes de baffes réussies dans l’histoire du cinéma mon ami? Trop peu à mon goût, mais celle-là à moins le mérite de rendre justice à une partie de mon enfance. Dans Attack the Gas Station il faisait super bien le gars hautain aussi. Mais enfin quand même, il m’a moyennement amusé sur ce coup-là. J’ai eu l’impression qu’il jouait comme on gère une rente. Donc bof. Par contre le professeur Giro, po-po-po-pop. Quel con, il me faisait vraiment flipper. Beurk, quel dégueu.»

 

JMS : « Clairement le perso le plus réussi de l’histoire ! Putain quand R va le chercher dans la prison, on dirait qu’il a la lèpre le con. En plus il a une petite voix de psychopathe. Franchement j’ai pas peur de grand-chose mais lui je le croise dans le rue je me taille en courant. Enfin bon, j’aime bien aussi Seo Rin, elle fait vachement bien le cyborg en fin de vie je trouve. Ca doit être relou quand même de jouer une poupée qui n’a plus de piles, la gamme n’est pas très large. »

 

SC : « Certainement un contrat-jeune. »

 

La réponse sèche et ironique de Sans Congo déstabilise Joy Means Sick qui se met à dessiner frénétiquement sur le sable. Depuis qu’il a brisé son pipeau dans la soirée  Techno-Jivaros, Sans Congo est aigri. Un touriste allemand passe et un silence s’installe. Joy Means Sick reprend d’une voix volontaire mais conciliante, décidé qu’il est de ne pas se faire pourrir ses vacances par un caprice de gamin.

 

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JMS : « Sinon faut vraiment qu’on fasse un truc sur la baffe dans le cinéma sud-coréen. Faudrait lui donner un nom spécial d’ailleurs parce ça se situe entre le coup de poing et la baffe leur truc… C’est pas une claque en tout cas, ça fait pas clac… kèche peut-être ? »

 

SC : « Ouais kèche c’est pas mal, quoique pas assez technique, on fera un montage à l’occasion des meilleures kèches du cinéma coréen. (Puis rechute) Mais revenons aux choses sérieuses mon cher ami. Au sujet du film, excuse-moi par avance de ne pas partager ne serait-ce que «  le quart du début d’un commencement » d’enthousiasme avec toi. D’ailleurs ton agitation me paraît suspecte, tu me fais penser à Spud qui cherche à esquiver le monde du travail, tu ne serais pas sous speed ? »

 

JMS rote bruyamment, tête basse, il continue à dessiner dans le sable

 

JMS : « Non… mais je suis encore un peu bourré j’avoue. Tu comprends, j’avais envie de l’aimer ce film. Et des fois l’amour c’est pas naturel. »

 

SC : « En tout cas moi j’ai passé l’âge de la science-fiction foireuse. Le film ne m’a pas fait rêver une seconde. C’est un peu con de faire de la série B avec un budget de blockbuster. Tout de même, un big-up au réalisateur qui a mijoté cette chakchouka bien grasse en références. J’ai joué à « dans quelle film j’ai vu ce passage ? ». En plus de certains effets de caméra douteux, non sérieux j’ai eu beaucoup de mal avec ce film. Genre mal aux yeux. Et j’ai tenu jusqu’au bout pourtant. C’est dire si j’ai un bon fond quand même. Tu sais, j’ai tété au sein de la série B jusqu’à l’overdose mon petit. Pour moi, rien n’ira jamais au-delà de notre père à tous dans le genre, Steven Seagal. (Sans Congo sort de son maillot de bain la VHS de Piège à Haute Vitesse qu’il garde toujours sur lui, et l’embrasse) Tu pourras mettre tous les cyborgs et univers parallèles que tu voudras, s’il n’y a pas Steven, je ne prendrais pas le film au sérieux. (Un temps) Mais sinon il y a une idée que j’ai trouvé vraiment bien. L’histoire d’amour entre un être humain et un cyborg, c’est bien vu. Surtout quand le cyborg a une date de péremption. Mais bon c’est dommage, ça va pas plus loin que ça. Vois-tu (il prend cet air important qu’il se donne lorsqu’il chine les lycéennes), je pense que le robot est l’avenir de l’homme. Au-delà du classique cyborg de combat, le film introduit la notion de cyborg danseuse. C’est pas mal ça, mais bon on ne creuse pas assez cette piste je trouve. Tu me vois venir, oui voilà, c’est bien, tu vois donc ce que je veux dire. »

 

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JMS : « Pff mais c’est pas un livre de BHL ».   

 

SC : « mais BHL ne creuse pas ! »

 

JMS est agacé par la mauvaise foi de son comparse. Il prend une grande bouffée d’air et déplie son double mètre qu’il place en position verticale. Il se gratte les fesses pour prendre du courage et commence sur un ton solennel.

 

JMS : « Cher ami, je vous trouve un peu dur. Certes le film est plein de faiblesses mais au milieu de tout cela il y a des pépites notables. Non je n’ai pas peur de le dire, j’ai appris des choses sur le cinéma durant ce film. Ce n’était pas une leçon magistrale à la Orson Welles, mais il y a dans tout cela une certaine idée du cinéma qui me plait. Cette idée il ne faut sûrement pas la chercher du côté des producteurs. J’imagine d’ici la recette qu’ils avaient en tête : prendre les meilleurs moments des meilleurs films de science-fiction américains, les découper en petit morceaux et les faire revenir à la poêle avec une sauce coréenne. OK c’est tout naze mais c’est trop facile de s’arrêter là. Parce qu’au milieu de tout cela, j’admire l’audace scénaristique. (Sans Congo commence à ouvrir la bouche…) Enfin l’audace, d’aucuns diront incompétence mais je ne suis pas cette école là.

 

SC : Bouah on peut aussi dire que ça casse pas trois pattes à un canard sans pour autant parler d’incompétence.

 

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JMS : Oui mais non, c’est pas ça laisse moi finir. J’aime les mecs qui me font confiance et qui ne m’explique pas tout comme à un débile. Bon faut que le mec assure un minimum derrière et qui ne te mène pas en bateau mais quand ça marche ça pousse à s’immerger un peu plus dans le film, à être aux aguets de la moindre info. Par exemple dans Inception

 

SC (s’insurge) : je t’interdis de parler d’Inception ! Et encore moins de le rapporter à cette bouse. Non mais ho ! 

 

JMS : Mais écoute et tais-toi, sinon je t’écrase avec ma plante de pied sur ton crâne. Prends le personnage de la jeune femme architecte. On voit trop que c’est un rouage d’une énorme mécanique scénaristique : « bon comment on va expliquer comment fonctionne tout notre bordel de rêves en commun et de rêves imbriqués? » « Et si on prenait une novice, comme ça Leonardo il devra tout lui expliquer et hop on la glisse au spectateur en même temps ! ». Pas con, ça marche bien, mais c’est aussi les passages les plus chiants et le perso le plus fade du film. Au moins pas de ça ici (de la fumée sort des oreilles de Sans Congo) Attends attends, je n’ai pas dit que le scenario valait une once de celui d’Inception

 

SC (le coupe) : Le mal est fait mon ami, je n’ai plus aucun respect pour toi. J’en suis terriblement affligé. Quelque chose a rompu en moi.

 

Sans Congo se lève et avance vers la mer. Arrivé au bord de l’eau, il prend une posture de trois-quarts face. Il se donne un air de sénateur romain, et se met à avancer doucement le long du rivage en mimant une réflexion intense. Au bout de quelques minutes, il revient vers Joy Means Sick. 

 

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SC : J’ai finalement décidé de t’infliger 40 points de pénalités, au nom de notre amitié. Tu as bien évidemment la possibilité de transférer cette sanction sur tes enfants.

 

JMS : Bof, tu sais ce que j’en fais de tes points de pénalités. Bon allez arrête de faire la gueule bouffon, regarde tu dis des choses intéressantes aussi. Comme tu le dis si bien (le front de SC s’éclaircit), l’histoire d’amour entre un cyborg qui vit trois ans et un être humain, c’est bien vu. J’ajouterais même que c’est bien fait. Pas  d’excès, pas d’apitoiement, un jeu stoïque de part et d’autre, un problème et une solution qui s’esquisse donc de l’action. Propre. Petite dédicace aussi à « I am dancing cyborg, aren’t I ? » et à leur Eden virtuel en plein milieu d’une sorte de gare bondée. J’aime aussi beaucoup la relation entre R et Cyon, en particulier quand il s’explique sur ses intentions : « j’avais besoin de ton corps pour faire vivre Ria, tu vends ton corps de toute façon ». Bam ! Il lâche ça froidement à une meuf qui est en kiff sur lui, t’imagines le délire : t’es de la viande de toute façon cousine ! C’est dur !

 

SC : J’avoue j’avais oublié ! Trop cruel. Mais bon en même temps, combien de passages de ce genre pour combien de minutes de torture ?

 

JMS : J’en viendrais aux faiblesses aussi t’inquiètes mais y a encore un point que j’aimerais développer. Pourquoi s’agit-il toujours de sauver le monde dans les gros films de science-fiction ? C’est dingue ça, on ne peut jamais rester au niveau de l’individu qui serait pris dans un monde devenu fou. Faut toujours que le héros ait le sort du monde entre ses mains, comme ça si jamais ils arrivent un jour au Panthéon des héros de SF, ils ne feront pas de complexes face à Will Smith et Bruce Willis. « T’as fait quoi toi pour arriver là ? » « Moi ? J’ai sauvé le monde d’une invasion de Cyborg. Et toi ? » « Oh moi, c’était des aliens. Check ça poto ! » C’est des soirées privées, tu ne peux pas te permettre d’aborder ces gens là si t’as juste prolongé la vie d’une cyborg dont t’es tombé amoureux, t’aurais l’air con.

 

SC : Bah non regarde La soupe aux choux, Retour vers le futur, héhé (SC est satisfait de ses références. Joy Means s’apprête à baffer Sans Congo). Non mais c’est bon je déconne, je vois ce que tu veux dire. Comme dirait Jean Gabin dans Le Président : « les poissons-volant aussi existent, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ».

 

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JMS : c’est bien j’aime quand tu t’autocensures. Tout ça pour dire que dans le film j’ai bien aimé la façon dont le héros et constamment tenu éloigné de l’enquête policière et  se concentre sur sa copine synthétique. Bon pas jusqu’à la fin, OK, mais bon l’intention était là et je suis presque sûr que la musique héroïque à deux balles et les ralentis pourris qui accompagnent ce retournement de situation sont un clin d’œil délibéré : tu veux du blockbuster, je te fais la complète : œuf, jambon, fromage. Le cœur n’y est plus, et c’est complètement pourri je te l’accorde. Un autre truc qui m’a franchement dérangé, c’est les filtres de couleurs permanents. C’est kitsch et c’est cheap. Quand t’as un budget comme ça et que tu tournes en Corée, tu te paies un directeur photo digne de ce nom.

 

SC : Tout à fait d’accord, c’est inadmissible. J’aurais presque envie de dire : être directeur photo en Corée du Sud, c’est un peu comme être boulanger en France. Ah merde, je l’ai dit.

 

JMS : Il a peut-être voulu nous la jouer intello façon Soderbergh mais faut pas pousser non plus. Par contre pour les décors je suis mitigé. Autant les grands ensembles urbains sont caricaturaux, mais pas si mal faits je trouve, autant les ghettos sont pas mal, assez coréens pour le coup.

 

SC : Oué bah moi je regrette que les décors n’aient pas une ambiance plus spécifique, si ce n’est coréenne, asiatique au moins. C’est impersonnel, sombre, classique, même si je suis heureux de voir qu’en 2080 les pojangmacha  de mon heureuse enfance continueront d’exister. C’était quand même la moindre des choses. C’est dommage qu’il n’y ait pas eu un véritable effort pour penser la ville dans le futur. En la matière, Renaissance pour Paris, c’était vraiment intéressant même si c’était du dessin animé. Mais au fond, ce que je dis sur ce film tient pour tous les films d’anticipation en général. Rares sont ceux qui s’écartent des classiques voitures volantes, projections hologrammatiques et autres hyper-buildings. 

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JMS : Faut pas jouer les gastronomes quand on bouffe au Mac Do ! C’est pour ça que tu traines cette mine triste depuis quelques années, détends toi un peu, c’est les vacances merde ! Mais bon je te la lâche une autre piste intéressante : Malevil, une fiction sans trop de science que j'ai lu et vu récemment. (Il prend un air secret et supérieur qui fait se dresser les poils du cou de Sans Congo puis reprend:) Pour être critique de cinéma faut savoir se contenter de peu mon vieux. Attends qu’on te foute à l’actualité, ce sera pas Kubrik et Park Chan-wook tous les jours.

 

SC, debout sur son transat, une main sur le cœur et la bave aux lèvres : Ca jamais ! Plutôt me couper le téton gauche !

 

 JMS : T’es trop extrémiste, fondamentaliste même. T’es relou à jouer les prudes comme ça. Par exemple, moi, y a deux jours j’ai touché un double cheese burger au Do-Mac de Saint Michel, 2 euros, un truc de fou. Le pain était toasté à la perfection, pas trop de sauce, des cornichons minuscules, le fromage bien centré. Un régal. J’ai eu énormément de respect pour le cuistot et je suis d’ailleurs allé lui signifier mon admiration en personne. Pour s’appliquer à ce point sur un énième sandwich, il faut nécessairement être un grand homme. Ce jour là aussi, j’avais appris.

 

SC : Là on peut se comprendre. Il faut d’ailleurs que je te parle du grec à côté de la mairie du 17ème… La viande… la clé c’est autant la quantité que la qualité. Trouver cet équilibre est la question existentielle de tout vendeur de kebab. Enfin je dis vendeur, honte à moi…

 

La discussion continue ainsi sur des sujets autrement plus importants que la science fiction coréenne et bientôt elle est recouverte par le ressac de l’Océan. Un poisson volant s’en extrait momentanément, il finira bien par retomber à l’eau.

 

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BONUS :

 

Si vous voulez voir une bonne daube qui parle de cyborg, on ne saurait que trop vous recommander le film Atomic Cyborg (inutile de citer les malfrats à l'origine de cette affaire). En terme de série B, tout y est. En plus, la vidéo est réduite à 20 minutes. 

 

 

 

Sinon en parlant de Steven Seagal, c'est un bon samaritain qui recommande de mettre "une tonne de pommade" et qui paye par carte de crédit. On vous laisse vérifier.

 

 

 

 

Pour aller plus loin sur les robots, voici deux articles qui en parlent, le premier traite de la peur des robots et le deuxième évoque la possibilité à terme de mariages avec des robots, c'est toujours bon à savoir (cliquez ici et ici). Surtout, voici un documentaire très sympa qui était passé sur Arte à l'époque et qui parle de robots, ça s'appelle Robots Sapiens. 

 

 

 

Enfin, au cas où vous seriez complètement en panne d'inspiration dans votre recherche de films d'anticipation, voici une liste très honnête de quelques-uns des plus fameux de ces films. Histoire de ne pas passer toute son aprem à la FNAC en train d'hésiter : cliquez ici.

 


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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 00:18

 

De l’alcoolisme dans l’éducation nationale


Liste technique : la rédaction s’interdit de citer tout nom dans cette affaire.

 

 

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Puisqu’il faut en parler, autant faire court : 2009 Lost Memories est un film raté à d’innombrables points du vue. 2h10 d’endurance cinématographique avec au menu un scénario ultra bavard et explicatif, des clichés à prix discount, de l’héroïsme lourdingue, une rhétorique pathétique… Bref un massacre à oublier rapidement. Le genre de film qui pourrait vous dégouter du cinéma coréen et de science-fiction en même temps. D’ailleurs, le plus grand péché du film,  c’est bien de ne correspondre en rien à ce que l’on aime dans le cinéma du pays du matin calme : la photo est dégueulasse, fade comme un remake franchouillard des experts façon TF1. Pas de contrastes, pas d’extrêmes non plus, et des scènes de baston foireuses qui seront inévitablement traitées au ralenti durant toute la seconde moitié du film. Mieux encore, ces longues scènes de fusillade, leur musique tapageuse et niaise, leur façon abjecte de traiter la mort, leurs longs ralentis sur les regards des personnages qui regardent les autres mourir au ralenti pendant qu’une goutte tombe au ralenti de leur œil désormais rageur tandis qu'autour d'eux sifflent des balles qui ne les toucheront pas tant qu’on ne l’aura pas décidé parce qu’on a encore besoin d’eux pour la suite. Que celui qui me parle d’un quelconque rapport avec John Woo retourne se palucher devant Julie Lescaut.


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En gros, 2009 Lost Memories, c’est un peu comme lire une rédaction d’un gosse de CE2 qui vous raconte son film préféré mais qui les mélange tous et qui pourtant essaie de donner une cohérence à l’ensemble en soulignant bien les articulations par de longs dialogues. Le tout rempli de fautes de grammaires et d’orthographes et pendant plus de deux heures. Surtout que les parents doivent être limite fascistes vus les propos ultra nationalistes du gamin. Remarquez, en augmentant son humour et le contenu de son verre de quelques degrés, y a peut-être moyen de se marrer. 

 

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Et pourtant le concept était sympa et au fond c’est sûrement ça le plus rageant. Un (très) bref rappel historique s'impose à ce stade. Tu n'es pas sans savoir, cher lecteur, que la péninsule coréenne est soumise à un protectorat japonais dès 1905. En 1910, ce protectorat se transforme en annexion pure et dure suite à l'assassinat du gouverneur japonais par un résistant coréen manifestement mécontent du sort réservé à son pays. Le film revient sur cet évènement. Il part du principe que l'assassinat du gouverneur a échoué. Il en tire plusieurs conclusions (attention il faut suivre): la Corée est restée un protectorat japonais, le Japon s'est engagé dans la Seconde guerre mondiale aux côtés des Alliées, Berlin a reçu les deux bombes atomiques, Le Japon est devenu un pays ultra fat et très puissant, des terroristes et/ou résistants (that is the question...) réclament l'indépendance au sein du Japon. Ainsi commence le film. Un groupe terroriste coréen, le Hureiseijin, attaque un bâtiment officiel. C'est là qu'intervient le JBI (lol - Japanese Bureau of Investigation). Deux supercops déjouent le plan du groupe terroriste. Bien évidemment, un des deux supercops est d'origine coréenne. Bien entendu, il sera progressivement victime d'un cas de conscience. Effectivement, la hiérarchie du JBI, passablement raciste, lui fera payer un excès de zèle en le renvoyant. Tout à fait, il finira au Hureiseijin. Ensuite, ça part en couille. Inutile d'essayer de vous raconter. Vaguement, à la manière des pointillistes les plus illustres, on se bornera à évoquer : une pierre qui permet de remonter dans le temps, une histoire d'amour foireuse, une histoire d'amitié foirée, un mec qui se promène en 1910 avec un beau blouson en cuir et du gel sur les cheveux, une explosion qui manque de détruire la moitié de Séoul, un rêve bizarre, beaucoup (trop) de gunfights, un combat des Nations, un bateau, une gare, des ralentis, des ralentis, des ralentis, etc.


Allez on enfile nos blouses blanches. Les professeurs Joy Means Sick et Sans Congo sortent le stylo rouge, ça va gicler sur les marges. Façon expéditif :

  •  Le sort accordé à l'Histoire: comme il a été dit, le film par du principe que l'assassinat du gouverneur japonais en 1910 a échoué. Il en tire une suite d'évènements qui, bien que séduisante pour le scénario, nous semble extrêmement tirée par les cheveux. De plus, à moins d'être doctorant en histoire de la Corée ou passionné par la colonisation japonaise, il faut s'accrocher pour suivre le début excessivement bavard du film où on nous explique en quelques secondes comment l'histoire a changé. A partir du moment où on a besoin d'expliquer narrativement son film, c'est perdu. Le film ne tient pas debout tout seul, il faut lui mettre des béquilles. Non 2009 : tu ne voleras point de tes propres ailes. 

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  • Les ralentis: trop, trop, trop, trop, beaucoup trop de ralentis. C'est insupportable, ils sont le plus souvent (voire tout le temps) inutiles. Ils n'ajoutent rien au sens de l'histoire. Ils sont complètement superficiels. Tiens, ça me rappelle les expressions idiomatiques qu'on squatte dans les devoirs d'anglais (perso, j'ai saigné As far as I am concerned) parce qu'au fond, on a rien à dire. 

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  • La bande sonore: horrible. C'est de la dance des années 90. Le Hit machine. Pour un oui ou pour un non, ça dégaine les boums boums. En fait, à l'ère de la musique minimaliste, ce film résonne comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

 

  • Les regards: grosse faiblesse. Le scénario n'est pas naturel. On s'explique: à aucun moment les personnages se croisent parce qu'il fallait qu'ils se croisent. Au contraire, il y a toujours une introduction: le regard. En gros, à chaque fois que des personnages ne se connaissent pas encore et que l'histoire veut qu'ils se rencontrent, ils se regardent dans les yeux de loin, puis comme par hasard, ils interagissent. Bref, c'est un film de " pose ". Là pour le coup ça fait vraiment histoire racontée par un enfant en moyenne section (et après ils sont arrivés... et après il est parti... et après ils ont couru... et après... et après).

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  • Les personnages: fades, prévisibles, stéréotypés. 

 

  • On s'arrête là mais putain...: un dernier point vite fait. La morale de l'histoire est plus que douteuse. Elle est fascisante. On est pas Coréens, c'est pour ça qu'on se permet de juger. Cette manière de construire et définir l'identité coréenne uniquement par référence à un agresseur, en grossissant unilatéralement le trait, c'est pénible. Mais bon vous comprenez, les Japonais tuent des enfants, ce sont forcément des monstres.

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Allez ouste, on ne t'invitera plus à nos soirées.

 

Joy Means Sick & Sans Congo.

 

 

PS: Des confrères n'ont manifestement pas vu le même film que nous. Ce qu'ils ont vu, vous pouvez le trouver ici (ici là ! Allez clique moi dessus !). Le pluralisme des médias étant, depuis la révision constitutionnelle de 2008, directement inscrit dans le texte de la Constitution, nous nous refusons à tout commentaire.

 

BONUS : La citation du professeur au moment de rendre la copie : 0/20.

 

 

 

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