Antarctic Journal, Yim Pil-sung, 2005
Le commissaire Delauge avait finalement décidé de vider les bureaux des agents O'Meensick et San-Congo. Après près de cinq mois sans nouvelles du petit agent basané qu'il aimait appeler Congo-San en référence à ses penchants asiatiques, John O'Meensick avait à son tour disparu des radars, laissant derrière lui une tonne d'enquêtes en cours, de stickers griffonnés, de dvds étiquetés, de moleskines balafrés. Ces deux là filaient en mauvais coton et le commissaire se torcherait avec. A vouloir trop vouloir titiller la lune ils avaient fini par se mettre sérieusement dans la merde. L'un après l'autre, une sorte de symétrie en décalé qui collait bien à leurs gueules de cons. Peu importe qu'ils se soient finalement fait chopés par les (rares) apparatchiks du FFCF ou par la milice de East Asia, leur manège avait trop duré. A leur arrivée des Etats-Unis, ils les avaient pris pour des poids lourds, le genre à dégainer à la première gueule de con, des types fiables et réglos. Ils s'intégrèrent bien à l'équipe et Delauge s'était presque entiché de leur accent d'amerloques quand on lui rapporta les premiers écarts de ses deux protégés. La capitale française cachait bien des vices sous ses froufrous de lumière et, bien que fervent supporter du PSG, Delauge refusa de faire le parallèle avec Ronaldinho. A l'arrivée, le constat était le même, quelques mises au ban, des fulgurances de plus en plus rares et un départ vers d'autres cieux. Delauge pouvait toujours attendre ses trente millions d'indemnités de transfert, les deux tourtereaux n'avaient même pas pris la peine de lui indiquer leur destination.
Les derniers rapports signalaient la probable présence de Carter à Budapest. La ville aux bains chauds était un haut lieu de l'industrie pornographique et la piste était crédible, Delauge n'en avait plus rien à foutre. Quant à O'Meensick, il se faisait de plus en rare au bureau depuis le départ de son collègue, abandonnant enquêtes et conquêtes en cours de route, il avait fini par se mettre à dos l'intégralité de la brigade. La dernière fois qu'il l'avait vu, il s'appliquait à re-sculpter la gueule d'un stagiaire contre le radiateur des chiottes. Le jeunot avait cru bon de suivre les directives de son maitre de stage, Philippe A., un gros type qui avait pour seul point commun avec De Gaulle ses inimitiés outre-atlantiques et qui l'avait mis au défi de placer un coussin péteur sur le fauteuil de l'inspecteur. Le stagiaire avait une bonne dizaine de fractures, John deux semaines de mise à pied. Il était parti sur un doigt d'honneur, il n'était jamais revenu.
Il était maintenant plus de minuit et Sandra, sa grosse secrétaire qu'il aimait bien, vint lui dire qu'elle devait rentrer chez elle. Il la libéra avec un sourire timide, dans son monde à lui, les passions amoureuses passait par une période de gestation de plus de neuf mois avant d'espérer pouvoir voir le jour. Sandra était divorcée, elle était arrivée il y a deux mois, il avait peut-être sa chance. Le quintal de tendresse bleue disparu, Delauge se retrouvait seul au milieu du bureau de San-Congo et O'Meensick. Il avait relu les rapports de leurs plus belles enquêtes avec une larme à l'oeil, puis les avait soigneusement entassé dans des cartons qu'il aurait volontiers brûlés si l'Etat n'imposait à sa police un devoir d'archivage. Il avait tenu à faire se travail lui même, le deuil ne se partage pas et cette fois-ci Delauge l'avait particulièrement mauvaise. De toute la journée, personne n'avait osé le déranger. Il ne lui restait qu'un gros volume poussiéreux qu'O'Meensick avait utilisé pour caler les pieds bancales de son bureau. Une petite étiquette jaunie se trouvait sur la couverture « Antarctic Journal ». Il était tard et Delauge voulu éteindre la curiosité qui lui picorait les mains, sans succès.
On le retrouva le lendemain matin endormi sur ces quelques pages barbouillées à la hâte et constellées de stickers fluo un esprit malade et visiblement traumatisé par les températures excessivement basses du mois de février 2012.
Filmographie du bonhomme :
Antarctic Journal, 2005
Hansel & Gretel, 2007 → lien vers l'article et le trailer ça fera des vues en plus.
Depuis plus rien.
A noter tout de même qu’il est crédité pour le rôle de Fat Guevara dans The Host.
Fiche technique :
Scénario : Bong Joon-ho Monsieur Bong Joon-ho, Yim Pil-sung
Casting : Sir Song Kang-ho (qui attend toujours sa légion d’honneur), Yu Ji-tae (le méchant de Oldboy, le héros de Natural City, Paint dans Attack the Gas Station), Park Hee-soon (le vilain nouveau papa prêtre de Hansel & Gretel), Yoon Je-moon (un second couteau mais qui a déjà saigné des grands crus tels Mother ou The Host), Choi Deok-moon (qui a commencé sa carrière avec Peppermint Candy et Bad Guy et qui ensuite a du se casser une patte ou un truc du genre vu sa trajectoire chaotique).
Producteur : Cha Seung-jae, un type dont la filmographie débute en fanfare (les premiers Bong Joon-ho, Save the Green Planet) et qui depuis semble être passé du côté obscur rose bonbon de la force (Miss Gold Digger, My Scary Girl, Seducing Mr. Perfect… ah tiens Like a Virgin !)
Montage : Kim Sun-min, grosse activité et joli tableau de chasse pour la demoiselle : The Coast Guard de Kim Ki-duk, The Host de Bong Joon-ho, The Murderer de Na Hong-jin, Hansel et Gretel de… Yim Pil-sung. Et on pourrait encore citer A Million ou Hello Ghost dans sa filmographie.
Chef opérateur : « Big daddy » Chung Chung-hoon, le copain de PCW fiché dans notre série « Korean Cinematographers ».
L'affaire se passe entièrement au pôle sud où une expédition britannique aurait disparu au début du 20ième siècle. Quatre-vingt piges plus tard une bande de coréens décide qu'à défaut d'avoir pu être les premiers à déflorer la lune, ils tremperont leur biscuit dans la banquise froide et cruelle de l'Antarctique. C'est le premier film de Yim Pil-sung mais c'est peu dire qu'il est bien entouré, les rumeurs font état d'un coup foireux mais les rumeurs envoyaient aussi Pato au PSG cet hiver. On part confiant.
INTRO : +1
Les pôles terrestres sont photogéniques et franchement, vu la compo alignée sur le terrain, ça sent le théâtre des rêves façon Old Trafford. La pelouse est blanche, les acteurs jouent en noir et rouge, l’équipementier a changé (The North Face), les sponsors aussi (Orion) et c’est Song Kang-ho qui porte le 10 de Wayne Rooney. Les paysages défilent sur le générique et plantent le décors, un premier accident rappelle la précarité de la situation de nos aventuriers puis une présentation de l’équipe via une vidéo par satellite introduit les personnages. Un début pas franchement aérien mais efficace, l'arbitre donne coup d'envoi.
MENACE : +1
On nous annonce -80°C à destination. Brrr.
IMAGE : +1
Le chef op nous pond une lumière jaunasse et décontrastée lorsque l’on se retrouve sous la tente. La tente est jaune, c’est réaliste, c’est moche mais on garde nos repères. Difficile de faire autrement ? Bah avec une autre couleur de tente non ? En tout cas ça tranche avec l’image facile des prises de vues en extérieur, la neige, le soleil, les contrastes marqués, les couleurs saturées. Stylé quand même.
PERSONNAGES : +1
Capitaine, Song Kang-ho c’est l’un des seuls types qui puissent déclamer « nous nous sentons vivre en accomplissant l’impossible » avec une moustache de collégien tout en étant pris au sérieux. Voilà pour le discours d’avant match les gars !
MISE EN SCENE : -1
Zoom et/ou travelling sur le seau puis fondu enchainé et un œil qui se réveille sous la glace… WTF ?!
MENACE : -1 puis +1
39 jours avant la nuit, quand on marche vers du -80°C, c’est plus flippant qu’un zombie congelé sous la glace.
SCENARIO : -1
« Antarctic Journal », c’est donc le bouquin qu’ils trouvent sous la glace… D’ailleurs SKH s’en tape de ce journal, il voit bien que c’est le talon d’Achille du scénario. Il le sait, il le sent. C’est instinctif, alors il l’envoie valser d’un flip flap façon Ronnie vs Dos Santos.
PERSONNAGES : +1
Lui son truc, c’est la quête de l’impossible, dribbler onze joueurs et marquer du bout des fesses par -80°C dans la lucarne du pôle de l'impossible.
MISE EN SCENE : -1
Petit hic, la sensation de froid ne passe pas tellement. On repense aux exercices de Kurosawa avec son maitre décrits dans Comme une Autobiographie. Sensation de chaleur ? Un restaurant de grillades en plein été, des types attablés, de la fumée, de la sueur.
MISE EN SCENE : -1
Les visages sont trop intacts, ils ont tous du partir avec leur carton de labello et autres crèmes pour le visage. D’ailleurs ils n’ont même pas la moindre marque de bronzage après deux semaines de soleil permanent reflété à balle par la neige qu’ils écrasent.
IMAGE : +0
La dominante jaune sous la tente, c’est quand même crado. Osé, mais crado.
MISE EN SCENE : -1
L’impression d’étroitesse sous la tente n’est pas vraiment retranscrite, une question de focale, on les filme sans être avec eux. Ça sent le studio, c’est con, l’opposition entre la tente étouffante mais rassurante et les grands espaces aussi magnifiques que dangereux avait du potentiel.
PROD' : -1
The North Face a du lâché un bon paquet de fric pour être autant présent à l’écran.
MENACE : +1
27 jours avant la nuit, putain mais c’est vraiment ça qui fait flipper. Ensuite, c’est 6 mois de nuit et de froid. Les Norvégiens pourront vous en parler, même avec des économies pour deux générations y a de quoi perdre le moral.
MENACE : +1
Devant le froid, derrière le froid. Bad trip.
MISE EN SCENE : -1
Un flash, une flaque de sang et il tombe. Bof.
DIALOGUES : -1
« on dirait qu’il a pris froid, mais y a pas de virus ici »…
MISE EN SCENE : -1
Les poils de la doudoune et des moustaches se retrouvent gelés, ça vient, petit à petit. Le vent se lève, les premiers brouillards apparaissent. Le potentiel est là, la pyrotechnie fait de son mieux, mais l’image ne traduit toujours pas le froid. Le maquillage ne va pas assez loin. L’esthétique prime et du coup elle est plate et creuse. Syndrome Hansel & Gretel, syndrome Yim Pil-sung.
SON : -1
L’espace sonore aussi est sûrement un peu vide. C’est sûr que les chants d’oiseaux au réveil au milieu de l’Antarctique ce serait légèrement déplacé, mais le vent sur les combinaisons, le vent sur la tente, les souffles des randonneurs, la neige qui craque… ça laisse quand même un peu de matière non ?
MISE EN SCENE : -1
Bon, deuxième avertissement : le coup des hallucinations, ça marche pas des masses. C’est pas flippant pour deux sous, c’est incontrôlable, irrationnel et impossible à arrêter. S’il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de tension. C’est tout con, mais le vertige on l’a quand on est au bord du précipice, pas quand on chute et qu’on n’a pas d’ailes ni de parachute. Par contre si on a un parachute et qu’à 500 mètres du sol celui ci refuse toujours de s’ouvrir, là c’est flippant.
MISE EN SCENE : -1
Il y a un truc qui cloche et c’est peut-être aussi une question de choix de cadres. Trop esthétisants, trop composés, trop fixes, trop extérieurs à l’action. Par l’excès de stylisation, on casse la spontanéité du récit. Par ses cadres, et notamment ses impressionnantes plongées totales, Yim Pil-sung opte pour une narration (picturale au moins) extérieure à l’action. Pris séparément les plans sont sympas, associés par un montage lui aussi trop présent, ils mettent en avant la mise en scène, rappellent la présence d’une équipe autour de ses aventuriers fictifs. Avec des scènes ultra-découpées incluant parfois jusqu’à 6 personnages, on se retrouve avec des séries de champs / contre-champs / contre-contre-champs peu digestes. On sent la grosse équipe, on sent la grosse prod, on ne sent pas le froid, pas l’inconfort, pas le danger.
MISE EN SCENE : -1
Pas mal de plans où l’on sent la distance entre la caméra et les acteurs. Plans larges et fixes où les acteurs traversent l’écran au loin. Plans de coupe fixes et étudiés.
IMAGE : -1
La tente jaune, les combinaisons rouges, le ciel bleu, le tout sur fond blanc et bien saturé, à un moment ça commence à ressembler aux photos des pages sports d’hiver du magazine de Décathlon.
SCENARIO : -1
Ouh le vilain Song Kang-ho qui trafique la radio, ouh le vilain scénario qu’on voyait se déplier mollassement depuis trop longtemps.
SCENARIO : -1
1er réflexe d’un explorateur qui découvre le journal de bord d’une expédition disparue : lire la dernière page et savoir ce qui a merdé ? Non ? Un livre se lit dans l’ordre, sinon ça tue le suspens ? Ok…
MISE EN SCENE : -1
Seconde disparition, toute une séquence complètement ratée. D’abord le trou dans la glace, que l’on montre ostensiblement mais que les yeux aiguisés de nos experts ratent lamentablement. Pire, ils se battent autour. Pas besoin de le souligner davantage, quelqu’un va tomber dedans. Et comme si cela ne suffisait pas, une tempête de salopard fait capoter la tentative de sauvetage (et sauter la crédibilité de l’équipe des effets spéciaux au passage).
SCENARIO : -1
Problème de genre : la question n’est pas de savoir qui va mourir mais qui va survivre. Les morts ne sont plus que des cartes que l'on retourne, sans passion. De toute manière Song Kang-ho crèvera le dernier, c'est écrit, le film mourra avec lui, qu'il le veuille ou non.
SCENARIO : -1
Les types se sont condamnés eux-mêmes. Ils sont à 40 jours de marche de leur point de départ, ils ne pourront même pas y retourner avec la nuit. Sachant qu’aux pôles, y a 6 mois de jour et 6 mois de nuit, on se dit quand même que le responsable du planning a merdé quelque part dans ses calculs. Ça fait pas sérieux.
DIALOGUES : -1
« C’est juste de la neige, nous pouvons la fondre et la boire ». Coach SKH à la mi-temps du match. Pour l’instant son équipe prend 2-0.
MISE EN SCENE : -1
Petit à petit… les visages sont de plus en plus marqués… mais il manque encore le nez qui coule, les cheveux ébouriffés et gelés, les lèvres gercées, les engelures... Et aussi un bonnet ! C'est moins classe que les cheveux au vent mais ça reste la base en dessous de 0.
IMAGE : -1
La plongée totale au dessus des 4 traineaux, c’est stylé pour les screenshots, mais pour la narration…
BONUS : +10
Woah : le pitch IMDB en version française : « Hallucination collective ou cauchemar bien réel ? Par le réalisateur de "2009: Memories of Murder"... Un huis-clos angoissant et cauchemardesque, dans la lignée de "The Thing" et "Projet Blair Witch". Des décors d'une beauté hallucinante, une tension à son comble pour un pur produit du nouveau cinéma d'horreur asiatique. » A la ligne : « Dernière mise a jour de la page faite par elephantfilms, le Il y a 2 années. ». Ca donne une sacrée envie d’aller voir la suite de ses contributions à celui-là ! J’en suis à mater les infos Imdb sur mon portable pendant le film, je crois que j’ai décroché.
MISE EN SCENE : -1
Je relève la tête, désormais les acteurs murmurent et attendent cinq secondes entre chaque ligne de dialogue. L’ambiance est très solennelle, on parle du fils du capitaine qui s’est suicidé dans d’étranges circonstances (il voyait la dame blanche dans son appartement). On dirait une soirée d’exorcisme entre collégiens.
DIALOGUES & MISE EN SCENE : -1
Ouch, les dialogues : alors que l’équipe demande à déclencher l’ELT (la balise d’urgence) par le biais du lieutenant, capitaine SKH refuse, se lance dans une tirade. Le mise en scène est tout aussi subtile : accompagnée par une musique dramatique, la caméra fait d’invraisemblables travelling droite-gauche pour faire entrer et sortir le capitaine du champ. Ultimate punchline ou Fatality façon Mortal Combat : le capitaine prend les lunettes du lieutenant et les casse. « Tu ne peux pas avoir peur de ce que tu ne voies pas ». Et pan dans ta gueule ! Carton rouge mérité, Bong Joon-ho devait être parti pisser quand Yim Pil-sung a ajouté cette ligne de dialogue qui va à l’exact opposé du cinéma d’horreur.
MENACE : +1
- 32°C, ça commence à piquer sévère dans les mount-boots.
SCENARIO : -1
Ça alors, une baraque en bois sur la banquise ! En 1927, à défaut de tentes, les types se baladaient toujours avec un quintal de planches de bois soigneusement taillées, un marteau et des clous pour une bâtir une cabane en cas de tempête. Et du genre solide et garantie 80 ans même en conditions extrêmes. C’est pas pour rien qu’ils ont dominé le monde ces britanniques !
PERSONNAGES : -1
Quelle bande de tapettes, y a des types qui sont arrivés jusqu’ici il y a 80 piges avec de quoi bâtir non pas une mais deux cabanes, et eux se plaignent de devoir tirer leur traineaux en plastique ultra légers… C’est les stocks de crèmes pour le visage qui doivent peser lourd.
MISE EN SCENE : -1
Le toit s’envole, ellipse, WTF !?
...
Delauge s'endormit littéralement sur cet ultime anglicisme croisé avec du langage texto. Les deux zigotos ne lui manqueraient pas, ils avaient touchés le fond et se trouvaient à deux doigts de renier leurs principes : des + et des – l'étape suivant c'était l'avis l'express et la note sur 10. Ils avaient du le sentir, ils s'étaient taillés, leur lâcheté n'avait d'égale que leur nouvelle médiocrité, il ne leur en voulait même pas. L'enquête sur Antarctic Journal eut quand même lieu et les collègues qu'il avait mis sur le coup arrivèrent à la même conclusion que les deux inspecteurs portés disparus : « Elle brûle longtemps cette fusée orange non ? ».
Gros casting, gros package, déception en mode gros spectacle à servir avec cacahuètes et bières en quantité excessives. On classa l'affaire, par respect pour Song Kang-ho et Bong Joon-ho.
...
A l'autre bout du monde, O'Meensick ponctua son chat sur Skype avec la grosse Sandra en lui rappelant de voter Biquette en 2012. Apparemment Delauge avait fini par craquer, on pouvait le comprendre. Il avait fallu deux heures et la promesse qu'il rentrerait bientôt frotter son corps au sien avant que Sandra ne daigne le tenir informé de la situation en France. Apparemment on sortait de l'hiver mais pas de la crise et le train-train quotidien avait de plus en plus de mal à avancer sur ses rails. John s'était fait la malle, non pas qu'il ait eu le choix. Il ne savait pas ce qui était arrivé à Carter à Buda', mais ils avaient désormais l'industrie pornographique au cul et le plomb qui lui avait chatouillé les fesses lui prouvaient ces types ne rigolaient pas. Il s'était réfugié à Cape Town avec l'idée de se faire oublier en prenant des coups de soleils et guettait désormais chaque jour les fins fonds des tubes pornos avec la peur de voir une vidéo de son ami de toujours violé par un cheval ou tout autre torture qu'aurait pu imaginer la mafia hongroise.
"Ce que l'on voit sur l'écran, ce ne sont que les restes" disait Roman Polanski, de la vie d'O'Meensick il ne restait plus grand chose. Il pensa à Mandela.