Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Petits traités sur le cinéma coréen par Sans Congo et Joy Means Sick. Blog critique cinéma asiatique

Woochi, le magicien des temps modernes - Orphée, Eurydice et James Bond

      Woochi, le magicien des temps modernes, Choi Dong-hoon, 2009

jeon-woo-chi-aff.jpg

 

Aujourd’hui tout le monde parle de The Thieves, bave devant la plastique de Gianna Jun (My Sassy Girl, Windstruck, Il Mare) et s’émoustille devant le charisme de Lee Jung-jae (The Housemaid et son « suce » impératif, Il Mare). 13 millions d’entrées, un pitch à la Ocean’s Eleven, mouais, pas de quoi sortir son marteau pour arracher deux dents à un tortionnaire. On oublie souvent de mentionner que le réalisateur Choi Dong-hoon n’en est pas à son coup d’essai, c’est quand même un mec qui a réussi à planter 7 millions d’entrées avec un titre comme Woochi le magicien des temps modernes, un film qui mêle le bâton magique de Sangoku, le mafuba de Tortue Géniale, les personnages de Bloody Roar 2 et des combats à la Matrix.

 

photo-Woochi-Le-magicien-des-temps-modernes-Woochi-2009-2.jpg

Woochi (Gang Don-won) et son fidèle Chorangyi (Yu Hae-jin) après un bar-baskets.

 

Avalanche de post-prod numérique oblige, la scène d’intro ressemble fort à celle d’un jeu vidéo. Dans un décor chtonien gris métallisé, un archange joue de la flûte pour maintenir enfermés démons et gobelins, activité qui requiert un sacré souffle puisqu’il doit s’y atteler 3000 jours d’affilé sans pause casse-croute ni pipi. La musique adoucit les mœurs et tout va bien, jusqu’au 2999ème jour, où les trois dieux taoïstes chargés de compter les jours se plantent comme des crétins, font signe à l’archange qu’il peut se reposer, ce qui précipite tout le monde dans le chaos et sur la terre. Démons, gobelins et archange prennent forme humaine, oublient momentanément leur passé infernal et atterrissent dans la Corée médiévale du 16ème siècle. Les trois dieux les suivent, se montrent aussi couillons sur terre que dans les cieux et décident de partir à la recherche de la flûte magique pour rétablir l’ordre des choses et enfermer les gobelins dans des petites fioles en terre cuite. Honnêtement on n’est pas loin de la technique du Mafuba et de l’autocuiseur de Dragon Ball, mais sans le swag et la barbichette qui vont avec. Petite licence vis à vis de l’histoire, la Corée du 16ème siècle abrite quelques magiciens de renom qui se disputent amicalement gloire et prestige. L’un d’eux s’appelle Woochi et se présente comme un personnage benarfesque par excellence : un magicien qui manque de sérieux mais pas de talent et qui préfère se la péter devant la cour du roi que sauver l’humanité. Il va devoir affronter Hwadam, magicien surpuissant mandaté par les trois dieux pour récupérer la flûte, magicien qui se révèle aussi être un gobelin ou un démon et qui bute le maitre de Woochi pour récupérer la flûte. Pour faire court, après deux trois tapes armé du bâton magique de Sangoku face à Bakuryu et Alice de Bloody Roar 2, Wooshi et son fidèle compagnon Chorangyi (un chien qu’il transforme en homme ou en cheval à l’occasion) se retrouvent prisonniers d’une estampe avec une moitié de la flûte ; la faute aux dieux taoïstes qui dans l’incarnation des défauts humains n’ont rien à envier à leurs cousins grecs et qui prennent Hwadam pour leur sauveur. Cinq cents ans plus tard, Riri, fifi et loulou déchantent : Bakuryu et Alice sont de retour et impossible de mettre la main sur Hwadam pour les aider. Ils décident alors de libérer Woochi, en plein Séoul du 20ème siècle. 

 

 

 

Le film dure deux heures et se déroule à un rythme effréné, calqué sur le modèle de ces blockbusters américains qui pratique une technique de harcèlement mélée au mythe d'Orphée et Eurydice: 1/ne jamais laisser le temps au spectateur de se retourner pour questionner ce qu’il vient de voir, 2/ l’aider à avaler de grosses pilules à grands coups de scènes d’action et d’effets spéciaux. Si on se retourne, si on arrête de croire, si on se montre trop critique, le rêve se brise. Un film n’étant pas forcément un récit réaliste, à partir du moment où l’on accepte que M soit assez bête pour ordonner à une James Bond girl de tirer au risque de tuer 007, et ce dernier suffisamment balèze pour survivre à une chute de 50 mètres avec deux balles dans le caisson, on est prêt à accepter que James ne soit pas fouillé chez les méchants, qu’un assassin professionnel garde son assurance paiement dans sa mallette et que quand on s’appelle Daniel Craig ce n'est pas la peine de s’embarrasser à discutailler : si une fille vous fait de l’œil dans un bar, vous pouvez ensuite tenter la technique de l’homme tout nu et vous glisser par surprise sous la douche avec elle : elle ne criera pas, ou pas tout de suite et pas de peur. Le deal fait avec le spectateur est assez simple et finalement honnête : on prend des raccourcis pour lui donner ce qu’il est venu voir : de l’action, de l’héroïsme et de jolis (dé-)corps. Peu importe si entre tout cela les articulations sont minces, tant mieux même, c’est moins de temps de perdu. Bref ici on ne se demande pas pourquoi Hwadam est toujours en vie au 20ème siècle (les magiciens seraient immortels, mais qu’est-il advenu des autres ? – à moins que l’explication soit sa nature de gobelin/démon mais dans ce cas là en 500 ans les trois dieux auraient pu se douter de quelque chose), ni pourquoi les gobelins refont surface, et encore moins pourquoi la jeune fille que Woochi avait sauvé à l’époque des rois est toujours en vie (ou du moins a été réincarnée, ce qui serait bizarre parce vu que – attention SPOILER – c’est en fait l’archange à la flûte et que la moindre des choses serait qu’elle soit elle aussi immortelle). Enfin… si, on se demande, on est même assez perplexe, mais comme il faut suivre l’histoire et le montage à 100 l’heure (en termes de densité d’informations plus qu’en termes de nombre de plans par minute), et que de toute manière on est en train de regarder un blockbuster coréen avec un magicien pour minettes et un chien qui parle, on se dit que l’univers du film répond à une autre forme de logique.

 

Woochi-le-magicien-des-temps-modernes-3.jpg

 

Le tout passe bien et surtout c’est produit de manière très propre, avec des effets spéciaux plutôt convaincants et une bonne humeur qui plaira aux marmots. On se demande même si la Corée n’a pas une attitude volontariste en matière de cinéma, qui la pousse à se frotter à des genres habituellement réservés aux américains histoire de développer des compétences en interne et de ne pas se limiter à une niche à double entrée (violence noire / rom-com toute mimi) sur les marchés internationaux. L’image, confiée au fidèle Choi Yeong-hwan, colorée et contrastée correspond aux standards (plutôt élevés) d’une grosse machine sud-co et même si le charisme des gobelins n’atteindra jamais les chevilles des Rahzar et Tooka de l’immense Tortues Ninjas 2, les scènes de combat sont plutôt sympas et bien foutues. Les héros cabotinent, l’histoire est light, l’imaginaire une sorte de patchwork multiculturel et le tout un film que l’on apprécie au gré de son humeur du jour. Le genre de truc qui a du sortir à Noel ou au mois d’août (ndlr : sortie le 23 décembre 2009 en Corée).

 

20176337.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

 

 

BONUS 

 

 Rahzar et Tooka, Tortues Ninja 2, "Go ninja go" et "disparition ninja", à voir en VF de préférences pour l'accent re-noi de Raphaël

       

 
  

Bakuryu VS Alice, la taupe VS le lapin, Bloody Roar 2 VS Woochi.

 

woochi_3.jpg

tumblr_lk0dmg045l1qcrzzno1_400.jpg

 

 

 

Le Mafuba de Tortue Géniale sur un air de James Bond

 

            

Un best-of de Dirty Master Roshi...

... aka Tortue Géniale...

...aka Kamé Sennin ("le maitre/l'ermite des tortues")

 ...aka Muten Roshi (son vrai nom)

...aka Jackie Chun

...aka Duende Tortuga / Genio de la Tortuga (en espagnol)

...aka Maestro Muten / Eremita della Tartaruga (en italien)

...aka Tartaruga Genial (en portuguais)

...aka Master Roshi / The Turtle Hermit (en anglais)

... et la suite de la liste ICI


 

 

 

 

 

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
I
Je me souviens de "The Big Swindle". C'était sortie chez Asian Star, il me semble. J'avais évité de le choper, trop d'achat de film daubesque chez cet éditeur. A force de me faire avoir, j'avais<br /> mal au cul. Tiens, y avait déjà la thématique de la cambriole dans celui-ci...
Répondre
S
hahaha putain c'était frais bloody roar ii
Répondre
S
oué, elle est étonnante sa carrière d'ailleurs :<br /> - une partie sexo-underground où il assiste im sang-soo<br /> - une partie big game où il donne du spectacle efficace et abrutissant (comme woochi), même si tazza the high rollers était vachement sympa je trouve<br /> sinon je serais curieux, outre the thieves, de voir the big swindle, récompensé pour les scénario et les acteurs
Répondre
I
On peut presque dire de Choi Dong-hoon qu'il fait partie (ou est en passe de le devenir) des "yes men" sudco avec ces succès qu'il affiche dans son compteur perso'. J'ai jamais bandé devant sa<br /> filmo'. J'attends tout de même de voir ce qu'il va nous offrir après le gros succès "The Thieves".
Répondre