36 bonnes raisons d’aller jeter un coup d’œil au Festival Franco-Coréen du Film du 11 au 18 octobre 2011
Raison 1 : Le cinéma sud-coréen est objectivement le plus intéressant qu’on peut nous donner à voir. Cherche pas. Il y en a pour tout le monde : les pouilleux, les intellos, les romantiques, les excités, les gourmands, les ascètes et les aveugles. Si t’es pas content, Choi Min-sik t’en colle une.
A ta place, je ne ferais pas le malin
Raison 2 : le FFCF 2011 se déroule au cinéma Saint-André-des-Arts, à Saint-Michel. Au centre de Paris pour que personne ne soit lésé. Alors c’est vrai, il paraît que des formes de vie se sont développées au-delà du périphérique, mais personne n’en a apporté de preuves irréfutables. Donc mieux placé, tu meurs.
Raison 3 : le FFCF, c’est une pente ascendante depuis plusieurs années. A une époque où on retire ses billes de la plupart des pays européens, où les marchés doutent de l’avenir de l’euro, optez pour la stratégie du bon père de famille. Le FFCF est un placement sûr.
M. Lee, 50 ans au service de votre épargne
Raison 4 : le FFCF vous reçoit très bien. Le site internet du FFCF est ergonomique, simple et complet. Les flyers sont décontracts. L’équipe est très réactive sur Facebook et très sympa quand vous aurez l’occasion de la voir dans la réalité. Vous pourrez discuter et échanger entre les films au bar du festival, la Vénus noire. C’est Joy Means Sick qui paye.
Raison 5 : Parce que les gars se sont quand même fait chier à faire un trailer digne de ce nom, réalisé par Alban Ravassard.
Raison 6 : Kim Jong-il, qui aurait selon nos informateurs une collection d’environ 12 000 dvds, aurait été chaud pour venir s’il n’avait pas eu de problème de visa.
" Putain j'ai trop la haine, mais je vais faire comme si j'en avais rien à foutre : ha ha ha ha !"
Raison 7 : la programmation est impeccablement répartie, c’est très jouissif comme sensation. Et on s’est arrangé au niveau des horaires pour faire tourner les séances. Un vrai supermarché. Donc statistiquement, si tu es un être humain normal, tu devrais trouver chaussure à ton pied.
Imprime-toi ton guide de survie
Raison 8 : Puisqu’on sent que tu es encore sceptique, on va faire un petit tour plus approfondi dans la programmation. Fine bouche va.
"Je vous crois pas les mecs, va falloir être plus solide pour me déraciner"
Raison 9 : mardi 11 octobre, à partir de 19 heures, tu cesses toute activité et tu te dépêches d’arriver pour 20 heures à la séance de Sunny de Kang Hyeong-cheol, le film qu’on présente pour l’ouverture du festival. Alors peut-être que ça ne te dit rien, jeune éphèbe, jeune donzelle, mais Kang Hyeong-cheol est le gars qui a réconcilié Sans Congo avec la comédie sudco. Ce n’est pas rien. C’était un soir devant Speedy Scandal. Complètement lollesque. Sunny, ça a l’air d’être le pendant féminin de Chingoo de Kwak Kyung-taek, mais avec la verve de Hyeong-cheol. Bref, du lourd. Sans Congo ne tient plus en place. Si tu n’assumes pas ta passion pour la K-pop, c’est le moment où jamais.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 10 : Anti-gas skin, de Kim Gog et Kim Sun. C’est une véritable plaie d’avoir accès à du cinéma underground sudco, soit parce qu’il n’existe pas, ou alors il n’existe plus et n’est distribué qu’en cassette. Le FFCF nous livre ici un petit engin expérimental qui a l’air d’être complètement brut : très sympa donc. Il n’y a qu’à voir la bande annonce pour s’en convaincre. Les deux frères s’inscrivent dans la tradition du cinéma sudco politiquement engagé et probablement situ. Ils travaillent dans le cadre d’un collectif, ce qui n’est pas sans rappeler les configurations artistiques de certains groupes marxisants de la fin des années 80. Quand on sait que leur dernier film traite d’un groupe de K-pop qui finit en chair à pâté à cause d’une chanson (White: the melody of the Curse), on se dit que les gars ne peuvent pas être fondamentalement malhonnêtes.
Pitch, bande-annonce et horaires
Quand Sunny tourne à la viande hachée...
Raison 11 : Tu vas pouvoir placer tous les mots de coréens que t'as cru apprendre au cinéma, et constater que tu ne fais pas illusion une seconde face aux organisatrices du festival. Non tu n'auras pas de pass gratos, mais si t'es pas trop moche tu peux espérer un sourire condescendant.
Raison 12 : Invasion of Alien Bikini, de Oh Young-do. Palme d’or du titre le plus mystique. Quand on vous dit que le FFCF 2011 distribue des biscuits pour tout le monde. Quelques mots sur le pitch quand même, histoire de rabattre le caquet des sirènes du « c’était mieux avant » : Young-gun, arpente la ville de nuit munie d’une fausse moustache pour lutter contre le crime (déjà on ne sait pas vous, mais un héros à moustache, nous, ça nous met direct dans de bonnes dispositions). Une nuit, il vient au secours d’une jeune femme agressée par trois voyous. Et voilà-t-y pas la jeune femme est en fait une alien en quête de sperme humain pour se reproduire. Voilà, il semble que le film parle pour lui-même.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 13 : Castaway on the moon, de Lee Hae-joon, réalisateur dont on a déjà eu l’occasion de parler sur ce blog pour son film Like a Virgin, un film surprenant mais plutôt réussi à propos du coming-out d’un jeune adolescent un peu grassouillet et ultra-fan de Madonna. Technique le thème n’est-ce pas. Castaway on the moon s’inscrit dans la même veine : une comédie futé et requinquante, des sentiments (mais pas d’eau de rose, ou pas trop), de l’astuce et de l’originalité. L’exercice des analogies est toujours un peu périlleux, mais Castaway on the moon est une sorte de Fabuleux destin d’Amélie Poulain, avec l’aspect carte postal en moins. Bref, si tu veux te décontracter après une sale journée de taf, ça vaut mieux que les antibiotiques.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 14 : Hello Ghost, de Kim Yeong-tak. Hahahahahahaha. Inutile de tourner autour du pot. Il y a Cha Tae-hyun dans le film. Il vaut son pesant d’or le père Cha. Donc toi, oui toi bande d’adolescente qui traîne ses guêtres entre la Place d’Italie et Olympiades, viens vite te pâmer devant ton idole absolue, si tu n’as pas déjà téléchargé le film. Pour les autres, et selon les propos du FFCF, Hello Ghost est le summun de ce que ces dernières années ont pu nous servir en terme de comédie mélodramatique, ces films 50 % comédie 50 % mélodrame dans la veine de My Sassy Girl. Nous on ira pour Cha Tae-hyun, comme les minettes du 13e.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 15 : The Unjust, de Ryu Seung-wan. Que dire de plus, si ce n’est que c’est un grand ami personnel des auteurs de ce blog (on ne déconne pas). Le FFCF offre une seconde chance aux retardataires puisque The Unjust a déjà été donné à l’Etrange Festival au début du mois de septembre. Donc cette fois, vous êtes prévenus. Vous n’aurez plus d’excuses. Pour les amateurs, The Unjust est peut-être un peu différent du reste de la filmographie du pépère, mais il vaut quand même son pesant d’or. Vous aurez l’occasion de découvrir un nouveau kick : le chassé-balayette. Voilà, c’est vrai, c’est difficile à visualiser. Mais si vous êtes un tant soit peu curieux, vous pourrez apprendre le geste.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 16 : avoir l’occasion de rencontrer Yoon Sung-hyun, jeune réalisateur estampillé KAFA qui a réalisé quatre courts-métrages et un long métrage, Bleak Night, et dont l’œuvre est à l’honneur dans cette année (pour rappel, l’année dernière l’invité n’était autre que Ryu Seung-wan). Etant donné la jeunesse du bonhomme (29 ans sauf erreur de notre part), lui poser des questions durant la session « Meet the director » vous permettra peut-être de vous la péter dans vingt ans en racontant à qui veut entendre que vous y étiez vous, que vous lui aviez dit que, que vous l’aviez critiqué, etc. Pour avoir vu quelques petits trucs du réalisateur, c’est vrai qu’il y a une touche perso qui frappe direct à l’œil, comme une espèce de sobriété sans outils ni fracas. Du coup ça donne un style assez singulier dans le panel des réalisateurs sud-coréens. Bref, de quoi se faire sa propre opinion. En tous cas, il ne se fout pas de votre gueule.
Présentation, bandes-annonces et horaires
Raison 17 : End of Animal de Jo Sung-hee. Le film a l’air intrigant dans le genre. Espèce d’ovni dont la bande-annonce ne devrait pas vous laisser indifférent. On espère juste que ça ne se révèlera pas être une bouillabaisse vaguemement baddante et horriblement façon La Route de John Hillcoat. Mais apparemment c’est un film avec un faible budget (assez fréquent dans ce FFCF2011, c’est coul de nous montrer les idées pures et non l’unique force de frappe financière), qui a dû développer pas mal d’astuces, donc on demande à voir. A noter également qu’End of Animal partage en commun avec Bleak Night d’être un film de fin d’étude produit par la KAFA. Ahh la jeunesse. On pourra donc avoir un petit aperçu de la décennie 2010 en termes de réalisateur. Et relancer, éventuellement, la sempiternelle question de la vie, mort, renaissance, ressuscitation, enterrement, suicide, ou nième nouvelle vague du cinéma coréen.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 18 : Tu pourras acheter des crayons, des sacs, des cartes postales, des affiches et plein d'autres goodies. Jamais commercialisés en France ! (bon c’est vrai on se moque un peu de toi).
Raison 19 : essayer de pécho le numéro de Jung Yumi, l’actrice préférée du FFCF. L’édition 2011 donnera notamment l’occasion de voir Café noir, de Jung Sung-il, et Come, Closer, de Kim Jong-kwan. Juste pour information : Café noir, c’est le film d’un critique, de 3h20, bourré de référence. Faut voir. Jung Yumi y donne notamment un monologue d’une dizaine de minutes, en une prise. Performance quoi. Très belle et très classe. Vous pourrez essayer de repérer l’Insecte nuisible en orbite autour d’elle, à plus ou moins deux mètres selon la coercition du service de sécurité.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 20 : remercier Kang Hyeong-cheol pour les bons moments que vous aurez passé devant Sunny et éventuellement Speedy Scandal si vous avez trouvé le moyen de vous le procurer entre temps.
Raison 21 : Pierre Ricadat, un chic type, très disponible, aux goûts assez sûrs, est responsable de la programmation des longs métrages. Pierre Ricadat, c’est aussi un mec qui corrige nos erreurs sur notre blog. Pierre Ricadat a un œil sur tout. Si Pierre Ricadat te conseille un film, tu le remercies, t’achètes ton billet, tu t’assoies et tu regardes. De toute manière, Pierre Ricadat est comme Philippe Azoulay, il a vu plus de films que toi.
Raison 22 : vous culturer un peu sur certaines thématiques sociales en essayant un des documentaires parmi les trois que propose ce festival. L’année dernière, on avait essayé, et on n’avait pas vraiment été convaincu mise à part Taebaek. Et on a encore Earth's Women au travers de la gorge. Dong-suk, le directeur exécutif du festival, s’était d’ailleurs fait le relais des propos de Darcy Paquet qui s’étonnait de ce qu’il n’existât pas de Park Chan-wook du documentaire. C’était peut-être aussi en raison des thèmes choisis. Cette année, les documentaires traitent de l’homosexualité en Corée du Sud, des plaies ouvertes par la scission de la Corée en deux, et de la société industrielle sous un angle abstrait. Essayez au moins d’en voir un, ce n’est pas inintéressant. Vous aurez l’occasion de mesurer la distance dans la manière de traiter les sujets ici et là-bas.
Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire sur l'homosexualité
Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire sur la scission de la Corée
Pitch, bande-annonce et horaires du documentaire iron-concept
Raison 23 : pour apprécier l'article, mieux vaut avoir vu le film.
Raison 24 : voir en avant-première l’excellent The day he arrives, de l’excellentissime Hong Sang-soo. Vous aurez ainsi l’occasion de vous frotter, en avant-première excusez du peu, à quelques unes de minutes les plus originales du cinéma sud-coréen. Nous ne savons pas de quoi parle le film. Pourtant, sans trop forcer, le pitch doit donner quelque chose comme : un auteur qui a perdu son inspiration, qui appelle des meufs, qui boit des bières, qui couche avec les meufs, qui se réveille le matin, qui rappelle des meufs, qui raconte qu’il a perdu l’inspiration, quoi boit des bières, qui couche avec des meufs, qui se réveille, qui raconte qu’il a perdu l’inspiration, qui boit des meufs, qui couche avec une inspiration, qui raconte une meuf, qui boit l’inspiration, qui raconte une bière, qui… Bref, sans aucun doute le temps fort du FFCF. Vous aurez l’insigne honneur d’y croiser l’ombre de Sans Congo discutant avec celle de Joy Means Sick des mérites du cadrage hongsangsoonien, des points de rapprochement entre l’œuvre du cinéaste et celle de Chateaubriand, de la profondeur métaphysique de la solitude des personnages d’Hong Sang-soo, etc.
Pitch, bande-annonce et horaires (sous réserve de disclaimer)
Raison 25 : puisqu’on y pense, ce sera probablement la meilleure occasion pour demander un autorgraphe à Sans Congo.
Raison 26 : The Code of a Duel, de Yeo Myung-jun. Voici pour le synopsis : « dans un présent imaginaire, la loi coréenne permet à deux individus de se défier en duel au sabre, la condition de victoire étant la mort de l’adversaire. Young-bin, un salarié ordinaire, est un redoutable combattant, et s’entraine avec ses amis Un-kwang et Bon-guk. Le gouvernement décide enfin d’abroger cette loi… ». Il n’y a pas à dire, le FFCF 2011 tape dans le pointu. Ça à l’air d’être une espèce de Battle Royale-like. Espérons que ce soit tout aussi déjanté.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 27 : juste pour rappel, Drive et The Artist c'est sympa, mais ce sera toujours à l'affiche après le 18 octobre.
Raison 28 : essayer de suivre une idée très sympa qui se décline comme suit. Le FFCF propose de voir un film original (années 60/70), et son remake une trentaine d’années plus tard. Bref, ça peut être sympa pour le technicien et le badaud. L’année dernière, on avait eu droit au grandiose Park Nou-sik dans la section Classic. Généralement, c’est du solide. Surtout, c’est une grosse tannée de se procurer les vieux films sudco. Donc quand on a la possibilité d’en voir sur grand écran, il vaut mieux en profiter.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 29 : après avoir féliciter Dong-suk pour son costume super classe (à la cérémonie d’ouverture), vous pourrez jouer à lui faire traduire des mots très compliqués du français au coréen. L’année dernière, Monsieur a bloqué sur « phalange » ou « métacarpe », ou un truc dans le genre. Cette année, si tu veux montrer que tu es un fidèle lecteur de KBP, nous te proposons de te manifester en salle lorsque Dong-suk fera des traductions, en posant des questions contenant les mots : paronomase, métempsycose, amphigourique, mystagogie, palinodique, sternutation. Les expressions latines sont évidemment bienvenues, mais le blog se décharge de toute responsabilité au regard de l’éventuelle antipathie que ton comportement pourra susciter parmi les spectateurs.
Raison 30 : Parce que tu rêves de taper l'incruste et la discute dans une soirée coréenne et qu'il te faut un minimum de conversation et de vocabulaire.
Nous on t'a modestement appris "Shiballoma", mais ça te servira pas beaucoup pour serrer des meufs
Raison 31 : Parce qu'Alain Justice aka Bunta Kun vient d'annoncer publiquement sur facebook que le FFCF11 sera son premier festoch de cinéma. Un dépucelage à suivre en direct et durant toute une semaine.
Pour devenir pote avec Alain Justice sur FB
Raison 32 : Pour sélectionner les courts-métrages en compétition, l'équipe du FFCF a du s'en taper 200. L'année dernière le niveau n'était pas fou-fou, mais on n'avait aussi pu voir les premières œuvres de Na Hong-jin, Bong Joon-ho et autres Park Chan-wook, et se rappeler qu'il faut rester à l'affût des nouveaux talents de la péninsule.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 33 : Les courts métrages en compétition seront aussi disponibles en ligne sur Mubi, si ça ce n'est pas une belle une idée de la culture et du partage, franchement.
Raison 34 : Tu es chômeur, ton appart est isolé avec du gruyère et tu as du mal à encaisser les brutaux changements de température, les salles du FFCF sont chauffées et les pass à 35 euros voire 25 pour les jeunes marsupiaux de moins de 20 ans.
Raison 35 : pour dire au revoir à tout le monde et promettre à tes nouveaux copains que vous vous reverrez, tu pourras aller voir le dessin animé Leafie, de Oh Seong-yoon. Oui, dessin animé sud-coréen, plutôt rare en France. D’autant plus que dans la matière, le voisin nippon n’est pas du genre partageur. Pourtant il existe une scène anime sudco, et plutôt talentueuse. En effet, on ne le dit pas, mais les Japonais ont coutume de sous-traiter des pans entiers de leurs anime, notamment les effets spéciaux, à la Corée du sud. Donc en gros, au pays du matin calme, on a les compétences techniques, il ne manquerait plus qu’à franchir le pas, à l’aide, notamment, d’une plus grosse visibilité. Pour les connaisseurs, il faut quand même dire que Leafie a été supervisé par Gap Kim, celui-là même qui a dirigé le génialement nauséeux Aachi & Ssipak, et dont on regrette que son pilote de Mad Monkey n’ait pas donné lieu à continuation. Bref, ça doit être très bon. Pour les amateurs, le demi-dieu Choi Min-sik et la gracieuse Moon So-ri prête leurs voix au film.
Pitch, bande-annonce et horaires
Raison 36 : 50 films, tous inédits en France. Je ne sais pas quoi te dire de plus. Si tu continues à tortiller, c’est que tu es de mauvaise vie.