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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 00:52

Open City, Lee Sang-gi, 2008

 

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Eté 2008. A l’heure de la France sarkozyste, de notre société franchouillarde de comptoir aux relents xénophobes latents à la Pernaut/Bardot et de notre système quasi-ultra-sécuritaire... 

A l’heure où la parano nous enferme à double tour, que la crise des « subprimes » sévit, que les rangs du FN grossissent et que les entreprises dégraissent… 

Oui à cette heure-ci, où les corps gisent au quatre coin du monde, que la famine est présente sur les cinq continents et que The Wire, meilleure série de tous les temps connait sa ponctuation (elle résume, à elle seule le monde tel qu’il tourne, tel que nous tournons « time after time »). A l’heure où…

 

 


 
 

 

 

La peur du moment était toute trouvée. Elle était là à m’envahir alors que les reportages de TFOne et MSixe s’immisçaient en moi de façons insidieuses. J’avais besoin de parler, de me confier et d’expier mes pensées vigilantes. Sans Congo ne voulait plus entendre parler de moi depuis un cadeau que je lui avais offert. Joy Means Sick était sur répondeur à teufer au Pacha Club sur ses semelles compensées. J’étais esseulé, le cinéma pour seul confort. Je partais à la recherche d’un film me permettant d’esquiver et ainsi me protéger des pickpockets ! Le mal du moment. Ils étaient partout sur la capitale et sa banlieue. On les disait également en province mais n’ayant jamais quitté l’Île-de-France de ma vie, je ne pouvais affirmer cette information. Les principaux fautifs au désordre ? Les Roms ! 500 000 individus d’après mes sources (Brice H. et Eric B.). 500 000 chances de plus de se faire dépouiller de ses biens en allant travailler ou promener. Mon sang se glaçait. Mes poils s’irisaient. Et les doigts tapotaient sur mon clavier pour enfin s’arrêter sur… Open City ! Il était de 2007 et surfe donc sur la vague de l’actualité française. Certes, le film est sud-coréen mais qu’importe ! Au fond de moi, je savais. Je savais qu’il jouerait son rôle, celui de l’apprentissage. Qui plus est, son titre était des plus évocateurs : « Ville ouverte » (pas Rome, hein ?), ouverte aux délinquants à la petite semaine. Oh ben mince alors ! En plus, il y avait Son Ye-jin et excusez du peu mais Son Ye-jin est super bonne. The Classic, A Moment to Remember, April Snow,… autant de films qui par sa présence m’ont fait tourner la tête. Autant de films qui m’ont permis de lui offrir quelques-unes de mes branlettes. Le topo est là, ça fait : Séoul, ville ouverte voit s’affronter plusieurs gangs de pickpockets. La police compte bien en finir avec eux à l’image de l’inspecteur Cho (Kim Myeong-min) qui ne recule devant rien, encore moins devant sa mère (Kim Hae-sook) qui vient de sortir de prison. Il traque bientôt une délicieuse jeune femme (la p’tite Ye-jin) qui tatoue des tatouages… stylé.

 

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Et puis je débande. Est-ce que son intro, ses quelques scènes d’actions et le jeu juste de Kim Hae-sook sauvent-ils Open City du naufrage ? « Not really » pour faire le british pédant… Pourtant, Open City commençait bien. Cette séquence d’affrontement entre policiers et malfrats… elle m’a fait saliver. Ensuite le film n’a rien de bien surprenant et d’original (comme 95% de la production annuelle, me direz-vous et je ne vous écoute pas). Peu importe. Si ce n’est de donner la part belle au métier de pickpocket, plutôt rare au cinéma, vous en conviendrez. C’est ce bon point qui me l’a fait choisir. Je voulais voir des pickpockets œuvrés avec brio. Je voulais apprendre leurs combines pour me défendre dans la rue. Mais au lieu de nous les montrer en action, de développer les techniques de « fauche », d’offrir des instants captivants digne de ce nom à ces détrousseurs, le réalisateur se perd dans les clichés du thriller à romance. Si cela est bien fait, pourquoi pas. Surtout si l’intrigue tient la route. Problème. Le film s’enlise dans une intrigue principale sans intérêt et qui ennuie le plus souvent. Et sachant qu’il dure plus de deux heures, les choses sont dures à encaisser. On prend conscience que le film est miné par des séquences pas franchement nécessaires au bon déroulement de l’histoire. De plus, la grande majorité du temps les personnages parlent pour ne rien dire. N’est pas Quentin Tarantino qui veut. Les répliques tournent à vide. Est-ce que l’essence même des dialogues n’est pas faite de manière à faire avancer le récit ? Pas d’après la définition qu’en a Lee Sang-gi (rappelons qu’il est également le scénariste, une casquette dont il aurait pu se passer au vu du résultat). Un faux-rythme s’installe alors. Et toute forme de suspense s’évapore à mesure que le film avance, parce mal exploité à l’image de cette équipe de pickpockets.

 

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Que fait Lee Sang-gi  de cette équipe qui donnait à voir ? Il ne l’exploite jamais. Il n’approfondi aucun de ces personnages secondaires. Pas une fois, il ne les fait « briller » à l’écran alors qu’il avait tout pour le faire. Non ce qu’il préfère c’est le rapport de force d’une mère et d’un fils que tout oppose. Tant pis pour le métier de pickpocket, tant pis pour les seconds couteaux et tant mieux parce que le sujet semble intéressant. Imaginez le fils, policier qui retrouve sa mère, pickpocket, et vice versa. Elle est libérée de prison depuis peu. Et vas-y qu’elle l’aime toujours. C’est bien normal puisque c’est son fiston. Mais vas-y que lui, il n’a pas pardonné les écarts de sa mère avec la loi. L’amorce donne à voir. Résultat des courses ? Le réalisateur plombe son récit avec une grosse louche mélodramatique qui fatigue. Il nous vomit un trop plein de bons et mauvais sentiments dégoulinants. Il force ce trait lacrymal dans une surenchère… maman, ce que c’est lourd. Voilà l’une des sous-intrigues pleines de pathos qui tourne au ridicule. L’antithèse que forment le fils et la mère aurait pu offrir un tableau pathétique de la situation, couple sujet/opposant. Mais le cinéaste s’y prend comme un tâcheron qui aplanirait le plâtre avec la taloche alors qu’un vrai maçon userait avec doigté de sa truelle. Ce qui en devient pathétique, c’est cette relation justement. Il passe à côté de son sujet. A la limite, il aurait traité l’ensemble avec un second degré, il aurait réussi son pari. Mais c’est au premier degré que l’auteur n’est pas capable de laisser vivre ses personnages à l’écran. C’est avec ce même premier degré qu’il n’est pas capable d’avoir une forme de retenue dans cette façon de communique la dimension psychologique de ses personnages. Lee Sang-gi torche l’environnement qu’il dépeint (les pickpockets) et fait le choix, non dénuer d’intérêt de s’arrêter sur les retrouvailles d’une mère et d’un fils. Malheureusement, il ne sait l’exploiter. Quand est-ce que les cinéastes comprendront qu’il n’y a pas besoin de musique pour communiquer un sentiment ? Qu’il n’y a pas besoin de bla-bla superflu ? Qu’il n’y a pas de peur à avoir du silence ? Qu’on n’a pas besoin de faire poser ses acteurs pour laisser transparaitre des états-d’âmes ? Le constat est celui-ci : le scénario n’a rien à raconter. 

 

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Particulièrement parce que le scénario est d’un bateau pathétique. Arrêtons-nous sur la romance. L’intrigue principale. Ce pour quoi le film existe, nous raconter ce jeu du gendarme et du voleur, entre un flic « beau gosse » et une voleuse sexy. Voir ce flic et cette voleuse se tourner autour alors qu’il pourrait lui passer les bracelets dès le début. Désolé (je ne le suis même pas) ! Ce n’est pas crédible. On nous justifie donc tout le film sur cette pseudo-romance de pacotille ? La crédibilité de l’entreprise en prend un coup. On veut nous raconter un thriller avec un couple à l’écran dont devrait découler une aura érotique mais d’emblée, l’histoire est faussée parce que basée sur du vent. Au menu : opposition des fonctions, manipulations, jeu de l’interdit. Autant se refaire un Basic Instinct parce qu’ici, l’ensemble reste incroyablement chaste et froid. Lee Sang-gi voulait nous raconter une histoire d’amour interdite. Il fallait pour se faire inventer une histoire crédible si l’on traite son sujet de façon sérieuse. Il y a des choses au cinéma qui ne passent pas. Et généralement, les facilités scénaristiques en font partie. D’ailleurs, cette remise en cause scénaristique me pousse à remettre en cause le duo d’acteurs principaux. Ils souffrent de camper des personnages qui ne sont pas captivants et qui sont vus et revus. On les croirait échappés d’une autre production similaire, c’est bien dommage. Et puis sans être méchant, Kim Myeong-min est une huitre. Ce faciès… Sa prestation est réellement décevante voire risible. Quant à Son Ye-jin, il est vrai qu’elle est jolie et bien plus encore. Elle porte merveilleusement le rouge, le blanc ou bien le noir mais après ? On assiste plus à un défilé de couturier que d’un film avec une intrigue. Quant au dénouement d’Open City ? Je préfère m’arrêter ici. J’éviterai ainsi de vous parler de ce énième flash-back de fin de film qui ne sert strictement à rien avec ses révélations qui n’apportent rien et un twist… no comment. J’ai envie de pleurer, un peu comme Kim Myeong-min dans le générique final, tiens. Prenez le SPOILE en pleine tronche ! Ouais, Kim Myeong-min chiale comme une gamine. De toute façon, c’est devenu monnaie courante dans ce genre de prod’ bien fade. Bon allez, concluons.

 

 

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En 1/ (parce que je retranscris une déception) Le personnage interprété par Kim Hae-sook aurait mérité un tout autre traitement. Un personnage (actrice) qui aurait mérité un film à lui (elle) tout(e) seul(e), intéressant dramatiquement parlant. Par malheur, ce n’est pas elle qui est au cœur du récit mais son fils de flic (ou flic de fils ?), lisse comme Kim Ah-joong après ses opérations de chirurgie esthétique et bidon comme son enquête qui n’en est pas vraiment une. Une investigation à l’image des rivalités entre pickpockets qui vaut « peanuts ». 

 

En 2/ (parce que bon quand même quoi) Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la mise en scène d’Open City n’est pas à remettre en cause. Elle n’est pas à blâmer puisque l’auteur parvient à offrir une réalisation qui a du style (toute proportion gardée parce qu’il y a beaucoup d’effets – de style justement – dont il aurait pu se passer). Elle fonctionne plutôt bien dans les scènes d’actions que certains trouveront peu nombreuse notamment à côté de la profusion de parlote poussive, encore et toujours. Alors si vous n’êtes pas allergique à l’aspect clipesque, ça devrait aller. On regrettera tout de même qu’il ne la filme pas cette « ville ouverte ». Il enferme ses personnages dans un cadre qui ne fait jamais écho au titre du film. Du coup, ça manque d’ampleur mais ce n’est pas fâcheux. On notera le respect du cahier des charges : il y a une scène de pluie ! 

 

Et en 3/ (parce qu’il faut finir) Open City de Lee Sang-gi vaut juste pour ses quelques scènes d’action, rien d’autre. Il ne vaut même pas pour les robes saillantes et sexy de Son Ye-jin… enfin… un peu quand même. 

 

En bonus : le frangin de JMS nous réalise une cace-dédi pour la donzelle Son Ye-jin :

 

 


 

 

Bon ! L’urgence de la situation veut qu’un constat s’impose. Open City ne m’apprendra rien sur les Roms et les pickpockets, la loose. Pourtant, cette déroute ne m’empêchera pas de continuer mon apprentissage de la vie et de ses dangers. Coûte que coûte, je persévérerai sur cette voie et je compte sur vous pour m’y aider ! Coréenement votre… 

 

PS : Autre que les battes de base-ball, couteaux, matraque télescopique, barre de fer,… des outils de choix ont été répertoriés : lame de rasoir, cloueur autonome, raquette de tennis et bâton de tatouage. Sur ce, je vous bise la fesse gauche. 

 

I.D.


 

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 10:18

 

She’s on Duty, Park Gwang-choon, 2005

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« T'as vu nos vies tournent en rond/A ton avis à cause de qui ici on tourne en rond ?/Et tu crois quoi, qu'j'vais dire que c'est à cause de l'Etat ?/Quand tu plantes ton frère, /Est-ce que c'est Jacques Chirac qui prête son bras ?»

 

Mars 2006. 14 heures. Spliff de Willie Nelson, écouteurs du MD vissés dans les oreilles et doigts de pieds en éventail, disc jockey Illi’ Dilli’ se replonge dans Fabe, les années 90 et l’année 2000. Putain d’albums : Befa surprend ses frères, Le Fond et la Forme, Détournement de son et La Rage de dire. Fait chier tous ces artistes qui avaient encore des choses à dire et arrêtent, disons-le prématurément (six ans de carrière à tout casser). Ca fait partie de mon passé, Lettre au Président, Nuage sans fin et L’argent facile… autant de bonnes choses restées en l’état qui me ramènent au free fight se jouant sur l’écran de mon PC, au boulot qui m’attend aujourd’hui et à l’un de mes assistants polyvalents qui ne pointe toujours pas le bout de son nez à l’heure de prendre son quart. Je l’ai perdu de vue hier soir aux alentours de vingt heures dans le frigo, derrière les étagères qu’il approvisionnait de canette de soda. A son âge ce grand benêt devrait savoir qu’il faut porter un blouson dans ce froid orchestrés par les climatiseurs. Je prends une nouvelle taffe de bedeau et laisse ma tête retomber en arrière pour admirer les néons de mon bureau sans fenêtre, à l’arrière-boutique d’une station-service, perdue le long de la francilienne. Y a pas à chier, la vie c’est mieux dehors. 

 

Une dizaine de minutes plus tard, je suis réveillé par une étrange sensation au niveau du zen. Quelque chose pianote sur mon pif, surfant sur l’étendue de peau de mon tubard. D’un revers de main, je renvoie le musicos et dévisage mon assistant polyvalent. Le con a l'air content de lui, et enrhumé. Aucun mot n’est échangé, puis il me gratifie d’un rot des plus bruyants avant de partir travailler. « Toi, t’as bu un soda en fffe… en scred, quoi. Passes-le en démarque inconnue, c’est pour moi. » 

 

Je me redresse sur mon siège, dégage les écouteurs de mon MD et zieute l’écran des caméras de surveillances pour voir si mes deux assistants polyvalents sont bel et bien à leur poste en train de travailler. Pendant que l’un encaisse, le retardataire roteur choisit les magazines qu’il feuillètera derrière la caisse entre deux clients : Maximal, Newlook (vieux souvenir de Tabatha Cash qui en faisait la couv’. Qu’es-tu devenue Tabatha, toi, les films de cul, Skyontherock et tes pitbulls ?), Entrevue, FHM, Choc,… en bref que de la grande littérature. 

 

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Au lieu de taper une gueulante comme tout mauvais manager le ferait, je laisse couler et au lieu de lancer ma sauvegarde journalière, je lance un divX. Une comédie d’action policière sudco : She’s on Duty, film de 2005, topé un peu par hasard en cherchant des torrents de films de Clara Morgane. Oh yeah ! Le titre du film aurait été parfait pour un film de boules, classé X comme Rocco et pour diffusion tous les premiers samedi du mois sur canal actif. Tabatha. Encore, encore… oooh Taaabathaaa, je pense à toooiii, j’aaaiii les... j’arrête avant d’avoir les dessous mouillés. Tandis que VLC projette la sauce (piquante, blanche wesh Kebab), je ramasse les bulles pleine de billets dans le coffre-fort. Je m’installe devant le film qui commence et me met à compter les thunes des caisses du matin. Hé, là. Oh ! Minute-là ! Je demande un temps-mort ! On se fout de moi ? Oh mais remboursez-là ! Vous avez vu la nana, le protagoniste principal au féminin ? Recherche rapide sur le net, je tapote dans la barre Lycos : Kim Seon-ah. ‘Tain mais merde, elle n’a rien avoir avec une Tabatha ou Clara en puissance la nana ! Je continue de m’exclamer, excusez du peu. Vous avez vu les affiches de She’s on Duty ? Vous avez vu la donzelle qui s’affiche en mini-jupe et pétard… hum entre les mains et entre… enfin plutôt contre la cuisse ?

 

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La vérité vraie c’est qu’on a plutôt droit à ça :

 

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Pas qu’elle soit dégueu’ en soi, hein ? Je ne dirais pas nan surtout si ça peut éviter que j’utilise ma main gauche en mode solitaire. Bref. Ils nous ont tout de même eus sur la marchandise les salauds. Par le producteur de Windstruck (Jeon Ji-hyeon d’un côté) et Hypnotized (Kim Hye-soo de l’autre), Jeong Hoon-tak. On peut dire que ton équipe de com’ l’a joué fine Hoon-tak. On peut dire aussi que sur ce coup, t’es le Hugh Hefner du pauvre. Enfin heureusement, très vite, on aperçoit les jolis minois de Hong Soo-ah (la bad girl de service) et Nam Sang-mi (la girly mimi toute frêle également de service) pendant que je compte mes billets de dix et vingt euros avec lesquels je fais un petit tas devant moi. Ce n’est pas Tabatha, ni Clara mais c’est déjà ça. Je reste sur la fiche du film du site Cinemasie. Je note que le réalisateur, Park Gwang-choon met en scène ici son deuxième long-métrage. J’ouvre une nouvelle fenêtre web sur cineasie.com, ça raconte bien l’histoire d’une jeune policière, véritable garçon manqué, toujours pas marié à son âge qui infiltre, sous la demande de sa hiérarchie un lycée. Son but est de faire amie-amie avec Seung-hee, la fille d’un membre d’une organisation criminelle que tous recherches, policiers comme malfrats (il serait le numéro 2 de son clan à ce que j’en ai compris en faisant mon petit tas de billets de 50 euros). L’homme est le témoin à charge dans une affaire qui peut condamner le chef de la pègre, un fou furieux à la crinière blanche ayant un souci avec les perfusions sanguines. La mission est simple : en s’approchant de Seung-hee, la police espère ainsi mettre la main sur son papa… les bases sont posées. 

 

Alors que je rallume mon spliff de Willie Nelson pour en tirer quelques lattes. J’ai comme qui dirait une illumination. Rien à voir avec la verdure que je fume et le trip sous LSD liquide de 1858 à Lourdes, nan, nan. Ca me tape-là dans la caboche, sans même prévenir. She’s on Duty, ce n’est rien de moins que le film-clone de ce film hongkongais de 1991 (le premier volet). Ce n’est rien d’autre que le remake de ce film avec dans le rôle principal Stephen Chow. Oui, oui, je parle bien ici de Fight Back to School. D’ailleurs ce pur produit du Joel Silver asiatique (avec le succès en plus), j’ai nommé Wong Jing en personne, est grosso modo l’adaptation au cinéma de la cultissime série 21 Jump Street dans laquelle trainait la délicieuse Holly Robinson (Dieu, ce gloss. J’en aurai bouffé par kilo de lèvre). On pourrait également citer du même bonhomme son Truant Hero (1992) dans lequel un policier infiltre un lycée en se faisant passer pour un professeur et mettre ainsi la main sur le fils d’un membre de triade dont la vie est menacée. J’imagine aisément ce que ces enfoirés de scénaristes sudco (au nombre de trois) ont pu se dire aux brainstormings du matin tout en dégustant leur café Starbucks. 


Le premier : « Hier les mecs, sur une chaine du câble, je suis tombé sur une soirée spéciale 21 Jump Street. » 


Le second : « Et moi, ce film avec Stephen Chow qui joue le rôle d’un flic qui infiltre un lycée pour retrouver une arme. »


Sur quoi, le troisième : « Marrant, le film que j’ai vu traitait également d’un flic qui infiltrait un bahut en tant que professeur pour retrouver le fils d’un mafieux. Attendez les mecs ! J’ai une idée à proposer aux cravatés du dernier étage. Et si on faisait un mix de tout ça à notre sauce kimchi ? » 


A ce moment-là, eux aussi, ils l’ont eu leur illumination collective, genre Fátima 1917. Voici donc ce qu’est grosso modo (hein ?) She’s on Duty

 

 


 

 

Et aussi…

 

 


 

 

Tandis que j’écrase le cul du stick dans le cendar, je me demande s’ils feront un jour l’adaptation ciné de 21 Jump Street aux states. Ça pourrait être une bonne idée à coller sur le papelard. Je range mes biftons comptés et rangés par liasses à nouveau dans le coffre-fort et pose mon cul sur ma chaise de bureau à roulette. Je continue de visionner She’s on Duty et Kim Seon-ah qui se fait passer pour une lycéenne. Si les héros de 21 Jump Street affichaient des mines de jeunots qui leur permettaient de se fondre dans la masse estudiantine, il faut bien avouer qu’il manque un ou deux liftings à notre héroïne. Cette dernière en profite d’ailleurs pour mettre la pression aux dures à cuir du bahut. Ce n’est pas plus mal qu’elle fasse réellement son âge la Kim Seon-ah et non celui d’une lycéenne lambda. Il y a un décalage bienvenu qui renforce l’aspect humoristique de l’œuvre. Personne ne semble faire attention de quel(le) adulte se cache derrière ce costume d’étudiante. En parlant comédie, elle se base essentiellement et forcément sur ce même décalage générationnel, intra et inter. Par le passé, le personnage de Kim Seon-ah était loin d’être une flèche en cours et se retrouver au moment présent comme si elle était quelques années en arrière livre des scènes cocasses : les devoirs, les contrôles, les coups de pression par les professeurs (et élèves) et j’en passe. Il ne manque plus que la romance qui s’invite naturellement avec un bellâtre campé par l’acteur Gong Yoo, sourire de jeune premier à l’aura énigmatique. On comprendra très vite que lui aussi joue un rôle de poids dans l’histoire et qu’il n’est pas une joli vase qu’on pose là pour décorer (bécane et bastons au programme). 

 

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Sans ça, She’s on Duty m’a fait cogiter sur l’existence, le temps qui passe et… je ne sais plus. Je devrais aller jauger manuellement mon carburant restant dans les cuves de la station. Ainsi, je pourrais réaliser ma commande qui attend d’être faite mais je préfère laisser le film se terminer. Je me demande comment les choses se passeraient si je devais débarquer à nouveau au lycée. Est-ce que les jeunes portent-ils encore des survêt’ Lacoste et Sergio Tacchini ? En tant qu’étudiant, on n’a pas à se soucier de grand-chose, juste de sa petite vie. On ne paie pas de factures, on ne se prend pas la tête à faire les courses, etc… mais en même temps, le cafard total (ou presque). Je comprends Kim Seon-ah lorsqu’elle se retrouve au tableau en plein cours de maths. Le vrai coup de pression, sans déc’. Qui se souvient encore des logarithmes népériens ou des probabilités conditionnelles ? Finalement la vie d’adulte c’est chiant mais le bahut ça l’était encore plus, sans compter les poussées d’acnés. Et ça, Kim Seon-ah l’a compris. Et c’est pour cela qu’elle se démène dans la mission qui est la sienne dans ce milieu pubère hostile tout en s’interpellant sur l’amour qu’elle commence à porter à un jeunot, elle la vieille peau. 

 

She’s on Duty se révèle alors comme une comédie policière comme on a pu en voir des tas depuis que le cinéma existe. Il n’y a rien de nouveau. Il est juste fait avec des artifices connus où tout est soigneusement jaugé (comme mon carbu’). Mais il est une comédie policière qui se tient et avec laquelle on passe un moment sympatoche. Alors oui, le bousin est linéaire à souhait et sans surprise avec les éternels traitres de services (comme ma station) qu’on voit venir de loin. Alors oui, c’est parfois exagéré dans certaines mises en situation mais finalement il se montre comme un film pop-corn honnête. Un film pop-corn rondement mené et avec lequel on ne voit pas le temps passer. Park Gwang-choon parvient à concilier surtout à marier avec panache humour, mélodrame et action pour nous offrir un film réussi (même si le verbe est un peu fort) qui saura (normalement) plaire aux plus grands nombre. Le seul gros bémol résidera dans le personnage féminin campé par Lee Eon-jeong. Elle est le bras droit mutique du big boss dont émane une aura sadique, très « james bondien ». Et lorsque vient le climax où elle devrait montrer de quel bois elle se chauffe… que dalle ! Expédiée, torchée et donc grosse frustration de ce côté-là.

 

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Générique final. Pas mal cette Kim Seon-ah. Elle donne bien même si son jeu est supra caricatural. En moi, une envie. Je veux une rate, une seuf, une meuf mais je veux, veux, veux une… minute ! Je fixe de mon regard aux traits froncés mon écran de vidéosurveillance. Deux jeunes viennent d’entrée dans la boutique. Je les connais ceux-là. Mes voleurs de magazine de cul ! Je scrute mon « hall of fame » des gus attrapés la main dans le sac et arrête mon regard, toujours les traits froncés sur une photo…

 

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Mes lascars… comme on se retrouve… 

 

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 12:00

Love Fiction, Jeon Kye-soo, 2012

lovefiction

 

Attendre Godot ou mourir, enchaîner deux comédies sud-coréennes en une aprem, il y a des jours où le destin porte le masque du défi roublard et absurde. Tout étourdi des litres de lol potache qui ont infusé dans la prunelle de ses yeux des heures durant, Joy Means Sick voyait la vie en rose. Oubliée la rudesse norvégienne, il voulait partager, il voulait aimer. Très vite, il attrapa son blackberry chromé or – toujours frappé de l’écusson d’Arsenal – et se mit en quête du numéro de téléphone de la responsable des accreds sur lespagesjaunes.fr, en vain. Déçu, mais pas abattu, il se creusa la cervelle et comme à l'haitude, l'idée jaillit en un clin d'oeil : son ami Sans Congo avait autrefois fait un stage à la Direction centrale du renseignement intérieur. Il lui expliqua qu’il cherchait ce numéro de portable : « tu peux pas demander à ton ancien maître de stage, tu sais, le sous-directeur des écoutes téléphoniques ? » Sans Congo accepta de s’exécuter contre juste rétribution – quelques milliers d’euros – en grommelant quelque chose comme : « tu fais quand même chier, « la responsable des accreds », t’as pas plus vague comme terme ? j’ai à peu près 2 300 entrées à ce nom ».

 

Joy Means Sick n’en démordait pas, il voulait coûte que coûte remercier la charmante jeune femme et s'excuser de l'avoir vexée avec un paragraphe maladroit. Ô combien il regrettait désormais, cloué qu'il était sur l'autel des remords où chaque jour ce même aigle viendrait lui dévorait le foie ! Inspiré par Love Fiction, il lui avait même écrit un poème, mais la raison l'emporta et il décida plutôt de lui raconter ce qu’il avait pensé du film. "Après tout, c'est pour ça qu'on m'a invité". Il se lança donc, pour la bagatelle de 15 centimes d’euros par destinataires (2 392 exactement), dans la rédaction du plus long texto du monde, en espérant faire vibrer le portable de sa nouvelle amie :  


 

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"Joo-wol est un artiste, la mise en abîme de l’auteur et typiquement le genre de personnage qu’on n’a pas envie d’aimer. Un écrivain qui refuse d’écrire un feuilleton dans le torchon de journal à scandale de son pote éditeur, un mec qui a des principes, mais pas d’inspiration et qui traine depuis deux ans un bouquin qui n’avance pas. Un type mal dans sa peau, qui vient de se faire larguer et qui, comme tout artiste maudit qui se respecte, à des problèmes avec la gente féminine. Généralement tout ça nous donne un cocktail qui fleure bon le nombrilisme et la complaisance dans la médiocrité (au hasard, le cinéma d’Hong Sang-soo). Sauf que là, Joo-wol est joué par le chouchou de Na Hong-jin, à savoir Ha Jung-woo, et qu’on n’est pas prêt de le retrouver dans un café pourave à parler psychologie avec une étudiante en lettres. Nope, lui, quand il n’est écrit pas, il est barman dans un rade pour rockers avec cuir et piquants et pour lui remonter le moral son pote lui propose un nouvel arrivage de porno, « pas du japonais, un truc hardcore, nord-coréen ». Autant vous dire que ça part bien, avec même quelques passages fictifs qui ne sont pas sans rappeler les divagations scénaristiques de Jun Ji-hyun dans Windstruck. Il cherche à écrire un roman qui s’appelle Femme Fatale, on voit directement les situations qu’il s’imagine (avec ou sans voix-off) et les personnages finissent par se foutre de sa gueule et de son manque d’imagination.

 

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Face à lui, Hee-jin, une meuf qui gagne sa vie en important des films et dont il tombe amoureux lors d’une soirée showbiz en Allemagne. Dès son retour sur sa terre natale il la drague façon le Miel et les Abeilles, lui écrit une lettre passionnée (« Chateaubriand ou rien ») qu’elle fait tourner à tout ses collègues tant ça la fait marrer - ah bienheureux arriéré qui n’a pas envoyé de mail, elle l’aurait transféré à la terre entière. En tout cas elle finit quand même par l'oublier dans un coin de son bureau. Sans réponse, lui n’a évidemment plus goût à la vie, refuse de manger ses chocapics et se repasse en boucle le CD de James Blunt en consultant son téléphone toutes les deux minutes. Moment de blues sympatoche que le montage en accéléré évacue presto : elle l’appelle. Tant que les deux batifolent, le film tient la route qu’il semble s’être fixé, un truc léger plein de bonne humeur qui fait appelle à tout ce qui lui passe sous la main pour enrichir son récit : voix off, musique, mise en abîme, confident imaginaire, texte qui défile sur l’écran, split-screens… On découvre le personnage de Hee-jin, les 98 points que notre écrivain note sur elle et surtout les deux éléments importants qui la caractérisent : elle chérie une passion pas si secrète pour la photographie et – vanne récurrente dans le film – ne se rase pas les bras. A part ce dernier détail, qui choque notre bonhomme avant de l’inspirer, c’est presque la fille parfaite : elle ne veut pas s’engager, elle ne force pas à bouffer de la viande et ne le juge pas même quand il se ridiculise avec des envolées lyriques qui témoignent du même excès de générosité que les comédies coréennes. Elle s’entend d’ailleurs plutôt bien avec ses potes – qui sont de gros balourds – c’est dire si elle est chouette. Chose suffisamment rare pour être soulignée, le film commence par une idylle qui se construit sans trop de difficultés et le mieux dans tout ça, c’est qu’elle dure. Joo-wol a trouvé sa muse et se lance dans le roman feuilleton autrefois honni, il s’inspire évidemment de sa vie réelle mais la transforme en polar aux allures de téléfilm oldschool mal joué. Ca marche bien et nous on suit ça avec un léger sourire aux lèvres en se disant bien que ça ne va pas durer, parce que « les gens heureux n’ont pas d’histoire ».


Love-Fiction-Hyo-jin-Jung-woo-Ha


Malheureusement, pas de surprise à ce niveau là. Au bout de 8 mois notre pépère commence à se poser des questions. Les poils sous les bras (apparemment un truc qu’elle a hérité de son séjour en Alaska), ça l’inspire mais ça le travaille et monsieur commence à voir le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. S’ajoute à ça quelques  belles grosses gouttes d’eau qui viennent remplir le vase, par exemple lorsqu’au milieu d’une soirée elle remporte un franc succès en racontant le jour où elle s’est littéralement chiée dessus, et avec moultes détails et exagérations qui font autant marrer les potes de Joo-wol que les gens dans la salle. Pourtant la réponse aux questions qu’il se pose, elle l’a : il croit que l’amour s’est facile, alors il ne le protège pas et se lasse. Ou bien est-ce ses amis qu’ils l’ont ? Comme Nastassia Filipovna chez Dostoievski, il serait un être livresque, trop nourri de romances exaltées et qui ne sait pas vivre sobrement ? En tout cas on est sur le point de basculer à nouveau sur les terres d’Hong Sang-soo et si cela ne se passait pas via un bus scolaire on y aurait sauté à pieds joints. Explication (et SPOILER) : suite à une séance de question-réponse avec les fans de son roman feuilleton, il tombe sur un type qui a connu une fille au lycée qui présentait la même particularité capillaire sous les aisselles. Au fil de la discussion, on comprend qu’il s’agit de Hee-jin et qu’elle était surtout célèbre dans le lycée pour ses séances photos de nus masculins et les faveurs qu’elle accordait en retour à ses nombreux modèles, d’où son surnom très imagé de « bus scolaire ». Voilà le propre d’une comédie coréenne, elle peut basculer dans le glauque sans prévenir. Rappelez-vous Sex is Zero et (SPOILER) l’avortement qui ponctue l’insouciance lycéenne.

 

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Dans Love Fiction point de moral de bon père de famille, mais une mélasse d’apitoiement et de dépression, un truc gris, qui dure, qui dure et où même les passages de fiction dans la fiction illustrant à coup d’enquête policière les déboires amoureux de nos personnages en deviennent longs et rébarbatifs. Le problème ce n’est pas que les gens heureux n’ont pas des histoires, ça aurait été intéressant de voir un film qui ne passe pas par la case malheur et qui s’efforce de tenir une note joyeuse sur 1h30, non le problème c’est que les histoires des gens qui se lamentent quand ils n’ont pas de raisons d’être malheureux nous les brise sévère. Dans La Ballade de l’Impossible de Haruki Murakami, le personnage de Watanabe s’entend dire qu’il n’y a rien de plus dégoûtant qu’un homme qui se plaint. « I second that ». Alors heureusement que ça finit sur un clip plein de bonne humeur et d’amateurisme (avec un superbe rap de Ha Jung-woo) et que l’épilogue est expédié au rythme des couplets d’une chanson sur l’Alaska et les filles qui ne se rasent pas les bras."

 

So sorry... JMS

 

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En bonus, quelques pensées sur les points communs entre les deux premières comédies de l’édition 2012 du FFCP :

- la démocratisation du porno : une vanne là-dessus dans la première demi-heure à chaque fois, un peu gênant quand les personnages ont plus de 25 piges.

- les split-screens : qui sont un bel exemple de mise en scène décomplexée et légère avec comme point de mire l’efficacité et le divertissement

- les relations homme-femme : monsieur est là  pour divertir madame, souvent en se rendant ridicule, c’est un hédoniste en marge, original ou artiste, alors qu’elle est une femme forte et responsable

- le suremploi de la musique : bande-son hyper chargée où les instruments surlignent les sentiments. Beaucoup de passages « clip » aussi qui permettent d’accélérer le récit.

- les acteurs qui cabotinent : le public est là pour ça et ils ne font pas les crevards. Et que je t’imite l’éléphant, et que je me lance dans une déclaration d’amour enflammée et imbibée d’alcool.

Et sûrement plein d’autres qu’on vous invite à ajouter en commentaires.

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 00:11

Penny Pinchers, Kim Jung-hwan, 2011

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Première séance du FFCP pour KBP, quelques balbutiements, comme si le succès de la soirée d’ouverture (qu’on a snobé à défaut d’avoir des places réservées en nos noms propres et pour nos parents, troisième rang, bien au centre avec un petit coussin) avait laissé derrière lui une belle gueule de bois. Sur place, la responsable des accréditations n’est pas là « mais peut-être pour la prochaine séance » (ouais, dans deux heures, cool) donc changement de plan : ce sera la séance gratos de Penny Pinchers au lieu des courts métrages, tant pis pour l’éclectisme. Voilà pour l’intro, comme dans les films de l’après-midi tout est bien qui finit plus ou moins bien, l’accréditation est récupérée par la suite, les sièges sont confortables, les organisateurs sympas et on assiste à une séance surréaliste de redistribution des places récupérés par les ouvreuses avant le film. Au passage la rumeur veut que ce soit la dernière fois que le festival se tient rue Saint André-des-Arts, l’endroit commence à être trop petit.

 

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Penny Pinchers donc qui, selon la présentatrice, illustre à sa manière « la vision instable de l’avenir des hommes coréens ». Dans les faits, il s’agit de la rencontre improbable et intéressée entre une yamakasi de la récup (elle saute d’un immeuble à l’autre tranquille) un poil crevarde et un pseudo-playboy hédoniste qui peine à trouver un job et encore plus à payer son loyer. Le reste c’est de la physique, le plus attire le moins, et le terrain de la rencontre est forcément pavé des milliers de wons qu’elle entasse sur compte en banque. Elle (Hong-sil) a besoin de lui (Ji-woong) pour une raison obscure, une histoire de placement financier qui serait louche si jamais c’était à son nom à elle, bref le truc foireux qui l’oblige à trouver un proche en qui elle aurait assez confiance pour lui confier 200 millions de wons sur deux mois (on parle de plus d’un million d’euros quand même). Mais le bât blesse, à force de vivre de rigueur et de récup et d’axer sa vie autour de l’utile sans jamais l’allier à l’agréable, la demoiselle a négligé de se faire des potes. Conséquence : elle se rabat sur son voisin de toit, la cigale précédemment citée. Le bonhomme a un beau profil que tout oppose à l’autre tête d’affiche : il survit confortablement en grattant l’argent de maman qui trime dans un restaurant de province, fait partie d’un club de chômeurs fans de scooters, passe sa vie la main dans le pantalon et présente un certain attrait pour les vidéos porno. Rien de bien méchant, sauf peut-être pour un mec qui dit être né en … 1984 dans un film qui date de ... 2011. Parmi les autres personnages remarquables du film on trouve aussi le banquier de Hong-sil - et forcément à miss fourmie, un mec qui gère du fric ça lui fait tourner la tête – et une copine du club de scooters de Ji-woong plutôt matérialiste.

 

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Hong-sil a de l’argent et donc du pouvoir, surtout vis-à-vis de ceux qui n’en ont pas. Le scénariste (qui est aussi le réalisateur) sort alors les grosses ficelles pour lancer son film sans perdre trop de temps (chose qui ne paraît pas condamnable dans une comédie) et en deux trois coups du destin et de manipulation par le billet vert, Ji-woong se retrouve à la rue et Hong-sil avec un mec qui a toutes les raisons d’accepter la contrat qu’elle lui propose : pendant deux mois, il doit faire tout ce qu’elle lui dit et au final il touchera 5 millions de wons. Pendant ce temps là, il peut dormir sur sa terrasse, dans une tente avec moustiquaire, à la bien. La suite du film est une sorte d’éducation mutuelle entre les deux, ça ressemble à un conte initiatique avec une musique oldschool (guitare, synthé, timbales et maracasses, « tschi-tscha ») et des acteurs qui cabotinent comme on les aime dans  les comédies de ses contrées lointaines qui bordent le côté est de l’océan Pacifique. D’ailleurs plus ils en font, plus la salle se marre. C’est pas très subtil mais c’est généreux, on retrouve l’idée des clowns et cette relation indirecte avec le public invité à tenir le rôle du complice comme dans le théâtre de Guignol : on lui donne une info à l’avance (Ji-woong dit qu’à titre personnel il préfère les filles calmes aux filles bavardes) et on observe avec lui les réactions des personnages (Hong-sil qui en bonne extrémiste qu’elle est devient muette le temps d’un rendez-vous avec son banquier). Autre exemple, quand Hong-sil est contrainte de boire le café hyper-sucré qu’elle s’est concoctée pour justifier sa tentative de vols de sachets de sucre dans un starbucks local. Le tout est parsemé de blagues absurdes et, il faut bien l’avouer, parfois très pipi-caca. La règle se confirme : plus c’est gros, plus ça marche. Pour vous donner des références occidentales on pourrait parler d’un style grand guignol, de théâtre de boulevard ou de vaudeville… ou bien d’American Pie et de 40 ans toujours puceau. Des trucs populaires en tout cas, et qui n’ont pas la prétention de rivaliser avec Kubrick ou Welles. 

 

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Au niveau de la mise en scène et de l’image on notera un attrait prononcé pour le doré quand il s’agit d’éclairer les visages des différents protagonistes, un travail de lumière pas hyper subtil mais avec des choix prononcés, une musique omniprésente, quelques excentricités types split-screens et surtout un magnifique chassé dans le dos qui tardera pas à se retrouver sur ce tumblr dédié à la violence dans le cinéma coréen. Au final ce qui fait la qualité du film c’est sans doute sa sincérité, dans le ton et dans le propos. C’est du divertissement avec une pseudo-morale (SPOILER : elle devient plus humaine, il devient plus raisonnable et au bout de cette route qu’on savait déjà toute tracée : ils s’aiment), une vulgarisation de La Fontaine en plus sucrée. « Et bien dansons maintenant ».

 

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PS : la séance de Penny Pinchers était organisée par l’association k.inedu, un atelier du FFCP soutenu par AFELACC (Association Française des Enseignants de Langue et Culture Coréenne) qui organise des rencontres avec des étudiants du secondaire autour de films coréens. Y avait un débat après le film auquel on n’a pas pu assister vu que la séance de Love Fiction approchait dangereusement. L’initiative mérite d’être saluée en tout cas.

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 13:59

Late Autumn, Kim Tae-yong, 2011

 

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Dimanche 16 octobre 2011, 21h20, Rue Saint André des Arts, Cinéma Saint André des Arts, Paris.

Timing ric-rac, j'arrive sur place 1 minute avant la séance, y a une queue de bâtard devant le cinéma et c'est bien la première fois dans ma vie que ce genre de phénomène me fait plaisir. Le FFCF 2011 se porte bien, tant mieux pour lui. Moi j'ai la crève.

J'entre dans la salle dans les derniers, y a encore la queue, pour les toilettes cette fois. Que des meufs, mais bon je dis ça comme ça. De mon côté je cherche un coin pour mourir et évite soigneusement de m'assoir à côté de quelqu'un que je pourrai trouver sympathique : je vais pourrir la séance à mes voisins, c'est évident, alors bien choisir ses victimes. Avec un peu de chance je pourrai même refiler ma maladie, mais bon voilà, je suis pas si méchant, j'ai trouvé une place sur le côté, un peu isolé, je m'installe et sort le carnet.

Je commence direct à noter des trucs, de toute manière je ne peux pas parler. J'ai repéré quelques têtes connues mais j'ai pas envie de montrer la mienne, cette année c'est Sans Congo l'ambassadeur, pour moi 2011 ce sera l'année du furet : pour les cocktails à vingt euros faudra attendre un peu les gars ; en ce moment le truc le plus funky que je puisse faire c'est me taper un grog. Chiottes mec.

Pierre présente le film. Kim Tae-yong était l'un des deux réals de  Memento Mori, le film est un remake, comme les deux autres versions présentées ce même jour. Pierre demande s'il y a des courageux qui se sont fait le marathon Late Autumn. Une main se lève, chapeau. Petit détail croustillant, si la version originale de 1966 jouit d'une bonne réputation, il n'en existe aujourd'hui plus une seule copie... sauf peut-être dans la réserve perso de Kim Jong-il !

 

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Les bandes annonces, preuves un peu emmerdantes de la nouvelle ampleur du FFCF, un mal pour un bien. La salle est pleine en tout cas. En ce moment, parmi la petite communauté des bloggers du festival, on dirait bien que Late Autumn ne laisse pas indifférent. Pour ou contre donc, et généralement, quand on est pour, on est contre Hello Ghost. Et vice-versa. Va falloir choisir son camp, ça me plait, déjà je sens que je reprends du poil de la bête. J'attends le film de pied ferme.

Allez juste comme ça, de mémoire, évaluation des deux camps :
POUR : Bunta Kun / Alain Justice, Pierre
CONTRE : I.D., David T.
Chacun peut s'inscrire, j'actualiserai.

Allez, ça commence.

Encore un film qui s'ouvre par une scène en mode tchik-tchak : l'origine du mal, Ana qui erre dans la rue, cocard sur la gueule, sang sur le t-shirt. Tout est calme, le travelling est nickel chrome, le cinémascope accentue les mouvements. Elle retourne chez elle en courant, son mari est bien mort, c'est foutu. Rien n'est dit et c'est super classe mais on ne me la fait plus : les couleurs désaturées à mort et les silences insistants, ça déchire quand ça fait contre-point avec une action brulante, mais si le film bifurque sur la route d'une romance mélancolique, ça va vite me les briser menu.

7 ans plus tard. Elle sort de prison et jusqu'ici je suis plutôt pour. Je ne sais pas pourquoi je repense à My Dear Enemy que j'avais vu à la même occasion à la même époque, l'an dernier. On continue avec des mouvements de caméra sophistiqués et des images désaturées. Merde, les premiers dialogues en anglais, c'est pas top, fait chier.

J'ouvre une parenthèse, l'anglais et l'Asie ça ne passe pas, va savoir pourquoi. Passons sur les réals asiats incapables de diriger un acteur anglophone, ce soir je m'en prends aux acteurs asiats qui tentent de parler anglais, et donc à Late Autumn. Vous parlez mal anglais, soit, c'est pas grave, suffit de l'assumer. Mais là, on sent trop que vous avez pris un cours accéléré juste avant le tournage. Toutes les phrases sont super articulées, on joue sur le fait que vous ne soyez pas à l'aise avec la langue en vous faisant uniquement utiliser des mots simples mais par contre vous ne faites aucune faute de grammaire ! Du coup on a l'impression qu'un élève appliqué mais moyen, récite les lignes de dialogues. Personne ne parle comme ça. Bon allez, l'intro était stylée, un partout, la balle au centre, n'en parlons plus.

 

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Y a quand même un style qui se développe en Corée, un cinéma minimaliste, qu'on pourrait qualifier de crevard, qui s'amuse à tout cacher pour rendre son contenu plus précieux. C'est sûrement une réaction naturelle face aux averses de violons et de miel de ce que l'on désigne comme les comédies coréennes (ou même asiatiques) classiques, pas franchement subtiles, mais qui au moins déréalisent leur histoire et qui sont tout sauf plates. Alors voilà, je le sens déjà, avec ses couleurs délavées, ses rares notes de musiques et son atmosphère étouffée. Late Autumn est de ceux là, des films qui la jouent subtile et juste, qui refusent tout excès, et dont je sors en me disant  « mouais, c'est sur c'est pas nul, mais bon, ça casse pas trois pattes à un canard ».

Parce que oui c'est pas nul, tout se passe en souterrain, y a une compréhension qui s'établit entre deux paumés sans aborder frontalement les choses, elle est triste, il veut la faire sourire, c'est universel, c'est sympa. Ok, mais on lit trop facilement entre les lignes, y a pas la moindre surprise, on est toujours en avance sur les personnages, parce qu'ils sont trop normaux et qu'on refuse de verser dans l'extraordinaire. Surtout pas d'excès, on dirait un film d'ascète.

Par contre la salle marche à fond les ballons. Le type (surnommé Hyène Pine par certains détracteurs) se coiffe devant le miroir et tout le monde se marre ! Ensuite, ce sera la même rengaine à chacune de ses cabotineries. Je dois avoir une corde sensible un peu plus épaisse, parce que de mon côté ça me laisse de marbre et là encore le pire c'est que je ne juge pas la scène mauvaise, au mieux sympathique, tout comme la petite musique légère qui accompagne les premiers pas de ce couple impossible.

Ca doit faire une bonne demi-heure que le film a commencé et je me fais cette remarque flippante : si le film avait été français, je crois que je l'aurais cloué au pilori et caillassé sans sommation. Mais là ça passe, la banalité du récit n'est soutenue que par la force de la situation de départ (lui est un gigolo pourchassé par un mari jaloux, elle a deux jours de permission pour assister à l'enterrement de sa mère avant de retourner en prison), mais ça marche quand même.

Remarque, si le film avait été français, elle aurait été une bourgeoise mal baisée partie se reposer à la campagne le temps d'un weekend, et lui un immigré arabe beau, jeune et sans papier.

« Anna Chen, it's a beautiful name ». Les gens se marrent, je dois être sacrément malade.

On leur sert un verre de champagne, nouvelle bidonnade dans la salle. Je prends direct un médoc.

Le ton est juste, mais les petites choses de la vie, exposées de la sorte, ça reste des petites choses.

 

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Voilà la fameuse scène des auto-tamponneuses, je me souviens avoir surpris une conversation où l'on en parlait comme une scène magique. Aie, non, l'idée est sympa mais c'est niais, les gens sont fans, je ne vais vraiment pas me faire des potes cette année. Le pire c'est que la même scène dans une comédie acidulée classique serait passée tranquilou, là je n'y crois pas une seconde, plus qu'une goutte de lyrisme c'est un cheveu sur la soupe. Je ne parlerai même pas de la scène de danse qui s'ensuit.

Un film de surface, où tout est clair comme de l'eau de roche, et qui utilise sa situation de départ pour justifier son extrême retenue ou plutôt sa timidité.
- Masquer le texte des messages précédents -

Ce type me fait penser à Jude Law dans A.I.

Il confond « hao » et « huai », les gens trouvent ça drôle.

J'aime bien cette volonté de n'avoir aucun rapport direct entre les personnages, si ce n'est les plus primaires « do you want me ? » (me as a body, même si elle n'y arrive pas). J'aime beaucoup moins les ruses scénaristiques qui permettent aux personnages de s'exprimer quand même clairement : les auto-tamponneuses, le dialogue en chinois ponctué de « hao » ou « huai ».

Banco, premier sourire prononcé de ma part : la baston dans le bar. Le dialogue précédent entre les deux mâles étaient aussi prévisible que mauvais, par contre « he used my fork » je ne l'ai pas senti venir. Inutile de préciser que la moitié de la salle est pliée en deux et que l'autre se tape le cul par terre.

 

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Sac plastique, violence soudaine, sursaut. C'est frustrant ça, pourquoi se retenir quand on est capable de telles fulgurances.

Séparation / arrestation, joli usage du steadycam, montage très sympa, ça donne envie de foutre un scenario en peu plus frétillant entre les pattes du réalisateur pour voir ce que ça pourrait donner.

Apothéose finale : elle prend un café avec un gâteau au chocolat sur l'air d'autoroute où il avait promis de la retrouver. TOUT EN SUBTILITÉ.

Voilà c'est fini, et en bon normand, je ne suis ni pour ni contre et la guerre de Troie n'aura pas lieu. Simplement, ça ne correspond pas à mes envies de cinéma. C'est trop froid, trop désincarné, à mille lieux des fragiles mais jouissifs Alien Bikini et Code of a Duel, qui, bien plus bancals, sentent bon l'amour du cinéma et l'envie de faire des films. Là, c'est du cinéma de dentelle et ma corde sensible n'est pas assez fine pour vibrer au moindre chuchotement, surtout que je ne suis ni amoureux de l'actrice (très bien par ailleurs) et encore moins de l'acteur (pas si catastrophique que j'ai pu le lire). Le ton est peut-être juste, mais il n'y a rien d'extraordinaire, du coup je repense à Yoon Sung-hyun, à ses nouvelles envies de personnages extraordinaires et de montrer le réel à travers l'irréel, et je me dis que son prochain film risque de vraiment être de la boulette.

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 20:17

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Castaway on the moon, Lee Hae-joon.

 

Parler à son banquier avant de se suicider, cheum comme soulagement de conscience. C’est pourtant ce que Kim Seung-Keun (Jung Jae-young, qu’on peut voir notamment dans Green Fish, Die Bad, Silmido, Welcome to Dongmakgol) se résout à faire avant de passer l’arme à gauche. Chronique classique d’un salaryman qui pète un plomb. Tu es né de la rivière Han et tu retourneras à la rivière Han. Encore un film qui commence autour de cette rivière diriez-vous. Triste époque.

 

Problème: Seung-keun trouve le moyen d’échouer, même dans son suicide. C’est pas les gars de France Telecom qui se seraient ratés sur un truc aussi simple (propos que je retire si : (i) FT est sponsor du FFCF ; (ii) un péquenaud de FT s’amuse à lire nos billets), à croire que le guide du suicide japonais n’a pas trouvé son traducteur au pays du matin calme. Si l’affiche du film n’avait pas achevé de vous convaincre, vous serez définitivement acquis à l’idée que Castaway on the moon ne fera pas de mal à une mouche. Un jus de fruit bien frais.

 

Onirisme oblige, Seung-keun se retrouve dans une espèce d’île, comme s’il était passé dans une autre dimension. Un délire à la Mary Poppers. Pour les habitués du genre, Seung-keun se retrouve dans un « intermonde » qui n’est pas sans rappeler la passerelle post-futuriste au sein de la BNF qui permet de rejoindre la salle de déjeuner/pauses cafés. Quelque chose comme un pied dedans, un pied dehors. En effet, Seung-keun enfermée dans une île déserte et sauvage, à portée de gratte-ciels, quand ce n’est pas à portée de touristes navigant sur la rivière Han. Comble de l’incompréhension: un touriste le prend en photo alors qu’il l’appelle à l’aide.

 

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Ce décalage sur le mode « pas fait pour cette civilisation » permet d’introduire le second personnage du film (Castaway on the moon est construit en parallèle), Kim Jeung-yeon interprétée par l’actrice Jung Ryeo-won, plutôt coutumière de la paire de chaussures « comédie-drama ». Jeung-yeon est une vraie cas soce’, et la musique qui tourne sur les plans qui la concernent ne sont pas sans rappeler les élucubrations d’Amélie Poulain. Une rapide description permettra de s’en faire une idée plus juste : jeune femme recluse derrière des persiennes poussiéreuses, otaku fondamentaliste, elle vit au travers de l’internet, grâce auquel elle nous montre que « tout est possible » (au terme d’une séquence techniquement assez intéressante); elle ne mange que du maïs Géant vert (encore du product placement français, c’est étonnant quand même, à moins que cette marque ait été choisie pour insister sur le caractère étrange du comportement de Jeung-yeon; c’est vrai qu’avec du recul, c’est bizarre comme marque « Géant vert »), une ration 172 calories qu’elle s’oblige à dépenser en 3000 pas, et une ration de 525 calories qu’elle dépense en 6000 pas. Elle dort dans du papier bulle dans un placard de sa chambre et n’est pas sortie de chez elle en 3 ans. Elle observe la lune par télescope, et se persuade qu’elle est en train de tomber amoureuse d’un alien après avoir aperçu Seung-keun sur son île déserte.

 

Voilà quoi.

 

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(photo Insecte Nuisible)

 

Donc deux ratés cosmiques qui comme vous l’imaginez vont entamer une relation à distance. Sans se la donner genre blasé, la relation à distance est un topos assez répandu dans le cinéma sud-coréen. Dans Windstruck, l’amant disparu était représenté sous la forme d’un courant d’air (bon c’est vrai que c’est moins classe que Zeus qui se transforme en pluie d’or pour Danaé). Il Mare, plus technique, représentait une histoire d’amour à 3 ans de décalage temporel (vaut mieux être précis pour les rendez-vous). Si vous pensez à d’autres films, n’hésitez pas à vous manifester, il y en a un paquet dans le genre.

 

Castaway on the moon raconte donc l’histoire d’amour pleine de farce de deux ratés qui ne se seraient probablement pas rencontrés autrement. Ils se trouvent chacun dans un cocon : Seung-keun dans son île déserte qu’il finit par apprivoiser et ne veut plus  quitter, Jeung-yeon dans sa chambre au sein d’un lebensraum particulièrement exigu. Comme ça c’est peut-être anodin, mais on se souviendra que dans Natural City, R et sa copine cyborg Ria se font un ciné-privatif-cocon au centre d’une gare bondée qui leur permet de se transporter hologrammatiquement dans un cadre idyllique. Et bah c’est la même idée. Une chose est sûre, c’est qu’ils ont tout les deux fait sécession avec le reste de la société. L’essentiel du film se déroule à raconter l’ingéniosité que déploient l’une et l’autre pour communiquer et rester invisible. Du coup, c’est souvent le prétexte à des gags bon enfant. Le personnage interprété par Jeung Ryeo-won évoque très fortement le prétendu cyborg joué par Im Su-jeong dans I’m a cyborg but that’s ok pour vous donner un peu l’état d’esprit du film. D’une manière générale d’ailleurs, Castaway on the moon s’inscrit dans la même tonalité que le film de Park Chan-wook, même si : (i) PCW est inégalable; (ii) le film de Lee Hae-joon est moins sombre.

 

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En fait, ce film donne la pêche, comme son premier film Like a Virgin d’ailleurs. Il y a une sorte de militantisme sympa dans ces deux films. Un truc qui n’est pas grandiloquent, qui n’invoque pas de grands principes, mais qui résiste à sa manière, de manière souple et intelligente, à toutes les injonctions aliénantes du tambour social. Et Lee hae-joon ne donne pas de leçon, ce qui le rend tout à fait sympathique. Dans les deux films, il présente des gens normaux, pas spécialement stylés, ni prophètes en devenir selon les modèles « fausse moche », « maître en arts martiaux qui s’ignore », « louseur qui finit par obtenir sa promotion parce qu’en fait c’est un génie », « méchant antipathique mais quand même il faut comprendre sa douleur son père le fracassait lorsqu’il était enfant ». Les personnages de Lee Hae-joon sont d’une banalité confondante (bon ok peut-être pas Jeung-yeon). Ils essaient de faire de leur mieux pour dépasser cette espèce de misère que tout le monde se voit infliger sans jamais véritablement en connaître la cause. Du coup, la mimésis tourne à plein régime. Parce qu’en acceptant de prendre au sérieux le film, on se rappellera forcément de petites galères qu’on a tous connues, qui font chier, et qu’on essaye de résoudre sans appeler les casques bleus. Au bout du compte, ses personnages sont extrêmement attendrissants : ils se transforment en agissant par acte de volonté, même s’ils se coltinent des tares assez lourdes. Esprit Coubertin quoi. Dans Castaway on the moon, Seung-keun se révèle être un véritable Robinson Crusoé (il se crée une plantation pour fabriquer des nouilles, parce qu’il rêve de se faire un plat de nouille), tandis que Jeong-yeon déploie des tonnes de créativité pour communiquer avec son « alien », ce qui implique pour elle de sortir de sa chambre en mission commando.

 

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Bref, un film extrêmement sympa qui donne la pêche et qui est salutaire en ces temps moroses. C’est un peu le même effet qu’Un héros très discret de Jacques Audiard : à la fin du film, on a l’impression d’avoir la force de faire plein de trucs. C’est très spinozien comme idée : les passions positives entraînent le positif, se coagulent au positif,  composent une grosse omelette positive qui finit par augmenter la puissance d’agir. Positive attitude comme dirait Jean-Pierre. Par ailleurs, le film est bourré d’idées originales et de séquences métaphoriques. Lee Hae-joon exprime par les images tout ce qui peut l’être, et fait l’économie de propos foireux. Bref, un film qu’on vous recommande très chaudement de découvrir.

 

Vous aurez la possibilité d'assister à une séance de rattrapage le samedi 15 octobre à 21h40 : cliquez ici pour plus d'informations.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 22:26

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Sunny, de Kang Hyeong-cheol. Pour l'ouverture du FFCF 2011.

 

18h13. Pofpofpof. Sans Congo, après s’être passé une dernière fois le clip de Boney M, Sunny, sur Youtube, se dirige au pas de charge vers Saint-Michel. Arrivé devant le cinéma Saint-André-des-arts, manifestement trop tôt, Sans Congo salue Pascal Le Fur, collègue accrédité dont il avait plusieurs fois croisé la silhouette l’année précédente. Cette fois, Sans Congo est devenu un homme. Il faut dire que l’absence de Joy Means Sick, son fidèle acolyte, n’est pas étrangère à la discussion agréable qui s’engage avec Pascal Le Fur. Et puis paf, David Tredler, de l’Impossible blog ciné. Bon Dieu, salut David, Sans Congo, heureux de faire ta connaissance, comment vas-tu, nous avons enfin l’occasion de nous rencontrer, bon sang ! Tu ne m’en veux pas, j’ai oublié le Twix, sorry…

 

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En revanche, j’ai un super haut de forme t’as vu ?

 

L’entrée du cinéma commence à se garnir, Sans Congo essaye de trouver un sens à sa vie. Il profite de sa position stratégique pour saluer furtivement Yoo Dong-suk et Pierre Ricadat, extrêmement affairés. Il est 19h38. Le film débutera en retard, what else. Le staff est tout frais tout beau avec son sweat-shirt FFCF bleu cyan. Sans Congo récupère son accréditation et ne demande pas celle de Joy Means Sick en espérant qu’elle se perdra et qu’il sera rayé de la liste. Ignorant la petitesse de son comportement, Sans Congo rejoint le compartiment des accrédités non invités, composé de quatre personnes, alors que la foule se divisait, comme l’année dernière, en deux queues distinctes, celles de la plèbe et celle des invités. Nicolas Gilli, de Filmosphère, grand seigneur, attend avec nous alors qu’il a une invitation. Cette nonchalance suscite en Sans Congo un mouvement de sympathie, et il se rappelle qu’au FFCF 2010, il avait, avec son comparse, tenu à faire la queue avec les déshérités avant qu’un membre du staff ne les invite à rejoindre leur dignité, celle des patriciens.La discussion s’engage, et Sans Congo apprend que Filmosphère est géré par Nicolas Gilli tout seul, alors qu’il était persuadé qu’il y avait une team derrière ce site. Maudissant la flemme qui le prend à chaque fois qu’il cherche à actualiser son blog, Sans Congo gratifie d’un « chapeau, monsieur » le dit Nicolas.

 

Bon ce n’est pas tout ça mais l’horloge tourne. Et j’en ai ma claque de parler de la moi à la troisième personne. La sauce commence à monter, je sens mes articulations qui vibrent. Les notes résonnent subrepticement au fond de la partie de mon cerveau qui stocke ce qui me reste de souvenirs de mon adolescence. Sunny, les années 80. Putain, j’aurais dû mettre mon plus beau survète Sergio Tacchini  en lycra vert et mauve. Nous entrons dans le cinéma. La salle est plus grande, Dong-suk et Pierre, co-présentateur, peaufinent leurs derniers flows avant de se lancer. Bonjour, merci d’être venus, ça va être génial. Je suis de plus en plus persuadé que Sunny est au top. David, comme Saint-Matthieu, attend de voir. Je dis à mon voisin Pascal de ne pas s’inquiéter : « t’inquiète mec ». Je pense au coming-out que je vais pouvoir écrire sur le blog.

 

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Bon j’avoue, je portais ce tee-shirt sous ma chemise

 

Au passage, Monsieur l’Ambassadeur de la République de Corée a précisé, pour ceux qui ne squattent pas koreanfilm.org, que Sunny a franchi sans forcer la barre des 7 millions d’entrée (i.e. très gros succès). Quand on se rappelle que l’année dernière le film d’ouverture, The Man from Nowhere, tutoyait les mêmes anges, il n’est pas difficile de conclure que la porte d’entrée au FFCF doit être gardée par le plus reluisant des Mamelouks. Alors que son Excellence retournait à ses Ferrero rochers, Kang Hyeong-cheol himself, écharpe marron sur la nuque, est intervenu pour nous donner selon lui la clé de lecture de son film : « l’ironie de la vie, sept ménagères devenues jeunes filles, sept jeunes filles devenus ménagères ». Etant donné mon affection pour les chiasmes, j’acquiesçai profondément.

 

La lumière s’éteint, la réclame déboule, rançon du succès, et le film commence enfin, enfin, enfin, enfin, et enfin. Je me suis branché sous une tension émotive qui ne me laissera pas le choix de la mesure : soit je trouve le film génial, je passe une super semaine, et je sympathise, soit je trouve que c’est une daube profonde, je rends mon accréditation et je prends ma carte du FN. Je me souviens il y a quelques temps déjà, un soir où nous étions allongés avec ma tendre et douce à observer les irrégularités des couches de peinture blanche sur le plafond. Ma dulcinée, ne supportant peut-être plus le sérieux avec lequel j’exécutais ma fonction de contrôle, fendit le silence d’un tomahawk verbal en direction de mon état végétatif. Elle voulait me montrer quelques scènes de son drama d’alors, Boys over Flowers. Moi, reins solidement ancrés dans la haute idée que je me faisais de moi-même, susceptibilité à fleur de peau sulfurée, pas une ni deux, je passe ma main sous le lit pour tirer mon marteau du dimanche, enfile ma panoplie de damné dark beau gosse costume et chemise noirs, me dresse sur mon séant comme un gars qu’on a enfermé trop longtemps, pétard dans les cheveux, et boum coup de pression.

 

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T’as cru que j’étais ton pote ou quoi ?

 

Si j’avais su, à cette époque là, que je finirais un jour par me morfondre en attendant de voir un film sudco qui raconte l’histoire d’un groupe de copine, baptisés Sunny tous les deux, sur fond de prosélytisme kpopien, vous pensez bien que je me serais moi-même fait l’honneur de mettre un terme à mon existence en m’éclatant la carotide avec un espadon congelé. C’est un peu comme si je vous disais que je milite dans une association pour le retour d’Hélène et les Garçons à la télévision (heu…). Ou que j’ai lu la biographie de Loana et que j’ai ab-so-lu-ment-a-do-ré (hum…). Chiottes mec.

 

Et pourtant, que voulez-vous, l'amour. Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis... Sunny raconte l’histoire d’un groupe de copine dans la Corée des années 80. Na-mi, une jeune fille issue de la campagne, se fait railler par ses nouvelles camarades de classe du Jindeok Girl’s High (qui ressemble aussi à un nom de groupe de K-pop) à cause de son accent provincial. Une portée de Spice Girls la prend sous son aile et l’intègre dans sa bande : Chun-hwa, la chef ; Jang-mi, la gourmande obsédée par ses sourcils ; Jin-hee, insulte sur pate sèche comme un fil d’étain ; Geum-ok, fan de littérature ; Bok-hee, would-be Miss de Corée ; et Suji, froide, belle et arrogante. Cet aspect Power Rangers le rend absolument sympathique. C’est LA bande d’ami idéal-typique, équilibrée, homothétique, substituable et interchangeable. Complètement dans le délire de Friend de Kwak Kyung-taek. Et si les hommes viennent de Mars, les filles viennent de Vénus… et de Mars. Friend offrait une scène de baston des plus mémorables, impliquant plusieurs lycées dans une cage d’escalier, et Sunny donne dans le crêpage de chignon volontaire et vicieux, le kick voltigé de pucelle et l’insulte gracile. Voir cette bande faire ses conneries, c’est un peu réciter un Te Deum à l’honneur des années qu’on rêve d’atteindre quand on y est pas encore, qu’on se plaît à consumer sans ménagement quand on a les deux pieds dedans, et qu’on méprise totalement après les avoir quittées : l’adolescence, roycutanés pour les vrais.

 

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Ode à la jeunesse et à la dépense d’énergie en pure perte, il est difficile de ne pas voir Sunny sans se remémorer avec une force troublante ses années collège. Sunny, c’est un peu comme les agendas des meufs à l’ancienne, bourrés d’autocollants OK podium, de conciliabules entre copines, de « Big Luv Bébé » et « 18e en Force ». Quand une fille écrivait sur ton cahier de texte Zelda pas badboy pour un sou, c’était un peu sa manière à elle de t’offrir son corps. Pêle-mêle, les poufferies, les premières batailles d’eau masculo-féminine et les insultes gratos, peut-être les véritables signes de la sexualité naissante. Quel ne fut pas mon agréable surprise de voir que la classe, indistinctement, pour charrier Na-mi alors que celle-ci se trouvait être la cible de la prof, répandit un universel « haaaaaaaaaaaan », cri passe-partout, à la fois coercitif et répulsif, à l’origine de plus d’une embrouille de merguez et objet de la hantise de chaque collégien normalement constitué qui veut se fondre dans la masse.

 

Sunny est construit sur le mode du flash-back. Na-mi, cette fois mère de famille, se donne pour mission de réunir son ancienne bande de copine. Chaque retrouvaille est donc l’occasion de raconter un bout de l’histoire de la bande de copine. Chacune a évolué, plus ou moins bien selon les espérances, et leur quotidien tranche singulièrement avec l’éducation de « jeune fille convenable » qui leur était dispensé au sein de leur lycée. Il ne faut pas se méprendre d’époque néanmoins : c’est bien la bande du lycée qui sert de fondement à tout le film, au point que Sunny pourrait très bien supporter une version béta qui n’intégrerait que l’histoire concernant les années 1980. Une espèce de condensé gaguesque et lollesque, bariolé, sapé comme on ne le fait plus. En parlant de sape, une chose est rassurante quand même par rapport au dialogue des civilisations : il semblerait que l’humanité tout entière a traversé les années 80 dans une espèce d’indécision stylistique, généreuse en tentatives, avare en succès, qui donne un cachet unique à cette époque de fin de guerre froide. La personne qui s’est occupée des costumes pour Sunny a fait un super boulot. On se sent complètement dans ces années de pré-modernité, à l’époque où tout était droit, les coupes, les angles, les sapes, etc.

 

Durant les années 1980, la Corée du sud a été prise à de nombreuses reprises d’un frisson libéral. Les références au contexte de l’époque sont d’ailleurs nombreuses, mais discrètes : une casquette de soldat, une discussion au diner, un plan sur la diffusion de l’hymne national dans la rue. D’ailleurs une des grosses scènes de baston du film (décidément, j’ai l’impression de toujours parler de baston sur ce blog), semble évoquer les manifestations qui ont eu lieu à Séoul en 1987. Pourtant, Mister Kang ne veut pas en tirer une espèce de métaphore politico-affectueuse à la noix. En effet, au sein de l’affrontement entre l’armée et les manifestants, c’est le combat de la bande Sunny contre la bande rivale qui occupe le centre de la scène, tout ça pour exprimer cette espèce de sensation qui fait l’un des éléments les plus caractéristiques de l’adolescence : le temps suspendu. Rien n’existe au-delà du cercle proche, et la politique, affaire des grands, est comme rendue floue par la focale du réalisateur.

 

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Bref, Sunny est un souffle de vie brutal. Un vent, que dis-je un cyclone. C’est grand, c’est joyeux, c’est plein. Kang Chyeong-heol était déjà celui qui m’avait réconcilié avec la comédie sudco. Il faut dire que quand on ne connaît pas trop au départ, c’est un peu difficile de s’y mettre. Un peu potache et direct. Puis Speedy Scandal, la pureté : les situations authentiques traversent les frontières. Speedy Scandal, tout aussi gros succès que Sunny, s’appuie sur les mêmes ressorts que ce dernier : situations identifiables, quotidien banal, circonstances humoristiques, auxquels il faut ajouter, spécifiquement pour Sunny, le regard d’un mec qui se moque un peu des meufs (le « je suis désolé d’être jolie » qu’il fait dire à Suji constituant un must). D’ailleurs, sauf erreur de ma part, Kang Chyeong-heol fait une dédicace au maître d’œuvre de son premier film, Cha Tae-hyun, en utilisant son image comme effigie d’une pancarte faisant de la pub pour des assurances, dans un plan très court. Comme dans Speedy Scandal aussi, l’humour est très corporel : danse, baston, grands gestes, cachettes, comique de répétition, toutes ces techniques font la force du cinéma de la péninsule. La Corée du Sud produit un cinéma dont les personnages ont horreur du vide. Ils se donnent au vrai sens du terme. Et à force de voir gesticuler comme dans Sunny, ça finit par démanger. L’énergie du film est très communicative. Ajoutez à cela du Cindy Lauper ou du Boney M, et vous finissez sans vous en rendre compte en cours de fitness mental, ou impliquant au moins un mouvement régulier de la nuque. Mettez de la musique dans un film français, et vous vous retrouvez avec une bouse de Christophe Honoré.

 

Bon évidemment, il ne faut pas oublier qu’une comédie sud-coréenne est toujours trop longue de vingt-cinq minutes. Il existe une part incompressible de mélo (i.e. plans rotatifs autour d’un personnage dubitatif, violons, chialerie, etc.). Donc il ne faut pas s’en étonner, ni s’en morfondre, c’est dans le cahier des charges. Perso, je suis devenu insensible à ce buffer.

 

Sinon Sunny confirme que Kang Chyeong-heol est un réalisateur technophile solidement ancré dans son époque. Comme Speedy Scandal, Sunny débute par une séquence montrant un appartement über-moderne. Speedy Scandal se déroulait dans un monde de l’hyper-connexion, tandis que Sunny présente un monde impatient qui aspire à la connectivité. La technologie radiophonique est mise à l’honneur dans les deux films (Cha Tae-hyung est animateur de radio dans Speedy Scandal, les filles de Sunny utilisent essentiellement cet outil). En fait, c’est comme s’il y avait dans ces films une espèce de fluide qui se transmet au travers des différents médias et qui se communique aux personnages en leur insufflant leur énergie. A cet égard, la séquence de Sunny où les filles, se parlant au téléphone fixe, décrivent les technologies du futur est édifiante. Kang est un mec résolument ancré dans le XXIe siècle : communication, transparence, participation. Un véritable cinéaste 2.0. Au passage, juste comme ça, merci de nous avoir tapé la honte face aux représentants d’un pays qui doit avoir une dizaine d’année d’avance en matière d’électronique. Le coup du micro hanté qui quadruple la voix, alors que les plans de rigueurs s’enchaînent, n’est peut-être pas le meilleur signal à envoyer en direction de l’Asie de la part de la France. Mais bon j’imagine que les organisateurs du FFCF ont d’autres chats à fouetter. Hein.

 

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Voilà, en fait, tout ce long texte pour avouer que j’adore la K-pop en fait, et que je crois que c’est Kang Chyeong-heol qui me l’a faite aimée, involontairement, de manière incidente. J’aime la K-pop j’avoue. Mais je l’aime comme Kang aime retranscrire malicieusement (ou en mode gros foutage de gueule, solution sur laquelle j’aurais spontanément tendance à pencher) la réconciliation qu’il imagine entre deux belles filles : « je suis désolé d’être jolie ». Bref, Sunny m’a donné envie d’ouvrir une section K-pop sur le blog. Voilà c’est dit. Jusqu’ici tout va bien au FFCF.  

 

Par contre, pourquoi Sophie Marceau mec ?

 

 

BONUS

 

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser, pendant tout le film, au clip des T-ARA, Rolly Polly, dont le ressemblance avec Sunny m'a paru assez significative...

 

 

 

 

 

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 20:39

 

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The Foul King (2000), Kim Jee-woon.

 

 

 


La bande annonce déjantée

 

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Sans Congo se connecte sur Facebook. Premier statut qu’il aperçoit : « Je vais casser du pd. Homophobe et fier de l'être bande de dégénérés qui font un truc pour legitimer leur maladie. TAFIOLE ». Ouaou : encore plus sec qu’un personnage de Dieudonné. Ahuri, Sans Congo se caresse l’épaule en regardant son poster de Mylène Farmer. Il retourne devant son écran. Tiens, un peu plus bas : « J hallucine ! L autre connasse fait une machine alors que j essaie de dormir ! Putin, jvais lui peter les dents ! ». Sympa pour les dents de la connasse, mais que se passe-t-il aujourd’hui, encore une sombre histoire de conjonction des astres ? Sans Congo regarde sa peluche préférée. Un autre « est toujours sur cette putain de liste d'attente de [ses] couilles maudites... ». C’en est trop pour sa sensibilité fragile d’adolescent distrait. Sans Congo se déconnecte et allume la radio. Alain Finkielkraut parle d’un livre qu’il n’a pas lu. Dur. Sans Congo est sur le point de pleurer. Il éteint la radio et s’allonge sous sa couette Sangoku en rêvassant de la meuf dont il a cru être secrètement amoureux cette année. Mais l’aimait-il vraiment ? Il aimerait pouvoir avouer son secret à quelqu’un, en parler au moins, soulager son triste cœur fragile. Mais il a peur qu’on le traite de puceau. Depuis que son copain Joy Means Sick est en garde à vue pour avoir diffusé sur gamesdefolie.fr le sujet de maths du baccalauréat à la veille de l’épreuve – il s’était bêtement fait confondre à cause de son prénom écrit en poil pubiens qui apparaissait sur la photo -, Sans Congo se sent seul. Joy Means Sick a toujours été le chef de la bande. C’est un gars qui a redoublé cinq fois au collège. Il est déjà sorti avec une maman de 37 ans : c’est un peu le Dieu de Sans Congo. Il parle mieux que lui, il dit qu’il a lu des livres d’intellos et tout. Une fois, Sans Congo a avoué qu’il était timide. Joy Means Sick lui a dit qu’il l’avait remarqué, et lui a dit que c’était peut-être parce qu’il avait un petit sexe. Sans Congo n’osa rien dire. Joy Means Sick lui a répondu : « tu vois j’avais raison ». Joy Means Sick fait du catch. Sans Congo lui a dit qu’il croyait que c’était du faux. Joy Means Sick lui avait proposé d’inviter sa mère pour lui montrer si c’était du faux ou pas. Quand Joy Means Sick était violent comme ça, Sans Congo préférait faire semblant de ne pas avoir entendu.  

 

 

 


Sans contrefaçons, ghetto jusqu'aux os, aye

 

Avant de se faire arrêter, Joy Means Sick avait prêté The Foul King à Sans Congo. The Foul King, c’était un peu son Flic de Beverly Hills à lui. Il lui en avait parlé plein de fois. Sans Congo avait voulu lui prêter son album préféré de Mylène Farmer, Ainsi soit je…, mais Joy Means Sick refusa net, de façon brutale mais concise, et lui conseilla qu’il ne s’avisât point de tenter une nouvelle approche à l’avenir. Sans Congo n’y compris goutte. Au début, Sans Congo n’osait pas lui dire qu’il n’avait pas vu le film. Il répétait mécaniquement le pitch qu’il avait appris par cœur sur Wikipédia : « Im Dae-ho est un employé de banque non productif, qui arrive en retard chaque matin, et qui subit les agressions de son patron. Il avait beau être fan de catch à la télévision quand il était enfant, il n'arrive pas à se sortir des prises de ce dernier. Un jour, par hasard, il tombe sur une salle d'entraînement de lutteurs et réussit à convaincre l'entraîneur de lui apprendre comment se sortir des prises de son patron. Se découvrant une nouvelle passion, il décide de s'entraîner dur et de tout faire pour rejoindre l'équipe en tant que "catcheur tricheur", l'idole de son enfance... ». Un jour Joy Means Sick lui posa une question précise sur le film, Sans Congo bafouilla. Joy Means Sick lui dit qu’il n’avait jamais vu une merde pareille. Sans Congo lui supplia de lui prêter le film. Joy Means Sick accepta, non sans lui demander de l’assister pour une prise de catch. Dans ces situations là, Sans Congo avait toujours peur que la prise fonctionne mal, c’était déjà arrivé. 

 

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Joy Means Sick remonte lentement l'avenue du Général De Gaulle. Sa mère va encore gueuler, on l'avait relâché ce matin et depuis il prenait détour sur détour histoire de retarder au maximum le courroux maternel. Il broie du noir et comme souvent dans ces cas là il pense à Song Kang-Ho, son acteur préféré depuis ses 5 ans et sa première vision de The Foul King. Joy Means Sick en connait toutes les répliques par cœur, et sa scène préférée reste de loin celle de la fourchette. Joy Means Sick préfère d'ailleurs largement ce premier combat au combat final qui s'encombre de trop d'enjeux scénaristiques. Ce que Joy Means Sick aime, c'est voir Song Kang-Ho qui fait du catch, Song Kang-ho qui souffle sa poudre aveuglante sur l'arbitre au lieu de son adversaire (il se marre en pleine rue en repensant à la façon dont SKH passe d'un rire maléfique à un tête de débile en 2 secondes), SKH qui fait la position du jockey en tenant sa manche avec les dents sous le regard condescendant de Min-Young, la fille du coach dont il sait bien que comme lui SKH est secrètement amoureux (qui pourrait aimer cette connasse de Ms. Jo d'ailleurs !?)... Son cœur s'emballe, ses joues rosissent, il repense à la scène où SKH se fait laminer par Min-Young, lui aussi aimerait qu'elle lui fasse un marteau pilon. Il faut qu'il se remette au coréen.

 

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Hulk Hogan vs. The Undertaker

 

Sans Congo reçoit un texto. Surprise : c’est Joy Means Sick. « Ouaiche, je me sui échape 2 du trou sa mèr, je peu paC réQpérer The Foul King ? G l’entrjambe ki me grate ».  Chouette, Sans Congo est hyper heureux que son ami JMS soit sorti de prison, mais il ne comprend pas le lien avec son hygiène. « Vazy » lui répond-il. Sans Congo a beaucoup aimé The Foul King. Il s’est immédiatement identifié au personnage de SKH, ce héros qu’il n’a jamais osé être. D’ailleurs, il trouvait troublante la ressemblance entre son ami JMS et le patron tortionnaire de SKH. Il ne manquerait pas de le lui faire remarquer. Ce corps frêle, habile, généreux. Cette tunique ridicule, qui soulageait son cœur, lui qui se voyait contraint par son odieuse marâtre de porter des survêtements en Licra mauve-vert que même Tati n’ose pas vendre. Ah, si seulement il pouvait être aussi agile et fugace, sagace et futile que SKH. Ce SKH caméléon qui retombe sur ses pates comme un chat de 3000 tonnes avec la délicatesse d’un tour de magie. Mon dieu, Sans Congo commençait à sentir son sexe se durcir. Il s’agita dans sa chambre en essayant de penser à autre chose. Et puis le générique du film, composé d'une mélodie triste et d'images de catch, son Mistral Gagnant à lui, résonna à nouveau dans sa tête ; ce générique qui lui avait fait tout d’un coup sentir le poids des âges. Nostalgie d'adolescent, nostalgie à la fois pure, naïve et un peu glauque. Il se rappela de ses premières cassettes et des cédés deux titres. Ce générique, c’était pour lui l’expression d’un éternel enfant qui kiffait sur les Spice Girls ; et même si aujourd'hui il sait bien que c'est tout naze, ça le fait quand même frétiller. SKH lui par contre, ne sait pas que le catch c'est dépassé et ridicule, il vit son truc au premier degré, c'est sa force. C’est comme si c’était une sorte de comédie sincère. « C’est bizarre » se dit Sans Congo. N’empêche, ça doit être chiant de travailler. A voir comment ils sont traités dans cette banque, il se demandait s’il parviendrait à retenir ses larmes. Sans Congo avait un grand frère, Sans Congo Senior, qui était actuellement en stage dans un cabinet d’avocat. Le pauvre est en train de sombrer dans l’alcool. Son regard est devenu vide. « Peut-être devrais-je lui conseiller de faire du catch pour se défouler ». Il avait eu la même histoire que SKH : à un « pot de départ », Sans Congo Senior, passablement éméché, s’était mis à insulter le collaborateur qui s’envolait vers d’autres cieux. Il lui dit qu’il trouvait que c’était une merde et qu’il n’avait jamais pu blairer sa face. Heureusement que les chefs de stage n’avaient pas entendu, sinon il serait au chômage, libre. « Quel tristesse que de vieillir » se dit Sans Congo, mélancolique.

 

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Triple H vs. Goldberg

 

JMS s’engouffrait dans le métro ligne 4, en rêvant du Sénégal, puis de la Corée, puis du Sénégal, puis de la Corée : il se demanda s’il avait déjà vu un renoi les yeux bridés. Il chercha fort dans sa petite tête aménagée de manière modeste. Non, il n’en avait jamais vu. En revanche, il sentait bien cette odeur de pisse caractéristique des Halles. Le métro séoulite offre-t-il également de tels remugles intestinaux ? JMS n’est jamais allé en Corée du Sud, il est pourtant sûr d’y avoir déjà pris le métro. Cette scène bondée de The Foul King, elle lui fait penser à sa misère trimballée sur la ligne B du RER à Gare du Nord. On voit souvent le métro dans cinéma coréen, vitrine industrielle ? Et le métro français ou parisien ? Complètement absent des écrans. C'est bien connu à Paris, tout le monde prend le taxi. JMS est intrigué par le fil de ses pensées – mais pas trop. Il google sur son Iphone, de ses pouces habiles : « peu ton filmé un film ds le metro ? » L'excuse officielle consiste à dire que c'est très compliqué de filmer dans le métro et que la RATP fait chier et payer cher. C'est vrai, mais c'est pas suffisant. Une question de degré, d’exigence, ou de mode de vie de ceux qui font du cinéma en France. Tiens, sentant qu’il réfléchissait trop, JMS a comme inconsciemment réactivé le souvenir de sa mère, et de la rouste virtuelle qui l’attend. Il n’en dirait rien à son pote – souffre-douleur ? – Sans Congo. Pour se donner du courage, il pense à cette scène de The Foul King dans laquelle le père de SKH, exaspéré du comportement de son fils qui veut devenir catcheur, se transforme à machine à torgnolles avec la paume plate comme une semelle. Il tape SKH comme une grand-mère. C’est peut-être ça ce qui l’attire dans le cinéma sud-coréen. Les parents frappent les membres de leur famille, pas forcément de manière méchante, mais avec assez d’intensité pour transmettre un message. Le genre de scène qui se jouerait dans un café foireux avec des dialogues foireux, s’il s’agissait de cinéma français. Quand même, ce père qui retourne des hélices de moulins sur le dos de son fils cadre sup à la banque avec autant de désinvolture que lorsqu’il kicke des maternelles – Sans Congo lui tient généralement sa veste -, quand même ça, c’est un truc à admirer l’Asie en général. Ah, Joy Means Sick se sentait heureux et con comme un mec de droite. Mais discrètement, au sein de ce théâtre mental qui se donnait en spectacle dans la tête d’un énergumène compressé à quai en heure de pointe, un petit personnage cherchait tant bien que mal à contenir ses larmes à l’évocation du chandelier en cuivre rouillé qu’attendait sa nuque ce soir.

 

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Big Show vs. Rey Misterio (un peu inégal)

 

Ding dong. Oui. Ouvre. Yeah. Sans Congo était sur le point de sauter dans les bras de son pote, mais il se refréna au dernier moment, heureusement, d’une part en raison de cette érection dont il ne parvenait pas à se départir ; d’autre part en craignant que son ami JMS interprète mal son geste. Or JMS est arrivé comme une boule de feu sortie des mains de Végéta. Tout sautillant, tout gai, il frotta les cheveux de Sans Congo après l’avoir bloqué sous son coude, ce qui conforta ce dernier dans son opinion selon laquelle Joy Means Sick se comportait avec lui comme le patron avec SKH. En voyant cette chambre dans laquelle les muscles bandaient et les mouvements s’effleuraient pudiquement, on eut dit que Kim Jee-won fût là, parmi eux, avec sa caméra légère. Une caméra en mouvement quasi perpétuelle, même sur des cadres qui pourraient être fixe, elle se déplace légèrement, de manière presqu'imperceptible. Oui Kim Jee-won sait filmer ; Kim Jee-won vient du théâtre. Il a le même âge que Park Chan-wook, trois ans de moins que Kim Ki-Duk et six de plus que Bong Joon-ho. Dans la bande, chacun à son style, Park a fait de la philo et cite Shakespeare, Kim Ki-duk est ancien artiste itinérant et Bong a fait de la socio et une école de cinéma. Au fond, ce qui caractérise Kim Jee-won, c'est que ces idées semblent être avant tout des idées de spectacle, de mise en scène, de cinéma et au fond peut-être de divertissement. La forme avant le fond, ou le fond en fonction d'une idée de forme.  Alors oui les gardiens du temple jetteront la première pierre sur I Saw The Devil en lui reprochant d’être un film creux, éculé, attendu. Mais Kim Jee-won s’est juste dit : « tiens j'ai envie de faire un film de vengeance encore plus vénère ». Kim Jee-won, c’est commencer directement par le dessert, ce dessert même sur lequel on s’attarde dans A Bittersweet life. Ca se sent surtout quand on compare les films noirs de tous ces réalisateurs. KJW est un virtuose, on ne ressent pas la même profondeur dans Bittersweet Life ou I Saw The Devil que dans les Oldboy, Memories of Murder et autres Bad Guy. Par contre, quand il s'agit de faire du pur cinéma et de laisser tranquille les strates les plus profondes de l'humanité le temps d'un film sur un catcheur spécialiste des coups bas, KJW déroule easy easy, fait voltiger sa caméra autour de SKH et nous régale. Le rêve de SKH par exemple, entre catcheur et Elvis Presley: un grand moment qui préfigure Le Bon, la Brute et le Cinglé.

 

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Elvis Presley, A little less conversation

 

Sans Congo regardait le dos puissant de Joy Means Sick et se rappela la déclaration d’amour de justicier de SKH. En voilà une bonne technique, encore plus facile que de déclarer sa flamme sur MSN. Il voulait demander à Joy Means Sick à son ami. Mais Joy Means Sick était trop occupé à revoir ses passages préférés de The Foul King. Il beuglait des bouts de phrases incompréhensibles : « regarde c’est le coup de la fourchette…« schprouitch » hahahaha… génial, c’est un putain de clown à l'ancienne ce mec, au fond il me ferait rire avec des tartes à la crème… avec sa tête de ouf… et là c’est le coup du marteau regarde… tout dans le feutré, même pas de bruitage pour l'impact du marteau sur le crâne du catcheur… oh putain et là, le combat final, contre cette crapule de japonais, ah j’aime pas les Japonais putain ». Sans Congo lui demanda pourquoi il n’aimait pas les Japonais. « Mais t’es con ou quoi ? Nous on n’aime pas les Japonais ! Bon déjà dans le combat, le mec n’est pas fair-play, il lui arrache son masque alors que c’est vraiment pas dans l’esprit du catch, tu comprends oisillon chétif ? Après je dis, j’ai déjà vu des Japonais sympa. Mais quand même, on ne peut pas leur faire confiance, déjà ils nous ont colonisés, après il a fallu se battre, et même maintenant je saurais pas te dire, leur tronche me revient pas ». Sans Congo n’osa pas lui rappeler qu’il n’était pas Coréen, qu’il prenait peut-être les choses un peu trop à cœur, mais il ne voulait pas que Joy Means Sick lui fasse le coup de la fourchette. Il l’en avait déjà menacé. « Regarde regarde, là c’est le super salto arrière depuis le coin du ring suivi d'un coup de pied retourné… trop stylé… je le remets… merde, si SKH a fait toutes les cascades lui même, c'est vraiment un dingue… méga respect ».

 

 

La déclaration d'amour ratée du Guerrier Masqué

 

 

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Lorsque son regard s’arrêta sur la nuque puissante, perlée de sueur, de son ami, Sans Congo ressentit une boule de chaleur en lui. Il essaya de se rapprocher de lui, subrepticement, pour se trouve enveloppé par son puissant souffle. De son côté, Joy Means Sick, que l’histoire de la torgnolle escompté commençait à chiffonner sérieusement, opta pour une stratégie défensive et demanda Sans Congo s’il pouvait rester dormir chez lui. Son cœur fit oui, son cœur se mit à courir comme SKH dans les ruelles vides de Séoul. Il bondissait intérieurement, frappait dans le vide. Son cœur faisait boom boom. « Yeah grave », Sans Congo comprenait enfin où se dirigeait son amour. Joy Means Sick, quant à lui, s’était rendu compte de son désir pour Sans Congo depuis longtemps déjà. Sans cela, il ne l’aurait jamais utilisé comme sparring partner, pour ces moments de doux frottements. « Je t’aime Sans Congo » pensa-t-il très fort. 

 

 

Jang Young-gyu, Bubble Gum (bande-son)

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 21:25

The Power of Kangwon Province, Hong Sang-soo.

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Le film sur youtube

 

 


 

 

 

Round 1

 

Yann Kerloc’h nous avait prévenus : « formellement, c’est inouï et d’une rare exigence, mais pas facile d’accès ». C’est vrai. Tellement pas facile qu’on n’a pas trouvé la porte d’entrée, si tant est qu’il y en ait une. A l’heure de faire les comptes, perso, je retiens les plus beaux kicks distribués par ma prof de maths de cinquième : « on ne peut pas diviser par zéro, trou du cul ! ». Je souhaite aujourd’hui tirer ma révérence à cette femme d’une grande sagesse. HSS a manipulé le vide : le résultat est atroce.

 

The Power of Kangwon Province est une coquille vide, transparente, de dimension nulle. Il n’y a strictement rien. Ou plutôt deux fois rien dans la mesure où le film d’H(S)S est composé de deux parties. Dans la première, trois jeunes femmes se retrouvent en week-end à Kangwon. Il s’agit de décompresser, surtout pour Ji Sook, cheftaine de la bande – la préférée d’H(S)S en tous cas – qui sort d’une relation foireuse avec un homme marié et qui s’arroge le monopole du style au détriment de ses vassales. Les trois laideronnes se font accoster par un policier sans pistolet – fantasme de l’uniforme ? annihilation du principe phallique ?  yin ? yang ? – qui leur propose de passer la nuit chez lui. A défaut d’organiser une partouze, H(S)S propose une soirée flinguée, avec une discussion toute naze – t’es vraiment un cliché meuf ! – quoi moi un cliché ?! – heu, ça veut dire quoi un cliché ? – tandis que le policier tombe dans le piège de la « fausse mystérieuse », a.k.a Ji Sook, ou la meuf un peu moins moche que ses copines qui parle un peu moins et lance deux phrases creuses comme des dents de cafards pour orienter sa valeur à la hausse. Le mec commence à rôtir sous son caleçon sauf que la poulette ne trouve rien de mieux que … dégueuler. Comme fréquemment, le cinéma sudco nous donne à avoir des demoiselles qui ont la main lourde et le soju léger. Quelques jours après ce premier échec, Ji Sook retourne chez le policier. La disposition donne un peu l’impression de « première fois » : journée d’amoureux rondement planifiée type « on-ne-rate-aucune-attraction-au-parc-astérix », discussions niaises durant lesquelles sont subtilement lourdement dévoilés des secrets de part et d’autre  – des secrets qui mettent en valeur of course – et fin de soirée à l’hôtel Ibis – du moins c’est ce que l’on peut déduire de l’autoroute imperturbable qui s’impose à la fenêtre. Sauf que, sauf que la soirée tombe à l’eau et ne s’achève pas sur les étreintes endiablées du « n’golo n’golo ».

 

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La deuxième partie du film, c’est deux potes, la trentaine, qui se retrouvent également à Kangwon. L’un des deux, Sang kwon, est l’ex de Ji Sook. Il est lui de même à la recherche de sensations fortes. Il paye une prostituée pour oublier sa misère. Il fait aussi deux ou trois trucs en plus – ne me demandez pas lesquels, je devais être en train de roupiller. Un élément intéressant peut-être : le dernier plan du film le montre lui en train de fixer des poissons rouges. L’histoire de sa vie, three-second-memory boy.

 

Je ne suis pas un poisson rouge, mais nul doute que ce film ne logera pas au fond de ma mémoire plus de trois secondes. Je suis d’ailleurs en train de l’oublier à mesure que j’écris ce texte. Inutile d’aller plus loin dans la reconstitution de l’intrigue. Grosso modo, il semble que nous nous trouvions en face d’un crime. H(S)S, vacciné puis inculpé, a été pris en flagrant délit de « cinéma français ». Histoire sans intérêt, monotonie incontrôlée, banalités des plans : c’est vraiment incroyablement vide. J’ai rarement senti cette angoisse kierkegaardienne au bord d’un précipice sans fond. Il n’y aurait guère que M. Feldspath (Une femme coréenne), ou Yann Kerloc’h (parce qu’il a les clés), pour trouver de l’être dans du néant.

 

Une remarque concernant l’habillage : The Power of Kangwon Province n’est filmé qu’en plan fixe. Sommité du summum de l’archi-naze que de chercher à acquérir sa légitimité à partir d’un style clinique, neutre, et épuré. Le plan fixe n’a de sens que par le contenu. Et si le contenu sonne comme une niaiserie et arrache les pupilles, le plan fixe n’est qu’une insulte de plus à la longue liste garnissant le procès-verbal. Le pire c’est que ça donne encore moins envie de prendre le film au sérieux. Même Eric Rohmer fait des efforts pour bouger sa caméra, alors franchement H(S)S n’a aucune excuse ; hé oui, n’est pas Haneke qui veut.

 

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Round 2

 

Du coup, regardons d’un peu plus près les ingrédients utilisés par HSS pour nous concocter son film.

 

Des plans fixes, uniquement des plans fixes. En soi, pas une mauvaise idée, pas super originale non plus. Au début de sa carrière de réalisateur, Kitano avait pris la même option, avec une explication intéressante : nouveau au cinéma, il refusait d’employer les mouvements de caméra sans les comprendre. Coppola l’a fait aussi, en « fin de carrière » cette fois, pour L’Homme Sans Âge, mais bon, comparer HSS à Coppola c’est vrai que ce n’est pas fair-play. Quoiqu’il en soit, les deux larrons précédemment cités se démarquent par un sens du cadre méchamment prononcé et rigueur extrême, bref un truc qui dépasse le spectateur. Chez HSS, on est jamais dépassé, on sent que la composition est pensée, ou plutôt on le voit et dans les moindre détails. Pensée peut-être, mais pas travaillée. Elle est insignifiante et son seul intérêt de faciliter la digestion de longs plans bavards. Parfois, c’est aussi clairement un choix économique et frileux : ça coûte moins cher et ça prend moins de temps. On sait que HSS n’a pas vraiment de succès en Corée et qu’il n’a pas de moyens, on sait aussi qu’avec trois francs six sous d’autres ont pondu Permanent Vacation, Made In Hong-Kong ou même Sexe Mensonge et Vidéo. Les références sont trop dures ? C’est bien la preuve que l’on a mis Hong Sang-soo dans la mauvaise division.

 

Très peu de raccords, voire pas de raccords du tout. En plus d’êtres fixes, les plans d’HSS constituent une unité : dans 75% des cas (à plus ou moins 10% près vu que j’ai parfois roupillé) l’équation « un plan = une scène » est respectée. On ne va pas s’acharner sur le côté cheap du film mais quand on peut entendre un changement de plans à l’oreille par manque de lissage sonore, on commence à se demander si ce n’est pas un film de vacances monté vite fait sur movie maker. En plus, ce faisant, HSS s’interdit tout montage, donc toute variations de rythme autre que celle imposée par l’enchainement des scènes. Impossible aussi d’utiliser d’autres prises sous d’autres angles où les acteurs joueraient mieux à la fin qu’au début ou inversement.

 

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Des décors et une lumière naturels et pas franchement jolis, HSS n’est pas porté sur l’esthétique mais passe encore, personne que le cinéma devait être beau. Personne n’a dit que le cinéma ne devait être quoique ce soit d’ailleurs. Quoi d’autres ? Ah oui, des dialogues, et quels dialogues ! C’est sûr, ce n’est pas trop mal écrit ni même super mal joué, en même temps on ne peut pas dire qu’HSS se soit foulé. C’est facile de dire que l’on veut coller au réel, dépeindre les gens tels qu’ils sont vraiment, montrer la banalité au cinéma. C’est beaucoup plus difficile d’en faire quelque chose de regardable, d’intéressant, bref quelque chose qui ne soit pas The Power of Kangwon Province.

 

Au niveau du contenu, c’est vide et le mot « fond » prend un autre sens : c'est un fond que l'on distingue nettement à travers des dialogues vides et creux. Criez et il y aura de l’écho, sûrement la recette du succès d’HSS. Ce type a toujours les mêmes obsessions : les milieux pseudo intello, les errances sexuelles, des filles bavardes et faciles… le tout filmé comme un documentaire chiant. Ce n’est ni drôle, ni pathétique, ni érotique. Les personnages boivent pour oublier leur misère, Hong Sang-soo fait des plans et des films pour combler le vide, pour meubler comme d'autres bavardent à la terrasse des cafés en citant télérama.

 

HSS c’est le terrain de jeu rêvé du cinéphile bas de gamme, celui qui aime bien plus parler des films que de les regarder et qui affectionne particulièrement les œuvres les plus chiantes. C’est difficile de faire son intéressant en parlant de Citizen Kane, sur The Power of Kangwon on peut dire à peu près tout ce que l’on veut. Yann K se trompe quand il dit quand il dit que ce n’est pas très accessible, c’est grand ouvert et on peut y mettre ce que l’on veut pour la simple raison que c’est vide.

 

Après La Femme et l’Avenir de l’Homme, ce film est donc le 2ème avertissement pour HSS, j’ai beau avoir apprécié Conte de Cinéma il sera suspendu au prochain match.

 

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BONUS

 

Groland - la pétasse

 

 


 

 

Retournez à la cuisine ! - recette du sashimi par un cuisto qui a un cheveu sur la langue (difficile de dire sushi et sashimi dans ces conditions)

 

 


 

 

Au moins Rohmer, dans ses discussions chelous, il place de la référence, ça fait réviser la philo


 


 

 

Pauline à la plage, Eric Rohmer, dans la série discussions bizarres

 

 


 

 

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 22:34

Ecrit et réalisé par Yun Je-Gyun en 2002, Sex is Zero est par définition un film d'auteur.

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 LE FILM SUR YOUTUBE  

 

 

Pas de pom-pom girls mais des gymnastes tailles mannequins qui s’entrainent au rythme d’une musique entrainante et naïve, une sorte de rock pour campus américain à la différence près que l’on est en Corée (ou que l’Amérique a été recouverte d’une vague d’immigrants asiatiques). Le montage alterne « subtilement » entre nos fans de GRS et une séance de bizutage en bonne et due forme : les nouveaux doivent boire un étrange mélange où flottent mégots et autres immondices. Aucun contexte, aucune explication, aucune prise de recul, Sex is Zero a un cahier des charges à tenir et n’a pas le temps de faire semblant de s’arrêter sur ce genre de subtilités. L’efficacité et les ados coréens dans la ligne de mire, trois ans après American Pie, on sort le bazooka. Ici dentelle ne rime qu’avec sous-vêtements. 

 

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Eunshik, anti-héros, looser affirmé, branleur compulsif mais très fleur bleue, se réveille donc le lendemain de ses expériences culinaires de l’extrême la tête dans le vomis et les gaz de dératisations (ou anti-cafards qui sait). Paniqué, encore saoul, il saute par la fenêtre en criant  « FIRE ». Il est au deuxième étage, on fait un petit arrêt sur image juste avant que la gravité ne reprenne ses droits, c’est très manga et cette dernière étape dans la surenchère d’humour absurde finit par faire mouche : c’est drôle. Le générique commence, on est parti pour 1h30 au même rythme (enfin sauf la fin mais on ne va pas révéler la fin de l’article), une surenchère dans l’absurde et le trash, prière de déposer son cerveau à l’entrée, de préférence dans un casier d’étudiant décorés avec des photos de pin-ups.

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Il y a fort à parier que le scénariste du film s’était fait une check-list avec des mots clés et qu’il les a rayés aux fils des séquences. Juste pour le plaisir (et pour attirer les âmes perdus du net et gonfler nos stats avec des produits interdits), on s’est procuré une copie officieuse de cette liste : « branlette, vomis, poupée gonflable, radio des testicules, viagra fait maison, vestiaires des filles, sperme frit » ! On s’arrête là, c’est répugnant. Mais puisqu’on le tient, ce scénariste, regardons d’un peu plus près son travail. Il a trouvé une formule magique, il la répète inlassablement : il s’agit d’alterner à tout prix et rapidement une scène libidineuse mettant en scène les « hotties » de la fac et une scène de gags mettant à mal la bande de nazes qui lui servent de héros. Le pire c’est que cette logique de répétition fonctionne plutôt pas mal et il faut reconnaitre aux auteurs (petit point culture : en France un film est une œuvre collective qui admet plusieurs auteurs par défaut : scénariste, réalisateur, compositeur, etc) un certain talent pour ce qui est de remuer la mélasse des fantasmes prépubères et d’en extraire le meilleur du pire.

 

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L’histoire n’a a priori rien d’original. Eunshik a 28 ans, il retourne à la fac (de droit !) après une série d’emmerdes dont l’inévitable service militaire. Evidemment, pour les besoins du film, il va se comporter comme un ado de 15 ans. Membre d’un club d’arts martiaux underground (au mauvais sens du terme), la main droite pour seule compagne, il tombe rapidement amoureux de la gymnaste la plus convoitée de la fac, le genre de fille qui ne lui accordera jamais un regard. On vous épargne les détails mais il arrive à l’approcher, mais le beau-gosse de service (qui servait jusqu’ici à placer des scènes érotiques entre les gags) entre en action et lui vole son rêve et sa fleur bleue, mais tout ça finira plus ou moins bien.

 

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Ce n’est qu’alors que le film se démarque des classiques du genre autrement que par la surenchère. Sur la fin il tourne au drame, enfin peut-être plutôt au drama, n’oublions que l’on est en Corée et qu’on parle aux ados. Eunhyo (la belle gymnaste) tombe enceinte et le beau gosse, qui est évidemment aussi très riche, ne trouve rien de mieux à faire que de lui proposer de payer pour l’avortement : il lui tend sa carte bleue, « il y a certaines choses qui ne s’achètent pas, pour le reste il y a mastercard ». Fatal error 404, oust le vilain macho qui se souvient d’ailleurs à peu près au même moment que les scènes d’amours avec son ex n’était pas si mal (et on nous sert son souvenir en images érotiques histoire de rééquilibrer le quota sexe/gag/drame). Du coup on sent venir le coup, c’est Eunshik qui va récupérer la mise. Ce que l’on sent moins venir c’est une tentative de suicide dans les toilettes plutôt glauque et distribution maternelle de kèches en salle de réveil à l’hosto franchement violente. Le titre prend alors du sens et nous un crochet dans les gencives qui n’est pas signe de la plus grande des politesses. Merde quoi, on fait l’effort de se remettre dans la peau d’un puceau, on se tient bien, on rit même à quelques blagues et tout ça pour nous dire que ces fantasmes sont dégueulasses et rendent les gens malheureux, que le sexe c’est sérieux et que tuer un fœtus c’est presque tuer un enfant ? Ah non, c’est pas cool, heureusement que c’est mal fait, ça fait passer le tout pour de la maladresse. On saluera tout de même cette tentative de virage à 180° dans un film lancé à pleine vitesse sur l’autoroute des teenagers, c’est con que la chaussée y soit bien grasse. Et puis de toute manière on se souviendra plus des blagues et hotties que de la morale, c’est bien la preuve que le film fonctionne.

 

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BONUS

 

L'un des 4 défauts cinématographiques, le flicker! En quelques phrases : en cinéma on filme à 24 images par secondes avec, de manière générale, un temps de pose de 1/48ème de secondes. Du coup on n'est pas en phase avec les fréquences du courant électrique (50Hz en France, 60Hz en Corée) et quand on film un écran à tube cathodique, une barre se forme sur l'écran. Pourquoi? Et bien parce que ces écrans fonctionnent avec un balayage progressif et au lieu de projeter des films à 24 images secondes et ils font deux images (appelées trames) à partir d'une seule et la projette en 2 fois (en donc en deux fois plus rapide). Les images sont projetées ligne par ligne, on réécrit sur la ligne de l'image précédente et cette zone noire correspond à une zone écrite deux fois durant le temps de pose de la caméra. En France c'est simple, on tourne à 24 images par seconde, on projette à 25 images secondes, images que l'on décompose en 2 trames d'où une projection à 50 images par seconde. Quand on film un écran cathodique, la pellicule est exposée pendant 1/48s ce qui est plus long que la durée d'une image sur l'écran filmé (1/50s), ce qui explique une double écriture et ainsi la barre noire sur l'écran. CQFD.

  

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Un petit medley du meilleur du pire du film assez honnête

 

 

 

Sex is Zero 2, la suite, à visionner à vos risques et périls, faute de l'avoir vu on ne peut y apposer le sceau KBP.  

 

 

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